DURABILITÉ L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ Contribution de l’industrie gazière dans la lutte contre le changement climatique et pour le développement durable La 21e conférence des parties de la convention cadre des Nations unies, qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 (COP21), représente une étape décisive dans la négociation du futur accord international sur le climat, qui entrera en vigueur en 2020. L’objectif visé est ambitieux : contenir le réchauffement de la planète en deçà du seuil critique de 2 °C d’ici à 2100. Consciente de l’enjeu climatique et du rôle indispensable de l’ensemble des acteurs économiques, l’industrie gazière s’est engagée dans une série de mesures contribuant au respect de cet objectif planétaire et à faciliter le développement durable par l’accès à une énergie moins carbonée et plus respectueuse de l’environnement. La mobilisation de l’industrie gazière pour lutter contre le changement climatique Le méthane L’optimisation de la chaîne gazière pour réduire les émissions de méthane Bien que les activités de l’industrie gazière (de l’extraction à l’utilisation) ne contribuent qu’à hauteur de 30 % aux émissions de méthane d’origine anthropique (soit de l’ordre de 4 % des émissions de gaz à effet de serre selon le World Resources Institute), des mesures sont mises en place progressivement sur les maillons amont et aval de la chaîne gazière (dont, pour la partie aval : terminaux méthaniers, réseaux de transport et de distribution, stations de compression, stockages…) pour identifier et limiter encore plus ces émissions. Un vecteur énergétique qui devient progressivement renouvelable De nombreuses actions sont initiées afin de favoriser le développement de solutions de production, de stockage, transport et distribution de gaz d’origine renouvelable. Le biométhane, gaz vert obtenu à partir de biomasse ou de déchets en est un exemple : il est renouvelable, à basse teneur en carbone et produit localement en développant une économie circulaire. Autre exemple prometteur, le power to gas permettra la valorisation la plus souple de l’électricité excédentaire issue des énergies renouvelables en produisant de l’hydrogène ou du méthane de synthèse : ce gaz (H2 ou CH4) est une solution potentielle au problème de l’intermittence de la plupart des énergies renouvelables (et à celui de la difficulté de stocker à grande échelle l’électricité). o 12 • Gaz d’aujourd’hui • n 2015-2 Le gaz carbonique Le gaz a un rôle important à jouer dans le cadre de la transition énergétique qui s’opère dans le monde. Il peut favoriser l’accès à l’énergie y compris dans les pays en développement (à ce jour, ce sont encore plus de 1,3 milliard de personnes – 19 % de la population mondiale - qui n’ont pas accès à l’électricité et le double qui ne disposent pas de moyens de cuisson modernes et propres). Le gaz contribue au développement des énergies renouvelables et représente un excellent moyen de stockage de l’énergie. De plus, son développement en substitution à d’autres énergies plus carbonées (charbon et pétrole) contribue à la réduction des émissions de CO2. Limitation de l’usage du bois et des combustibles solides dans les pays en voie de développement Le développement de la production de biogaz et la facilitation d’accès à l’énergie (gaz butane et propane) dans les pays en voie de développement peut conduire à limiter l’usage du bois et des combustibles solides et donner accès à de nouvelles sources d’énergie plus respectueuses de l’environnement et de la santé des utilisateurs. Participation au développement des énergies renouvelables Le gaz, par sa flexibilité, contribue au développement des énergies renouvelables électriques, en palliant l’intermittence de ces sources d’énergie et la difficulté à stocker massivement l’électricité. D’autre part, il pourra progressivement laisser sa place à du gaz d’origine renouvelable sans modification des infrastructures gazières et contribuera ainsi au développement des énergies renouvelables thermiques. Une énergie faiblement carbonée L’utilisation accrue du gaz, notamment dans les pays de DURABILITÉ l’OCDE (où les secteurs de l’électricité, du transport, de l’industrie, du résidentiel-tertiaire contribuent respectivement à hauteur de 39 %, 27 %, 12 % et 12 % des émissions totales de GES), en substitution à des énergies à plus fort contenu en carbone, conduit à une réduction des émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques