Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE PROPÉDEUTIQUE PLAN DÉTAILLÉ 1. CONCEPTS DE BASE ET HISTORIQUE 1. Qu’est-ce que la cognition ? 2. La cognition en plusieurs étapes (quelques considérations) 3. Histoire de la cognition A. Les premières psychologues considérés cognitivistes (Donders, Helmholtz, Ebbinghaus) B. La perte d’influence et la disparition de la discipline (le Behaviorisme) C. La science de l’esprit (Chomsky) D. Les approches courantes modernes 2. PERCEPTION 1. Définitions 2. Théories de la perception A. La feature integration théorie (Treisman) B. La théorie de la reconnaissance par composante (Biederman) 3. La constance perspective avec illusions d’optiques A. Constance de taille B. Constance de la forme C. Constance de la profondeur D. Théorie de la Gestalt pour la perception 4. Perceptions sans conscience A. Vision aveugle (Blindsight) si agnosie B. Perception subliminale (subliminal priming) 5. Perceptions sans stimulations (synesthésie et hallucinations) 3. ATTENTION 1. Définitions 2. L’attention sélective A. Théorie de Broadbent B. Théorie de Treisman C. Théorie de MacKay 3. L’attention divisée A. Théorie de Shiffrin et Schneider (Stroop, distracteur) 4. L’attention visuelle (caractéristiques, Posner) 5. Orientation et sélection (attention exogène, attention endogène) 6. Attention, mouvements oculaires et magie Université de Lausanne 1 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 4. MÉMOIRE 1. Généralités 2. La mémoire sensitive/sensorielle 3. La mémoire à court terme (MCT) (délabrement, interférence proactive, chiffre magique, codage auditif, codage sémantique) 4. La mémoire de travail (MDT) (définitions, composants) 5. La mémoire à long terme (MLT) A. Concepts de base (fonctionnement, interaction, double dissociation) B. Structure de la mémoire à long terme − Mémoire déclarative/explicite (mémoire épisodique et sémantique) − Mémoire non-déclarative/implicite (priming, mémoire procédurale, mémoire émotionnelle, applications) C. Stockage de l’information dans la MLT (encodage et traitement, règle de Hebb) D. Rappel de l’information stockée dans la mémoire à long terme 6. Autres types de mémoires A. Concepts de base B. Mémoire prospective (fonctionnement, déficits) C. Mémoire autobiographique (fonctionnement, nature multidimensionnelle, imagerie visuelle, hypothèses, souvenirs flash) D. Les faux souvenirs (constructions des souvenirs, origine des faux souvenirs, abus sexuels dans l’enfance, témoins oculaires eyewitness memory) 5. LANGAGE 1. Généralités : qu’est-ce que le langage ? A. Caractéristiques B. Aires cérébrales C. L’universalité du langage D. Études du langage (psycholinguistique) 2. Perceptions et compréhension des mots A. Les composants des mots (phonèmes, morphèmes) B. Percevoir les mots (restoration phonémique, segmentation du discours) C. Comprendre les mots (fréquence des mots, effets de contexte, ambigüité lexicale) 3. Compréhension des phrases (combinaisons de mots) A. Sémantique et synthaxe B. Analyser une phrase (Parsing) − Syntaxe d’abord (The syntax-first Approach to Parsing) − Interaction syntaxe et sémantique (The interactionnist Approach to Parsing) 4. Compréhension des textes (combinaisons de phrases) A. Comment les inférences créent la cohérence (inférence anaphorique, inférence instrumentale, inférence causale) B. Les modèles de situations 5. Production du langage : erreurs A. Les erreurs de speech et les mécanismes du langage (échanges de phonèmes, échanges de mots, substitutions de mots) 6. Production du langage : conversations A. La coordination sémantique B. La coordination syntaxique Université de Lausanne 2 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 6. REPRÉSENTATION MENTALE 1. Formations de concepts et catégories A. Généralités B. Prototypes (et expériences Rosch) C. Exemplaires D. Approche mixte E. Au niveau neuronal : organisation hiérarchique ou réseaux sémantiques : − Catégories du général au particulier (Rosch) − Cellule grand-mère/neurone gnostique (Lettvin/Konsorski) − Modèle de Collins and Quillian F. Troubles mentaux 2. Imagerie visuelle A. Généralités B. Études sur l’imagerie visuelle (Premières études, Représentation spatiale, Représentation propositionnelle, Complémentarité de l’imagerie visuelle et de l’embodiment) 7. RÉSOLUTION DE PROBLÈMES ET PENSÉE CRÉATIVE 1. Résolution de problèmes A. Généralités : définitions B. Approche de la Gestalt : Représentation et Réorganisation/Restructuration (principes, compréhension subite, stratégies de réponses) C. Approche du traitement de l’information « Information-Processing » (principes, analogies) 2. La pensée créative A. Généralités : définitions B. Pensée convergente vs divergente (Guilford 1967) C. Fonctions créatives des individus 8. RAISONNEMENT 1. Généralités : définitions 2. Raisonnement déductif A. Raisonnement déductif catégorique (origine, validité et vérité, influences) B. Raisonnement déductif conditionnel (tâche de Wason) 3. Raisonnement inductif A. Raisonnement inductif heuristique (approche probabiliste, influences) B. Biais de raisonnement avec l’heuristique de disponibilité (corrélations illusoires, évitement de l’échec, confirmation d’hypothèse, applications) C. Biais de raisonnement avec l’heuristique de représentativité (stéréotypes, règle de conjonction) Université de Lausanne 3 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 1 CONCEPTS DE BASE ET HISTORIQUE 1. Qu’est ce que la cognition ? La cognition est définie comme les mécanismes de pensée qui donne du sens à nos actions et font des associations. La cognition regroupe les domaines suivants : - Perception - Langage - Pensées - Apprentissage - Image mentale - Raisonnement - Mémoire - Formation de concepts - Créativité On peut les regrouper dans ce qu’on appelle « l’espace mental », « the mind », « l’esprit ». Exemple : se toucher les mains, ce n’est pas une cognition. Mais si on donne du sens à notre action, par exemple si ce mouvement tactile est associé à une action influencée par l’environnement (se mettre de la crème car on a les mains sèches), alors là on peut parler de cognition. Une sensation de toucher, ce n'est pas une cognition mais ça le devient lorsqu’il y a un traitement de l’information. Quelques considérations : "Homunculus" Les parties les plus importantes prennent plus de place dans le cerveau. Donc beaucoup de place pour les mains et la bouche pour produire le langage. Information est transmise dans la moelle épinière puis dans le cerveau. Filtrage où l'information arrive puis le cerveau donne sens à l'information et la il y a cognition. Plusieurs niveaux ; ça arrive de l'extérieur puis central puis cortical. Les systèmes sensoriels sont complexes et ont des capteurs qui amènent l'information au cerveau. Les informations qui sont transmises au cerveau y sont différenciées, on traite différemment la couleur de la motion puis on remet ensemble pour comprendre. L’olfaction est le seul sens qui reste dans le même hémisphère. 2. La cognition en plusieurs étapes (quelques considérations) Perception Le principe des illusions optiques nous montre que l’on ne perçoit pas la réalité. Autrement dit notre perception est faussée et ce qui arrive à nos yeux est différent de ce que l’on perçoit. Exemple des lignes horizontales qui ne paraissent pas droite (perception) mais qui le sont en réalité (vision). Ce que nous voyons, n’est donc pas seulement ce que nous percevons sur notre rétine. À Pâques on voit plus facilement un lapin qu'un canard. Concept du "top-down" : nos attentes, nos connaissances déterminent notre vision du monde. Attente sur quelque chose, permet d’attribuer du sens en se basant sur un savoir. Traitement d’informations internes, on interprète la réalité car ce n'est pas vraiment ce qu'il y a à l'extérieur. Attention Exemple répondre aux couleurs jaunes et bleues mais pas aux couleurs rouges et vertes. L’attention portée à certaines informations est facilitée alors que d’autres choses échappent à la conscience. Apprentissage et mémoire Il faut répéter pour apprendre. Si on attend on perd du contenu. Nous apprenons des mots, une syntaxe, une grammaire, nous pouvons comprendre des textes, des livres, des conversations. Enfants qui ont été délaissés n'apprennent pas bien le langage et n'arrivent plus à retrouver le langage. Egs de Genie « Mockingbird don’t sing ». Pensée et raisonnement la formation des concepts pour mieux s’orienter au monde. Nous sommes capables de créer des concepts pour à peu près tout: prototypes, stéréotypes, Université de Lausanne 4 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 groupements (clusters). L’espace mental permet la pensée et le raisonnement et donc la philosophie, la créativité, la résolution de problèmes, la pensée conditionnée, la pensée logique. 3. Histoire de la cognition A. Les premier psychologues considérés cognitivistes : − Franciscus Donders qui en 1868 a fait une expérience sur le temps de réaction. Premières expériences cognitives avec le temps de réaction. Deux lumières s’allument une à coté de l’autre et on doit les détecter : Il a montré une image comme un écran avec un point de lumière qui flash. Les gens devaient appuyer sur un bouton lorsqu'il y avait de la lumière sur le point. Aussi la lumière a gauche ou a droite et le sujet devait dire de quel côté il y avait la lumière. Dans le premier cas réaction et dans le second temps pour savoir si c'est a gauche ou a droite donc plus de temps. Aujourd’hui encore importance du temps de réaction pour mesurer phénomènes psychiques. − Herman Von Helmholtz qui en 1850 fit des expériences pour connaitre les inférences inconscientes. Avec un rectangle au dessus d’un demi-rectangle, on imagine que dessous il y a un autre rectangle donc perception influencé par les attentes. − Hermann Ebbinghaus qui en 1885 fit des expériences sur la mémoire. Il observait combien de temps on pouvait garder en mémoire des syllabes dénuées de sens. Courbe de rétention de syllabes sans sens où les gens apprennent mais oublient. Il y a la courbe de l'oubli. B. La perte d’influence et la disparition de la discipline C’est l’émergence du behaviorisme : toute expérience humaine et tout comportement sont issus d’un apprentissage. On nie les cognitions, les événements mentaux car on ne peut pas les étudier scientifiquement et que surtout il n’y a pas le besoin de les étudier. Voici quelques un de ces représentants : − Burrhus F. Skinner qui a appris aux pigeons à taper à certains endroits pour obtenir à manger. − John Watson qui réussit à inculquer la peur d’un rat au petit « Albert » en produisant des cris à chaque fois que le rat apparaissait. L’enfant a donc associé la peur au rat. C. La science de l’esprit La critique du behaviorisme : Noam Chomsky change la vision de la psychologie des années 1960. Il va prouver que certaines habiletés (observation du langage chez les enfants) ne sont pas explicables par les processus d’apprentissage mais plutôt des capacités innées. − Attention (pas forcément récompensée) − Mémoire (oubli pas renforcé, faux souvenirs pas appris) − Emotion (“cracher et frapper” pas récompensé) − Langage (“Je te hais Maman”, n’est certainement pas appris) Changer un mot d'une phrase rend la phrase différente mais l'enfant voit les différences sans apprentissage donc il y a des mécanismes innés. He ate an apple / He ate Il y a un langage inné car les enfants font des erreurs qu’ils ne peuvent certainement pas avoir apprises avant. Théorie de l’alphabet universel. « Grammaire universelle ». … et pourtant toutes ces cognitions peuvent être observées et mesurées comme des comportements ! Université de Lausanne 5 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 D. Les approches courantes modernes Il y a ensuite un regain de la discipline. Et de nombreuses approches modernes : − Psychologie sociale (expérimentale) − Neuropsychologie cognitive qui récolte des données sur des patients avec lésions cérébrales. ≠ Neuroscience cognitive qui mesure l’imagerie cérébrale (avec technique de l’encéphalogramme) des personnes sans lésions cérébrales. − Économie − Psychiatrie mais la psychologie cognitive n’étudie pas les névroses. − Psychologie cognitive et intelligence artificielle : La psychologie cognitive estime que l’esprit humain fonctionne comme un ordinateur, mais c’est une hypothèse car il y a des différences entre esprit humain et ordinateur. Les capacités humaines ne sont pas illimitées comme celles d’un ordinateur car l’homme ne traite et ne retient que l’information qui lui semble pertinente et il est actif dans son traitement. Ce traitement demande de l’énergie. Contenu : − Qu’est-ce qui est de la cognition, et qu’est-ce qui n’en est pas. − Etre capable de lister quelques cognitions. − Pourquoi/comment les premières tâches comportementales simples mesuraient la cognition? − Est-ce vrai que tout ce que nous vivons, expérimentons et apprenons est juste le résultat de la réalité et d’un apprentissage? − Les étapes historiques majeures. Université de Lausanne 6 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 2 PERCEPTION 1. Définitions Kosslyn et Osherson (1995) : Ensemble de mécanismes par lesquels nous reconnaissons, organisons et donnons du sens aux sensations qu’on reçoit à partir des stimuli de l’environnement. Perception est une interaction entre notre système et l'extérieur. Gibson (1966) : La perception se produit dès que des objets de l’environnement communiquent la structure du médium informationnel qui entre ensuite en contact avec les récepteurs sensoriels et conduit à l’identification interne de l’objet. DONC Il y a stimulation du récepteur, une sensation (toucher sa main avec son autre main) puis une interprétation qui est une perception, une cognition (« je touche ma main avec mon autre main »). Ex : une pomme est vue. D’abord sensation avec nos récepteurs sensoriels (recevoir) qui entrent en contact avec un objet extérieur. Ex : l’image de la pomme se crée. La perception qui commence après la sensation lorsque l’information de l’objet est transmise au cerveau qui visualise, identifie l’objet. Ex : la pomme est un fruit comestible. Il y a alors une prise de conscience, on donne du sens à l'information. La perception mène à une cognition. Donc la perception c’est voir l’image et la cognition c’est lui donner du sens. Il y a deux manières de comprendre la perception Notion de percept mental : représentation mentale de l'environnement, propre à l’individu et qui ne correspond pas toujours à la réalité /!\. Chaque personne traite le monde à sa façon, l’être humain est actif et pas seulement un récepteur, il a une idée personnelle du monde qu’il va traiter. Tout n’est pas traité directement, sélection. Notion de Top-Down vs. Bottom-Up : Les deux se complètent pour former la perception. Top-Down Bottom-Up On passe du haut niveau (le traitement du On passe du bas niveau (perception de stimulus perçu est influencé par nos attentes, l'information qui est traitée en arrivant aux savoir existant, croyances préalables) récepteurs) au bas niveau (notre conception sélectionne au haut niveau (intégration et traitement et influence la perception.) cognitif on perçoit, puis on traite l'information.) Internally driven/concept driven : guidée par Externally driven/ data driven : guidée par l’intérieur, vient de nous. l’extérieur, vient de l’extérieur. Processus bidirectionnel de la perception car on donne du sens à ce qui a été codé par les récepteurs mais influence aussi la perception du monde. Tous les processus sont un mélange de top-down et de bottom-up. Duplicité du système visuel, on traite la forme, le mouvement et la couleur de ce qu'on a vu séparément. Et ensuite on remet ensemble. Voie ventrale (pour forme et couleur) et voie dorsale (mouvement et profondeur mais pas vitesse), ensuite on remet ensemble dans le lobe frontal. Les neurones réagissent à certain stimuli, prix Nobel. Université de Lausanne 7 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 2. Théories de la perception A. La feature integration théorie (Treisman, 1986) Selon cette théorie, lorsqu’on perçoit, on décompose puis on recomposerait une situation selon ses caractéristiques primaires (couleur, orientation, intensité). Les objets ne sont pas traités de manière isolée mais selon des caractéristiques. Ceci est postulé empiriquement par le fait que si l'on dispose de peu de temps lors de la perception, on fait des conjonctions illusoires. On perçoit les chiffres mais la forme et la couleur sont traitées séparément car on a mis des conjonctions illusoires (on a mélangé les couleurs et les formes des triangles et des carrés) B. La théorie de la reconnaissance par composante (Biederman, 1987) Théorie de reconnaissance par composantes: Théorie selon laquelle on discernerait les parties d’un ensemble. Ces parties se nomment « Geons » = alphabet des formes. Le cerveau parvient à remettre ensemble des éléments de base très simple qui constitue un seul élément complexe car les objets de notre environnement sont des combinaisons de formes plus simples. Une fois les attributs intégré (analysé + reconnu), on perçoit l’objet. On doit retrouver une lampe de poche avec des morceaux. Combien de composantes on a besoin pour percevoir l'objet. Chez les enfants la reconnaissance visuelle se développe entre 18 et 24 mois. La reconnaissance par traits, se développe avant le langage. Les enfants reconnaissent les représentations très concrètes et les choses abstraites sont peu reconnues. Les capacités augmentent avec le vocabulaire. Les enfants avec un bon vocabulaire aiment les objets abstraits. Brain storming : on met toutes les infos qu'on sait sur un objet. 3. La constance perspective avec illusions d’optiques Problèmes : La théorie de Treisman présentée ci-avant a des caractéristiques qui n’appliquent pas et n’expliquent pas la vision 3D. La théorie de Biederman n’explique pas la complexité des scènes de tous les jours, pas un seul objet mais plusieurs systèmes visuels. Solution : On a des tendances dans le traitement de l’information, des constances perspectives présentées ci-après. Ce sont des biais perceptifs. La constance perspective est la capacité de savoir qu’un objet reste le même, malgré sa distance (constance de taille), ses mouvements (constance de forme) et un changement de perspective (constance de la profondeur). Un aveugle qui recouvre la vue peut perdre cette constance perspective et avoir l’impression qu’un objet devient réellement petit quand il s’éloigne. A. Constance de la taille Un objet qui change de taille sur notre rétine lorsqu’on le rapproche garde pourtant sa taille fixe et change seulement de distance. L’objet reste de même grandeur, même si le stimulus proximal change, cela permet de comprendre l'environnement par rapport à la profondeur. Peu importe la taille qu’occupe un objet dans notre système visuel (sur notre rétine), on saura grâce à nos connaissances du monde la taille réelle de l’objet. Par exemple, une pomme très proche de nous, apparaît comme très grande sur la rétine mais grâce à nos connaissances sur l’objet « pomme » on sait qu’il ne s’agit pas d’une pomme géante. l’environnement (mur) nous donne une information et l’on croit que les bonhommes sont de tailles différentes alors qu’ils sont identiques (Roger Shepard). On n’arrive pas à supprimer l’information du contexte. L’effet est plus fort si on enlève des indices 2D et 3D qui sont en conflit. Exemple Ponzo illusion. Exemple Muller-Lyer illusion : <―――> et >―――< Université de Lausanne 8 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 B. Constance de la forme On ne voit pas directement les formes 3D, mais seulement leurs projections 2D. L’objet reste de la même forme même si le stimulus proximal change. Lorsque les objets se déplacent d’une façon rigide (rotations, translations), leurs images projetées sur la rétine subissent des déformations. Mais on ne perçoit pas ces déformations, mais plutôt les formes 3D rigides sous-jacentes (en projection 2D). Le contexte influence la façon de voir l’objet. Par exemple la porte qui s’ouvre, change de forme, mais on imagine toujours une « porte ». Et cela même si la forme qui s’imprime sur la rétine est différente de la forme initiale. Idem pour la couleur, constance de la couleur, on croit que le carré A et le carré B sont de couleurs différentes. C. Constance de la profondeur L’image sur la rétine apparaît en deux dimensions. Nous percevons la profondeur grâce à : 1) la distance entre nous et l’objet : position égocentrique, on situe les objets par rapport à soi. 2) la distance entre deux objets : position allocentrique, on estime la position d’un objet par rapport à l’environnement (points cardinaux par exemple). Il y a trois manières de percevoir la profondeur, notre système utilise les trois : Indices monoculaires : indices qui nous permettent de voir la profondeur avec un seul oeil : Ligne de perspective Perspective aérienne : plus l’objet est loin, plus il devient flou Texture Emplacement dans le plan : celui qui est devant est plus proche Ombres : dans le noir, avec juste une bougie, on perd la notion de la distance car les ombres ont disparu. Shading : on perçoit d’une manière ou d’une autre selon l’ombre. Parallaxe : l’objet bouge plus lentement s’il est éloigné. Aussi l’Aftereffect. Indices binoculaires : nous permettent de voir la profondeur avec les deux yeux. C’est la manière la plus utilisée par notre système. stereopsis par exemple Si l’on ferme un oeil et que l’on le ré-ouvre, si l’objet bouge, c’est qu’il est près. Plus il est éloigné, moins il bougera. Plus un objet a une grande différence de représentation entre les 2 yeux, plus il est proche. L’adaptation des muscles oculaires : accommodation par exemple. D. Théorie de la Gestalt pour la perception Elle s’intéresse à comment on perçoit les formes. Elle considère qu’on perçoit les formes comme des ensembles. Ils ont travaillé avec des illusions d’optique. Cette théorie apparue dans les années 40, soutient le principe de prégnance qui postule que l'on cherche constamment de la cohérence et du sens dans ce qu'on voit. Cette recherche cohérence et de stabilité repose sur quatre principes: Proximité : quand des objets sont proches, on les associe et on les assimile à un même ensemble Similarité : on associe les objets qui sont « pareils ». Continuité et Clôture: malgré que l’image soit cassée, on complète l'image en pensée, un même objet va avoir une continuité, ne s'arrête pas à un point Symétrie : on cherche la régularité, l’harmonie. Université de Lausanne 9 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Critiques : Cette théorie ne tient pas conte de la vision en trois dimensions mais seulement statique en deux dimensions. Théorie descriptive basée sur l’environnement qui n'explique pas vraiment le processus en jeu. Une théorie Bottom-up qui sous-estime la théorie Top-down. Elles estiment que tout le monde perçoit de la même manière. Théorie peut prouvable par des données quantitatives. Influence du Top down négligée dans cette théorie: On a une connaissance des choses qui sont stockées. Plus on a vu objets ressemblant à l'objet qu'on a sous les yeux, plus on a de chances de le percevoir et de pouvoir lui donner du sens. La connaissance du monde et la fréquence d’occurrence influence. 