CHRONIQUE DU BIODIVERGER DE MARCELIN
Le sol en mode paillis, mulch,
fauche, sarclage ou encore hersage
Bernard Messerli
Avec les belles tiédeurs
de mai, la croissance se
manifeste tous azimuts:
sur arbres et arbustes,
légumes et engrais
verts, herbes et fleurs.
Jetons un œil sur les
travaux au sol effectués
par le gestionnaire
et praticien du
biodiverger de Marcelin,
Théo Grossenbacher.
Le mulching – broyage des
herbes – concerne surtout
la zone agroforestière, celle
qui comprend une associa-
tion de pépins (pommiers,
poiriers), noyaux (pêchers et
pruniers) et noyers complan-
tée d’arbus tes de haies melli-
fères.
Pour le passage entre les li -
gnes, utilisation de la tondeu -
se tracteur (ou Honda piéton)
avec conservation, au centre,
d’une bande herbeuse à com -
posan te florale. Dans le rang,
Théo travaille avec la Green-
master mue à la prise de force
du tracteur. Le mulch joue un
rôle de premier ordre en per-
maculture. Il atténue les cha-
leurs élevées sur le sol, par
évaporation et ombrage. Ne
reflétant pas la lumière, il ne
rayonne pas la chaleur accu-
mulée et diminue la réverbé-
ration. Il protège le sol contre
l’érosion, régule l’humidité
et peut servir à freiner le dé-
veloppement d’adventices.
Le côté punk de l’interligne,
avec son iroquois de bande
florale au centre, représente
la technique de la fauche al-
ternée. «L’idée est double: li-
miter la concurrence pour
l’essence plantée (partie fau-
chée) et conserver des abris
pour la petite faune utile
(bande laissée)», précise Pas-
cal Mayor, du Centre de com-
pétence pour les cultures
spéciales, qui copilote le bio-
diverger.
La concurrence peut s’avé-
rer sensible, sur les pommiers
notamment, sans parler du ris -
que de stimuler la présence
des campagnols. D’autres tra-
vaux plus ponctuels ont com-
plété ce mulching; comme le
passage à la débroussailleuse
à l autour des hautes-tiges et
des arbustes à baies. Les haies
composites ont reçu un ap-
port de BRF en leur pied. Ce
bois raméal fragmenté (BRF)
est issu du broyage n de
bran ches de faible diamètre
constitué de bois frais, bour-
geons et feuilles riches en eau
et en produits de la photosyn-
thèse. Utilisé en couverture du
sol, il dynamise le sol quant à
sa vie et sa porosité, avec une
meilleure fertilité à la clé.
Un hersage au motoculteur
dans les passages (2 ×30 m) a
permis le semis de mélanges
oraux pour jachère, en parti-
culier pour encourager l’ins-
tallation des pollinisateurs.
Des semis de luzerne sur les
rangs de deux lignes d’arbres
visent, comme avec toutes les
légumineuses, à fournir de
l’azote par engrais vert.
Désordre biofavorable
Avec son hétérogénéité
maximale, le long triangle con -
sacré à la permaculture fait as-
sez «chenit». Ce qui est gênant
pour l’œil en hiver devient su-
perbe foisonnement de curio-
sités orales au printemps.
Non content de la riche palette
végétale d’entre les ligneux,
semi-ligneux, herbacés, on va
jouer sur le modelage du ter-
rain. Une grande butte longe le
terrain. Elle s’accompagne
désormais de buttes et monti-
cules pour abriter des thyms
citronnés et romarins. Ces
structures particulières (swa -
le), très prisées en permacul-
ture, permettent d’activer la
complexité des microclimats –
ombre-soleil; humide-sec –
tout en augmentant la surface
de culture. Ici, le cultivateur
fait dans la dentelle: en fau-
chant un coin au l tournant
ici; en installant des poquets
de eurs du genre soucis,
bleuet, cosmos, lin là; voire
des semis de gesse printanière
et de fenugrec, deux légumi-
neuses orifères, la seconde
pouvant fournir une épice aro-
matique (celle du Chabziger!).