tels que particules, oxydes d’azote (NOx), dioxyde de soufre (SO2), suies… Ainsi, l’utilisation de gaz naturel en remplacement du charbon pour la production d’électricité (secteur le plus émetteur, à hauteur de 39 % au sein de l’OCDE et de 44 % hors OCDE) conduit à réduire les émissions de CO2 d’environ 50 %. L’utilisation du charbon représente encore 47 % de la production mondiale d’électricité : le potentiel de réduction est donc très important. Dans le secteur des transports, l’utilisation de l’énergie gaz (gaz naturel, GNC, GNL ou GPL) pour des usages terrestres et maritimes, en substitution des carburants traditionnels issus du pétrole, conduit également à limiter les émissions de CO2 (l’utilisation des produits pétroliers représente 92 % des consommations du secteur). Par ailleurs, le gaz (gaz naturel et butane et propane) n’émettant pas de poussière ni de soufre et peu de NOx, elle contribue à l’amélioration de la qualité de l’air dans les villes. Les actions de l’industrie gazière L’AFG a recensé des actions en faveur du climat et du développement durable mises en œuvre par ses entreprises adhérentes (les membres sociétaires individuels ne sont pas compris). Elles incluent des mesures en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (CO2 et CH4) et du développement du gaz d’origine renouvelable. Ces actions sont dédiées à la promotion des usages du gaz dans les secteurs résidentiel-tertiaire et transports terrestre, fluvial et maritime, au développement de technologies à très haut rendement, à l’accompagnement des filières de production de biométhane et à la limitation des émissions de CO2 et de méthane sur l’ensemble de la chaîne gazière. En complément de ces actions, l’AFG se prononce en faveur de la nécessité de généraliser un prix du carbone au niveau international, qui peut se traduire par un accord mondial dans la mesure où il est progressif et n’introduit pas de différentiel significatif entre les différentes zones économiques. D’ores et déjà, des membres de l’AFG utilisent un prix interne du CO2 pour leurs décisions d’investissements de long terme. Les actions de l’initiative AFG Action 1 : réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au réseau de transport de gaz naturel Réduire les émissions diffuses de méthane des installations aériennes sur les stations de compression, postes de sectionnement ou de livraison, sites de stockage géologique Comment : réalisation de contrôles périodiques systématiques permettant de détecter les fuites et d’y remédier (actions de maintenance courante le plus souvent). Potentiel : difficilement quantifiable. Éviter les émissions de méthane lors de travaux programmés sur le réseau de transport de gaz Comment : mise en place d’une stratégie de vidage d’une conduite sans mise à l’atmosphère, soit par consommation par les clients sur un tronçon fermé, soit par la technique du gaz booster, permettant de pomper le gaz dans une canalisation à vider pour le transférer dans une autre, en service. Potentiel : dépend des travaux à réaliser sur le réseau, peut s’estimer à partir d’un historique. Réduire les émissions de CO2 en optimisant l’utilisation des stations de compression à l’aide d’un logiciel dédié Comment : mise en place d’un outil de gestion de la consommation d’énergie du réseau permettant d’utiliser l’énergie motrice de façon optimisée. Potentiel : se mesure par rapport à une consommation de référence d’un réseau de transport de gaz (comparaison avec et sans logiciel). Action 2 : réduire les émissions liées aux terminaux méthaniers Réduire le débit minimal du terminal (avec optimisation du système de réincorporation) Comprimer les évaporations pour réinjection sur le réseau Comment : mise en place de dispositifs qui améliorent l’empreinte environnementale du terminal en cas de faible activité. Sur un terminal méthanier, le stockage du GNL en cuve génère des évaporations que l’opérateur du terminal réincorpore dans les flux de GNL regazéifié et injecté sur le réseau de transport. En fonctionnement normal, le terminal ne provoque pas d’émissions à l’atmosphère. En période de raréfaction des déchargements de GNL, faute de pouvoir injecter ces évaporations dans le réseau (débit regazéifié trop faible), l’opérateur du terminal se voyait obligé de brûler à la torche des volumes de gaz. Le projet mis en œuvre comprend deux volets et permet de réduire significativement les émissions du terminal : la réduction du débit minimal du terminal (grâce