4. Perceptions sans conscience A. Vision aveugle (blindsight) si agnosie Weiskrantz en 1974 met au point une expérience avec des personnes pensant être aveugles (liaison dans le cortex visuel). Ils avaient une agnosie visuelle qui est un échec de l'identification visuelle de stimuli connus, qui ne peut pas être mis sur le compte de troubles sensoriels élémentaires (pas de lésions aux nerfs optiques). Ceux-ci traitaient l'information sans le savoir. Le patient pouvait dire si quelque chose avait été placé dans la zone aveugle (quadrant inférieur gauche), mais il pensait le faire au hasard. Il y a une vision aveugle, une habileté à répondre à un stimulus visuel sans en avoir une conscience visuelle. Rafal en 1990 nous dit qu'on « perçoit de manière inconsciente » dans la zone aveugle. Le patient n'est pas capable de dire s'il y a de la lumière ou non dans la zone aveugle mais peut le faire dans la zone de vue (il se croit donc totalement aveugle). Par contre, si on met de la lumière dans les deux, la réponse est plus lente car il y a interférence. Image résiduelle : on regarde longtemps un carré rouge, ensuite on regarde une feuille blanche, on voit un carré résiduel vert. A Genève, des expériences ont démontré que la reconnaissance de formes et d'expressions faciales émotionnelles lorsqu'on ne pouvait les voir, se situaient à un taux au-dessus de la chance pour des personnes pensant être aveugles et pour qui la perception des formes étaient au niveau de la chance. B. Perception subliminale (subliminal priming) Les expériences: Utilisée pour influencer. En 1957 James Vicary introduit dans un film une séquences avec le slogan : « EAT POP CORN, DRINK COLA » pendant 1/300e de seconde» pour voir si la consommation de pop corn et de coca augmentaient. Il a constaté que oui: pop corn: + 58% ; Coca : + 18% en comparaison aux autres films. Mais il y avait un biais méthodologique: le film était lui-même sur la nourriture, donc on ne peut être sur du résultat. En 2006, Karremans tente de reproduire l'expérience en introduisant des noms de marque telle que "ice lipton". La conclusion est qu'en effet cela influence le choix de la consommation mais que sur des personnes qui avaient soif, pas sur les autres. La perception subliminale existe, mais il faut rester prudent. La perception subliminale à moins d'influence sur le comportement que la perception subjective. Université de Lausanne 10 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 5. Perceptions sans stimulations Formes de perceptions sans stimulations: La perception sensorielle où tous les sens se mélanges se nomme la synesthésie. Dans ce genre de cas, on peut ressentir des perceptions sans même avoir été stimulés. On voit une lettre en même temps qu’une couleur. Ce qu'on appelle des hallucinations : expériences subjectives de sensations perceptuelles en l'absence de stimulation. Est-ce créé dans l’esprit? NON, c’est perçu dans l’esprit Exemples: Hallucinations hypnagogiques lorsqu'on se réveille Hallucinations hypnopompiques lorsqu'on s'endort Entendre des vois, hallucinations auditives (schizophrénie) Chibaro en 2005 a démontré en comparant deux groupes de 8 schizophrènes qu'ils percevaient tous au-delà des stimulis. 8 reçoivent stimulation TMS lente, 8 autres de fausses stimulations « sham ». Site de stimulation: lobe temporo-pariétal gauche.7 Contenu : Le top-down s'oppose au bottom-up Les illusions visuelles prouvent que ce qui est projeté n'est pas toujours ce qui est perçu Il y a des modèles pour expliquer la reconnaissance d'objets mais pas pour expliquer la complexité des scènes visuelles Il existe des biais perceptifs (constance de taille, de forme, distance, gestalt...) Des aberrations dans la perception informent sur les processus perceptuels (vision aveugle, visual priming, synesthésie, hallucinations) Université de Lausanne 11 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 3 ATTENTION 1. Définitions − William James (1890) : Chacun sait ce qu’est l’attention. La focalisation, et la concentration de la conscience sont ses essences. Cela implique le retrait de certaines choses afin d’en gérer d’autres de manière efficiente, et c’est un état comportant un réel opposé dans l’état engendré par un cerveau lésé, confus. − Titchner : L’attention est un état de clarté sensorielle avec une marge et un but. L’attention est l’aspect de la conscience relié à la quantité d’efforts exercée alors qu’on se concentre sur certains aspects d’une expérience, afin qu’ils deviennent plus vivants Changement dans l'environnement attire l'attention Pertinence si qqch est important, saillant Nécessité si on a besoin de qqch 2. L’attention sélective L’attention sélective est la capacité de se focaliser sur une seule chose. Exemple : suivre un cours dans un auditoire plus ou moins bruyant. A. Théorie de Broadbent Donald Broadbent (1958) nous dis que le système cognitif est structuré en différentes étapes. : − Première étape : Canaux parallèles : plusieurs informations peuvent êtres traitées simultanément. − Deuxième étape : Canal unique : une seule information peut être traitée à la fois. Perception Attention Il nous dit aussi qu’il y a un recyclage des informations en attente d’être traitées. L’attention est comme un système de filtrage (exemple du film avec le gorille ou le tour de magie). Les principes de l’attention sélective : − « Bouchons d’information, image entonnoir» = « bottle neck » : On perçoit tous les stimuli mais l'attention n'est pas portée sur tous (il y a un traitement lors de la concentration). − Filtrage attentionnel, filtre de sélection (il y a une sélection de ceux sur lesquels on porte notre attention. Basé sur des propriétés physique comme la force, la hauteur du son) − Critique du filtre : Quel est ça nature ? A quel moment se manifeste-t-il ? Principe du tout ou rien. Université de Lausanne 12 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Ex : écoute dichotomique : Écoute dichotomique ou on change les informations selon l'oreille gauche ou droite. Les personnes se rappellent d’une oreille et pas à l'autre donc système de filtrage. Paires de lettres (M,H ;R,S ;W,P) qui sont présentées simultanément. Tâche : répéter toutes les lettres dans un ordre quelconque/par paire. Résultats : Ordre libre : tri par oreille. Par paire : moins de lettre sont retenues => il est difficile de changer d’attention entre les 2 oreilles car chacune d’elles est un canal d’information. Données soutenant l’hypothèse de la sélection précoce B. Théorie de Treisman Treisman (1964) s’oppose à Broadbent. Lorsqu'on fait attention à quelque chose tous les stimuli sont traités. Les filtres dépendent des circonstances et de la nature de l’information : − Propriétés acoustiques différentes on filtre le plus vite possible − Mais aussi informations dont le filtrage nécessite un traitement avec filtre d’atténuation. C'est la grande différence entre Broadbent et Treisman, on se protège du surmenage en sélectionnant les stimuli que l’on veut traiter. (Cognitif, choix fait à travers les filtres) et en atténuant les autres. Donc le filtre dépend de « notre » sélection, de ce que l’on choisit de « traiter ». Le filtrage n’est donc pas automatique et il n’est pas inconscient. − La répétition du stimulus, ainsi que l’organisation de ce qu’il représente permet de passer d’un filtrage contrôlé à un filtrage automatique. Les filtres dépendent de la cognition. Répétition + organisation de la représentation => filtrage contrôlé à l'automatique. On voit que pour Treisman c'est la notion d'atténuateur et non celle de filtre qui est mise en avant. Depuis ces années, la science a avancé et aujourd’hui on peut dire que les deux avaient raison ou que les deux avaient tort. Autres oppositions à Broadbent : Ex : Cocktail Party Phenomenon de Cherry (1953) : Le filtre ne filtre pas tout ! Si on parle a qqun et que soudain qqun d'autre dit son prénom on arrive à réagir et donc notre attention va à un autre endroit en pleine discussion. Cela contredit Broadbent car on traite l'information qu'il disait que l'on laissait tomber. Pas de principe du "tout ou rien". Ex : écoute dichotomique "Dear Aunt Jane" de Gray et Wedderburn (1960), ils ont refait l’écoute dichotomique mais en mettant des mots. A l’oreille droit : "Dear, one, Jane" et à l’oreille gauche "three, Aunt, six," et les participants se souvenaient mieux de "Dear Aunt Jane" que des chiffres même si oreilles différentes. C. Théorie de MacKay Avec Broadbent et Treisman on avait des modèles de sélection précoce. Ensuite on eu un modèle de sélection tardive avec MacKay (1973). Il montre que l'on garde en soi une partie des informations. On garde à disposition. Université de Lausanne 13 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Tâche : répéter en écho et plus tard en indiquant le sens de la phrase, phrases ambigües sont présentée à l’oreille focalisée et des mots qui leur donnent un sens à l’oreille non-focalisees. Résultats : les sujets choisissent le sens de la phrase ambigüe qui suit le mot présenté à l’oreille non-focalisée. Donc le message non-focalisé a été analysé jusqu’au niveau sémantique, l’info non focalisée peut biaiser l’info focalisée. Exemples : “They were throwing stones at the bank” (to attended ear) “MONEY” or “RIVER” (to unattended ear) Expliquer la phrase : “They threw stones towards the side of the river yesterday” if RIVER “They threw stones at the savings and loan association yesterday” if MONEY 3. L’attention divisée La capacité qui nous permet de faire plusieurs choses en même temps. Elle n’est possible que pour les choses simples. A. Théorie de Shiffrin et Schneider Shiffrin et Schneider (1977) distinguent les processus contrôlés et les processus automatiques. Caractéristiques des processus contrôlés: Fonctionnent en série, en séquence Sont contrôlés par la conscience Demandent de l’attention Demandent du temps Caractéristiques des processus automatiques: Fonctionnent en parallèle Se déroulent en dehors du champ de la conscience, difficile à inhiber Ne réclament aucun effort Sont extrêmement rapides Ex : Memory Set 1. On doit mémoriser un memory set de 4 items 2. On fait défiler 20 cartes différentes ayant aussi 4 items où on peut y trouver un ou aucun des 4 items du memory set, les autres items étant donc des distracteurs. 3. Si le memory set était composé uniquement de chiffres (ou de lettres) et les distracteurs des 20 cartes uniquement de lettres (ou des chiffres), « consistent mapping » le sujet arrivait rapidement à trouver si la carte comportait un des 4 items du memory set. On parle d’un processus automatique car le traitement se fait en parallèle, d’un côté les chiffres, de l’autre les lettres. 4. Si le memory set était composé d’un mélange de chiffres et de lettres et les distracteurs des 20 cartes d’un mélange de chiffres et de lettres, « varied mapping » le sujet devait se concentrer et faisait plus longtemps pour trouver si la carte comportait un des 4 items du memory set. On parle d’un processus contrôlé car le traitement se fait en séries. Consistent mapping 1 7 8 4 (memory set) A C 1 K (et 19 autres) Varied mapping 2 G 9 Q (memory set) H 4 5 G (et 19 autres) Ex : l'effet Stroop (dire les couleurs à haute voix alors que le mot écrit désigne une autre couleur). Rouge Bleu Vert Jaune Université de Lausanne 14 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 1. Lorsqu'on fait des pratiques variables des expériences, les processus contrôlés restent contrôlés. => Les distracteurs intégrés devraient avoir un effet sur la performance. 2. Par contre, si on soumet l'expérimenté plusieurs fois au-même test en peu de temps, cela devient une pratique constante et les processus d'attention contrôlés deviennent automatiques. L’expérience transforme des processus auparavant contrôlés en processus automatisés. On ne peut plus les inhiber. => Les distracteurs ne devraient pas avoir d'effets sur la performance. 3. Cependant on a remarqué par la suite que ce genre d'automatisation ne concernait que les tâches simples. Ex : Le cell phone n’est pas recommandé au volant car il distrait énormément et augmente le temps de réaction, il est même plus mauvais que de changer la fréquence de la radio en étant au volant. Ex : Les élèves ayant appris un programme pendant qu’ils joggaient étaient moins performants au test que ceux qui l’avaient appris en étant assis. 4. L’attention visuelle Comment fonctionne l’attention lorsqu’on regarde des objets ou des scènes? − La vision est un sens important. Les mouvements des yeux sont une fenêtre sur l’esprit. − Nous regardons là où nous nous projetons, la durée de fixation est également importante − Nos yeux effectuent plus de saccades que notre cœur de battements − L'Eye tracker peut nous en dire beaucoup sur les fluctuations de notre attention dans le temps. Grâce au "eye tracking" : suivi du regard (caméra sur l’œil) ET où l'attention est focalisée (caméra sur l’environnement) que l’on calibre esemble en fonction des endroits où la personne pose son regard. On peut donc savoir où une personne regarde. On a remarqué que l'attention visuelle est souvent portée au visage. C'est d'ailleurs devenu une science appliquée pour le marketing (attirer le regard). − On a aussi pu voir que l'attention du regard suivait les indications qu'il y a sur une image (flèche, regard d'une personne sur l'image...). − Il est aussi intéressant de relever que les autistes ne portent pas la même attention visuelle que nous par exemple, lorsque nous nous focalisons sur le milieu d'un visage pour comprendre les émotions, eux vont regarder au bas du visage. Ex : Les personnes doivent dire quelles sont les plus belles parties de leurs corps et ensuite on regarde avec un eye-tracker où ils ont le plus regardé et voir si c'est corrélé. Les personnes symptomatiques ont plutôt regardé les parties moches de leur corps alors que les personnes contrôles ont regardé les belles parties de leur corps. Les personnes symptomatiques ont regardé les belles parties du corps d'autrui et les personnes contrôles ont regardé les parties moches du corps d'autrui. Ex : Posner dans les années 80 a mis en place un test permettant d'illustrer cette attention visuelle avec une indication: Université de Lausanne 15 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Condition valide car on montre avec la flèche ce qui va s'illuminer. On va plus vite a détecter. Condition invalide car on montre avec la flèche ce qui ne va pas s'illuminer. On va plus lentement a détecter. 5. Orientation et sélection L’effet cocktail party de Cherry (1953) : plusieurs groupes ont des conversations en même temps, ona une attention diffuse puis on choisit dans l'environnement sur quoi on porte l'attention, et on passe à une attention focalisée. On n’a jamais une attention complète. − On peut percevoir des stimuli en parallèle : attention diffuse − On traite l’information sans perdre les autres stimuli : « j’ai cru entendre mon nom » − On peut orienter notre attention : attention focalisée − On sélectionne certains stimuli et on en inhibe d’autres, on ne les supprime pas ! On filtre les éléments importants et pertinents. (1) (2) (1) On focalise notre attention sur un stimulus (2) On ne perd pas les autres stimulis « Tom » on entend son nom On peut faire une distinction entre l’attention endogène et l’attention exogène : − Exogène : Stimuli qu’on ne peut pas inhiber − Endogène : Ceux qu’on peut inhiber Attention exogène : − Variations d’énergie (prénom, gyrophare) − Mouvements dans un environnement stable (Quelque chose qui modifie l’environnement on va traiter l'information). − Bruit − Nouveauté du stimulus (ex : A, B, C, D, E, F, F l’attention sera portée sur ce 2ème F car il n’entre pas dans l’ordre logique, dans ce qu’on s’attend à entendre) − Difficile à inhiber. Attention endogène : − Orientation stratégique (choix d’allouer une énergie particulière sur ce stimulus qui nous semble important, c’est contrôlé) Université de Lausanne 16 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 − Est plus lente à se mettre en place − Demande plus d’effort (par exemple les cours plutôt que sirène d'ambulance) − Plus difficile à activer (demande une énergie particulière). 6. Attention, mouvements oculaires et magie Kuhn en 2006 dans « il y a plus de magie en regardant les yeux ». Il y a un lien entre l’attention et la perception, Il Illustre à l’aide d’une expérience (un magicien qui fait disparaître une balle au plafond). Un des buts de l’expérience était de comprendre les processus en place pendant un tour de magie. (le rapport au magicien est important) Les résultats suivants : − Processus sociaux : la balle disparaît où le magicien a regardé, on suit son regard, c’est un aspect social. => Notre attention est dirigée par des repères sociaux (le regard par exemple). − Processus de contrôle oculomoteur : on contrôle où le regard va aller. Si l'objet disparaît notre système continue le mouvement, il va au-delà du réel. => On peut planifier les mouvements oculaires. − Processus de perception : => Nos yeux vont où les choses se passent, mais notre cerveau ne les suit pas forcément. − Processus d’attention : il y a un point focal = point d’attention => Notre regard n’est pas forcément un indicateur de notre attention. L’expérience montre que les gens n'ont pas regardé la balle où ils prétendent l'avoir vu disparaître. Il y a donc une distinction entre où l'œil regarde et où on pense que l'œil a regardé. Conclusion générale : La vision, la perception et l’attention sont de processus de construction de représentation et ne sont pas forcément fidèles à la réalité. Peut-on utiliser la magie pour étudier des pathologies telles que l’autisme ? Hypothèse : Les autistes sont moins pris dans les illusions car l’impact du magicien et ses attitudes sont moins remarquées. On peut se le demander en vue des résultats suivants : − La perception des illusions mouvantes chez l’individu sain n’est pas un phénomène Bottom-Up car influencées. Par exemple les indices sociaux (direction de la tête par exemple) déterminent la perception des illusions. − Mais contrairement aux attentes, les individus atteints d’autisme présentaient les mêmes comportements (contredisant ainsi les théories sociales sur l’autisme), cependant, ils présentaient des comportements oculomoteurs ralentis, ils n’arrivaient pas à fixer la balle. Contenu : − L’attention est difficile à définir − Modèles initiaux (Broadbent, Treisman), savoir que ces modèles et leurs adaptations sont toujours évalués et testés − Qu’est-ce que l’attention sélective, et comment la tester − Qu’est-ce que l’attention divisée, et comment la tester − Qu’est-ce que l’attention visuelle, et comment la tester − Etre attentif/ve aux différences entre l’attention endogène ou exogène − Connaissance des dispositifs expérimentaux utilisés / questions (p.e. magie) Université de Lausanne 17 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 4 MÉMOIRE 1. Généralités A quoi nous sert la mémoire ? La plupart des choses dans la vie sont tenues pour acquises comme savoir ce qu’est une chaise ou autre. Cela relève de la mémoire. L’attention à un rôle à jouer dans la mémoire (une grande attention permet une meilleure mémoire). Tous les éléments de la vie de tous les jours font appel à la mémoire : savoir suivre une conversation, savoir cuisiner un repas, savoir qu’on a déjà rencontré une personne auparavant etc. « Forever today » Clive Wearing ne retient que l’information 7 sec, sa vie est comme une bulle sans passé ni futur, il ne reconnait que sa femme qu’il aime à la folie. Atkinson and Shiffrin en 1968 introduisent un schéma de la mémoire : Il s’agit du modèle modal ou modèle modulaire car plusieurs modules, compartiments. Il n’est pas récent, mais introduit des principes basiques de la mémoire. 