22 Production végétale Vendredi 22 mai 2015 CHRONIQUE DU BIODIVERGER DE MARCELIN Le sol en mode paillis, mulch, fauche, sarclage ou encore hersage Bernard Messerli Avec les belles tiédeurs de mai, la croissance se manifeste tous azimuts: sur arbres et arbustes, légumes et engrais verts, herbes et fleurs. Jetons un œil sur les travaux au sol effectués par le gestionnaire et praticien du biodiverger de Marcelin, Théo Grossenbacher. e mulching – broyage des herbes – concerne surtout la zone agroforestière, celle qui comprend une association de pépins (pommiers, poiriers), noyaux (pêchers et pruniers) et noyers complantée d’arbustes de haies mellifères. Pour le passage entre les lignes, utilisation de la tondeuse tracteur (ou Honda piéton) avec conservation, au centre, d’une bande herbeuse à composante florale. Dans le rang, Théo travaille avec la Greenmaster mue à la prise de force du tracteur. Le mulch joue un rôle de premier ordre en permaculture. Il atténue les chaleurs élevées sur le sol, par évaporation et ombrage. Ne reflétant pas la lumière, il ne rayonne pas la chaleur accumulée et diminue la réverbération. Il protège le sol contre l’érosion, régule l’humidité et peut servir à freiner le développement d’adventices. Le côté punk de l’interligne, L Bande florale favorable aux auxiliaires, avec un risque pour les campagnols terrestres! B. MESSERLI Par les belles tiédeurs de mai, le papillon machaon profite de la grande diversité florale du triangle en permaculture. B. MESSERLI avec son iroquois de bande florale au centre, représente la technique de la fauche alternée. «L’idée est double: limiter la concurrence pour l’essence plantée (partie fauchée) et conserver des abris pour la petite faune utile (bande laissée)», précise Pascal Mayor, du Centre de compétence pour les cultures spéciales, qui copilote le biodiverger. La concurrence peut s’avérer sensible, sur les pommiers notamment, sans parler du risque de stimuler la présence des campagnols. D’autres travaux plus ponctuels ont com- floraux pour jachère, en particulier pour encourager l’installation des pollinisateurs. Des semis de luzerne sur les rangs de deux lignes d’arbres visent, comme avec toutes les légumineuses, à fournir de l’azote par engrais vert. plété ce mulching; comme le passage à la débroussailleuse à fil autour des hautes-tiges et des arbustes à baies. Les haies composites ont reçu un apport de BRF en leur pied. Ce bois raméal fragmenté (BRF) est issu du broyage fin de branches de faible diamètre constitué de bois frais, bourgeons et feuilles riches en eau et en produits de la photosynthèse. Utilisé en couverture du sol, il dynamise le sol quant à sa vie et sa porosité, avec une meilleure fertilité à la clé. Un hersage au motoculteur dans les passages (2 × 30 m) a permis le semis de mélanges Désordre biofavorable Avec son hétérogénéité maximale, le long triangle consacré à la permaculture fait assez «chenit». Ce qui est gênant pour l’œil en hiver devient superbe foisonnement de curiosités florales au printemps. Non content de la riche palette végétale d’entre les ligneux, semi-ligneux, herbacés, on va jouer sur le modelage du terrain. Une grande butte longe le terrain. Elle s’accompagne désormais de buttes et monticules pour abriter des thyms citronnés et romarins. Ces structures particulières (swale), très prisées en permaculture, permettent d’activer la complexité des microclimats – ombre-soleil; humide-sec – tout en augmentant la surface de culture. Ici, le cultivateur fait dans la dentelle: en fauchant un coin au fil tournant ici; en installant des poquets de fleurs du genre soucis, bleuet, cosmos, lin là; voire des semis de gesse printanière et de fenugrec, deux légumineuses florifères, la seconde pouvant fournir une épice aromatique (celle du Chabziger!). Dans l’unité de maraîchage, le cultivateur a préparé les bandes qui devront accueillir les passiflores et les tomates. La technique utilisée, celle du faux semis, consiste à préparer comme pour installer. Après une dizaine de jours d’attente, on espère que la majorité des graines d’adventices ont germé. Un coup de sarclage superficiel les détruira et la nouvelle culture se trouvera sans concurrence, ou presque! TECHNIQUES CULTURALES Nouvelles des firmes L’Année internationale des sols au FiBL Pour des champs sains L’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) étudie le sol et sa fertilité et lance de nouveaux projets sur cette thématique. Son engagement ne se limite pas à 2015: pour l’institut, chaque année est une année du sol. n sol sain et fertile peut nourrir des milliards d’êtres humains. Mais c’est aussi une mince et fragile pellicule à la surface de la planète que dégrade une agriculture intensive, non respectueuse de l’environnement. La sécurité de l’alimentation mondiale est donc dans les mains des paysans qui entretiennent le sol de leurs champs avec amour. A l’occasion de l’Année internationale des sols, l’Organisation des Nations Unies souhaite mettre en lumière l’importance de ces pratiques qui préservent le sol. U La fertilité du sol Le sol est également un thème majeur au FiBL. En coopération avec des agriculteurs et des constructeurs de machines agricoles, les scientifiques et les vulgarisateurs du FiBL développent des techniques culturales préservant le sol, afin de protéger la terre de l’érosion hydrique et éolienne. L’efficacité de