à l’optimisation du système de réincorporation) permettant de prolonger le maintien en fonctionnement du terminal ; et la compression des évaporations afin de les injecter sur le réseau pendant les périodes d’arrêt du terminal. Potentiel : chiffres dépendants de l’activité des terminaux. Action 3 : étudier le CCS (carbon capture and storage) et les moyens de son développement Comment : captage et stockage du carbone lié à la production d’hydrocarbures (en l’occurrence gaz) et à l’utilisation du gaz dans les secteurs industriels (exemple : acier, ciment…) ou pour la production d’électricité. Le stockage est réalisé dans un réservoir géologique profond (gise- o Gaz d’aujourd’hui • n 2015-2 • 13 DURABILITÉ ments d’hydrocarbure déplétés, aquifères salins…) pour éviter son rejet dans l’atmosphère. Afin de déployer cette solution CCS, il sera nécessaire d’avoir un coût attribué à la tonne de CO2 qui soutienne les coûts de captage et de stockage. Mais aussi développement d’installations de combustion CCS ready, susceptibles d’être équipées à terme d’un CCS (pour mémoire une directive CCS est en discussion au niveau européen). Potentiel : le potentiel mondial de volume de réduction d’émission de GES pour le CCS est de 14 % en supposant un cadre régulatoire et financier adéquat. Action 4 : contribuer au développement des nouvelles technologies performantes valorisant les qualités énergétiques et environnementales du gaz Comment : développement ou poursuite des activités de R&D au sein des entreprises gazières et/ou mise en place de partenariats avec les constructeurs d’équipement pour accélérer le développement des équipements de demain : chaudière hybride, micro-cogénération, pompe à chaleur gaz, pile à combustible… Potentiel : sans objet. Action 5 : créer les conditions pour que les producteurs d’électricité soient incités à remplacer le charbon par le gaz pour la production électrique Comment : en incitant les gouvernements au niveau mondial à généraliser un prix du carbone ; en incitant les régulateurs à mettre en place des réglementations qui valorisent les avantages environnementaux du gaz (lois sur la qualité de l’air par exemple, sur le plafonnement des émissions…). Potentiel : au niveau mondial, le charbon représente les trois-quarts des émissions du secteur électrique, soit de l’ordre de 10 giga tonnes (Gt) de CO2. L’ordre de grandeur entre production électrique à base de charbon et production à partir du combustible gaz étant de deux environ, ce sont quelque 5 Gt CO2 qui pourraient ainsi être économisées en potentiel ultime (i.e. indépendamment de considérations techniques et économiques), soit environ 15 % des émissions dues à l’énergie. Action 6 : développer le gaz comme carburant alternatif Dans un contexte de pression environnementale forte, le gaz, sous ses diverses formes (gaz naturel, GNC, GNL ou GPL), est une alternative crédible aux carburants traditionnels grâce à ses qualités intrinsèques : selon les carburants auxquels il se substitue, le gain peut aller jusqu’à 25 % pour le CO2, 60 % à 90 % pour les NOx et presque 100 % concernant les SOx et particules. Cette action s’inscrit également dans le cadre du déploiement volontariste d’un réseau de stations d’avitaillement, préconisé par l’Union européenne. Promouvoir la filière GNL carburant marin pour le transport maritime et fluvial Comment : en favorisant l’installation d’infrastructures d’approvisionnement en GNL dans les ports et les termi- o 14 • Gaz d’aujourd’hui • n 2015-2 naux méthaniers. Potentiel : 2 % des soutes mondiales à l’horizon 2025, 8 % à l’horizon 2035. D’autres sources plus « volontaristes » donnent 8 % en 2020 (Man) et 11 % en 2030 (Llyod’s register). Promouvoir la filière GNL carburant terrestre pour les véhicules lourds Comment : en favorisant l’installation d’infrastructures d’approvisionnement de GNL pour les poids lourds. Potentiel : les estimations AIE (2013) et NGVA (2013) prévoient que la filière du GNL routier pourrait se situer aux alentours de 40 millions de tonnes par an d’ici 2030, ce qui représenterait 8 % de la demande mondiale en GNL. Cette croissance devrait se faire avec celle du GNL marin, les deux filières pouvant profiter d’installations multimodales. Promouvoir la filière GNC gaz naturel et biométhane pour les véhicules particuliers, flotte d’entreprise et de collectivités, poids lourds Comment : avec la mise en place d’une régulation favorable et déploiement volontariste d’un réseau de stations