2 1 3 1. Environnement input : entrée de données, informations sensorielles venant des organes des sens (yeux, oreilles, peau etc.) 2. Attention : on traite toutes les informations de la mémoire sensitive par l’attention. 3. Processus de contrôle : on ne retient que certaines choses dans la mémoire. Exemple de trois techniques pour entrainer la mémoire, trois processus de contrôle entre mémoires : Stratégie de répétition d’un stimulus Stratégie pour rendre stimuli plus mémorables (technique pour différencier ou vs où, pour se rappeler de l’anatomie cérébrale.) Stratégie d’attention : indices pour (re)trouver son chemin. Donc il y a des échanges par le rehearsal (répétition) et le retrieval (récupération) et le recall (rappel). 4. Mémoire sensitive, mémoire à court terme, mémoire à long terme (cf. points suivants.) 2. La mémoire sensitive/sensorielle Mémoire sensitive/sensorielle est le premier stade qui contient toutes les informations entrantes pendant des secondes ou des fractions de secondes. On parle d’iconic memory ou de visual icon pour la mémoire sensorielle visuelle. C’est comme pour les traces lumineuses crées par notre esprit, perception gardée en mémoire une fraction de seconde avant de disparaître. Sperling (1960) a montré des preuves attestant de l’existence d’une mémoire sensorielle à court-terme dans laquelle toutes les infos sont enregistrées, mais dans laquelle l’info disparaît rapidement (< 1 seconde). Voici son expérience : Université de Lausanne 18 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Carte avec 12 objets (4 lettres par ligne) où le sujet doit mémoriser le plus d’objets possibles et dire combien il en a retenu en entier. Whole report without delay Ensuite le sujet ne doit dire qu’une des trois lignes après qu’un son définisse au hasard mais directement après la mémorisation quelle ligne il doit répéter. Partial report without delay Enfin le sujet ne doit dire qu’une des trois lignes après qu’un son définisse au hasard plusieurs secondes après la mémorisation quelle ligne il doit répéter. Partial report with delay Conclusion : plus on attend de secondes, moins le sujet sait dire les lettres qu’il a vu. On sait la ligne en entier au début puis si on attend ça s’efface. Il en va de même pour la mémoire sensorielle auditive, on parle de echoic memory. 3. La mémoire à court terme (MCT) La mémoire à court terme a des capacités limitées (temps et quantité d’informations) : Peterson (1959) montre le délabrement de la mémoire. On doit mémoriser trois lettres puis compter en arrière. Lorsque l’on compte, on ne peut pas répéter les lettres et donc on s’en souvient de moins en moins. Plus le temps à compter était long, moins on se souvenait des lettres. Conclusion : sans répétition ou d’interférence particulière, on retient l’information dans un temps limité d’environ 15-20/30 secondes. Il a aussi montré l’interférence proactive. Il s’agit d’un oubli arrivant à cause d’un apprentissage préliminaire. Difficulté à faire un deuxième apprentissage similaire dans un court laps de temps car interférence du premier apprentissage sur le stockage du second. L'apprentissage de la liste « B » est entravé par la persistance des traces de la liste « A ». On observe alors la possibilité d'intrusions de mots antérieurement fixés dans le rappel de la nouvelle information. Interférences expérimentées dans des activités journalières comme le changement de numéro de tél, de mot de passe, etc. Prouvé par Keppel et Underwood (1962) qui ont refait l’expérience de Peterson de répéter les lettres mais avec plusieurs essais (1st, 2nd, 3rd trials) et se sont rendus compte que plus il y avait d’essais moins de lettres étaient mémorisées. Miller (1956) démontre le chiffre magique (7 ± 2) ou 5-7 items que l’on peut retenir et restituer (dans la mémoire à court terme). Il a utilisé la digit-span task. La memory span est la plus longue liste d’items qu’une personne peut mémoriser, donc digit le plus grand nombre de chiffres mémorisés. Stratégie pour faire passer des informations dans la mémoire à long terme : Chunking. On doit prendre différents items que l’on doit retenir (par exemple : chien, manger, parapluie) et les relier entre eux (le chien a mangé sous un parapluie). on met des éléments en rapport pour mieux les retenir. Cela facilite la mémorisation. Les joueurs d’échec pro se rappellent des positions car mise en relation. Un chunk est un groupe. Exemple: Quartier, maman, ours, vieux, fleur, illumination, tournevis, sommeil Après son sommeil, Maman a utilisé le vieux tournevis qu’elle a trouvé dans le quartier pour améliorer l’illumination pour l’ours respirant la fleur. Il y a deux formes de codages dans la mémoire à court terme : Codage auditif : notre mémoire est fortement auditive, on utilise les sons pour garder en mémoire et on a de la peine à retenir si les mots se ressemblent dans les sons, ont la même prononciation. Expérience de Conrad (1964) : erreurs dans le rappel de lettres (mots montrés visuellement) basé sur le son plutôt que sur la forme. Plus facile de se rappeler de la liste « home, lan, bean… » que de la liste « do, true, through ». Codage sémantique : Wickens (1976) proactive inhibition experiment. On mémorise par le sens que l’on donne aux objets. Lorsqu’un élément est changé (dans la logique, dans la position, dans une image, etc…) dans ce que l’on doit retenir, on retient plus facilement. Il est Université de Lausanne 19 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 plus facile de retenir le mot orange, dans la série train, voiture, vélo, orange que dans celle orange, pêche, banane, pomme. Egalement si on doit retrouver une image parmi des propositions d’images (mémoire visuelle à court terme). Les participants étaient mauvais à remarquer quand un objet avait été tourné ou échangé mais quand celui-ci était affiché dans une autre partie de l’écran ils s’en rendaient compte. La mémoire est dérangée. (Hollingworth en 2006) 4. La mémoire de travail (MDT) Baddeley & Hitch (1974), l’inventeur du terme, définit Working Memory (mémoire de travail) comme un « système à capacités limitées pour un stockage temporaire et la manipulation d’infos pour des tâches complexes telles que la compréhension, l’apprentissage et le raisonnement ». Il s’agit donc d’un modèle de mémoire transitoire en alternative au concept de Mémoire à Court Terme du modèle modal d'Atkinson & Shiffrin (1968). Dans les deux cas il s'agit d'un modèle issu du courant «Système de Traitement de l'Information (STI)» qui étudie comment l'information, qui est abstraite, symbolique, est traitée de façon localisée (dans des modules, compartiments) et séquentiellement (dans des modules, compartiments consécutifs). Pas un synonyme de la MCT ! Mais la MCT traite également l’information. On peut garder des choses en mémoire et faire autre chose. On peut décider des choses à mémoriser, on a une composante active, pas des machines où l’information arrive et on la traite directement. Les mêmes expériences que pour prouver la MCT lui sont applicables. La véracité de cette mémoire est contestée quelques modèles attestent de son existence, d’autres non. Ca reste un modèle pas une preuve. Certaines hypothèses attestent le modèle, d’autres pas : Nécessite des adaptations et des changements des modèles / théories existants. Le système a trois composantes majeures : Administrateur central centrale exécutive : La mémoire de travail sélectionnerait les informations à retenir ou à oublier en fonction de leur importance. Elle ne stocke pas tout, uniquement l’information pertinente. C’est le rôle de l’administrateur central qui gère, contrôle et coordonne les deux modules sous-jacents (sous-systèmes) avec une fonction de suppression des informations non-importantes. Il gère donc le passage des informations entre les 2 soussystèmes et la mémoire à long terme. Il peut augmenter la capacité de rétention des informations par répétition mentale. La majorité du travail est faite ici, l’attention y est commutée, remplacée (switched) (par ex: conduire une voiture car on s’en souvient donc moins d’attention demandée). Boucle phonolgique phonological loop : responsable du stockage temporel de l’information verbale et du traitement de la parole. On traite au niveau du son. Effet de similarité (lac, sac, chaque, pâques – pouvoir, puissance, dominer) Effet de longueur du mot (sac, table, composantes) Calepin visuo-spatial visuospatial sketchpad : responsable du stockage à court terme de l’information visuo-spatiale donc génération et manipulation des images mentales. Deux tâches concurrentes deviennent plus simples quand l’une des tâches est visuelles et l’autre est verbale quand comparées à chacune dans l’une des modalités (Goldstein 2008) Université de Lausanne 20 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Lorsqu’on étudie quelque chose, on utilise la mémoire de travail et on veut placer dans la mémoire à long terme (cf. encodage). Contenu : Etre conscient que la mémoire est un champ vaste qui va plus loin que retenir un numéro de téléphone ou la matière d’un examen... Modèles de la mémoire (modèle modal) Mémoire sensorielle Mémoire à court terme Mémoire de travail 5. La mémoire à long terme (MLT) A. Concepts de base Fonctionnement Mémoire à long terme: contient de grandes quantités d’informations retenues sur des années voir des décennies La mémoire à long terme est capable de contenir des détails datant de très longtemps. Cependant, plus les souvenir sont lointains moins ils ont de détails alors que plus ils sont récents plus ils en ont. Jimmie G. a perdu la capacité de créer des nouveaux souvenirs (syndrôme de Korsakoff). Ses souvenirs s’arrêtent avec la fin de la seconde guerre mondiale en 1945, quoiqu’il ait pu lui arriver dans les 10 dernières années ou les dix dernières minutes. Par ailleurs, il se comporte comme un jeune homme normal et tout à fait intelligent. D’une certaine façon, ses déficits semblent lui être perceptibles car il a de la peine à trouver un sens, de la satisfaction et le bonheur dans sa vie. Il y a aussi Clive Wearing qui ne retient l’information que 7 secondes. Interactions MLT / MCT-MDT Plus qu’un archivage passif car actions interactives avec la mémoire à court terme, de travail : Quand vous êtes à la Riponne, vous vous rappelez d’événements passés dans cet endroit,vous savez comment vous êtes venus, vous savez que vous êtes venus pour faire xxxxx... Si quelqu’un vous demande son chemin autour de la Riponne, l’information est disponible. De plus, vous seriez capable d’expliquer la disposition de l’endroit, des autres bâtiments autour etc. Lorsque l’on doit retenir une liste de mots, il y a un effet de position dans la série : Effet de primauté où on retient bien les mots du début de la série car matériel transféré de MCT à MLT. Effet de récence où on retient bien les mots de la fin de la série car matériel toujours dans MCT. (Glanzer & Cunitz, 1966) Le début de la liste a donc été transféré de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme alors que la fin est encore dans la mémoire à court terme. On met plus de mots dans la série pour tester « la primauté » et on laisse du temps avant de répondre pour tester « la récence ». Si on laisse plus de temps entre les mots, on a une augmentation du nombre de mots mémorisés alors que si on laisse 30 sec avant de répondre à la fin on a une diminution du nombre de mots mémorisés. Preuve existence On trouve la preuve que la mémoire a long terme et a court terme sont des mémoires séparés, en s'intéressant en neuropsychologie à des patients avec des lésions cérébrales à deux endroits distincts qui sont sensé être le lieu de résidence des deux mémoires. Ce concept de double dissociation est la preuve de fonctions séparées Université de Lausanne 21 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Patient 1 : lésion en orange mais pas en rouge: déficit x mais pas y Patient 2 : lésion en rouge mais pas en orange: déficit y mais pas x On a pu voir que l'un avait des troubles de la mémoire à court terme alors que l'autre avait des troubles avec la mémoire à long terme. Patient 1 : Patient 2 : déficits de MCT/MDT et pas de MLT. lorsque le lobe pariétal-occipital gauche est touché. par exemple patient KF étudié par Shallice et Warrington, 1970 déficits de MLT mais pas de MCT/MDT lorsque l’hippocampe bilatéral est touché. par exemple Jimmie G., Clive Wearing ou patient HM, étudié par Hebb, Penfield, 1953 Remarque : Le patient HM est très célèbre. Il a eu un accident à bicyclette en étant jeune et à cause de cela de nombreuses crises d’épilepsies invivables. Avec des électrodes on stimulait certaines régions du cerveau pour voir les réactions. On a alors tenté l’ablation de son hippocampe pour faire cesser les crises d’épilepsie, cela n’a pas fonctionné et il a perdu sa mémoire. On n’a jamais refait cette opération chirurgicale depuis 1953. Brenda Milner (née 1918) est toujours vivante, elle a travaillé avec Hebb et Penfield et raconte les expériences de cette époque. B. Structure de la mémoire à long terme 1) Mémoire déclarative / explicite La mémoire déclarative ou explicite est elle aussi constituée de deux mémoires différentes : 1.1) Mémoire épisodique Mémoire des événements, c’est celle avec laquelle on se rappelle des épisodes du passé, tout ce qu’on a vécu. Expérience de se connaître, se rappeler. C’est un voyage dans le temps mental (Tulving, 1985). Par exemple attentats du 11 septembre 2001, on se rappelle où on était quand on l'a appris. En proie à des erreurs, on croit se souvenir de quelque chose mais c'est faux 1.2) Mémoire sémantique Mémoire des faits, des mots, c’est celle avec laquelle on donne sens aux choses, donc la connaissance. Expérience de savoir. Ce sont les connaissances sur le monde (Tulving, 1985). On peut prouver cette dissociation grâce à deux célèbres patients : Patient KC de Rosenbaum (2005) : perte de la mémoire épisodique après un accident, dommage à l'hippocampe. Patient de DeRenzi (1987) : encéphalite, perte de la mémoire sémantique. Problèmes dans la vie de tous les jours, car elle oubliait à quoi servaient les objets, comment faire ses courses, mais retenait les épisodes. Université de Lausanne 22 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Interactions entre mémoire épisodique et mémoire sémantique. Oui car on a une mémoire sémantique personnelle : on se rappelle mieux des faits (mémoire sémantique) liés à notre vie (mémoire épisodique). Exemple d’acteurs que l’on aime, de connaître les règles ou non etc. Mémoire épisodique Mémoire des événements On se rappelle des épisodes du passé Expérience de se connaître, se rappeler Un voyage dans le temps mental (Tulving) versus ↔ ↔ ↔ ↔ Mémoire sémantique Mémoire des faits, des mots On donne sens aux choses Expérience de savoir Les connaissances sur le monde (Tulving) 2) Mémoire non-déclarative / implicite À l'inverse de la mémoire déclarative, la mémoire non-déclarative ou implicite est celle dont on n’a pas conscience. « Ne pas être conscient de savoir » (Tulving). Les informations sont retenues par des conditionnements implicites, en d’autres termes, l’expérience a un impact sur nos comportements et pensées actuelles. Il y a trois apprentissages dans cette mémoire: 2.1) Répétion amorcage « Priming repetion » Amélioration d’une tâche si on donne un indice. Amorce (présent) qui influence la mémoire (passé). Exemple : Image de Heidi puis H _ _ d _ Heike puis H _ _ d _ Christine puis H _ _ d _ On arrive plus rapidement à savoir que l’on doit recomposer le mot Heidi avec l’image de Heidi (amorçage visuel) ou le mot Heike que le mot Christine. 2.2) Mémoire procédurale Il s’agit de l'apprentissage de procédures : lasser ces chaussures, faire du piano... On n’a pas besoin de se remémorer comment faire, c’est automatique. HM arrivait à faire des procédures, Clive Wearing à jouer du piano. 2.3) Mémoire émotionnelle Apprentissage des émotions Applications de ces mémoires : Principe Pollyanna : mécanisme psychologique qui incite les personnes a préférer les aspects favorables des choses, à favoriser le beau et l’agréable. Donc les personnes préfèrent retenir les aspects positifs et agréables plutôt que les négatifs. Publicité, Suggestion, Zajonc : effet de la plus grande exposition dans la vie de tous les jours, on va préférer des marques auxquelles on est les plus exposés, les objets vus dans des publicités. Exemple : on a présenté des images complexes mais sans signification à des sujets puis entre deux images, les sujets devaient dire laquelle des deux ils préféraient. Ils choisissaient les images présentées auparavant. Propagande : on croit aux choses les plus mises en scène, on influence ainsi les masses. Par exemple les débats politiques. Sheldrake : Il disait que les personnes étaient meilleures que le hasard pour dire si la pièce de monnaie allait tomber sur pile ou face. Mais en réalite on leur disait directement « vous avez fait juste/faux » et donc il y avait un apprentissage implicite des séquences ce qui permettait d’être meilleur que le hasard. Ce n’était pas une prédiction paranormale. Université de Lausanne 23 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 C. Stockage de l’information dans la mémoire à long terme Encodage et traitement de l’information On parle d’encodage (de la MCT/MDT à la MLT) et de rappel (de la MLT à la MCT/MDT). L’encodage est un processus de sélection et d'enregistrement par lequel une grande quantité d'informations sensorielles entre dans le système de mémoire. Il y a une maintenance ou une répétition élaborée. Théorie du niveau du traitement par Craik et Lockhart (1972) : la mémoire dépend de la profondeur du traitement. Plus le traitement de mémorisation est bon, plus on va se souvenir. En d’autres termes, plus l’information est traitée en profondeur, plus on s’en souvient dans la MLT. Il y a le traitement en surface et le traitement profond, deux "processing" : Surface : La répétition de maintenance (visualisation) : garde les informations actives. Liste de mots et on doit savoir leur taille, combien de voyelles ils ont. Profond : La répétition élaborée (répétition) : procède à un traitement plus profond. Liste de mots et on doit savoir leur utilité, lesquels je peux emmener à la plage. Encodage facilité Il y a différents moyens pour faciliter l'encodage de l'information dans la mémoire à long terme : Associations / connections : en effet la complexité améliore l’encodage : « il a cuit le poulet » versus « L’oiseau gigantesque fondit sur sa proie et emporta le poulet qui se débattait » on se souvient mieux de la seconde phrase. Aussi Chunking (cf. MCT) Visualisation : on visualise deux objets ensemble, des paires de mots. Effet d’autoréférence : se rapporter à soi, associer qqch à nos préférences Organisation : plusieurs mots mis dans des catégories Règle de Hebb Au niveau neurologique, règle synaptique de Hebb : Lorsque deux neurones sont excités conjointement, il se crée ou se renforce un lien les unissant, on parle de connexions synaptiques. C'est une règle qui explique comment biologiquement les informations sont stockées dans le cerveau. Il n'est donc pas surprenant que des dommages au cerveau, causent une interférence dans le stockage de l’information et donc affectent la mémoire avec amnésies rétrograde (passé) et aussi antérograde (futur). Université de Lausanne 24 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 D. Rappel de l’information stockée dans la mémoire à long terme On peut se donner des indices de rappel. Se faire une note mentale qu’une situation doit déclencher un souvenir. Revenir au point de départ, au moment où vous avez pensé à qqch chose En effet, le rappel libre est plus faible que le rappel avec indice(s), reconnaissance. Exemple : Mantyla: 600 noms (e.g. banana, freedom, tree) o Groupe 1: Associer trois mots à chaque nom pendant l’apprentissage. Retrouver 3 mots ensuite. Précision 90% o Groupe 2: Apprendre des mots. Pendant le rappel, recevoir trois mots-indices par d’autres. Précision 55% o Groupe 3: Pas appris les mots. Reçus trois mots-indices. Précision 17% Spécificité de l’encodage avec le lieu d’apprentissage. Exemple : Godden et Baddeley (1975) en expérimentant sur des plongeurs sous marins. Ceuxci doivent retenir des listes de mots et les restituer. On fait varier l’endroit où ils doivent faire ses tâches (sous l’eau ou sur terre) et on note que les résultats sont meilleurs lorsqu’ils sont produits dans des environnements identiques par rapport aux rappels effectués dans l’environnement différent. Lorsque les conditions contextuelles sont similaires lors de l’encodage et du rappel. Le rappel est donc lié à la trace mnésique encodée et des indices liés au contexte. Spécificité de l’encodage avec état émotionnel, avec l’humeur. Exemple : état-dépendant de Eich