Avertissement PÉPINIÈRES ORNEMENTALES No 04 – 16 mai 2012 EN BREF : La brûlure bactérienne du lilas. Le feu bactérien (brûlure bactérienne des rosacées). La moisissure grise de la pivoine. Taches foliaires sur les hémérocalles. L’alternariose dans les hostas. Nouvelle homologation en Ontario pour un produit injectable à base d’imidaclopride pour contrôler entre autres l’agrile du frêne. LA BRÛLURE BACTÉRIENNE DU LILAS (Pseudomonas syringae) Taxonomie Ordre : Pseudomonadales Famille : Pseudomonadaceae Genre : Pseudomonas Espèce : Syringae État de la situation Les symptômes de brûlure bactérienne du lilas ont été observés la semaine dernière dans les lilas en Montérégie et sur la rive nord de Montréal. Le printemps très pluvieux et les vents violents de ces derniers jours sont propices à la dissémination de la bactérie. Espèces sensibles Syringa sp., particulièrement les cultivars de Syringa vulgaris et Syringa meyeri. D’autres essences sont aussi sensibles à la maladie comme : Acer, Alnus, Cornus, Forsythia, Juglans, Ligustrum, Magnolia, Malus, Philadelphus, Pinus, Populus, Prunus, Pyrus, Quercus, Rosa, Salix, Tilia et Wisteria. e Secrétariat du RAP : 200, chemin Sainte-Foy, 10 étage, Québec (Québec) G1R 4X6 Télécopieur : 418 380-2181 Courriel : [email protected] Téléphone : 418 380-2100, poste 3581 ou 3551 Page Web : http://www.agrireseau.qc.ca/rap Biologie Durant l’hiver, la bactérie hiverne sur les branches et sur les écailles des bourgeons. Au printemps, lorsque le temps est plus chaud et humide, la bactérie se multiplie et pénètre dans la plante par les fleurs, les lenticelles et les blessures diverses. Une période de temps pluvieux et frais favorise le développement de la maladie. Cette bactérie est dite glaçogène, c'est-à-dire qu’elle agit comme catalyseur de la cristallisation de l'eau. En fait, elle provoque le gel des tissus alors que ceux-ci sont à une température qui se situe légèrement au-dessus du point de congélation. Éléments de diagnostic Les fleurs, les bourgeons et quelquefois des pousses entières prennent un aspect desséché ou noirci comme s’ils avaient été brûlés. Présence de lésions brun foncé avec un halo jaunâtre de formes irrégulières ou circulaires sur les feuilles. Les jeunes tiges ou fleurs atteintes prennent la forme de crosses typique à la maladie. Stratégies d’intervention Lutte préventive Fertiliser les plants après les derniers risques de gel. Une fertilisation trop hâtive favorise une croissance luxuriante des plants, les rendant ainsi plus vulnérables à la maladie. Par temps sec, tailler les parties affectées jusqu’aux tissus sains. Désinfecter le sécateur entre chaque coupe. Brûler les débris de coupe. Éviter une fertilisation trop riche en azote. L’irrigation à l’aide d’un système goutte à goutte est à privilégier. Éviter de placer les plants trop tassés. Lutte chimique Application de FONGICIDE CUIVRE EN VAPORISATEUR (fongicide à base de cuivre fixe). Les meilleurs moments pour faire un traitement sont à l’automne avant d’abrier les plants et le printemps après l’enlèvement des protections hivernales ou avant le débourrement. Source : IQDHO PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 2 LE FEU BACTÉRIEN (BRÛLURE BACTÉRIENNE DES ROSACÉES) (Erwinia amylovora) Taxonomie Ordre : Enterobacteriales Famille : Enterobacteriaceae Genre : Erwinia Espèce : Amylovora État de la situation Les pommiers et les pommetiers du sud de la province sont en pleine floraison. Il s’agit de la période critique pour la transmission de la bactérie à d’autres arbres par les insectes pollinisateurs. Les premiers dommages apparaîtront plus tard durant la saison de croissance. Pour plus d’information, vous pouvez lire l’avertissement No 06 du réseau pommier du 18 mai 2011 (http://www.agrireseau.qc.ca/Rap/documents/a06pom11.pdf). Hôtes principaux Cotoneaster sp., Crataegus sp., Cydonia sp., Malus sp., Pyrus sp., Pyracantha sp., Sorbus sp. et Spiraea sp. Éléments de diagnostic Dessèchement et brunissement des inflorescences et des pousses tendres. Pédoncules floraux devenant nécrosés. Lésions progressant à partir des tiges vers les branches secondaires, puis vers les branches charpentières et finalement vers le tronc. Ces lésions sont de couleur rouge-brun et ont un aspect humide et brillant. Présence d'exsudat bactérien de couleur miel. Présence de chancres sur les branches, les charpentières et le tronc. Présence de stries brun rougeâtre sur les parties ligneuses atteintes. Dépression et décollement de l'écorce. Biologie La bactérie hiverne sur les chancres présents sur les troncs et les branches. Au printemps, lorsque le temps est chaud (plus de 18 °C) et pluvieux, la bactérie se multiplie, exsude des parties infectées des troncs et des branches et pénètre dans la plante par les fleurs, les lenticelles, les stomates et les blessures de taille, de greffe ou de grêle. La floraison est la période la plus critique pour la transmission de la maladie. La bactérie est disséminée d’une plante à l’autre ou d’une partie à l’autre d’une même plante par le