d’avitaillement. Potentiel : au niveau mondial, passer de 2 % actuellement à 5 % de carburant GN en substitution des carburants pétroliers conventionnels représenterait une économie de 65 Mt CO2 éq., soit 1 % des émissions actuelles du secteur routier. Promouvoir la filière GPL carburant pour les véhicules particuliers, flotte d’entreprises et de collectivités Comment : en accélérant le développement des véhicules à énergie alternative fonctionnant au GPL via la valorisation du vaste réseau de stations-service déjà disponible au niveau européen, des actions de communication auprès des pouvoirs publics et du grand public, des rencontres avec les institutionnels et les médias, l’organisation d’événements dédiés, la réalisation d’études d’impacts et d’image ainsi que la collaboration avec des constructeurs automobiles. Potentiel : Le modèle économétrique « Tremove » développé par Transport & Mobility Leuven (TML) démontre que l’atteinte d’une part de GPL de 10 % dans le mix carburant d’ici 2020 permettrait d’éviter l’émission de 314 millions de tonnes de CO2 et 35 millions de tonnes supplémentaires si l’on considère les émissions du puits au réservoir, ainsi que de 11 000 tonnes de particules, tout en limitant les externalités négatives y étant associées (santé et environnement) ainsi que leur coût. Action 7 : contribuer au développement d’une filière de méthanisation de déchets et de biomasse en partenariat avec le monde agricole et les collectivités locales Comment : les actions contribueront à favoriser d’une part le développement de nouvelles installations de méthanisation individuelles ou collectives en milieu agricole et auprès des collectivités locales, et d’autre part l’injection de biométhane dans le réseau de gaz pour réinjection. Ces efforts seront accompagnés de travaux de recherche sur DURABILITÉ les technologies de deuxième (gazéification-méthanation) et de troisième génération (micro-algues). Potentiel : cela contribuera à répondre aux objectifs fixés par les ministères de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie, et de l’Agriculture et de la forêt, de développer à horizon 2020 en France 1 500 méthaniseurs. Action 8 : contribuer au développement du power to gas Comment : la technologie power to gas permettra de redéployer les excédents de production des EnR électriques intermittents non stockables et perdus en transformant en gaz hydrogène (H2) ou méthane (CH4), par recombinaison avec du CO2, l’électricité inutilisée tout en s’appuyant sur des réseaux de gaz existants. Potentiel : en France, le potentiel est estimé entre 20 TWh et 73 TWh électrique en 2050 suivant les scénarios (étude Ademe, septembre 2014). Action 9 : promouvoir le déploiement de matériel de « cuisson propre pour tous » alimentés en gaz butane et propane ou par du biogaz issu de micro-méthaniseurs Comment : afin de pallier l’ensemble des problématiques environnementales et de santé humaine liées à l’utilisation de combustibles solides pour la cuisson, l’une des solutions est de substituer les combustibles solides par des combustibles gazeux dont la combustion est bien plus propre et maîtrisable. À ce titre, les gaz butane et propane (sousproduits de l’extraction du gaz naturel et du raffinage du pétrole brut, dont la valorisation en tant qu’énergie permet d’accroître l’efficacité de l’ensemble de la chaîne gazière) s’inscrivent comme une énergie stockable particulièrement efficace pour répondre de manière vertueuse à l’usage cuisson des foyers, car peu polluante, facile d’utilisation et disposant d’une densité énergétique importante. Une autre possibilité est de produire du gaz naturel à partir de matières organiques, à l’aide de bio-digesteurs, solution énergétique particulièrement adaptée aux foyers ruraux éloignés des réseaux d’électrification dans les pays en développement, où la gestion des déchets est peu développée. Les résidus sortant du bio-digesteur sous forme de digestat pouvant également être utilisés comme de l’engrais biologique en substitution des pesticides. Potentiel : 1 milliard de personnes. Près de 540 millions de foyers à travers le monde, soit environ 2,8 milliards de personnes, utilisent des combustibles comme le bois ou le charbon de bois. Selon les projections 2015 et 2030 de l’Agence internationale de l’énergie, respectivement 445 millions et 730 millions de personnes devraient convertir une partie de leur consommation de biomasse vers la cuisson au gaz. o Gaz d’aujourd’hui • n 2015-2 • 15