et Metcalfe, (1989) qui ont prouvé qu’on apprenait mieux en étant heureux qu’en étant triste. Pour étudier de manière à améliorer le rappel, même s’il y a des différences individuelles, il faut : Elaborer et générer (parler à haute voix) Organiser (graphiques) Associer Faire des pauses Faire que les conditions d’apprentissage et de rappel correspondent. Contenu : Qu’est-ce que la mémoire à long terme Différent de la mémoire à court terme Concept de double dissociation Types de mémoire à long terme Codage et stockage Règle synaptique de Hebb Rappel de l’information stockée Université de Lausanne 25 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 6. Autres types de mémoires A. Concepts de base On a étudié la mémoire que l’on avait du passé et du présent avec MCT, MDT ET MLT. Mais : − Nous planifions le futur − Décisions d’aujourd’hui basées sur l’expérience − Nous oublions souvent − Nos souvenirs sont souvent inexacts En effet, la mémoire est un processus actif et créatif (ex. Baddeley). Souvent, cette mémoire n’a rien à voir avec la réalité ! Elle n’est pas un ordinateur qui retient tout ! B. Mémoire prospective Fonctionnement Mémoire qui sert à planifier le futur comme un calendrier, à se rappeler une tâche future à faire. On parle aussi de mémoire des intentions. Elle est en quantité raisonnable et est utile pour: − Décision et planification de ce qui peut être fait − S’assurer que c’est fait (voir si la planification a été respectée) − Le faire au bon endroit et au bon moment − Ne pas se laisser submerger par des informations sans importance On peut utiliser des indices mnésiques pour stimuler la mémoire prospective. On découvert que les indices familiers étaient moins efficaces que les indices non-familiers pour se souvenir de qqch à l’avenir. En effet, il y a moins d’habitudes et de distractions interférant avec les indices d’information non-familiers. Exemple : Einstein and McDaniel (1990): Tâches basées sur les événements où les participants devaient appuyer sur une touche « key » lorsqu’un mot de repère « cue word » était présenté dans une liste de mot. Mot de repère familier : ex. table Mot de repère non-familier: ex. monade Résultat : les participants repéraient plus facilement le mot s’il était non-familier. Donc on se souvent mieux des choses compliquées. Aussi Chunking (cf. MCT) Déficits On peut voir que des personnes qui ont une mémoire prospective moins efficace. Par exemple il y a des personnes qui doivent prendre un médicament à la même heure chaque jour (exemple trithérapie avec SIDA) mais il existe des patients non adhérents au traitement antirétroviral. Ils n’arrivent pas à prendre chaque jour les médicaments. Souvent ils présentent des déficits dans la mémoire prospective basée sur le temps. (Wood 2009) On a le MIST, un test de 8 tâches de mémoire prospective à retardement. On remarque s’il y a des déficits dans la mémoire prospective. Ex : dans 15 minutes, dites-moi de prendre une pause. Si la personne prend plutôt la réponse « dites à l’examinateur de quitter la salle. » on sait qu’il y a un déficit. Aussi, on a voulu voir si le cannabis été un danger pour la mémoire, la perception et la motivation. Il y a la JAAM, la tâche de Jansari Agnew Akesson Murphy où en laboratoire, des participants doivent prendre le rôle d’un assistant et sont examinés. 1. Les participants lisent un scénario : description de leur rôle et de l’environnement virtuel de l’office. Université de Lausanne 26 Mathieu Gianini Rima 2. 3. 4. Ψ 2012-2013 Cela est suivi d’une liste de tâches que leur manager leur a laissées pour qu’ils les exécutent. Exemple : noter le nombre d’alarmes incendies, compléter et mettre à jour l’agenda, organiser les tables et chaises pour un meeting. Tout au long de la tâche, les participants reçoivent des indices (memos) qui demandent des performances additionnels sur la tâche à effectuer ou alors la modification supplémentaire d’une autre tâche. Il y a 8 concepts qui sont analysés : la planification, la priorisation, la sélection, la pensée créative, la pensée adaptative, l’action basée sur la mémoire prospective, les événements basés sur la mémoire prospective et le temps basé sur la mémoire prospective. C. Mémoire autobiographique Fonctionnement Il s’agit des événements récoltés appartenant au passé d’une personne (Rubin 2005). Elle est plus étudiée que mémoire prospective car les événements sont dans le passé. Plus on est proche du présent, plus elle contient de détails. Elle fait partie de la mémoire à long terme, donc de la mémoire que l’on a jusqu’aux 20 dernières secondes (avant mémoire à court terme, mémoire de travail). Bien que majoritairement épisodique, la mémoire autobiographique l’est-elle toujours? On se souvient des événements de notre vie mais également des noms de personnes, de lieux etc qui vont avec. Donc il s’agit d’une mémoire épisodique pour les événements de notre vie, PLUS des souvenirs sémantiques personnels de faits concernant notre vie (Goldstein 2008). Nature multidimensionnelle Plus on avance dans le temps, plus on a de détails. Mais il y a également le fait que les événements du passé lointains sont vus avec une perspective de l’observateur (observer) « je m’observe moi-même entrain de voir » alors que les événements du passé proche sont vus avec une perspective du champ (field) « je vois de mes propre yeux. ». Perspective de l’observateur → Perspective du champ La mémoire autobiographique a donc une nature multidimensionnelle et ainsi les souvenirs autobiographiques ont une composante spatiale, émotionnelle (ex. flashback) et sensorielle. Liens avec imagerie visuelle L’imagerie visuelle particulièrement importante dans la mémoire (Goldstein). Il y a des déficits avec l’exemple Hassabis (2007): Les participants reçoivent la consigne : « imaginez-vous étendus sur une plage de sable fin dans une magnifique baie tropicale. » La personne normale détaille une situation riche, a une image complexe et précise de la plage. Alors que l’imagerie des événements est affectée chez des personnes ayant subi une lésion hippocampique bilatérale (et une amnésie subséquente). Il y a perte de cohérence spatiale, les images sont fragmentées car absence d’une représentation holistique de l’environnement. Cela a peut-être une contribution à l’incapacité à se remémorer le passé. Université de Lausanne 27 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 De quoi se souvient-on vraiment ? Il y a plusieurs hypothèses les premières fois? ce qui émerge? ce qui a du sens? qui expriment ce que l’on se souvient le plus : 1. Hypothèse des narrations de vie. On se souvient le plus des événements passés entre 15 et 20 ans car il y a beaucoup de choses que l’on fait pour la première fois « a lot of firsts », beaucoup d'évènement nouveaux qui se produisent. On parle de pic de réminiscence ou reminiscence bump, car vers 20 ans, c'est le moment de la vie d'où l'on garde le plus de souvenirs. 2. Hypothèse cognitive (Schrauf et Rubin 1998). On se souvient le plus des points de transition, des périodes de grands changements avant la stabilité. Exemple pour des immigrés ce serait le moment d'un choc émotionnel quand ils quittent leurs pays et cela peut se passer vers 30-40 ans. 3. Hypothèse des scripts de vie culturels. On se souvient le plus des événements qui font partie de notre vie culturelle. Ce qui se passe à chaque moment de la vie exemple : aller à l’école, faire des enfants. Cela facilite la remémoration des souvenirs. On est lié au temps du reminiscence bump car beaucoup de choses se passent vers 15-20 ans. Les souvenirs flash Les souvenirs flash sont des souvenirs d'un moment précis de notre vie (11 septembre 2001 par exemple) où l'on peut se rappeler de nombreuses informations au sujet de celui-ci. On les voit très claire dans notre esprit. Exemple de Neisser and Harsch (1992) où des individus doivent expliquer ce qu’ils faisaient lorsque la navette Challenger a explosé. Les sujets ont énormément changé de version en quelques années d’intervalle. Donc : Les souvenirs flash disparaissent progressivement (comme le font tous les souvenirs). On croit simplement plus fort au fait qu’ils sont advenus et avons de nombreuses informations à leur sujet. Si le souvenir est suffisamment émotionnel, le rappel sera plus fréquent comparé à des événements contrôlés. On les répète seuls ou avec des paires et cela devient la vérité. On parle de l’hypothèse de la répétition narrative. On change le souvenir. Ces souvenirs flash sont construits tout comme les autres. (voir aspect actif de la mémoire mentionné lors des cours MCT et MLT). Université de Lausanne 28 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 D. Les faux souvenirs Construction des souvenirs On construit notre mémoire selon notre cohérence interne, notre éducation. La mémoire est active et influençable, les souvenirs sont remodelés pour faire sens. Quelques processus importants : − Médiation culturelle : On ajoute des aspects culturels à notre mémoire. Exemple rappel d’histoire: on raconte un conte chinois à un individu lambda puis il doit le raconter. Il y ajoute des aspects de sa propre culture. − Prédictions éduquées : on se fie à ce que l’on a déjà vécu/appris pour prédire. Exemple résultats scolaires : On se fie à ce que l’on a déjà vécu auparavant. J’ai eu telle note au dernier examen donc je peux avoir telle note au suivant. − Monitoring (contrôle) de source et erreurs : on peut savoir la source de nos souvenirs mais il y a des erreurs. L’origine de nos souvenirs n’est pas très fiable. Exemple : On montre une liste de noms de personnes célèbres et anonymes à un sujet puis on lui représente en rappel retardé (plus tard) les mêmes noms de personnes célèbres et anonymes ainsi que d’autres noms de personnes anonymes en lui demandant lesquels sont des noms de personnes célèbres. Le sujet va prendre les noms des personnes anonymes présentés dans la première liste comme des noms de personnes célèbres « false fame » car il les a lu dans la liste. − Inférences pragmatiques : On conclue quelque chose à cause d’une expérience, un événement. Exemple : le chien aboyait à la porte. Donc Quelqu'un/quelque chose est dehors, le chien veut sortir etc. − Schémas et scripts : Les schémas sont des représentations mentales abstraites stockés en mémoire à long terme, permettent d'analyser, de sélectionner, de structurer et d'interpréter des informations nouvelles. Ils servent en quelque sorte de modèle, de cadre pour traiter l'information et diriger les comportements. Les scripts sont des séquences d’actions, on sait ce qu’il va se passer. Exemple : ce que vous vous attendez à trouver à la boulangerie. Il y a des personnes avec des mémoires beaucoup plus performantes : Solomon Veniaminovich Shereshevsky (1886–1958), aussi le garçon autiste dans « le bizarre indicent du chien pendant la nuit ». Il y a les idiots savants qui se souviennent des rues, des cartes, des numéros de téléphone sans aucune erreur et qui sont en même temps très handicapés comme dans le film Rai Man. Ces personnes savent leur vie exactement comme elle s’est passée : problèmes des preuves, vie sans oubli, sans inférences, sans raisonnement. Mais cela est un handicap car la vie devient peu riche. Si grande capacité de mémoire, on ne construit jamais de nouvelle réalité. La situation est donc pauvre si l’on se souvient de tout. Origine des faux souvenirs Il s’agit de souvenir que la personne croit avoir vécu alors qu’elle les a inventés. Plus une information est ancienne, plus il est facile de la fausser. Les personnes âgées et les enfants sont plus sensibles aux faux souvenirs car capacité attentionnelle plus faible, on peut lui faire croire des choses. Une personne qui pense avoir une mauvaise mémoire est plus sujette aux faux souvenirs. Si on a peu de détails sensoriels d’un souvenir, alors il s’agit probablement d’un faux souvenir. Exemple : enlèvements par les aliens Chris French (2003) : on s’est rendu compte que les personnes qui s’étaient dites enlevées par des Aliens pendant la nuit donnaient souvent le même schéma de faits. On s’est rendu compte qu’ils avaient des problèmes de dissociation, de paralysie du sommeil et des prédispositions aux faux souvenirs. Ils associent des événements à ce qu’ils ont vu et croient les avoir vécus. Université de Lausanne 29 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 A la source des faux souvenirs on peut trouver: la suggestibilité, la publicité, la propagande, les débats politiques, la désinformation. Ils impliquent des changements dans les croyances, attitudes et comportements des gens. (Cf. applications de la mémoire implicite.) Exemple : désinformation. On peut créer de faux souvenirs. On présente un événement (film, mot) à deux groupes. À un groupe on donne un MPI (Misleading Post-intervention Information / information trompeuse) et à l’autre pas. Puis on demande de quoi ils se souviennent, un rapport mnésique. Cas concret Elizabeth Loftus : Film d’un accident de voiture puis on donne comme une information trompeuse à un des groupes « il y avait un cédez-le-passage » alors que dans le film il y avait un panneau stop. Ensuite on demande de raconter l’accident. Le groupe avec l’information trompeuse créé un faux souvenir : il y avait un cédez-le-passage. On fait un remplacement de la trace mnésique et il y a une interférence rétroactive. Il est difficile de savoir où était l’erreur dans ce que l’on a vu si l’expérimentateur le stipule après coup. C’est par contre plus facile si le sujet est averti qu’il y aura une erreur. Exemple : Faux souvenirs pour les événements précoces de la vie. (Lindsay 2004) Présentons un événement réel et un faux événement : « quand vous aviez 6 ans, à l’un des anniversaires de votre grand-mère, vous êtes tombé de votre chaise et vous êtes accroché à la nappe, renversant son contenu sur l’un des membres âgés de la famille » Beaucoup créeraient de toute pièce /endosseraient ce souvenir. Si on montre une fausse preuve comme une image, et cela empire. Sujet brûlant : abus sexuels dans l’enfance Question: les souvenirs retrouvés sont-ils vrais? Problème: Les personnes retrouvant des souvenirs d’abus dans l’enfance (principalement à l’aide de techniques thérapeutiques de suggestion) montrent une tendance significative à créer des faux souvenirs comparés à des participants contrôles en laboratoire. De plus: certains souvenirs retrouvés peuvent être le reflet d’épisodes authentiques d’abus que les gens ont simplement oublié d’évoquer précédemment Des études ont testé 2 populations ayant eu des abus sexuels dans l’enfance: rémission spontanée ou rémission non-spontanée (setting thérapeutique). Les résultats ont montré l’existence d’une dissociation s’il y avait une tâche expérimentale qui visait à s’intéresser à des choses dont la mesure de l’intérêt n’est pas forcément évidente pour les sujets. Il s’agissait donc d’un test de faux souvenirs. Il y avait plus de faux souvenirs créés en rappel non-spontané et plus d’oublis de rappel de vrais souvenirs durant le test en rappel spontané. Sujet brûlant : témoins oculaires eyewitness memory − Introduction : Les témoignages oculaires sont importants face à un jury de cour pénale. Plus le témoin semble sûr de lui, plus il est convaincant. Confiance et témoignage oculaire corrèlent 0.29 (lien sûr max 1.00). Aux USA: 200 personnes par jour condamnées suite à un témoignage oculaire. Beaucoup d’entre elles à cause de faux souvenirs. Cela nous apprend que la mémoire n’est pas un appareil photo! − Les erreurs : Elles peuvent être imputables à la personne ou à l’événement. La question : « Devinez qui est le tireur » pousse à un faux souvenir car la majorité choisi quelqu’un alors que le tireur n’est peut-être pas sur la ligne. Il y a des erreurs associées à la familiarité : On garde plus en mémoire ce qui est familier. Exemple un vendeur de billets de train a été menacé avec une arme et a accusé le vendeur de la rue en face car il avait son visage en mémoire alors que le vendeur avait un alibi. Egalement des personnes qui doivent redire une recette de cuisine vont plutôt utiliser les termes qui leur sont familier pour expliquer la recette. Université de Lausanne 30 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Il y a des erreurs associées à l’attention : Il y a une excitation physique. Le champ de vision est étroit si l’excitation est élevée alors qu’il est large si l’excitation est basse. Le témoin va donc se focaliser sur l’arme plutôt que sur le visage de la personne. Niveau Bas Niveau Élevé − Considérer le temps de réaction : pourrait-il aider? La réponse est NON ! Les individus ayant identifié avec précision un voleur ont répondu tout aussi vite que ceux ayant identifié une personne lui ressemblant lorsque confrontés à 5 individus en ligne. − Considérer le sexe du témoin : La réponse est probablement OUI ! Hommes > Femmes pour la mémoire spatiale (ex. lire une carte) Femmes > Hommes pour les détails personnels, mémoire épisodique, information verbale Areh (2011) : Film de 2 minutes montrant un vol avec violence, les participants remplissent un questionnaire ensuite : F > M description de la victime (vrais et faux détails) F > M description du lieu M > F confiance dans l’exactitude de son souvenir du lieu de l’incident M > F confiance dans l’exactitude de son souvenir de l’événement Éviter les faux souvenirs − Pensée critique, considérer les fausses alertes − Contrôle de la suggestion : Avez-vous vu la voiture blanche ? n’est pas une bonne question car suggère qqch − Contrôle du feedback : ne dite pas ok, oui, etc. − Présentation séquentielles : un après l’autre, plutôt qu’en ligne − Etre scientifique et chercher des faits − Informer les gens que leurs souvenirs peuvent être faux − Proposer des alternatives appropriées − Entretiens cognitifs : parler des faits, plus d’infos Contenu : − Mémoire prospective Mémoire autobiographique Construction des souvenirs Faux souvenirs Témoins oculaires Université de Lausanne 31 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 5 LANGAGE 1. Généralités : Qu’est-ce que le langage ? Le langage est le plus puissant des outils (mais pas le seul) que possèdent les humains pour transmettre des idées, des sentiments, du savoir d’une personne à une autre. On dit que le langage est spécifiquement humain. Les animaux s’expriment lorsqu’ils ont faim, lorsqu’ils sont heureux. On peut apprendre à un chimpanzé à parler. Avec un clavier, il peut s’exprimer. Il peut associer le symbole « manger » à d’autres symboles, « manger une banane », « manger autre chose » après beaucoup d’années d’entrainement. On peut définir le langage comme un système de communication utilisant des sons et des symboles qui nous permettent d’exprimer nos sentiments, nos pensées, nos idées et nos expériences. (Nous différencions ici le langage humain et le langage animal). A. Caractéristiques − Le langage humain est créatif : Le langage humain va bien plus loin qu’une série de signaux fixes qui transmettent un message unique (« feed me » « danger » « go that way for flowers »). Le langage fournit une manière d’arranger les séquences de signaux : des sons pour les langues parlées, des lettres et des mots pour les phrases écrites - Grande possibilité dans la manière de transmettre l’information. On peut créer des phrases jamais créées auparavant − Le langage vit dans le présent, le passé et le futur. − Le langage vit dans l’abstraction : il est abstrait, les mots sont symboliques, le mot chien n’a aucun rapport avec l’animal. Pourtant on sait à quoi on se réfère. Le langage ne correspond pas au réel, c’est une traduction du réel. Ce n’est pas une description mais une traduction. − Hiérarchie et règles que l’on utilise pour interagir avec autrui. Le langage permet de créer des phrases nouvelles et uniques parce qu’il a une structure hiérarchique (une série de composants peuvent être combinés en des unités plus larges mots, phrases, textes….). Aussi structure régie par des règles qui définissent la manière dont peuvent être arrangés les composants. Ce sont ces deux propriétés qui permettent au langage humain de dépasser le langage animal et d’exprimer ce qu’on a envie d’exprimer. Vous pouvez exprimer tout ce que vous voulez en utilisant cette hiérarchie et ces règles B. Aires cérébrales Aire de Broca : La production du langage est près du cortex moteur et des fonctions exécutives dans le lobe frontal. Aphasie de Broca : problèmes de la fluidité du langage. Aire de Wernicke : La compréhension du langage est près du cortex auditif dans le lobe temporal. Aphasie de Wernicke : problèmes dans la compréhension du langage. En Suisse, 1 enfant sur 20 présente un retard du développement du langage Université de Lausanne 32 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 C. L’universalité du langage Le rôle premier du langage est la communication : − Le besoin de communiquer est si puissant que quand un enfant sourd se retrouve dans un environnement où personne ne parle le langage des signes, ils inventent une langue des signes par eux même : des jeunes enfants sans langage des signes avaient inventé un signe séquencé en deux parties qui se faisait en une partie normalement. (Goldwin-Meadow, 1982) − Acquisition du langage et non-conscience de la grammaire. L’enfant apprend automatiquement le