vent, les oiseaux, les insectes pollinisateurs et les outils de taille. Plus la saison avance, moins il y a d’infections. Des chancres apparaissent au cours de la saison. Ils forment d’abord des zones déprimées qui se fissurent par la suite. Stratégies d'intervention Intervenir dès l’apparition des symptômes pour sauver la plante. La maladie se transmet rapidement lorsque le temps est pluvieux. PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 3 Mesures préventives Tailler en été par temps sec les parties atteintes en excisant au moins 30 cm de tissus sains et en prenant soin de désinfecter à l'alcool les outils de taille entre chaque coupe. En hiver, les tailles peuvent être faites à 2 cm des tissus atteints. Éliminer les arbres malades à l’extérieur de la pépinière (pommiers, pommetiers, aubépines sauvages, etc.). Éviter d’introduire des plants atteints dans la pépinière et de planter des végétaux sensibles les uns près des autres. Sélectionner des espèces et des cultivars résistants à cette maladie. Une croissance importante, causée par un excès d’azote ou par une taille qui stimule et prolonge la croissance à l'automne, prédispose les arbres à l’infection. Éviter de mouiller le feuillage pendant une longue période si les risques d'infection sont élevés. Dépister fréquemment les arbres de la famille des rosacées pour détruire tout foyer d'infection le plus rapidement possible. Lutte chimique Des applications d’une solution à base de cuivre au stade débourrement avancé, surtout pendant le début de la floraison ou à l'automne, peuvent contrôler la progression de la maladie. Des produits à base de streptomycine, tel le STREPTOMYCIN 17, sont homologués pour l’application sur les arbres fruitiers. Feu bactérien sur Malus sp. Source : IQDHO LA MOISISSURE GRISE DE LA PIVOINE (Botrytis paeoniae) Taxonomie Ordre : Helotiales Famille : Sclerotiniaceae Genre : Botrytis Espèce : Paeoniae PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 4 État de la situation Depuis les dernières semaines, nous observons une infection sévère de moisissure grise dans plusieurs variétés de pivoines, incluant les nouveaux cultivars. Hôtes préférés Paeonia sp. Biologie La maladie est favorisée lorsque les conditions sont pluvieuses pendant plusieurs jours successifs et lorsque la température est fraîche (entre 15 et 20 °C). Elle peut aussi se développer aussitôt que la température dépasse 0 °C. La maladie affecte souvent les tiges lorsque celles-ci émergent du sol. À la fin de l’été, les sclérotes se développent sur des tissus morts qui jonchent le sol. Ces sclérotes hivernent au sol et affectent à nouveau les plants la saison suivante, lors du débourrement. Éléments de diagnostic Les tiges affectées noircissent, meurent et se recourbent en forme de crosse. La croissance des plants ou de certaines tiges est faible. Des taches foliaires de couleur rouge se développent sur le limbe. Certaines tiges sur les plants montrent peu de croissance ou sont rabougries, tandis que d’autres se développent normalement. Les plants faibles peuvent mourir. Les plants cultivés en contenants sont plus affectés que ceux produits en pleine terre. Les plants affectés par le gel sont plus sensibles à cette maladie. Stratégies d’intervention Méthode préventive Évitez les excès d’irrigation sur les plants en contenants. À l’automne, coupez le feuillage près du sol et brûlez-le, sinon jetez-le. Espacez suffisamment les pots afin de favoriser une bonne circulation d’air entre les plants. Sur les aires de vente ou de production et dans les aménagements paysagers, assurez-vous d’espacer suffisamment les plants afin de favoriser une bonne circulation de l’air. L’application de paillis autour des plants de pivoine est à déconseiller, car celui-ci garde l’humidité et peut favoriser le développement de la maladie. Lors de l’application d’engrais granulaire, faites attention de ne pas concentrer les granules au collet des plants. Méthode physique Taillez près du sol et brûlez toutes les parties affectées. Désinfectez le sécateur entre chaque coupe. Méthode chimique Utilisez un fongicide qui contrôle bien le Botrytis cinerea en général, comme DECREE (fenhexamide), ROVRAL (iprodione), DACONIL (chlorothalonil) ou MANZATE (mancozèbe). PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 5 Source : IQDHO Source : IQDHO TACHES FOLIAIRES SUR LES HÉMÉROCALLES (Aureobasidium microstictum) Taxonomie Ordre : Dothideales Famille : Dothioraceae Genre : Aureobasidium Espèce : Microstictum État de la situation Plusieurs hémérocalles, produites surtout à l’extérieur, montrent des symptômes de taches foliaires. Les dernières pluies et les observations sur le terrain laissent croire que la maladie risque de devenir très envahissante dans les prochains jours, si des périodes de pluies sont prévues. Éléments de diagnostic Au début, les feuilles infectées développent des taches d’aspect mouillé de couleur vert foncé. Les taches deviennent ensuite jaune doré à rouges, avec une forme légèrement allongée. Plusieurs taches peuvent se regrouper