devrait progressivement marginaliser
les critiques. Les mêmes médias grand
publics qui brocardent, souvent par
ignorance, les phénomènes d'addic-
tion ou d'agressivité pourraient deve-
nir d'ardents défenseurs de la « liberté
de création » sitôt que le groupe télévi-
suel qui les emploie aura commencé à
investir dans le jeu vidéo.
Sous le signe de l'hexagone
Quelle est la situation en France ?
Un temps présentée comme un épou-
vantail réactionnaire, l'association Fa-
milles de France affirme se consacrer
désormais à des travaux d'information
et de sensibilisation (voir ci-contre). Au
niveau législatif, un projet de loi contre
les jeux violents avait été déposé en
1999, puis représenté en 2002, avant
de tomber dans l'oubli. Pour des pou-
voirs publics somme toute pragmati-
ques, le jeu représente d'avantage un
marché à conquérir qu'une activité à
brider. En ce sens, la loi du 5 mars 2007
prévoit d'accorder un crédit d'impôt
pour aider les studios français. Il sera
cependant refusé aux jeux compor-
tant des séquences à caractères por-
nographiques ou ultra-violents. Mais
pour l'heure, pas de législation direc-
tement répressive à l'horizon. La loi
sur la prévention de la délinquance,
votée en 2007, a finalement abouti à la
création prochaine d'une haute auto-
rité qui s'attachera d'abord à revoir
la signalétique des produits. Rien de
franchement liberticide.
Notre pays n'est pourtant pas à
l'abri d'un député ou d'un ministre en
manque de publicité. Et la loi permet
par exemple d'attaquer un distribu-
teur qui laisserait un mineur acquérir
un jeu 18+ (soyons honnêtes, les maga-
sins les contrôlent très rarement). Les
lobbyistes en contact avec les politi-
ques nous ont confié que ces derniers
étaient stupéfaits à la vue d'une scène
de GTA 4. Paradoxalement, c'est sans
doute le fait qu'ils connaissent à peine
l'existence des jeux vidéo qui nous
évite une croisade bon marché.
En attendant cette éventualité, le
temps joue pour nous : la génération
biberonnée aux pixels devient adulte
et elle est vaccinée contre les fan-
tasmes de tous les croisés. Dans les
médias, on devine déjà que certains
reportages, comme par hasard les
moins caricaturaux, sont le fait de jeu-
nes journalistes eux-mêmes joueurs.
Comme le concluait Christiane Therry,
déléguée générale de Famille de Fran-
ce : « Dans 10 ans, nous n'aurons plus
besoin d'alerter les parents sur les jeux
vidéo. Ils seront déjà initiés ». De fait,
les anciens joueurs de GTA sauront
mieux que quiconque ce qu'il convient
de laisser à portée de leurs enfants.
Des jeux comme Manhunt ou Carmaggedon racolent les ados en jouant la carte de la transgression bête et méchante. Un peu comme un certain cinéma leur vend
des flingues, des bagnoles et du sexe : tout simplement parce que ça se vend.