langage sans penser à une grammaire ou une syntaxe. Toute personne avec des capacités normales apprend à parler une langue et à suivre ses règles complexes. − Le langage est un fait universel à travers les cultures (5000 langues différentes) − Le développement du langage chez l’enfant est très similaire dans toutes les cultures − Développement du langage indépendant de la culture. Un bébé européen en Chine peut apprendre cette langue comme première langue. − Les langues sont uniques mais ont des caractéristiques communes (noms, verbes, des structures pour le négatif, l’interrogatif, etc.). − Mais relativisme langagier : on a des représentations différentes en fonction de la culture (Sapir-Worf). On pense différemment selon la culture. Si on pose des questions à des bilingues, leurs réponses seront différentes en fonction de la langue de la question. Certaines cultures se représentent le temps de haut en bas (Japon). La perception des couleurs est différente selon la culture (Roberson). Mais notre façon de parler d’une couleur n’influence pas sa perception, on dit « vert » mais il y a plusieurs types de verts donc limite de l’influence de notre langage sur notre pensée (Regier). D. Études du langage : psycholinguistique Skinner versus Chomsky : Pour Skinner, le langage est appris par renforcement. Pour Chomsky le langage humain est codé dans les gènes, base génétique (language device), le langage serait donc inné (argument de la similarité de certains aspects du langage à travers les cultures) « grammaire universelle ». Pour lui langage et pensée ne sont pas dépendants. Un des arguments les plus persuasifs de Chomsky est la génération par l’enfant de phrases qu’il n’a jamais entendu et qui donc n’ont jamais été renforcées (« I hate you mum ») La critique du Behaviorisme de Chomsky a été un des évènements majeurs de la révolution cognitive et a amené au développement de la psycholinguistique. Le but de la psycholinguistique est de découvrir les processus psychologiques par lesquels les humains acquièrent et traitent le langage. Les trois intérêts majeurs de la psycholinguistique : − Compréhension : Comment les individus comprennent-ils le langage parlé et écrit ? Ceci inclut comment les individus traitent les sons du langage, comment ils comprennent les mots, les phrases, les histoires qui sont exprimées par écrit, à l’oral, par le langage des signes, et comment les gens peuvent avoir une conversation − Speech production : Comment les gens produisent du langage ? Ceci inclut les processus physiques de la production verbale et les processus mentaux qui se déroulent lorsqu’une personne créée du « speech ». − Acquisition : Comment les individus apprennent une langue ? Enfant et adulte. Il y a une période sensible pour l’apprentissage du langage. On apprend la langue sans effort à cette période. Dans le cas contraire, il est impossible de retrouver un langage normal. Exemple des enfants sauvages vivant dans la nature ou de Genie. Genie, la rescapée d’Arcadia. Genie est une fillette à l’histoire particulièrement horrible. Elle a passé les 13 premières années de sa vie séquestrée par ses parents dans une petite pièce, attachée à une chaise ou à son lit. Elle avait interdiction d’émettre le moindre bruit, n’était nourrie que partiellement (uniquement de la nourriture pour bébé) et son père interdisait à sa mère et à son frère de lui parler. Son calvaire est relaté en détail dans un carnet tenu par le Université de Lausanne 33 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 père lui-même. Un homme malade qui finira par se suicider quand les services sociaux découvrirent sa fille. L’histoire de Genie est à découvrir dans le documentaire Secret of a Wild Child. Nous allons commencer par considérer chacun des composants du langage, en commençant par de petits composants comme les sons et les mots, ensuite les combinaisons de mots en phrases et finalement des textes… 2. Perception et compréhension des sons et des mots A. Les composants des mots Ce qui est impressionnant avec les mots, c’est le nombre que nous en connaissons et la rapidité avec laquelle nous les apprenons. Les enfants produisent leurs premiers mots au cours de leur deuxième année, et après un début lent, ils commencent à ajouter des mots plus rapidement jusqu’à ce qu’ils soient adultes et connaissent plus de 50'000 mots différents. Les deux plus petites unités du langage sont les phonèmes (pour les sons) et les morphèmes (pour la signification). Les phonèmes Les mots que nous lisons sont fait de lettres, quand on doit prononcer ces mots, on prononce des sons appelés Phonèmes. Le phonème est le plus petit segment d’un « speech », s’il est changé, le sens du mot change. Ex : Bit ≠ Bat ≠ Bid ou tête: /t/ /ä/ /t/ versus bête: /b/ /ä/ /t/ Attention : Les phonèmes se réfèrent aux sons, pas aux lettres, le « e » dans « we » et dans « wet » donne 2 sons différents donc 2 phonèmes différents. Les morphèmes Les morphèmes sont des unités minimales significatives, les plus petites unités du langage ayant une signification définissable ou une fonction grammaticale. Ce sont des unités porteuses de sens et d’information. Le mot « truck » est un seul morphème, par contre, « Bedroom » contient 2 morphèmes : Bed et Room. mal (1), lits (2), lisant (2). Les marques du pluriel “s”, et terminaisons verbales comme ent, ant, ez sont des morphèmes.On change le sens, la sémantique d’un mot en mettant un “s” au pluriel. B. Percevoir les mots La manière dont on perçoit les lettres qui se « transforment » en mots écrits et les sons de la langue est un énorme sujet. L’association du sens et des mots crée un contexte qui rend la perception des composants des mots plus facile. Le sens des mots nous aide également à entendre les phonèmes des mots, même quand ces phonèmes sont recouverts par un autre son. Il y a un effet de supériorité des mots avec un effet de restauration phonémique (top-down). On parle de supériorité des mots car on détecte plus facilement le mot en entier que les lettres séparées. Restoration phonémique (Phonemic Restoration Effect) Richard Warren (1970) a démontré l’effet de la signification sur la perception des phonèmes. Warren faisait écouter à des participants une phrase enregistrée « the state governors met with their first legislatures conveninr in the capital city ». Warren a remplacé le 1er « S » de législatures par un « toussement », il demandait aux participant d’indiquer quand dans la phrases il y avait eu le « toussement ». Aucun participant n’a pu répondre juste, en plus, aucun d’eux n’avait remarqué que le « s » de legislatures manquait. C’est l’effet de restoration phonémique. Les participants avaient « filled in » le phonème manquant en se basant sur le contexte produit par la phrase et la portion de mot présentée. Université de Lausanne 34 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Warren a également montré que l’effet de restauration phonémique peut être influencé par le sens des mots qui suivent le phonème manquant. Aussi, si on met du bruit entre des mots entrecoupés de silences et on arrive à comprendre les mots alors que sans bruit et uniquement les mots entrecoupés, on ne comprend rien. Segmentation du discours (Speech segmentation) Lors d’une conversation les mots ne sont pas séparés comme à l’écrit. Quand on regarde un enregistrement on voit que le signal est continu, nécessité de speech segmentation (processus de percevoir les mots séparés dans un flot continu sonore). Notre capacité à séparer les mots est d’autant plus difficile que chacun ne parle pas de la même façon. Il y a des variations selon stress, accent, vitesse de parole, contexte. Segmentation du discours seulement dans la langue connue. Pris hors de leur contexte, les mots sont pour plus de la moitié incompréhensibles. Pour y arriver on peut utiliser entre autre le contexte et la signification de la conversation. Quand on apprend une langue, on n’apprend pas seulement le sens mais aussi qu’il est plus probables que certains sons apparaissent à la fin ou au début d’un mot (comparaison des lettres au début et à la fin des mots) 1. Parlé : (sans silences entre les mots) 2. Écrit : THEREDONATEAKETTLEOFTENCHIPS THE RED ON A TEA KETTLE OFTEN CHIPS or THERE, DON ATE A KETTLE OF TEN CHIPS On peut entendre « grape#eater » (mangeur de raisin) ou « grey#peter » (Peter Pan) selon l’intonation. On peut entendre « cinq#amies » ou « saint#Camille ». Lorsque l’on sépare les sons, il faut une intonation pour comprendre. C. Comprendre les mots Notre compréhension des mots est influencée par un grand nombre de facteurs dont : la fréquence, la première partie du mot, la longueur, le contexte, l’ambigüité de signification. Fréquence du mot (Word frequency) Le lexique d’un adulte est composé de plus de 50'000 mots mais certains sont plus facilement accessibles que d’autres. Un facteur qui contribue à cette différence d’accessibilité est la fréquence du mot : L’usage relatif d’un mot dans une langue naturelle. L’effet de fréquence du mot se réfère au fait qu’on répond plus rapidement à un mot à haute fréquence (maison) qu’à un mot à basse fréquence (ornithorynque). Ceci a été démontré par le « lexicon decision task », tâche de décision lexicale : les participants doivent dans une liste de mot décider si c’est un mot ou un non mot : on mesure le temps de réponse (Carroll, 1999, et Hirsh-Pasek, 1993). Université de Lausanne 35 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Rayners et al. 2003 : Etude des mouvements occulaires, les participants devaient lire une phrase où il y avait un mot à haute ou à basse fréquence : les participants regardaient 40 ms de plus le mot à basse fréquence que le mot à haute fréquence (eye tracker). Aussi plus d’information au début du mot. Avec un eye tracker on voit que l’on regarde la partie gauche du mot, donc la première partie. Aussi Compréhension plus facile pour les mots courts que longs. Effets de contexte (Context effects) Notre capacité d’accéder à un mot dans une phrase est affectée non seulement par sa fréquence mais aussi par la signification du reste de la phrase (top-down). Contexte influence, on comprend plus vite certains mots que d’autres. Ce processus implique aussi bien la compréhension des mots en eux même et comprendre comment ces mots s’intègrent dans le sens global de la phrase. De même pour le contexte physique, on peut avoir des interéfences. McGurk effect : Une personne dit « ba ba ba » mais si on a une image où elle fait « fa fa fa » avec sa bouche, on pense que cette personne fait « fa fa fa ». Lorsque l’on ferme les yeux, on réentend le « ba ba ba ». Ambigüité lexicale (Lexical ambiguity) Les mots ont souvent plus d’un sens, c’est l’ambigüité lexicale. Le contexte lève souvent l’ambigüité si rapidement que nous n’avons même pas conscience de son existence. Plus facile pour les mots n’ayant qu’une seule signification (ambigüité): la pomme Co-activation lexicale : Il y a une coactivation de tous les mots intégré dans le son lorsque l’on entend quelque chose. Quand on entend le mot « grange », on a mesuré que le cerveau pensait aussi à an, ange, range dans grange. 3. Compréhension des phrases (combinaisons de mots) A. Sémantique et syntaxe Pour comprendre un langage complexe, comment les mots travaillent ensemble pour créer le sens de la phrase, paragraphes, chapitres, livres, nous devons d’abord distinguer deux propriétés des phrases : La syntaxe et la sémantique. Sémantique : Signification des mots et des phrases Syntaxe : Ce sont les règles de langage, de combinaison des mots en phrases. Des expériences récentes ont démontré une distinction physiologique entre ces 2 caractéristiques, syntaxe et sémantique sont associées avec des Potentiels évoquées différents. − N400 diminue lorsque le sens de la phrase est surprenant (the cats won’t eat vs bake) − P600 augmente lors d’une faute dans la syntaxe. Ce sont des systèmes inhérents qui nous montrent si on fait qqch de faux. Différentes aires corticales sont activées pour la syntaxe et pour la sémantique, et des lésions peuvent entrainer des difficultés de compréhension ou de production. Un des processus centraux pour déterminer la signification est l’analyse grammaticale (Parsing) N400 est un système qui nous fait savoir quand nous entendons ou produisons quelque chose de faux. Après qu’on entende quelque chose, le cerveau regarde en quelques millisecondes si cela a du sens ou pas. On utilise des électrodes pour savoir cela. Exemple : On a différentes réactions (mesurées avec électrodes) selon le dernier mot. Jenny met la sucrerie dans sa bouche Jenny met la sucrerie dans sa poche Les corrélats cérébraux (N400) sont différents pour « poche » que « bouche » car on s’attend plus à ce qu’elle la mange. Université de Lausanne 36 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 B. Analyser une phrase (Parsing) Le but de l’analyse est de déterminer, comprendre le message de la phrase. Ce message est déterminé par le sens des mots dans une phrase et comment ces mots sont groupés ensemble en expressions locutions (« phrases ! »). “The spy saw the man with the binoculars” “l'espion a vu l'homme avec les jumelles” Cette phrase fournit un exemple d’ambigüité lexicale : les mots sont les mêmes, mais il y a plusieurs structures possibles, et donc il y a plus d’un sens. Qu’est ce qui fait que nous préférons une façon d’analyser la phrase plutôt qu’une autre ? Des psychologues ont proposé qu’il y ait un mécanisme responsable de ce qui détermine le sens de la phrase, nous l’appelerons l’analyser (The parser). Le « parser » détermine le sens des phrases principalement par l’analyse de la façon dont les mots sont regroupés en expressions/locutions (« phrases »). Ce qui intéresse les psychologues c’est de comprendre quels sont les facteurs qui déterminent la façon de fonctionner du mécanisme d’analyse (« parsing mechanism ») 2 réponses ont été proposées : − Une assigne le rôle central à la syntaxe, la sémantique intervenant dans un deuxième temps. − L’autre propose que la syntaxe et la sémantique travaille simultanément et déterminent le sens de la phrase. Syntaxe d’abord (The syntax-first Approach to Parsing) Comme son nom l’indique, cette approche se focalise sur la façon dont l’analyse est déterminée par la syntaxe. Même si les mots ne veulent rien dire, nous avons une idée de ce dont parle le poème. Utilisez votre connaissance de la syntaxe et vous pourrez faire sens de n’importe quelle phrase (e.g. Harry Potter) comprend le “gibberish” “Tous les mimsy etaient grovotout” Nous sommes capables d’inférer le sens grâce à la syntaxe. Pour la compréhension on utilise d'abord la syntaxe (comment les mots se combinent) et ensuite la sémantique (étude du signifié, représentation mentale). Ensuite en fonction de la phrase et du contexte, sur ce qu’on sait du mot et de sa signification dans cette situation on fait un « best guess » (meilleure trouvaille) pour comprendre la phrase. Le principe de Late Closure : quand une personne rencontre un nouveau mot, l’analyser (« the parser ») suppose que ce mot fait partie de l’expression/élocution en cours. (Frazier, 1987) “Because he always jogs a mile seems like a short distance to him.” “Parce qu’il marche tous les jours un kilomètre n’est pas trop dur pour lui” D’après le principe de late closure, l’analyseur suppose que « a mile » est la continuation de la locution « because he always jogs ». “Les Etats-Unis et la Chine sont entré en guerre avec la Russie” Cette phrase peut être appelée une phrase « garden path » Garden-path model. (Frazier & Rayner, 1982) (parce que la phrase nous met sur une piste qui s’avère n’être pas la bonne). Bien que ce modèle se focalise sur la syntaxe il n’ignore pas pour autant la sémantique, il stipule qui si l’analyse en terme de syntaxe « doesn’t make sens » c’est la sémantique qui est utilisée pour lever l’ambigüité. Interaction syntaxe et sémantique (The interactionnist Approach to Parsing) “The spy/the bird saw the man with the binocular” ici notre connaissance des oiseaux nous permet clairement de comprendre que c’est l’homme qui a les lunettes, et pas l’oiseau. Selon l’approche interactionniste de l’analyse, la sémantique peut influencer le traitement pendant que la personne est en train de lire la phrase. Les deux informations, autant la syntaxe que la sémantique, sont prises en compte pendant que nous lisons une phrase : toutes les corrections qui auraient besoin d’être effectuées dans le traitement de la phrase se déroulent pendant que la personne lit la phrase. (Atlman 1998) Université de Lausanne 37 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 La question cruciale, en comparant the first-syntax approach et l’approche interactionniste, n’est pas si la syntaxe est utilisée, mais quand elle est utilisée. Est-ce qu’elle est activée seulement une fois que la syntaxe a déterminé l’analyse initiale ou est ce que la sémantique rentre en jeu pendant que la phrase est lue ? Dans une étude Tanenhaus et al. (1995) ont utilisé les mouvements oculaires pour étudier comment les gens traitent l’information dans une phrase. Ils ont présenté aux participants une image qui illustrait l’objet mentionné et ils ont étudié où le sujet regardait pendant qu’ils étaient en train d’essayer de comprendre la phrase. “Put the apple on the towel in the box”. Two-apple condition: A: regardent la pomme B : regardent la pomme qui est posée sur la serviette C : regardent la boite One-apple condition : A : regardent la pomme B : regardent la serviette C : reviennent sur la pomme puis dans un deuxième temps sur la boite. Le résultat important de cette étude est que dans la one-apple condition, les mouvements oculaires des participants changent dès qu’ils reçoivent de l’information qui indique qu’ils doivent réviser leur interprétation initiale de la phrase. Cette expérience crédite l’approche interactionniste ! 4. Compréhension des textes (combinaisons de phrases) A. Comment les inférences créent la cohérence Le fait que les phrases apparaissent dans un contexte est particulièrement important pour la lecture, car les phrases font en général partie d’un texte ou d’une histoire. Une propriété importante de toute narration est la cohérence : la représentation du texte dans l’esprit d’une personne, donc l’information d’une part de l’histoire est reliée à l’information d’une autre part de l’histoire. (Les textes cohérents sont plus faciles à comprendre que ceux qui ne le sont pas.) La plus part de la cohérence dans un texte est créée par inférence. L’inférence : c’est le processus par lequel les lecteurs créent pendant qu’ils lisent de l’information qui n’est pas explicitement présentée dans le texte. L’inférence anaphorique C’est l’inférence qui connecte un objet ou une personne dans une phrase à un objet ou une personne dans une autre phrase. Ex : pronoms relatif (il, elle…) Ex : Rififi won the dog show. She has now won the last three shows” L’inférence anaphorique nous permet de dire que « She » se réfère à Rififi. “There are lots of ponds and I take the kids out and we fish. And then, of course, we grill them” En se basant juste sur la structure de la phrase, on devrait comprendre que ce sont les enfants qui sont grillés, mais nous savons qu’il y a plus de chance que ce soient les poissons qui soient grillés que les enfants. Les lecteurs sont capables de faire des inférences anaphoriques même dans des conditions défavorables parce qu’ils apportent des informations venants de leurs connaissances du monde aux informations fournies dans le texte. L’inférence instrumentale Ce sont des inférences au sujet des outils et des méthodes. “William Shakespeare wrote Hamlet while he was sitting at his desk”. L’inférence instrumentale nous permet de savoir que Shakespeare a surement écrit Hamlet avec une plume d’oie et non pas un ordinateur portable, on peut aussi supposer que son bureau était en bois… L’inférence causale Ce sont les inférences qui nous permettent de conclure que l’événement décrit dans une phrase a été causé par des évènements qui se sont passé dans une phrase précédente Université de Lausanne 38 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 « Sharon a pris une aspirine. Sa migraine a disparu ». Nous inférons que c’est l’aspirine qui est responsable de la disparition de la migraine. (Singler et al., 1992). Cette inférence est évidente, certaines le sont moins. « Sharon a pris une douche. Sa migraine a disparu. » On peut conclure que c’est la douche qui a fait disparaitre le mal de tête puisque les phrases se suivent. Cependant le lien causal entre la douche et la migraine est plus faible que le lien entre l’aspirine et la migraine. Les inférences causales créent des liens qui sont essentiels pour créer de la cohérence dans le texte. Ces inférences peuvent également impliquer de la créativité de la part du lecteur. Lire un texte implique plus que juste comprendre les mots et les phrases. C’est un processus dynamique qui implique la transformation des mots, des phrases et des séquences de phrases en une histoire sensée. B. Les modèles de situation (Situation models) Une autre approche pour comprendre la compréhension de texte est de regarder directement la nature de la représentation mentale que les gens forment pendant qu’ils lisent une histoire : C’est le modèle de situation (Situation model approach to text comprehension). Un modèle de situation (situation model) est une représentation mentale de ce sur quoi est le texte. Cette approche propose que la représentation mentale que forment les gens pendant qu’ils lisent une histoire n’indique pas des informations au sujet des expressions/locutions, des phrases, ou des paragraphes, mais, à la place, incluse une représentation de la situation en terme de personnes, d’objets, de lieux, et d’évènements qui sont décrits dans l’histoire. Ce modèle propose aussi que le lecteur « experience » par procuration les évènements qui sont décrits dans l’histoire et ceci souvent du point de vue du protagoniste. Selon l’idée des « situation models » si des objets spécifiques sont décrits dans l’histoire, ensuite le lecteur pourra avoir un meilleur accès aux informations concernant les objets qui sont près du protagoniste, ou qui sont plus visibles pour le protagoniste. Cette manière de voir comment les lecteurs traitent les histoires prédit que l’information à propos des objets ou évènements qui sont difficiles d’accès au protagoniste seront aussi difficile d’accès au lecteur. Une expérience de Horton & Rapp (2003) a testé cette idée en utilisant de courts passages : 1. Melanie ran downstairs and threw herself onto the couch 2. An exciting horror movie was on television 3. She opened the bag of chips and dug right in 4. She watched a vampire stalk the helpless victim 5. She had never seen this movie before On présente alors aux participants une de ces 2 fins - Blocked story continuation : 6. a. Melanie’s mother appeared in front of the TV 7. She told Melanie not to forget about her homework - Unblocked Story continuation : 6. b. Melanie’s mother appeared behind the TV 7. She told Melanie not to forget about her homework Les participants lisaient l’histoire ligne par ligne sur un écran d’ordinateur. La question qui leur était posée était : « Was the victim being stalked by a vampire ? » Le participant doit répondre le plus vite possible oui ou non. Le résultat de l’expérience confirme la prédiction du modèle situationnel. Les résultats de cette expérience appuient l’idée que les lecteurs se représentent les événements d’une histoire d’une Université de Lausanne 39 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 manière similaire à la perception actuelle. Selon le modèle situationnel, les participants qui ont lu la situation blocked story continuation devraient réagir plus lentement à la question puisque l’écran de la télé, qui contenait la réponse était bloquée, donc Melanie ne pouvait pas le voir.Les lecteurs « experience » une histoire comme si ils « experiencing » la situation décrite dans le texte. 