pour former une brûlure venant à affecter une partie importante du feuillage. Une légère déformation du plant peut être présente. Les vieilles feuilles sont généralement infectées en premier. Biologie – – – – Le champignon survit à l’hiver dans du matériel végétal infecté. Au printemps, les spores sont relâchées durant les périodes humides et disséminées à l’aide des éclaboussures de la pluie ou du système d’irrigation. L’infestation peut aussi se faire par le biais de la friction des feuilles. L’infestation se poursuit pendant l’été durant les périodes chaudes et humides. PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 6 – – À la fin de l’été, le champignon produit des structures qui ressemblent à de petites graines noires appelées sclérotes. Celles-ci sont produites dans les vieilles feuilles qui dépérissent. Les sclérotes survivent à l’hiver et produisent de nouvelles infestations le printemps suivant. Stratégies d’intervention Mesures préventives Ce champignon se propage d’une plante à l’autre, principalement par les éclaboussures d’eau lors des irrigations, les outils infectés ou les mains, et ce, spécialement si le feuillage est mouillé. Lorsque les symptômes sont observés sur les plantes, faites attention lors des manipulations comme par exemple le sarclage. Arroser directement dans le pot plutôt que sur le feuillage afin d’éviter la propagation de la maladie sur les plants sains. Isoler les plantes présentant des symptômes de celles qui sont asymptomatiques, afin de limiter les risques de contamination. Lutte chimique L’application de fongicide en prévention dès le débourrement des plants est un moyen de lutte efficace contre cette maladie. L’application de traitements hebdomadaires pourrait également s’avérer nécessaire lors de périodes de pluies ou lorsque la pression de la maladie est grande. Malheureusement, au Canada, il n’y a aucun fongicide homologué pour lutter spécifiquement contre l’Aureobasidium microstictum. Taches foliaires causées par l’Aureobasidium microstictum sur hémérocalles. Source : IQDHO Taches foliaires causées par l’Aureobasidium microstictum sur hémérocalles. Source : IQDHO PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 7 L’ALTERNARIOSE DANS LES HOSTAS (Alternaria spp.) Taxonomie Ordre : Pleosporales Famille : Pleosporaceae Genre : Alternaria État de la situation Les conditions climatiques des dernières semaines ont favorisé le développement de l’alternariose dans quelques variétés de hosta. Biologie Le champignon (Alternaria) libère ses spores quand les conditions sont humides. Il se multiplie de façon asexuée et ses conidies (spores asexuées) sont disséminées par les éclaboussures d’eau, les mouvements de l’air et le vent. Outre son caractère phytopathogène, Alternaria est également un organisme saprophyte qui se développe bien sur du matériel végétal sénescent ou mort. Éléments de diagnostic Taches foliaires arrondies avec une marge brun-rouge. Des masses de spores brun foncé couvrent les taches quand l’humidité est très élevée. Taches foliaires causées par Alternaria sur des feuilles de hosta. Source : IQDHO PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 8 Stratégies d’intervention Méthodes préventives Évitez d’irriguer le dessus des feuilles en fin de journée et lors des journées nuageuses. Couper les feuilles infectées. Lutte chimique Au Canada, aucun fongicide n’est homologué sur les plantes ornementales pour lutter contre l’alternariose. NOUVELLE HOMOLOGATION EN ONTARIO POUR UN PRODUIT INJECTABLE À BASE D’IMIDACLOPRIDE POUR CONTRÔLER ENTRE AUTRES L’AGRILE DU FRÊNE Le CONFIDOR 200 SL (imidaclopride) a nouvellement été homologué en Ontario, pour contrôler entre autres l’agrile du frêne. Ce renseignement vous est livré strictement à titre informatif pour mettre en lumière les efforts mis de l’avant pour contrôler cet insecte en Ontario. Voici une copie de l’étiquette : http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/1_1/view_label?p_ukid=22331439. Dans la section 5.1 du rapport d’évaluation de Santé Canada, on parle d’une certaine efficacité contre l’agrile du frêne : http://publications.gc.ca/collections/collection_2011/sc-hc/H113-26-2011-3-fra.pdf. Texte rédigé par : Mario Comtois, agronome, B. Sc. Biol., Institut québécois du développement de l'horticulture ornementale LE GROUPE D'EXPERTS EN PROTECTION DES PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Mario Comtois, agronome, B. Sc. Biol. – Conseiller en pépinière – Avertisseur Institut québécois du développement de l'horticulture ornementale 3230, rue Sicotte, bureau E-307, Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 2M2 Téléphone : 450 778-6514 – Télécopieur : 450 778-6537 Courriel : [email protected] Édition et mise en page : Louise Thériault, agronome et Cindy Ouellet, RAP © Reproduction intégrale autorisée en mentionnant toujours la source du document Réseau d'avertissements phytosanitaires – Avertissement No 04 – pépinières ornementales – 16 mai 2012 PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 04 – 2012, page 9