PROGRAMMATION DE L’AUTO-IMMUNITÉ AVANT ET APRÈS LA NAISSANCE 17
l’induction d’une tolérance centrale. Des observations de patients présentant des DIP
ont également apporté des arguments du rôle essentiel des Treg dans la suppression
des lymphocytes T autoréactifs périphériques. Les leçons apprises dans les DIP
ont élargi notre compréhension de la façon dont une prolifération homéostatique et
une augmentation de la charge de cellules apoptotiques et de pathogènes exogènes
ou une diminution de leur élimination peut aboutir à une rupture de la tolérance
périphérique. L’auto-immunité dans les défi cits immunitaires primitifs est due à une
programmation défaillante des réponses immunitaires normales.
Un groupe de DIP dans lesquels plus de 80 p. 100 des patients présentent des
manifestations auto-immunes peut être classifi é comme des maladies associées systé-
matiquement à une auto-immunité [16]. Ce groupe comprend la polyendocrinopathie
auto-immune de type I (ou syndrome APECED), le dérèglement immunitaire-poly-
endocrinopathie-entéropathie lié à l’X (IPEX), le syndrome lymphoprolifératif avec
auto-immunité (ALPS, ou syndrome de Canale-Smith) et le syndrome d’Omenn
(OS).
Le syndrome APECED est causé par des mutations du gène AIRE situé sur le
bras long du chromosome 21 [17]. Le facteur AIRE régule l’expression de différents
antigènes tissulaires périphériques dans les cellules épithéliales médullaires du
thymus [6]. Chez les individus non affectés, le facteur AIRE stimule la transcription
de ces antigènes et permet la sélection négative des lymphocytes T auto-réactifs,
ce qui entraîne leur délétion. Le syndrome APECED est une maladie autosomique
récessive rare défi nie par au moins deux des affections suivantes : candidose cuta-
néomuqueuse, hypoparathyroïdie et maladie d’Addison [18]. Les autres manifes-
tations auto-immunes spécifi ques d’organe rencontrées dans ce syndrome sont :
hypothyroïdie, hypogonadisme, diabète de type 1, hépatite auto-immune, anémie
pernicieuse, vitiligo, alopécie, cirrhose biliaire primitive et dysplasie ectodermique.
Le syndrome IPEX est une maladie rare qui a été décrite pour la première fois en
1982 [19]. Il est causé par une mutation du gène codant la molécule Foxp3 (forkhead
box P3) situé sur le bras court du chromosome X. La mutation a pour résultat un
développement défectueux des lymphocytes T régulateurs CD4+CD25+, ce qui
entraîne une augmentation de l’activation des lymphocytes T et de la production de
cytokines. Les patients atteints du syndrome IPEX souffrent d’entérite auto-immune,
de diabète de type 1 apparaissant au cours des premiers mois de vie, d’eczéma,
d’hypothyroïdie, d’anémie hémolytique auto-immune (AHAI), de néphropathies
membraneuses et d’infections récurrentes. Le pronostic est sombre et les patients
décèdent généralement avant l’âge de 2 ans.
L’APLS est la conséquence de mutations des inducteurs d’apoptose majeurs
incluant Fas, le ligand de Fas (Fas-L), la caspase 8 et la caspase 10, ce qui empêche
les lymphocytes activés et en prolifération de subir la mort cellulaire programmée
[14]. L’ALPS est caractérisé par une cytopénie auto-immune, une adénopathie et une
splénomégalie et les patients ont un risque élevé de développement d’une maladie
lymphoproliférative.
Le syndrome d’Omenn est dû à des mutations sur les gènes codant des protéines
qui sont essentielles pour la recombinaison des segments V (variables), D (diversité)
et J (de jonction) des récepteurs T [14]. Neuf protéines de ce type ont été identi-
fi ées, par exemple les molécules de recombinaison activée (Rag) de types 1 et 2.
La diminution de l’activité des protéines Rag1 ou Rag2 entraîne un défi cit sévère
des chaînes bêta des TCR. La raison pour laquelle le syndrome d’Omenn induit