5. Production du langage : Erreurs A. Les erreurs de speech et les mécanismes du langage Créer du langage est un processus que nous réalisons très rapidement mais qui est en réalité très complexe. Cette complexité devient évidente quand nous considérons que le fait de parler implique d’assembler des « strings of words » qui ont étés récupérés (les mots) en mémoire. Cette récupération est rapide (plus de 3 mots par secondes pour une conversation normale), les mots sont tirés d’un lexique de plus de 50'000 mots. Non seulement ces mots sont rapidement récupérés, mais en plus ils sont produits dans un le bon ordre et combinés avec d’autres mots pour créer une phrase grammaticalement correcte. (Dell, Levelt). Une des techniques pour étudier la façon dont nous réussissons cet exploit est d’analyser les types d’erreurs que les gens font. “Speech errors” : aussi appelés “slips of the tongue” ont étés rendus connus par Freud qui a suggéré que les slips of the tongue reflétaient les motivations inconscientes des personnes : ce sont les Freudian slips. Qu’est ce que les erreurs de speech nous disent à propos des mécanismes de base du langage ? Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont focalisés sur 2 aspects des erreurs de speech : − La fréquence des différents types d’erreurs : Les erreurs les plus communes indiquent les unités basiques de la production du langage. La haute fréquence des échanges de phonèmes et de mots ont mené à la conclusion que les phonèmes et les mots sont des unités basiques du langage. (Dell, 1995). − Le pattern d’erreur : Les erreurs n’apparaissent pas aléatoirement, dans plusieurs cas, les chercheurs ont identifié des règles qui régissent les erreurs de Speech. Les échanges de phonèmes et de mots illustrent 2 règles de Speech errors. Les échanges de Phonèmes Les échanges de phonèmes comme « fleacky squoor » au lieu de « squeacky floor » illustrent la Loi Consonne-voyelle (consonant-vowel rule) : un phonème remplace un autre phonème de même type : Les consonnes remplacent les consonnes et les voyelles remplacent les voyelles. Les échanges de Mots « I have to fill up my gas with car” ou “Once I stop I can’t start” Des échanges de mots comme ceux-ci suivent la loi de catégorie syntaxique (Syntactic category rule) : quand un mot en remplace un autre, les mêmes catégories syntaxiques sont utilisées. Les noms remplacent des noms et les verbes remplacent des verbes. Ces exemples indiquent que les erreurs de speech sont loin d’être aléatoires. Les erreurs de speech suivent des règles qui reflètent l’importance des unités sonores spécifiques (consonnes et voyelles) et des « parts of speech » (noms et verbes). Les substitutions de Mots Les substitutions de mots montrent comment le speech peut être influencé par les connaissances que l’émetteur apporte à la situation. Exemple du rhapsody et du restaurant, tous les deux hongrois. De plus ici l’exemple suit toujours la loi de catégorie syntaxique. Université de Lausanne 40 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Clairement, les erreurs de speech sont influencées par de nombreux facteurs, relatifs à la fois à la structure de base du langage, et au savoir antérieur de la personne. 6. Production du langage : Conversations A. La coordination sémantique Bien que le langage puisse être produit par une personne parlant toute seule, la forme la plus commune de production langagière est la conversation. Les conversations, ou les dialogues, fournissent un autre exemple d’une capacité cognitive qui parait simple mais qui contient des complexités sous-jacentes. A noter que les cordes vocales bougent même quand on pense, Jacobson l’a mis en évidence. Dans une conversation, d’autres personnes sont impliquées, donc chaque personne a besoin de prendre ce que les autres disent en compte. C’est une prouesse impressionnante parce que, souvent, nous ne savons pas ce que l’autre personne va dire. Cependant, nous sommes d’habitude capables de répondre à leurs énoncés presque immédiatement. Une manière dont les gens de débrouillent avec ces difficultés est qu’ils coordonnent leurs conversations à la fois au niveau sémantique et au niveau syntaxique. Quand des gens parlent d’un sujet, chaque personne apporte son propre savoir à la conversation, et la conversation est plus fluide quand les participants apportent du savoir qui est partagé (connus de tous) à la conversation. Mais, même quand chacun apporte du savoir similaire à une conversation, ça aide lorsque les émetteurs « take steps » expliquent par étapes pour guider les récepteurs dans la conversation. Une des manière dont on peut réussir ceci est en suivant « the given-new contract ». The given-new contract établit que les émetteurs devraient construire des phrases qui contiennent 2 types d’informations 1. The given information/ l’information donnée : que le récepteur connait déjà. 2. New information/ la nouvelle information : que le récepteur entend pour la 1ère fois. Exemple : 1. Ed was given an alligator for his birthday 2. The alligator was his favorite present. La nouvelle information dans la première phrase devient l’information donnée (given) dans la 2ème. Haviland & Clark ont démontré que les conséquences qui découle du non respect du Given-new contract en présentant une paire de phrases et en demandant aux participant de presser un bouton quand ils croyaient avoir compris la seconde phrase de chaque pare. Ils ont trouvé que ça prenait plus de temps aux participants de comprendre la seconde phrase d’une paire comme celle-ci : « We checked the picnic supplies » « The beer was warm » que dans une paire comme : « we got some beer out of the trunk » « The beer was warm ». Dans la première paire (temps de réaction plus long) la given information ne mentionne pas la bière : le lecteur doit faire une inférence dans le 1er cas pour comprendre que la bière était dans le pic nic, en revanche cette inférence n’est pas nécessaire dans le 2ème cas. B. La coordination syntaxique Quand 2 personnes échangent des énoncés dans une conversation, il est commun pour eux d’utiliser des constructions grammaticales similaires. La copie de la forme (façon dont est construite la phrase) reflète un phénomène appelé Amorçage syntaxique : Entendre un énoncé avec une construction syntaxique particulière augmente les chances qu’une phrase sera produite avec la même construction. L’amorçage syntaxique est important car il peut amener les gens à coordonner la forme grammaticale de leurs énoncés pendant une conversation. Université de Lausanne 41 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Branigan et al. (2000) ont illustré l’amorçage syntaxique en utilisant la procédure suivante : Dans une expérience d’amorçage syntaxique deux personnes engagent une conversation, et l’expérimentateur détermine si la production d’une construction grammaticale spécifique par une personne augmente les chances que la même construction soit utilisée par une autre personne. On a dit aux participants que l’expérience visait à étudier la façon dont les gens communiquent quand ils ne se voient pas. La personne de l’autre côté de l’écran est un compère. Le compère démarre l’expérience en faisant un énoncé d’amorçage : une des deux formes suivantes « the girl gave the book to the boy » ou « the girl gave the boy the book ». Le participant avait 2 taches : trouver une carte qui correspond à ce que vient de dire le compère et ensuite décrire une des cartes de réponses au compère. Branigan a trouvé que pour 78% des essais, la forme de l’énoncé du participant correspond à la forme de l’énoncé du compère ! Ceci crédite l’idée que les émetteurs sont sensibles au comportement linguistique des autres émetteurs et qu’ils ajustent leur propre comportement pour faire correspondre. Résumé : Les conversations sont dynamiques et rapides, mais un nombre de procédés les rendent plus simples. Du côté de la sémantique, les personnes prennent en compte les connaissances des autres (et s’ils ne le font pas, il peut en résulter de la confusion). Du côté de la syntaxe, les gens coordonnent ou alignent la forme syntaxique de leurs énoncés. Cela rend la conversation plus facile et libère des ressources pour s’occuper/se concentrer sur la compréhension et la production de messages qui sont la clé de conversations réussies. Contenu : − Langage universel et créatif − Structures basiques du discours − Production et perception du langage − Segmentation du discours − Le langage n'est pas produit comme des mots isolés mais à comprendre en contexte (e.g. parsing, N400) − Compréhension (e.g. inférence, situation, erreurs langage, coordination syntaxique) Université de Lausanne 42 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 6 REPRÉSENTATION MENTALE 1. Formations de concepts et catégories A. Généralités Nous percevons et organisons le monde selon des concepts et des catégories. Les catégories sont des sous-ensembles de concepts. Nous utilisons les concepts et les catégories pour tout. On ne pourrait pas vivre si l’on devait traiter l’information à chaque fois. Exemples : On peut s'orienter dans les villes du monde entier avec des catégories appartenant aux villes. Si on devait réapprendre tous les aspects d'une ville, ça serait impossible. On sait ce qui fait partie de la catégorie des oiseaux même si autre couleur, autre forme etc. On doit apprendre à faire des catégories. Parfois il suffit d’une définition pour une catégorie. Quelque chose de simple on peut le définir simplement. Exemple : La définition est vraie pour chaque triangle : Un triangle est une figure plane, formée par trois points appelés sommets, par les trois segments qui les relient, appelés côtés, délimitant un domaine du plan appelé intérieur. Lorsque les sommets sont distincts deux a deux, en chaque sommet les côtés délimitent un angle intérieur, d'où vient la dénomination de « triangle » Parfois on a besoin d’un prototype, d’un exemplaire, d’un contexte. Pour qqch de plus complexe, la définition ne suit pas. Exemple : les oiseaux sont des vertébrés tétrapodes ailés appartenant au clade des dinosaures. S'il existe près de 10 000 espèces d'oiseaux, très différentes tant par leur écologie que par leurs comportements, chacune d'elles présente un ensemble commun de caractéristiques évidentes permettant de les regrouper. Les oiseaux ont notamment un bec, des plumes, des ailes et pondent des œufs. Difficile pour définir les moineaux, les pingouins, les autruches etc. On peut utiliser des prototypes ou des exemplaires. B. Prototypes Le prototype est la moyenne des membres d’une catégorie. Certains membres de la catégorie sont considérés comme plus représentatifs que d’autres, par exemple, lorsqu’on demande de fournir un exemple du concept de « meuble », le terme chaise est plus fréquemment cité que, disons, tabouret. La théorie du prototype d'Elanor Rosch part du principe qu'une catégorisation n'est jamais idéalement réalisée mais s'approche graduellement d'un prototype ou modèle abstrait. Pour représenter la catégorie, on utilise donc un prototype. Pour savoir si c’est un bon prototype, il y a l’échelle de Likert sur la prototypicalité. Par exemple les personnes indiquent quels oiseaux sont de bons exemples de leur catégorie et on a une high prototypicality pour le moineau et une low prototypicality pour le pingouin ou l’autruche car ce sont de mauvais prototypes. Expériences psychologiques : Formation de catégories : Elanor Rosch et Mervis (1975) : listez autant de choses possibles (caractéristiques) qui sont communes à des objets donnés comme par exemple : chaise, miroir, téléphone, fauteuil. S’il y en a beaucoup, on une même catégorie avec une haute similarité des objets. Meilleur prototype : Technique de vérification de phrase (Smith et al., 1974). On mesure le temps de réaction pour réponses oui/non à des questions comme « Un moineau est un oiseau ? » ou « Un pingouin est un oiseau ? » et on voit que le temps de réaction est plus court pour répondre « oui » à moineau que « oui » à pingouin. On a un effet de typicalité, le moineau est un meilleur prototype de la catégorie oiseau. Prototype en premier : les objets prototypiques nommés en premier: « Nommez tous les oiseaux qui arrivent dans votre esprit » : Moineau nommé avant pingouin. Le prototype est dit avant. Expérience de priming : (Rosch, 1975) 1) Amorçage avec le mot « vert » que l’on entend. 2) On fait apparaître une tâche de couleur qui disparait rapidement Université de Lausanne 43 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 3) Puis on fait apparaître une autre tâche de couleur. 4) Question indiquez si les deux couleurs sont les mêmes ou différentes Conclusion : on répond plus vite « oui » ce sont les mêmes couleurs ou « non » ce ne sont pas les mêmes avec un vert typique qu'avec un vert pastel. On a une représentation typique d'un vert et l'amorce avait déjà activé le concept « vert » dans notre cerveau. C. Exemplaires Un exemplaire est un membre de la catégorie déjà rencontrée. C’est un standard après avoir considéré un certain nombre de membres typiques. On compare les nouveaux objets à des exemplaires connus pour l’ajouter ou non à la catégorie. Il est alors plus de comprendre pingouin comme faisant partie de la catégorie oiseau. Mais cependant il y a un avantage toujours pour moineau (que pour pingouin) parce que plus proche et similaire à d’autres exemplaires. D. Approche mixte Quelle approche est plus appropriée? Comme toujours, probablement une combinaison des deux. Nous apprenons à partir de bons exemplaires, puis les comparons avec la moyenne et donc créons un prototype. Après, les exceptions sont considérées séparément (les exceptions comme l’exemplaire pingouin). Exemple : la moyenne de tous les visages est le visage considéré comme le plus beau en comparaison aux autres. Si on ajoute des informations du singe sur les visages : − mesure des réactions subjectives − mesure de la réaction musculaire au visage Individus qui voient seulement les visages avec partie du singe ont une réaction plus élevées, le standard de beauté a changé. On est influencé par ce que l'on voit. E. Au niveau neuronal : organisation hiérarchique ou réseaux sémantiques ? Catégories du général au particulier (Rosch) Tâche: Listez autant de caractéristiques que possible qui seraient communes à tous ou la plupart des objets dans les catégories respectives. Où auriezvous le plus de caractéristiques listées, et pourquoi? Qu’est-ce qui appartient à la catégorie « meubles »? Qu’est-ce qui appartient à la catégorie « chaises »? On arrive à lister plus de mots pour chaise. Selon Rosch, il y a différents niveaux de catégories, une organisation hiérarchique du plus général au plus particulier. On a un concept superordinal superordinate puis caractéristiques basiques basic puis caractéristiques subordonnées subordinate. On a plus de caractéristiques pour les catégories subordonnées car plus précises. Exemple : animal (concept superordinal) puis félin (caractéristiques basiques) puis chat (caractéristiques subordonées). Si on doit nommer des images avec animal ou chat en amorçage puis on met une image de chat, on est plus rapide pour chat. Idem pour outils. Organisation hiérarchique : Cellule grand-mère/neurone gnostique (Lettvin/Konsorski) On a la théorie de la cellule grand-mère Grandmother cell J. Lettvin (1969) ou du neurone gnostique the gnostic neuron J. Konsorski (1967), dans le domaine des neurosciences cognitives, l'idée que certains neurones du système nerveux central seraient spécialisés dans le traitement de stimuli Université de Lausanne 44 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 complexes. De façon humoristique, on pourrait donc imaginer qu'il y aurait des neurones spécialisés pour reconnaître le visage de sa grand-mère. On a montré qu'il existait des neurones sensibles à des contours, des formes plus complexes et enfin à des objets, voire à des visages. De là a émergé l'idée que les informations visuelles sont traitées hiérarchiquement dans le cerveau : différents neurones seraient spécifiques de propriétés de plus en plus complexes d'un stimulus et au sommet de la pyramide se trouverait donc le « neurone grandmère » qui intègre les différentes informations des neurones inférieurs pour former la représentation du visage de sa grand-mère. On refusé cela ensuite puis on est revenu là-dessus. Exemple : Personne épileptique où on peut mesurer l'activité des neurones avant la chirurgie. On a regarde la reconnaissance des visages. Certains neurones répondaient spécifiquement à la présentation du visage de célébrités, tel Bill Clinton ou encore Jennifer Anniston. Réseaux sémantiques : Modèle de Collins and Quillian Une théorie adverse, le modèle de Collins and Quillian (1969) du réseau sémantique qui correspond à des noyaux (catégories) connectés par des liens. Cette théorie des réseaux sémantiques, affirme qu'il n'y aurait pas de neurone grand-mère, mais plutôt des associations entre les neurones qui formeraient des catégories dans l'esprit, un réseau sémantique qui donne du sens. Un concept établi quelque part dans le cerveau active d’autre concept plus ou moins éloigné. On ne sait pas comment ces noyaux sont organisés. C’est un modèle; on ne sait pas comment le modèle serait représenté dans le cerveau. Exemple de catégories dans l’esprit cicontre. Exemple : Le concept du langage et celui de catégorie sont étroitement lié. La connaissance est organisée en réseaux "rouge feu pompier" au même endroit, on coactive les concepts si amorçage. On peut le mesurer avec l’amorçage sémantique. Si on montre le mot « rouge », puis on doit dire si c'est un mot ou pas. On va plus vite pour dire « feu » est un mot que « véhicule ». Feu et rouge sont plus proches dans le réseau sémantique, on a une activation sémantique qui s’étale. F. Troubles mentaux Manfred Spitzer a démontré que la perte d'associations/des associations inhabituel (loose association) existe chez des malades souffrant de psychose (schizophrénie). Ces individus passent d'un concept à l'autre, se perdent dans leur parole. Les symptômes pourraient être liés aux extensions associatives (association de réseaux très éloignée) et à une trop grande activation de réseaux dans le système sémantique. On coactive trop de chose et on se perd. On peut mesurer des phénomènes. Cela est sûrement lié à la dopamine. il y a trop de dopamine chez ces patients. Autres troubles dus à des lésions cérébrales : Prosopagnosia : perte la capacité de reconnaître les visages familiers. Pour déceler qqun qui a cela on met un neurologue en blouse blanche avec