mélanges de bactéries et de champignons comme fertilisants naturels et agents stimulant la santé des plantes est vérifiée. Les cultures intermédiaires, semis de trèfle et cultures associées permettent d’améliorer l’amendement et la fertilité du sol ainsi que les récoltes. Ces méthodes, principalement utilisées par des agriculteurs bio, requièrent beaucoup de connaissances et de patience, contrairement à celles de l’agriculture conventionnelle qui n’hésite pas à recourir aux engrais. Donner une voix au sol Sur son site web, le FiBL met en ligne des informations relatives au sol, en particulier les projets du FiBL, les informations de fond et les actualités concernant cette ressource essentielle que constitue le sol. Par ailleurs, les séminaires spécialisés constituent également une plate-forme importante pour la diffusion des résultats des projets et des études. Des collaborateurs du FiBL ont notamment participé à la «Global Soil Week», récemment organisée à Berlin. Avec des politiques, des scientifiques, des représentants de l’administration et des praticiens, ils ont débattu de la manière d’acquérir, en collaboration avec des familles de paysans, des connaissances sur les bonnes méthodes de culture du sol et de modifier ainsi les pratiques. En fait, le thème de la semaine était de donner une voix au sol. Ci-après, quelques exemples de nouveaux projets au travers desquels le FiBL s’efforce d’atteindre cet objectif. Nouveaux projets Les paysans africains luttent également pour préserver la fertilité du sol. Avec le projet ORM4Soil, le FiBL et ses partenaires s’efforcent, en collaboration avec des agriculteurs et des institutions de développement rural au Mali, au Ghana, au Kenya et en Zambie, d’introduire des techniques innovantes dans les pratiques culturales. Des agronomes, des pédologues, des sociologues, des économistes et des professionnels de la communication travaillent en étroite collaboration. L’utilisation de ressources organiques telles que des engrais animaux, compost, restes de récoltes, légumineuses herbacées et ligneuses est l’approche privilégiée pour l’amélioration et la fertilisation du sol. Pour plus d’informations: www.orm4soil.net Le projet BetterGardens souligne l’importance des espaces verts dans les villes pour les hommes et pour les animaux. Par une approche pluridisciplinaire, des experts en socioéconomie, en sociologie, en pédologie et en biodiversité étudient la motivation des jardiniers dans leur environnement social et élaborent des méthodes et des stratégies pour évaluer la qualité du sol et la biodiversité dans les jardins. Pour plus d’informations: www.bettergardens.ch Au total, vingt partenaires de recherche de treize pays européens participent à l’étude FertilCrop. Ensemble, ils s’efforcent de développer de nouvelles pratiques culturales et des techniques applicables à l’agriculture biologique. Les participants au projet étudient notamment les interactions entre la croissance des adventices et le rendement des cultures en plein champ. Pour plus d’informations: www.fertilcrop.net Huit partenaires de recherche de trois pays d’Afrique occidentale et de Suisse participent au projet Syprobio. Un processus transnational et interdisciplinaire a permis aux producteurs de coton biologique d’Afrique de l’Ouest de définir leurs intérêts et leurs problèmes. Avec l’aide de chercheurs et d’organisations paysannes, ils recherchent des solutions adaptées à leurs champs. Pour plus d’informations: www.syprobio.net/fr SP Les fongicides Revus et Revus MZ ont illustré ces dernières années en Suisse leur fiabilité contre le mildiou. Ils possèdent une forte efficacité sur les feuilles et une rémanence extraordinairement bonne. Revus Top permet également de lutter, en plus du mildiou, contre l’alternariose. Tous les produits Revus contiennent la matière active mandipropamide. Cette dernière est absorbée par les feuilles et les tiges et est transportée jusqu’à la face inférieure des feuilles (action translaminaire). Revus Top, contenant la matière active difénoconazole en supplément, est efficace en plus contre les deux variantes de l’alternariose (Alternariasolani et Alternariaalternata). Les traitements sont effectués selon le plan de traitement établi. SYNGENTA, 8157 DIELSDORF Système de désherbage pour les betteraves à sucre Le système de désherbage Conviso® Smart, développé en commun par KWS Saat SE et Bayer CropScience, repose sur des variétés de betterave à sucre issues de la sélection classique qui sont tolérantes aux herbicides de la classe des inhibiteurs de l’ALS, une classe dotée d’un large spectre de contrôle des mauvaises herbes. Ce système est parfaitement compatible et toléré par les betteraves pendant leur végétation. Conviso® Smart permet un désherbage avec des quantités réduites de matières actives et moins d’applications d‘herbicides. La demande d’homologation du nouvel herbicide de Bayer CropScience a été déposée. L’arrivée des premières variétés tolérantes sur les marchés européens est prévue pour 2018. La tolérance est basée sur une variation naturelle mais très rare d’une enzyme impliquée dans la biosynthèse d’acides aminés essentiels. Des plantes munies de cette variation spécifique ont été recherchées et choisies de façon ciblée afin de sélectionner des variétés Conviso® Smart. KWS SUISSE SA, 4054 BÂLE ET BAYER (SCHWEIZ) AG, CROPSCIENCE, 3052 ZOLLIKOFEN