Dans l’unité de maraîchage, le
cultivateur a préparé les ban -
des qui devront accueillir les
passiores et les tomates. La
technique utilisée, celle du
faux semis, consiste à prépa-
rer comme pour installer.
Après une dizaine de jours
d’attente, on espère que la ma-
jorité des graines d’adventices
ont germé. Un coup de sarcla -
ge superciel les détruira et la
nouvelle culture se trouvera
sans concurrence, ou presque!
Bande florale favorable aux auxiliaires, avec un risque pour
les campagnols terrestres! B. MESSERLI
Par les belles tiédeurs de mai, le papillon machaon profite de la grande diversité florale
du triangle en permaculture. B. MESSERLI
L’Institut de recherche
de l’agriculture
biologique (FiBL) étudie
le sol et sa fertilité
et lance de nouveaux
projets sur cette
thématique. Son
engagement ne se
limite pas à 2015: pour
l’institut, chaque année
est une année du sol.
Un sol sain et fertile peut
nourrir des milliards
d’êtres humains. Mais c’est
aussi une mince et fragile pel-
licule à la surface de la planète
que dégrade une agriculture
intensive, non respectueuse
de l’environnement. La sécu-
rité de l’alimentation mon-
diale est donc dans les mains
des paysans qui entretiennent
le sol de leurs champs avec
amour. A l’occasion de l’Année
internationale des sols, l’Orga-
nisation des Nations Unies
souhaite mettre en lumière
l’importance de ces pratiques
qui préservent le sol.
La fertilité du sol
Le sol est également un thè -
me majeur au FiBL. En coopé-
ration avec des agriculteurs et
des constructeurs de machi -
nes agricoles, les scientiques
et les vulgarisateurs du FiBL
développent des techniques
culturales préservant le sol,
an de protéger la terre de
l’érosion hydrique et éolienne.
L’efcacité de mélanges de
bactéries et de champignons
comme fertilisants naturels
et agents stimulant la santé
des plantes est vériée. Les
cultu res intermédiaires, se-
mis de trèe et cultures asso-
ciées permettent d’améliorer
l’amendement et la fertilité du
sol ainsi que les récoltes. Ces
méthodes, principalement uti-
lisées par des agriculteurs bio,
requièrent beaucoup de con -
naissances et de patience, con -
trairement à celles de l’agricul-
ture conventionnelle qui n’hé-
site pas à recourir aux engrais.
Donner une voix au sol
Sur son site web, le FiBL
met en ligne des informations
relatives au sol, en particulier
les projets du FiBL, les infor-
mations de fond et les actuali-
tés concernant cette ressour -
ce essentielle que constitue le
sol. Par ailleurs, les séminaires
spécialisés constituent égale-
ment une plate-forme impor-
tante pour la diffusion des ré-
sultats des projets et des étu -
des. Des collaborateurs du
FiBL ont notamment participé
à la «Global Soil Week», récem-
ment organisée à Berlin. Avec
des politiques, des scientiq -
ues, des représentants de l’ad-
ministration et des praticiens,
ils ont débattu de la manière
d’acquérir, en collaboration
avec des familles de paysans,
des connaissances sur les
bon nes méthodes de culture
du sol et de modier ainsi les
pratiques. En fait, le thème
de la semaine était de donner
une voix au sol. Ci-après, quel -
ques exemples de nouveaux
projets au travers desquels le
FiBL s’efforce d’atteindre cet
objectif.