qqun d'autre en blouse blanche le patient ne sait pas qui était le neurologue mais si on commence à parler la personne arrive à reconnaître. Université de Lausanne 45 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Agnosia : trouble de traiter la vision. Perte de capacité d'organiser le monde visuel. Le patient ne voit pas les choses comme des objets, il voit les formes les couleurs mais ne peut pas les définir. Il utilise des inférences « je suis chez moi ça doit être un fauteuil ». Aphasia : trouble de langage Amnesia : trouble de mémoire Amusia : trouble de traiter l’information musicale Apraxia : trouble de faire des gestes, séquences motrices Agraphia : trouble de ne pas réussir à écrire Achromatopsia : trouble de traitement de la couleur Alexia : trouble de ne plus réussir à lire. Asomatosopagnosia : trouble de traiter son corps, on peut s'imaginer avec 3 bras etc. 2. Imagerie visuelle A. Généralités On a des représentations mentales, il y a la représentation visuelle et la représentation verbale qui est symbolique. La représentation visuelle n’est possible qu’avec des choses déjà vues. On a alors l’imagerie mentale pour des choses jamais vues. L’imagerie mentale visuelle est l’expérience d’une impression sensorielle en l’absence d’une entrée d'information sensorielle (input). On peut aussi avoir une audition mental (imaginer une musique), un mouvement mental (on imagine les mouvements pour s’entraîner à un sport ou de la danse), la mémoire utilise aussi l’imagerie visuelle (où vous avez laissé les clefs, préparation d'exam etc.) Avec l’imagerie mentale visuelle, on peut traiter et organiser l’information dans l’esprit. On peut créer des images visuelles dans son esprit : comment est votre maison, un oiseau etc. L’imagerie visuelle est consciente. Expérience : imaginez un objet sous d'autres orientations, comparez avec ce que vous voyez (perception, attention), comparez avec ce que vous savez (mémoire), à quels objets ces caractéristiques appartiennent (formation de concepts) et comment le libeller (langage), et dites-moi ce que c'est. Historique de l'imagerie mentale visuelle avec Wilhelm Wund et l’étude d’éléments basiques de la conscience (images, sensations, et sentiments), pour lui étudier les images et étudier la pensée. Ensuite débat sur la pensée sans images car pour Aristote la pensée est impossible sans images. Puis le behaviorisme qui rejette les images mentales comme non-prouvables et donc comme étant un mythe. Et enfin re-émergence avec la psychologie cognitive dans les années 50 B. Études sur l’imagerie visuelle Premières études Paivio (1963) conceptual-peg hypothesis, avec l’apprentissage de paire de mots : concret vs abstrait. Il a découvert qu’on apprend mieux les mots concrets que les mots abstraits car on s'en fait des images mentales. « bateau-journal » vs « apprentissagemorale » Shepard and Metzler (1971) chronométrie mentale : la perception et l'imagerie pourraient partager les mêmes mécanismes. Première étude quantitative sur l'imagerie. On montre des images et on demande si ce sont les mêmes orientées différemment ou alors si ce sont des images miroirs. Les sujets tournent les objets dans l'esprit, ont des images mentales. On mesurait le temps de réaction : la rotation mentale on prend plus de temps si les objets varient beaucoup. Représentation spatiale Stephan Kosslyn (1978) qui dit que la perception et l’imagerie possèdent des mécanismes communs. On a une représentation visuelle mentale, un mental scanning. Les images mentales seraient plus ou moins comme des photos, elles auraient donc une représentation spatiale dans notre Université de Lausanne 46 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 tête (carte cognitive). Exemple : On fait plus long pour dire St-Gall est une ville suisse que de dire Nyon est une ville suisse. Les choses proches sont plus vites en image mental. Expérience Kosslyn : est-ce que le chat a des moustaches ? Si on s'imagine un chat avec une girafe à côté, on a une petite image du chat alors que si on l'imagine seul il est plus grand. On répond plus vite si on ne pense pas à la girafe en même temps. Il y a donc une image visuelle. Expérience Wohlschlager & Wohlschlager (1998) : Les gens opèrent une rotation des images soit manuellement, soit dans l'esprit pour savoir si c'est une image miroir ou une rotation. Ça prend autant de temps manuellement que dans l'esprit. Représentation positionnelle Selon Pylyshyn (1979), l'image mentale ne serait pas comme une photo, donc pas par disposition spatiale, mais elle résulterait d'un calcul, d'un raisonnement, on aurait des représentations verbales. L'information est de fait stockée en termes de propositions, de concepts abstraits qui décrivent la nature des liens entre les items. Une proposition est extraite du stockage puis l'information propositionnelle sert ensuite à construire une image mentale. Exemple : On dit plus de noms entre Lausanne et St-Gall ce n'est pas une image mentale mais système verbal qui dit les villes jusqu'à St.Gall. Débat sur l’imagerie visuelle n’est pas résolu. NON ! Article de presse « Many researchers employing mental- rotation tasks explicitly or implicitly assume that mental rotation works on visual mental images (for a notable exception, see, Pylyshyn, 1979) » Complémentarité de l’imagerie visuelle et de l’embodiment Tout d’abord, il faut noter des interactions entre imagerie et perception : expérience de Farah (1985) : imaginez la lettre T sur l'écran vide. Puis 2 carrés qui apparaissent successivement : Est-ce que la lettre T / L a été flashée dans le premier ou le deuxième carré ? Si on s'est imaginé un T à l'avance et que c'est un T qui apparaît, le temps de réaction est plus rapide. Si c'est un L ça prend plus de temps. Littéralement l'embodiment désigne l'incarnation, l'incorporation. Dans ce cas, l'incarnation dans notre cerveau des images que l'on a perçues dans notre corps. Études de Daryl J. Bem (1965), théorie de perception de soi. Expérience de Strack, Martin, et Stepper, 1988 : Les sujets devaient soit tenir un stylo entre le nez et la lèvre supérieure, soit entre les dents. Ensuite on leur faisait regarder un dessin animé. Le cartoon est plus drôle si on tient le style entre les dents car simule un sourire. Notre corps informe notre mental sur notre état. Si on voyait par exemple la position de quelqu'un, on se ferait une image mentale de celle-ci et on la reproduirait ensuite. Ainsi lorsque quelqu'un rit par exemple, on se mettra à rire. On peut lier la théorie de l’embodiment à Gallese et Rizzolatti et les neurones miroirs. Avec cette théorie on pourrait supposer l'existence de neurones « miroir » dans le lobe frontal qui nous feraient reproduire certaines actions. Neurones qui réagissent de la même manière si on fait qqch ou si l’on observe qqun faire cette même chose. De même, s’imaginer faire quelque chose active les mêmes neurones. Un chimpanzé qui prend une banane ou qui voit l’expérimentateur prendre une banane a le même éveil neuronal. Il pourrait s’agir d’un « matching system » pour voir si l’on fait les choses de la bonne façon. Les enfants sont informés s’ils ont fait quelque chose de bien car déjà activé dans le cerveau par observation. Important pour apprendre le langage, comprendre ce que les autres font, comprendre la douleur d’autrui, je compare ce que je vois et ce que je ressens. Contenu : − Que sont les concepts et les catégories − Approche exemplaire versus prototypique − Laquelle fonctionne le mieux (organisation hiérarchique ou réseaux sémantiques) − L'imagerie visuelle est-elle spatiale ou pas? Le débat sur l'imagerie visuelle − Complémentarité de l'imagerie visuelle et de l'embodiment Université de Lausanne 47 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 7 RÉSOLUTION DE PROBLÈMES ET PENSÉE CRÉATIVE 1. Résolution de problèmes A. Généralités Qu’est-ce qu’un problème? Définitions : Un état de difficulté qui demande à être résolu, la réponse n'est pas évidente. Une question adressée pour considération ou résolution, on doit considérer les réponses aux problèmes. trouble: une source de difficultés pas résolue immédiatement. Un problème est une difficulté ou un obstacle qui rend difficile l’atteinte d’un but désiré. Cela se réfère à une situation ou une condition encore irrésolues. Comment résoudre un problème ? : Il faut définir le problème Il faut y penser Puis donner sa réponse Il y a des problèmes bien définis versus problèmes mal définis. Exemple : problème de maths (défini) vs. Problèmes relationnels (mal défini) Il y a deux approches principales, une développée par la psychologie de la Gestalt et une autre qui est celle du traitement de l’information « Information-Processing ». B. Approche de la Gestalt: Représentation et Réorganisation/Restructuration Principes La résolution de problèmes pour les psychologues Gestaltistes signifie: Créer une représentation dans l'esprit (imagerie mentale) du problème. Puis faire une réorganisation/restructuration pour arriver à la solution. Il y a une certaine perspicacité ou « insight » nécessaire. Exemples de représentation et restructuration Wolfgang Kohler (1929) : déterminer la longueur du segment x, si le rayon du cercle a une longueur de r. On tourne le triangle et on forme un rectangle et on trouve que x est égal au rayon. Chimpanzé met de l'eau dans un tube pour faire flotter la cacahuète, c'est un phénomène d'insight. Oiseau qui utilise un bâton pour faire sortir un aliment d'un tube. Trouver la solution de problèmes intuitifs : la compréhension subite Avec des problèmes intuitifs, on a une représentation puis une réorganisation/restructuration (« insights » ou perspicacité) qui mènent à une solution. On parle de « Aha! expérience » ou compréhension subite, c’est-à-dire l’expérience de trouver tout à coup la solution à un problème. Metcalfe & Wiebe (1987) ont proposé des problèmes intuitifs (compréhension subite) et nonintuitifs : Problème intuitif : Quatre bouts de chaine avec 3 liens. On veut une seule chaine faisant une boucle fermée. Ouvrir un lien : 2 centimes ; fermer un lien : 3 centimes. 15 centimes à disposition. Université de Lausanne 48 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Non-intuitif : algèbre : (3-2)2 + (4+3)2 + (a-1)2 = 50 donc a = ? On a ensuite mesuré l’intuition dans la résolution de ces problèmes : Les participants ont dû estimer à quel point ils pensaient être proche de la solution. Pour l'algèbre on a un certain contrôle, on effectue séquentiellement le calcul donc ils se sentaient plus proches de la solution. Le graphique est régulier. Pour les chaînes ou il y a plutôt une compréhension subite qui arrive tout a coup. C'est plutôt noir ou blanc. On a un pic sur le graphique « aha ! expérience ». Les stratégies de réponses Les psychologues voulaient également apprendre les stratégies de réponse et pour cela on fait l’étude des obstacles. On à l’exemple de la fixation « functional fixedness » qui est la tendance à se focaliser sur l’usage familier d’un objet : on ne voit qu'une fonction et on n'arrive pas à voir les autres possibilités. La solution nécessite une restructuration de l’objet (ou de l’espace visuel). Ce qu'on a remarqué c'est que certains problèmes après les avoir résolus apparaissent comme évidents alors qu'ils ne l'étaient pas pendant la résolution. Problème de la bougie de Duncker (1945) : on a une bougie, des punaises et des allumettes. La tâche est de monter la bougie contre le mur pour qu’elle brûle sans verser de cire sur le sol. La solution : Il faut vider la boîte des punaises, la fixer contre le mur avec des punaises et mettre la bougie dessus. On a d’autres usages pour les objets. Problème des deux cordes de Maier : deux cordes pendent du plafond. La tâche est d’attachez les cordes ensembles alors qu'avec les bras impossible. On peut utiliser tous les objets dans la pièce (exemple : clous, marteau, chaise, etc.) La solution : mettre un marteau au bout d'une corde et la faire balancer pour ensuite l’attraper pendant que l’on tient l’autre. C. Approche du traitement de l’information « Information-Processing » Principes Pour cette approche, il n’y a pas de compréhension subite mais une résolution de problème qui consiste en un état initial et un état final (ou but) et entre les deux un processus de résolution, un espace du problèmes avec des stades intermédiaires. Il s’agit d’un processus actif impliquant de la recherche, il n’y pas de fulgurance, de résolution subite. Exemples de résolutions de problèmes par étapes Problème de la tour de Hanoi : Bouger tous les disques sur le bâton suivant pour réobtenir la même configuration en obéissant aux règles suivantes : 1. 2. 3. Bouger un disque à la fois. Chaque mouvement consiste à prendre 1 disque du dessus et le poser sur les autres sur un autre bâton. Aucun disque ne peut être placé au-dessus d’un plus petit. état initial but Résolution par analogies La question que l'on pourrait se poser maintenant est de savoir si les problèmes sont dépendants de leurs contextes et de leurs contenus. On a remarqué que beaucoup de problèmes se résolvaient par analogie. Université de Lausanne 49 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Exemple : Problème de l’échiquier mutilé : vous disposez d’un échiquier et de 32 dominos. Chaque domino couvre exactement deux cases adjacentes sur le plateau. Donc, les 32 dominos peuvent couvrir entièrement les 64 cases de l’échiquier. Deux cases sont enlevées aux coins diagonalement opposés du plateau. Pensez-vous qu’il est possible de placer 31 dominos sur ce nouvel échiquier afin que les 62 cases restantes soient couvertes ? Cela est impossible si on enlève 2 morceaux noirs car chaque domino a un côté blanc et un côté noir ! En mettant l'exemple plus parlant on se rend compte que c'est impossible : 36 personnes, 18 hommes et 18 femmes, sont à un souper, comme indiqué par le schéma ci-dessous. Les 36 personnes sont assises à 18 tables. Chaque table peut accueillir seulement 2 personnes, un homme et une femme, assis directement à coté l’un de l’autre, soit verticalement soit horizontalement sur le schéma. Si deux femmes partent, comme illustré par les flèches sur le schéma, est-ce que les 17 tables restantes peuvent être arrangées pour accueillir les 34 personnes restantes ? Les gens n’ont pas le droit de bouger. Expliquez votre raisonnement. Mais si on parle de couple cela devient beaucoup plus facile. On doit donc trouver une situation de vie réelle analogue : Dans un petit village russe, il y avait 32 hommes et 32 femmes, toutes et tous célibataires. Par de nombreux efforts, l’entremetteur du village a pu réussir à arranger 32 mariages très satisfaisants. Le village était fier et heureux. Puis, une nuit d’ivresse, deux des hommes célibataires, par défi, se sont bâfrés de pérogies et en sont morts. Est-ce que l’entremetteur peut encore arranger 31 mariages hétérosexuels parmi les 62 personnes restantes ? (Hayes 1978, Kaplan and Simon 1990, Gick et McGarry 1992). Il y a donc dans la résolution de problème un rôle des analogies, même un certain pouvoir ! Il faut les utiliser pour résoudre des problèmes : Vous faites face à un problème, vous devez trouver un moyen de démarrer la procédure de résolution du problème Évident de penser à des situations similaires Évident de penser à des stratégies de résolution utilisées dans le passé. Il s’agit donc d’une résolution de problèmes analogique. En laboratoire on peut susciter cela en présentant une source de problème / histoire étant similaire au problème ciblé. Premier exemple : Duncker Radiation Problem (1945) : Supposez que vous êtes un docteur faisant face à un patient qui a une tumeur maligne à l’estomac. Il est impossible d’opérer sur le patient ; mais à moins que la tumeur ne soit détruite, le patient va irrémédiablement mourir. Il existe un type de rayon qui pourrait être utilisé pour détruire la tumeur : si les rayons sont dirigés sur le tumeur à une intensité suffisante, la tumeur sera détruite. Malheureusement, à cette intensité les tissus sains aux travers desquels les rayons passeront seront également détruits. A une intensité moindre les rayons sont inoffensifs pour les tissus, mais également pour la tumeur qui ne sera pas détruite. Quel type de procédure pourriez-vous utiliser pour détruire la tumeur à l’aide du rayon tout en évitant de détruire les tissus sains ? Réponse : Utiliser plusieurs rayons faibles qui se rejoignent sur la tumeur et la détruisent. Que 10% de la population qui la trouve. Deuxième exemple : Duncker Fortress Problem (1945) : Une forteresse est située au centre d’un pays. Plusieurs routes convergent de l’extérieur vers la forteresse. Un général veut capturer cette forteresse avec son armée qui est suffisante en nombre pour faire tomber la forteresse. Mais il reçoit le rapport d’un espion qui l’informe que chacune des routes a été minée et que celles- ci exploseront si un nombre trop grand de personnes passent sur la route. Il apprend également que de petits groupes d’hommes pourraient y passer sans encombre. Comment planifier une attaque victorieuse de la forteresse avec ces informations ? Analogie on applique la solution de premier problème au suivant. Utiliser la solution d’un des problèmes pour résoudre l’autre, 75% trouve la solution. Si ce problème est présenté seul, uniquement 30% de la population trouvent la réponse. Les auteurs Gick & Holyoak (1980, 1983) proposent trois étapes dans la résolution analogique de problèmes : 1. Noter/Remarquer 2. Cartographier 3. Appliquer Noter et cartographier la problématique grâce au focus sur : les caractéristiques de surface (difficile de remarquer les similarités entre des rayons et des soldats en marche tout comme entre une tumeur et une forteresse) les caractéristiques structurelles: comprendre et focaliser sur les principes sous-tendant un problème et ce qu’ils ont en commun. Pour faciliter la résolution analogique de problèmes, il faut rendre les caractéristiques de surface plus similaires et les caractéristiques structurelles plus évidentes. Université de Lausanne 50 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Les analogies dans les situations de la vie permettent de rendre les choses plus faciles et de ce fait la résolution du problème devient également plus aisée. Fréquemment dans la résolution de problèmes en groupe Une façon de savoir ce que les gens pensent est de « penser à haute- voix » Mais est-ce que penser à haute-voix est fiable ? Exemple: Tâche : sur une table à l’extérieur d’un grand supermarché : laquelle des trois chaussettes (identiques) les personnes préfèrent, et pourquoi ? Résultats : La plupart des gens ont choisi les chaussettes qui étaient posées le plus à droite sur la table (en dernier). Explications : « Je pense qu’elles sont plus immaculées », « je pense qu’elles sont mieux fabriquées. » Interprétation : Biais de sélectionner la dernière, mais ce biais n’est pas évident pour les gens. Personne ne donne cette explication. Ce n’est pas seulement de pas savoir pourquoi ils ont choisi quelque chose, mais également que les gens produisent des explications qui sont possibles mais fausses. Comme pour les mémoires, on fait des explications qui ne sont pas réelles. Une façon de devenir plus efficace à la résolution de problèmes: devenir un/e expert/e. Exemple des joueurs d’échecs étaient meilleurs que des novices pour reproduire des configurations sur l’échiquier, mais seulement si ces dernières étaient cohérentes dans le cadre d’un jeu d’échec. (chunking). Plusieurs caractéristiques : Les novices biaisés plus par les caractéristiques de surface et experts biaisés plus par les caractéristiques structurelles. Experts passent plus de temps à analyser le problème: d’abord lentement, mais après sont plus efficaces. Experts pas meilleurs que novices dans un problème qui sort de leur domaine d’expertise Experts, avec le temps, peuvent tendre à se rigidifier 2. La pensée créative A. Généralités Définitions : Qu’est-ce que la créativité? Webster : La créativité est représentée par la capacité ou le pouvoir de créer : d’amener à l’existence, d’investir une nouvelle forme, de produire grâce à un talent d’imagination, de faire ou d’amener à l’existence quelque chose de nouveau. Carl Rodgers (psychologue et écrivain) : l’émergence d’un produit nouveau et relationnel, se formant sur l’unicité de l’individu. Henry Miller (écrivain) : l’occurrence d’une composition qui est à la fois nouvelle et de valeur. Newell, Simon & Shaw (théoriciens de la logique) : une classe spéciale de résolution de problèmes caractérisés par la nouveauté. H.H. Fox (scientifique) : N’importe quel processus de pensée par lequel des arrangements nouveaux sont formés et exprimés. E. Paul Torrance (éducateur, académicien, investigateur de la créativité) : Fluidité, flexibilité, originalité et élaboration. B. Pensée convergente vs divergente (Guilford 1967) Pensée convergente : pensée qui s'inspire des connaissances et des capacités de raisonnement, qui permet de concevoir une série de solutions à un problème. Pour en définitive n'en retenir qu'une seule qui sera la bonne. Exemple : on a plusieurs mots et on arrive à un concept commun. Il y a un rétrécissement. o Exemple pensée convergente : Mednick’s Remote Associates Test (RAT): objets que des personnes doivent