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Avant de développer le sujet, on peut s’interroger sur le nom qui a été
donné à cette croisade en la nommant «Croisade contre les Albigeois».
Les habitants d’Albi ne semblent pas plus gagnés aux idées hérétiques
que les autres et Albi n’a pas joué un grand rôle dans l’histoire cathare.
Le terme fait surement référence à un colloque organisé en 1165 à l’issu
duquel l’évêque d’Albi a déclaré publiquement les « bons hommes »
comme hérétiques.
Innocent III, devenu Pape en 1198, s’est fixé pour but l’unification du
monde chrétien, but qu’il poursuivra au cours des dix-huit années de son
règne. Il fera de la lutte contre l’hérésie cathare du sud de la France son
objectif premier et utilisera les grands moyens. L’assassinat de son légat,
Pierre de Castelnau, en 1208, est l’excuse qui lui permettra de justifier
la croisade.
Si le roi de France refuse de s’engager dans cette répression, plusieurs
grands vassaux se joignent à la croisade, plus motivés par la perspective
de s’approprier les terres du Languedoc que par la volonté de mettre les
hérétiques dans le droit chemin...
Les croisés se dirigent tout d’abord vers Béziers, fief du jeune Vicomte
Raimond-Roger Trencavel. Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, qui mène
la croisade, estime qu’une démonstration de force est nécessaire. Le 22
juillet 1209, les croisés donnent l’assaut. On rapporte que la population
entière a été massacrée, catholiques y compris. L’histoire retiendra la
phrase attribuée au légat du Pape pour distinguer les hérétiques des
catholiques, «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !».
Le 26 juillet, les croisés quittent Béziers pour se rendre à Carcassonne
où ils arrivent le 1er août. Le surlendemain, ils se rendent maîtres des
points d’eau, incitant le vicomte Raimond-Roger Trencavel à négocier
la reddition. Un accord est conclu le 15 août. Trencavel se livre comme
otage et meurt peu après, dans sa prison de la cité de Carcassonne,
à l’âge de 24 ans dans des conditions mystérieuses... C’est Simon de
Montfort, un homme ambitieux et cruel qui s’évertuera, neuf ans durant,
à chasser les hérétiques de ses nouveaux domaines, en donnant toute la
mesure de son endurance peu commune et de son génie militaire.
De grands bûchers s’allument sur le passage des Croisés. Montfort et ses
troupes assiègent Minerve, qui se rend en juillet 1210. Lastours dépose
les armes en mars 1211, puis c’est le tour de Lavaur.
En 1217, Raimond VI réussit à reprendre Toulouse. Simon de Montfort,
prévenu, revient et assiège sa propre capitale. C’est ainsi que, lors d’un
combat, il trouve la mort le 25 juin 1218, la tête broyée par un boulet
de catapulte actionnée, dit-on, par des femmes toulousaines. Très vite le
sort des armes se met à basculer en faveur des princes occitans. Dans
les cinq ans qui suivent le décès de Simon de Montfort, les Français sont
obligés de laisser les anciennes possessions du comte de Toulouse et
celles des Trencavel.
En 1229, Raimond VII est invité à se rendre à Meaux pour signer un
Traité le 12 avril. Raimond VII s’engage ainsi à lutter contre l’hérésie et
promet de restituer au clergé les biens et les droits, prendre la croix pour
la Terre sainte et s’acquitter d’une lourde amende. En 1233, devant
l’inefficacité de la lutte contre l’hérésie par les évêques, le Pape délègue
en Languedoc les tribunaux de l’Inquisition, qu’il confie aux Dominicains,
qui font bientôt régner la terreur parmi les diocèses méridionaux,
n’hésitant pas à brûler les cathares et appelant à la dénonciation. La
résistance cathare se concentre alors sur quelques châteaux pyrénéens,
dont Montségur et Quéribus qui seront pris respectivement en 1244 et
1255. L’Inquisition reste encore active dans cette partie du royaume
pendant près d’un siècle, jusqu’à ce que le catharisme soit complètement
éteint. Le dernier bon homme, Guilhem Bélibaste, meurt sur le bucher à
Villerouge-Termenès en 1321.
LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS
p 4-5 Béziers les pieds dans l’Orb, p 6 Béziers, le moulin de Bagnols
p 7 Béziers, la cathédrale Saint Nazaire