Nouveaux projets
Les paysans africains lut-
tent également pour préserver
la fertilité du sol. Avec le pro-
jet ORM4Soil, le FiBL et ses
partenaires s’efforcent, en col-
laboration avec des agricul-
teurs et des institutions de dé-
veloppement rural au Mali, au
Ghana, au Kenya et en Zambie,
d’introduire des techniques
innovantes dans les pratiques
culturales. Des agronomes,
des pédologues, des sociolo -
gues, des économistes et des
professionnels de la communi-
cation travaillent en étroite
collaboration. L’utilisation de
ressources organiques telles
que des engrais animaux, com-
post, restes de récoltes, légu-
mineuses herbacées et ligneu -
ses est l’approche privilégiée
pour l’amélioration et la fertili-
sation du sol. Pour plus d’in-
formations: www.orm4soil.net
Le projet BetterGardens
souligne l’importance des es-
paces verts dans les villes
pour les hommes et pour les
animaux. Par une approche
pluridisciplinaire, des experts
en socioéconomie, en sociolo-
gie, en pédologie et en biodi-
versité étudient la motivation
des jardiniers dans leur envi-
ronnement social et élaborent
des méthodes et des straté-
gies pour évaluer la qualité du
sol et la biodiversité dans les
jardins. Pour plus d’informa-
tions: www.bettergardens.ch
Au total, vingt partenai-
res de recherche de treize
pays européens participent à
l’étu de FertilCrop. Ensemble,
ils s’efforcent de développer
de nouvelles pratiques cultu-
rales et des techniques appli-
cables à l’agriculture biolo-
gique. Les participants au pro-
jet étudient notamment les
interactions entre la crois-
sance des adventices et le ren-
dement des cultures en plein
champ. Pour plus d’informa-
tions: www.fertilcrop.net
Huit partenaires de recher -
che de trois pays d’Afrique
occidentale et de Suisse par-
ticipent au projet Syprobio.
Un processus transnational et
interdisciplinaire a permis aux
producteurs de coton biolo-
gi que d’Afrique de l’Ouest de
dénir leurs intérêts et leurs
problèmes. Avec l’aide de
chercheurs et d’organisations
pay sannes, ils recherchent des
solutions adaptées à leurs
champs. Pour plus d’informa-
tions: www.syprobio.net/fr
SP
Nouvelles des firmes
Pour des champs sains
Les fongicides Revus et Revus MZ ont illustréces der-
nières années en Suisse leur fiabilité contre le mildiou.
Ils possèdent une forte efficacité sur les feuilles et une ré-
manence extraordinairement bonne. Revus Top permet
également de lutter, en plus du mildiou, contre l’alterna-
riose. Tous les produits Revus contiennent la matière
active mandipropamide. Cette dernière est absorbée par
les feuilles et les tiges et esttransportée jusqu’à la face
inférieure des feuilles (action translaminaire). Revus Top,
contenant la matière active difénoconazole en supplé-
ment, est efficace en plus contre les deux variantes de
l’alternariose (Alternariasolani et Alternariaalternata). Les
traitements sont effectués selon le plan de traitement
établi.
SYNGENTA, 8157 DIELSDORF
Système de désherbage
pour les betteraves à sucre
Le système de désherbage Conviso®Smart, développé
en commun par KWS Saat SE et Bayer CropScience, re-
pose sur des variétés de betterave à sucre issues de la sé-
lection classique qui sont tolérantes aux herbicides de la
classe des inhibiteurs de l’ALS, une classe dotée d’un
large spectre de contrôle des mauvaises herbes.
Ce système est parfaitement compatible et toléré par
les betteraves pendant leur végétation. Conviso®Smart
permet un désherbage avec des quantités réduites de
matières actives et moins d’applications d‘herbicides. La
demande d’homologation du nouvel herbicide de Bayer
CropScience a été déposée.
L’arrivée des premières variétés tolérantes sur les mar-
chés européens est prévue pour 2018. La tolérance est
basée sur une variation naturelle mais très rare d’une
enzyme impliquée dans la biosynthèse d’acides aminés
essentiels.
Des plantes munies de cette variation spécifique ont
été recherchées et choisies de façon ciblée afin de sélec-
tionner des variétés Conviso®Smart.
KWS SUISSE SA, 4054 BÂLE
ET BAYER (SCHWEIZ) AG,
CROPSCIENCE, 3052 ZOLLIKOFEN
TECHNIQUES CULTURALES
L’Année internationale des sols au FiBL
22 Production végétale Vendredi 22 mai 2015