Akram KACHEE étudie des facteurs économiques à l'origine de la crise
syrienne, ce qui permet de sortir d'une vision « accidentelle » des
événements. Cette société syrienne a, en effet, connu de grands
changements dans la décennie qui a précédé le déclenchement du conflit
actuel. L'économie de prédation institutionnalisée sous le régime des
Assad (père et fils) a ouvert la voie à la violence et l'économie de guerre.
Les groupes armés reprennent à leur compte les réseaux humains,
économiques et logistiques qui étaient présents avant 2011. La situation
actuelle est donc à envisager dans une complexité ancrée dans les
contextes locaux préexistants. Ce caractère morcelé et fragmenté du phénomène de crise ne fait
que rendre plus ardue la recherche d'une solution politique viable.
Mourad OUCHICHI part du constat de l’impasse méthodologique à
laquelle sont confrontés les économistes s’intéressant au fonctionnement de
l’économie algérienne, s’ils se fondent uniquement sur les théories
économiques orthodoxes. Il propose d’ouvrir une nouvelle piste de
recherche afin de comprendre les dysfonctionnements qui caractérisent la
sphère marchande algérienne. En effet, la nature spécifique des institutions
algériennes permet de rendre largement compte de la persistance du
caractère rentier du capitalisme en Algérie. Dans ce sens, le recours à
l’économie institutionnelle comme grille d’analyse est d’un apport salutaire.
Abdallah ZOUACHE s’interroge sur l'impact de l'héritage colonial sur les
sentiers de développement des pays arabes après l'indépendance. Sa
réflexion s'inscrit dans la lignée des travaux récents de la littérature
institutionnaliste qui intègrent la colonisation dans une analyse des
problèmes de développement. Néanmoins, l'analyse s'inspire plutôt du cadre
théorique des anciens institutionnalistes, Veblen et Commons, car il met en
avant le rôle des habitudes, coutumes, instincts et routines, pour expliquer la
persistance du comportement prédateur des anciennes élites coloniales
parmi les élites actuelles dans le monde arabe.
Boutros LABAKI estime que l'économie institutionnelle a un champ
d'application privilégié dans le Machrek ottoman puis arabe. Ceci est trop peu
souligné, quoique cette approche puisse expliquer certains changements
sociopolitiques et économiques de la région. Ainsi, les Tanzimat ont joué un
rôle dans le passage d'un capitalisme périphérique d'enclave, relais urbain du
commerce plus ou moins lointain, à un capitalisme qui s'enracine dans le
monde rural et agricole. Après l’échec des étatismes de l’ère des
indépendances, l'irruption massive d'une rente pétrolière en Algérie, en Libye
et dans les pays du Golfe, durant les années 1970, favorise un capital financier
avec ses “ réformes ” (plus ou moins libérales) et son “ ouverture
économique ”. Il s'accompagne de la montée d'une nouvelle bourgeoisie locale, des capitalistes
du Golfe et leurs Etats, et du recul partiel de l'emprise étatique. Mais, ce type de capitalisme pose
des problèmes redoutables en termes politiques et sociaux.