La Confédération
En 1860, sept colonies britanniques distinctes s’étendent de l’Atlantique au Pacifique en Amérique du
Nord. Les cinq colonies de l’Est (Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard,
Nouveau-Brunswick et Canada) sont séparées de la Colombie-Britannique et de l’île de Vancouver par
l’immense espace qu’occupent la Terre de Rupert et les Territoires du Nord-Ouest. Chaque colonie a son
propre gouverneur nommé par Londres, et les assemblées législatives élues ainsi que les ministres des cinq
colonies de l’Est dirigent le gouvernement local.
Forces en faveur d’un changement
Les nécessités militaires, économiques et politiques incitent les chefs politiques des colonies à proposer
l’union de certaines colonies, ou même de toutes les colonies. Au moment où la guerre de
Sécession (1861-1865) atteint son point culminant, l’armée nordiste victorieuse constitue une menace
réelle. Les colonies de l’Amérique du Nord britannique craignent d’être annexées de force par leurs voisins
américains. Des vétérans de la guerre de Sécession se joignent au mouvement des féniens. Leurs raids le
long de la rivière Niagara et la bataille de Ridgeway (2 juin 1866) mettent en lumière la vulnérabilité des
colonies séparées. À la même époque, le gouvernement britannique souhaite que les colonies commencent
à organiser leur propre défense et à en assumer le coût.
Le commerce est une autre source de désaccord avec les États-Unis. Un « traité de réciprocité », ou accord
de réduction des tarifs, avait été signé en 1854 et avait apporté la prospérité économique aux colonies. Les
Américains refusent de le renouveler en 1866, ce qui perturbe le commerce et force les colonies
britanniques à envisager de devenir des partenaires commerciaux. Pour que le commerce intérieur
compense les pertes subies, il faut qu’un chemin de fer relie les marchés des Maritimes et du Canada. Un
chemin de fer intercolonial unissant le Canada et les Maritimes stimulerait le développement économique
et faciliterait le déplacement des troupes s’il fallait se défendre contre une attaque des Américains.
Dans la colonie du Canada, d’autres pressions importantes s’exercent en faveur du changement. Les
différences religieuses et culturelles entre le Haut-Canada (Ontario) et le Bas-Canada (Québec) rendent leur
gouvernement commun instable. Les priorités des deux communautés diffèrent et le gouvernement a de la
difficulté à obtenir l’assentiment nécessaire pour diriger la colonie. Mais les colons canadiens sont
également enthousiastes à l’idée d’étendre l’union à l’ouest en y incluant le nord-ouest, la
Colombie-Britannique et l’île de Vancouver.
Négociations, compromis et dissension
Comme les colonies de l’est de l’Amérique du Nord britannique sont autonomes, leur structure politique
leur permet de négocier une nouvelle forme de gouvernement. Les discussions s’amorcent en 1864 à la
conférence de Charlottetown, organisée pour débattre de l’union des colonies maritimes. Une délégation du
Canada se joint aux chefs politiques de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de
l’Île-du-Prince-Édouard. Les dirigeants politiques conviennent que le fédéralisme apparaît comme une
solution éminemment souhaitable pour régler les problèmes du Canada et dissiper la crainte des colonies
maritimes de perdre leurs gouvernements.