associer en un concept. Trouver un mot qui constitue le lien associatif entre les trois mots stimuli. Board - Magic - Death Université de Lausanne 51 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Pensée divergente : type de connaissance qui s'opère en dehors du registre de connaissances conventionnelles pour s'adresser à la conception de solutions originales pour les problèmes. Exemple : on a un mot et on doit donner tous les concepts associés. Il y a un élargissement. o Exemple pensée divergente : Guilford Alternate uses task : objet qu'une personne doit mettre en situation. Donner autant d’utilisations possibles d’un objet. Newspaper, Tyre C. Fonctions créatives On peut lier ce modèle de la pensée convergente/divergente, à celui de l’association de neurones en réseaux sémantiques (cf. cours représentation mentale), formation des concepts par personnes créatives passent dans des noyaux sémantiques plus éloignés. On a donc ont des réponses plus rares, voire uniques. Les personnes qui ont des maladies psychiques sont souvent plus créatives. Exemple de la Collection de l'art brut à Lausanne. Artistes ont plus de pensées magiques, plus de pensée latérale que les avocats à un test comme le Mednick’s Remote Associates Test (RAT). Ainsi, à quoi s’attendre si : être créatif revient à être fou : les artistes ont-ils plus de pensées ou d’expériences magiques ? Types de questions pour savoir : Lorsque vous êtes dans l’obscurité, voyez-vous souvent des silhouettes et des formes, alors qu’il n’y a rien? Pensez-vous que vous pourriez apprendre à lire dans les pensées d’autrui si vous le vouliez? Avez-vous déjà perçu une présence hostile près de vous, alors que vous ne pouviez pas la voir? Exemple : La tâche de la pensée divergente Divergent thinking task visual artists vs. lawyers de Wallach et Kogan (1965) : Comparaison entre les pensées, croyances folles chez des artistes et des avocats selon qu’ils soit professionnels ou élèves. Résultat : quelque soit le niveau, les artistes présentes des pensée folles plus nombreuses que les avocats. Prédisposition à la créativité indépendamment du degré de professionnalisme. Est-ce inné ? être créatif signifie que l’on est bon à une pensée latérale : les artistes produisent-ils plus d’associations de mots éloignés? Exemple : La tâche de la pensée divergente Divergent thinking task visual artists vs. lawyers de Wallach et Kogan (1965) : ils devaient aussi dire quels sont les usages de Journal, Clé, Pneu. Il y a des réponses communes / rares / uniques. Gros pourcentage d’artistes et d’avocats associent l’objet à l’usage commun mais légère prédominance chez les avocats) Moins de la moitié des deux associe l’objet à l’usage rare (légère prédominance chez les artiste). Très peu des deux associe l’objet à l’usage unique (légère prédominance chez les artistes). Donc la créativité est légèrement prédominante chez les artistes lorsque que l’on introduit une dimension d’utilité des objets. Mais aussi les étrangers : personnes ayant vécus a l'étranger trouvent plus facilement des réponses a des problèmes. Expérience de la bougie de Dunker le prouve. Expliquer sa vie dans le pays natal ou d'accueil comme amorce. Lorsqu'on pense a la vie a l'étranger, on trouve plus de réponses, pensée convergente plus forte. L'adaptation des gens a l'étranger de vivre dans un nouveau context culturel joue un rôle. Pour la Suisse, on est a la place une de l'innovation "the global innovation index 2011" car 20% d’étrangers peut-être. Contenu : − Qu’est-ce qu’un problème? − Comment les psychologues Gestalistes l’approchent-ils? Insight (Intuition), stratégies − Processing pour la résolution de problèmes, contexte, analogies, et expertise influencent la résolution de problèmes − Résolution de problèmes créative et formes de la créativité − Y a t-il un avantage à être un peu « fou » (magique) par rapport à la créativité? − Y a t-il un avantage à être d’un autre pays par rapport à la créativité? Université de Lausanne 52 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 PSYCHOLOGIE COGNITIVE 8 RAISONNEMENT 1. Généralités Définitions du raisonnement − Le processus d’arriver à des conclusions (Leighton, 2004) on part d'une information pour arriver à une conclusion. On fait des inférences. − Processus cognitif par lequel les gens partent d’une information et en arrivent à une conclusion dépassant cette information (Kurtz et al. 1999) − Raisonnement déductif: Comment les gens raisonnent à partir de prémisses (principes généraux). Cette forme de raisonnement aboutit à des conclusions définies et à la validité. − Raisonnement inductif: Comment les gens raisonnent à partir de preuves. Aboutit à des conclusions probables. 2. Raisonnement déductif A. Raisonnement déductif catégorique Origine Aristote est le père du raisonnement déductif, il l’introduit avec des syllogismes. Ce sont des raisonnements logiques indépendamment du contenu. Ce raisonnement part de deux prémisses « a » et « b » (règles logiques) pour arriver à une conclusion valide. Syllogisme aristotélicien dont la conclusion correcte est facile à obtenir : Prémisse 1: tous les A sont des B Prémisse 2: tous les B sont des C Conclusion: donc, tous les A sont des C Mais lorsqu’on l’applique sur un exemple concret : Prémisse 1: tous les oiseaux sont des animaux Prémisse 2: tous les animaux ont quatre pattes Conclusion: donc, tous les oiseaux ont quatre pattes Ce syllogisme est VALIDE, mais n’est pas VRAI. On arrive mieux a raisonner avec du contenu familier plutôt qu’abstrait. Validité et vérité Attention validité et vérité ne sont pas la même chose. Ce n’est pas parce qu’une conclusion est valide qu’elle est vraie. La conclusion est validée si elle suit les prémisses. Quelque chose peut être logique, valide mais complètement faux. On a une progression logique des prémisses à la conclusion. On a des difficultés pour séparer validité formelle et vérité, ce sont des erreurs de raisonnement. Si on ne peut pas vérifier quelle conclusion est vraie par rapport aux prémisses d’un syllogisme, alors nous n’avons pas le droit de choisir et dire que c’est invalide. Pour investiguer le raisonnement déductif, on peut évaluer ou produire des conclusions. Prémisse 1: tous les batraciens sont des animaux Prémisse 2: les grenouilles sont des batraciens Conclusion: donc, les grenouilles sont des animaux Valide Prémisse 1: tous les batraciens sont des animaux Prémisse 2: les grenouilles sont des animaux Conclusion: donc, les grenouilles sont des batraciens Invalide D’autres conclusions sont possibles : Qu’aucune grenouille ne soit un batracien: Nul A n’est B Que quelques grenouilles soient des batraciens: quelques A sont B Que toutes les grenouilles soient des batraciens: tout A est B Que tous les batraciens soient des grenouilles: tout B est A Université de Lausanne 53 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Prémisse 1: Tous les étudiants sont fatigués Prémisse 2: Certaines personnes fatiguées sont irritables Conclusion: Certains étudiants sont irritables Un syllogisme invalide qui pourrait être vrai mais on ne sait pas donc on doit dire que c'est invalide. Influences Performance de ce type de raisonnement basse dans la population (4-10%) Puisque les gens raisonnent sur à peu près tout, il est important de comprendre cette mauvaise performance. Il y a des variables modifiant les capacités de raisonnement déductif. 1) Forme de la discussion On a tendance à accepter ou à rejeter un argument selon sa forme. Il y a une ambiance, une “mood” dans la discussion par rapport au sens des mots et à leur ordre. Il y des mots qui ont un sens comme tout (“all”), une partie (“some”), non (“no”), dans les prémisses qui créent un effet d’ambiance ou une humeur moyenne. − Si deux fois “tout”, les conclusions du tout ont plus de chance d’être acceptées − Une ou deux fois “non” suggère “non” à la conclusion − Une ou deux fois “une partie” suggère une partie des conclusions. Il y a un effet d’ordre des mots, la position des arguments qui influence la croyance en la validité de la conclusion. Si AB BC comme prémisses, on préfère AC que CA. Exemple : Prémisse 1: Certains parents sont scientifiques (AB) Prémisse 2: Tous les scientifiques sont conducteurs (BC) Conclusion 1: Certains parents sont conducteurs (AC) Conclusion 2: Certains conducteurs sont parents (CA) On préfère Conclusion 1 à Conclusion 2. 2) Contenu de l’argumentation On regarde également le contenu pour voir si cela est acceptable, crédible. Si le contenu de la conclusion est acceptable donc vrai on aura plus de facilité à dire que l’argument est valide et inversement si la conclusion n’est pas vrai mais semble valide on aura tendance à la voire comme invalide. Il y a des interférences avec notre connaissance qui nous fait valider ou pas. Prémisse 1: Tous les hommes sont mortels Prémisse 2: Socrate est un homme Conclusion: Socrate est mortel Valide et/ou vrai? Prémisse 1:Tous les hommes sont moraux Prémisse 2: Hitler est un homme Conclusion: Hitler est moral Valide et/ou vrai? Prémisse 1: Les chiens policiers ne sont pas vicieux Prémisse 2: Certains chiens sur-dressés sont vicieux Conclusion: Certains chiens policiers ne sont pas sur-dressés Valide et / ou vrai? Invalide car pas de lien entre chiens policiers et le fait qu'ils soient dressés. Prémisse 1: Aucune drogue addictive n’est pas chère Prémisse 2: Certaines cigarettes ne sont pas chères Conclusion: Certaines drogues addictives ne sont pas des cigarettes Valide et / ou vrai? 3) Participants Il y a des différences individuelles dans le raisonnement. Par exemple en fonction de la religion. Plus les gens sont croyant plus ils font d'erreurs. Ils prennent moins de temps à réfléchir également. Aussi si les gens pensent qu'une conclusion est possible alors ils disent que c'est valide. A noter que les personnes qui ont le plus de temps imparti pour répondre sont de plus en plus hésitantes et moins sûrs d'eux. Les personnes qui ont confiance en leur réponse font plus de fautes que les personnes moins sûres. Université de Lausanne 54 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 B. Raisonnement déductif conditionnel Ce raisonnement peut se présenter de la même forme que le déductif catégorielle. Avec des prémisses et une conclusion. Si on utilise le conditionnel on n’utilise plus le « a » et « b » pour les prémices « p » et « q » avec le format abstrait conventionnel « si p alors q ». Il y a un antécédent (p) et une conséquence (q). Un syllogisme d’ailleurs est un raisonnement conditionnel. C'est une règle et « p » et « q » ne sont pas interchangeables ou alors le raisonnement n’est plus valide. Si le lien de causalité va dans les deux sens « si p alors q » et « si q alors p », on parle d’une biconditionnelle. Un exemple de raisonnement conditionnel déductif : Règle : si je quitte la maison, il va pleuvoir (si p, alors q) J’ai quitté la maison (affirmation de l’antécédent, p) Conclusion: alors, il s’est mis à pleuvoir (alors q) Valide Règle : si je vais l’école d’art, je vais apprendre à peindre (si p, alors q) Je n’ai pas appris à peindre (réfutation de la conséquence, pas q) Conclusion: donc, je n’ai pas été à l’école d’art (donc, pas p) Valide Règle : Si je quitte la maison, il va pleuvoir (si p, alors q) Il s’est mis à pleuvoir (affirmation de la conséquence, q) Donc, j’ai quitté la maison (donc, p): invalide car pas si q alors p Règle : si je vais à l’école d’art, je vais apprendre à peindre (si p, alors q) Je n’ai pas été à l’école d’art (réfutation de l’antécédent, pas p) Conclusion: Donc, je n’ai pas appris à peindre (donc, pas q): invalide Tâche sélective de Wason : Avec la règle suivante : si une carte a un D sur l’une des faces, alors elle a un 3 sur l’autre. Dans le jeu de cartes ci-dessous, chacune a une lettre sur une face et un nombre sur l’autre face. Quelle carte doit être tournée pour tester la règle précédente ? Réponse : il faut tourner D et 7. Une carte qui montre que la règle est juste (D) et une carte qui montre que la règle n’est pas fausse (7). Il n’y a pas besoin de retourner le 3 car ce n’est pas une biconditionnelle, il n’y a pas forcément un D derrière un 3. D K 7 3 Aussi cette règle : si tu emprunte ma voiture, tu dois faire le plein. Quelles cartes retourner ? Emprunte la voiture N'emprunte pas la voiture Pas d'essence Le plein est fait Aussi règle : si une personne boit de la bière, alors il ou elle doit avoir au moins 18 ans Bière Soda 24 ans 16 ans Aussi règle : pour être avocat, il faut avoir fait du droit. Avocat Médecin Droit Économie 3. Raisonnement inductif A. Raisonnement inductif heuristique Approche probabiliste Ce raisonnement se base sur des prémisses qui sont elles-mêmes basées sur nos expériences passées, nos connaissances, nos croyances, l’observation de ≥ 1 exemple. C’est donc un raisonnement heuristique qui interprète la réalité. C’est le raisonnement auquel on est le plus confronté au quotidien. C’est un raisonnement non-démonstratif car on va du particulier au général. Ce sont des conclusions plus générales. Les conclusions sont probablement vraies mais ne le sont pas nécessairement, c’est le meilleur choix possible parmi les alternatives possibles, ce sont des déclarations probabilistes. Ce qui est probablement vrai, pas ce qui est définitivement vrai : Si je travaille 3 jours, alors j’aurais assez d’argent pour aller skier dimanche prochain. Je vais travailler 3 jours Donc j’aurai assez d’argent pour aller skier Université de Lausanne 55 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Argument valide déductivement, mais pas nécessairement dans la vraie vie! On peut se faire voler l’argent etc. Raisonner de manière probabiliste est un phénomène Bottom-up car on regarde les éléments en présence. Mais le raisonnement inductif est souvent basé sur des expériences passées Top-down : Lorsque je m’assieds sur cette chaise, elle ne se casse jamais Cette chaise ne se casse jamais Donc, je choisis de m’asseoir sur cette chaise. Si je trompe mon copain/copine, il/elle va me quitter. Je l’ai trompé(e) Donc, il/elle m’a quitté(e). Si je veux être indépendant dans ma vie, je dois gagner de l’argent Je veux être indépendant dans ma vie Donc, je dois gagner de l’argent. Influences Il y a des facteurs contribuant à la force du raisonnement inductif. − Représentativité des observations. On donne de l’importance à ce que l’on observe. On parle français à Lausanne, conclusion : on parle français dans toute la suisse − Nombre d’observations. On donne de l’importance au nombre de fois que l’événement se produit. il fait chaud à 19h depuis 10 ans, demain à 19h il fera chaud. − Qualités des preuves. On regarde la qualité des preuves. Exemple des preuves scientifiques : Si la terre tourne sur son axe, alors l’endroit où est situé Lausanne va voir le soleil se lever à chaque rotation. La terre tourne sur son axe. Donc Lausanne va voir le soleil se lever à chaque rotation. Base des recherches scientifiques Le raisonnement inductif est la base des études scientifiques. Les conclusions tirées sont hypothétiques, on fait des hypothèses (si…alors…). Exemple : Si la production des chiffres aléatoire est perturbée par la mémoire de travail, on devrait trouver les séquences plus aléatoires quand on testera les patients avec des déficits dans le mémoire de travail. On se rappelle plus ce qu'on a dit avant si déficit donc on est plus capable de produire des chiffres aléatoires. Test sur la production des chiffres aléatoire : Confirme ou rejette l’hypothèse sur la base de comparaisons statistiques (des mesures sur l’aléatoire, comparez-les entre groupe de patients et groupe des participants contrôles.) B. Biais de raisonnement avec l’heuristique de disponibilité On peut dire que nos connaissances, nos croyances, nos expériences passées interfèrent avec notre raisonnement. On parle de l’heuristique de disponibilité. Elle désigne un mode de raisonnement qui se base uniquement ou principalement sur les informations immédiatement disponibles en nous (donc venant d’expériences passées), sans chercher à en acquérir de nouvelle concernant la situation. Par exemple, en situation de stress intense, la panique peut faire prendre des risques inconsidérés sur la base d'une heuristique de disponibilité : une personne dans un immeuble en feu cherchera à descendre un escalier enfumé au lieu de se protéger et d'attendre les secours dans un appartement calfeutré. La représentation mentale de l'escalier comme une éventuelle voie de sortie est saillante et prend le pas sur d'autres éléments (comme la possibilité de fumées toxiques, etc.) qui devraient amener à reconsidérer cette option. 1) Les corrélations illusoires Le raisonnement inductif crée des corrélations illusoires. C’est lorsque l’on s’attend à ce que deux choses soient liées à cause de notre expérience passée sans que ce soit nécessairement le cas. Université de Lausanne 56 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Après le 11 septembre 2001 : Si je prends un avion plutôt qu’une voiture, j’ai une plus grande chance de mourir. Je prends l’avion. Donc j’ai une plus grande chance de mourir. En réalité : risque de mourir en voiture est plus grand que vol commercial 2) L’évitement de l’échec On a tendance à réduire au minimum les risques d’échec. Par exemple si on a le choix d’un billet de tombola qui a 10% à gagner ou un billet à 90% de perdre. On préfère le 10% à gagner même si les probabilités sont les mêmes. De même les gens trouvent qu’un préservatif est efficace s’il affirme qu’il a un taux de protection contre le sida de 95%, mais pas si l’on nous fait remarquer qu’il a 5% de risque d’échec. 3) La confirmation d’hypothèse Pour confirmer nos hypothèses, on a tendance à retenir les seules preuves qui confirment le postulat de départ, et a dénigrer celles qui ne vont pas dans le sens souhaite. On va même sélectionner dans le réel que des informations qui vont dans le sens de nos hypothèses. Les politiciens utilisent cela et les chercheurs ? C. Biais de raisonnement avec l’heuristique de représentativité L’heuristique de représentativité est une règle qui consiste à estimer la probabilité d’appartenance d’un objet à une classe d’objets à partir de sa ressemblance avec un cas prototypique de cette classe. On se base sur les apparences pour prendre une décision. 1) Les stéréotypes Les stéréotypes qui touchent aux cognitions et aux émotions sont en lien également. Ce sont des raisonnements qui vont faire qu’on se basera plus sur des croyances populaires que sur le réel (statistiques) pour appréhender la réalité, phénomène top-down. Généralisation peut être spécialisée si elle précise une catégorie. 2) La règle de conjonction Lorsque l’on croit que deux choses sont présents simultanément. On pense que la probabilité qu’un événement A vienne de la classe B peut être déterminé par le degré de ressemblance entre l’événement A et les propriétés de la classe B. Exemple : on choisit au hasard un homme de la population suisse. Cet homme, Reto, porte des lunettes, parle doucement et aime lire beaucoup. Est-il plus probable que Reto soit banquier ou libraire ? On va même contre la probabilité des événements : Andreas a 40 ans, n’est pas marié, franc et travailleur. Il a fini des études en physique. Lorsqu’il était étudiant, il devait travailler pour financer ses études. Il se sentait concerné par les problèmes environnementaux, de discrimination et par les droits de l’homme en général. Qu’est-ce qui est le plus probable : Andreas est un professeur de physique ou Andreas est un professeur de physique et actif pour Greenpeace ? On va dire la deuxième or la probabilité est basse d'être les deux dans la population. Université de Lausanne 57 Mathieu Gianini Rima Ψ 2012-2013 Application : croyances paranormales Théorie de la détection du signal Krummenacher et al. J Cog Neurosci, 2010 : Les personnes croyant au paranormal sont plus enclines à prendre en compte un signal dans du «bruit» que les sceptiques. Ils ont plus de facilité à être trompé(e), suggestibilité. Ils tirent des conclusions hâtives. On arrive à une conclusion sans regarder la probabilité. Cela dépend également de la culture et de ses schémas. Signal Paranormal Détecté Non paranormal Manqué Pas de signal Fausse alarme Rejet correct Autre exemple de paranormal qui rejoint les corrélations illusoires : J’ai pensé à Maria Maria m’a appelée Donc La télépathie existe On arrive a des conclusions hâtives, on a pensé a maria et maria m'a pas appelé donc en lien télépathique. On ne tient pas compte de toutes les autres fois où on a pensé à Maria. Application : Prise de décision Dans leur prise de décision, les gens ne sont pas toujours rationnels, raisonnables. Ils font des erreurs de probabilité qui aléatoires (randomness). Ils pensent que la majorité a raison. Ils pensent que les personnes célèbres ont raison. Exemple pour les perspectives et raisonnement du futur cela en économie (prises de décision pour l’investissement), pour notre environnement (prédire les conséquences écologiques des changements environnementaux), en politique. On a des opinions d’experts, des résultats de modélisations avec estimations, des scénarios etc. Contenu : − Raisonnement déductif catégorique et conditionnel − Raisonnement inductif − Biais de raisonnement − Applications Université de Lausanne 58