Diriger un théâtre, c'est, en
tant que directeur, être
présent, être là avec les
publics, porter physiquement le
projet. C'est pourquoi, cette
première année, j'ai tenu à vous
faire partager mon travail de
metteur en scène au travers de
deux formes différentes : Je
suis Fassbinder, un théâtre de
l’immédiateté, entre collage et
théâtre total, et Incendies,
fable théâtrale dans la plus
pure tradition de la tragédie
grecque dont Wajdi Mouawad se
revendique clairement. En tant
qu'acteur, monter sur les
planches, dans les deux
spectacles de Pascal Rambert et
dans Je suis Fassbinder, était
aussi un salut que je voulais
vous adresser. Une façon
d'incarner cette place de
directeur. De tout mon être.
Diriger un théâtre, c'est
organiser et orchestrer
d’importants projets d’action
artistique avec les publics.
C’est la partie immergée de
l’iceberg que l'équipe du TNS
porte avec passion et courage,
comme un engagement de chaque
instant.
Pour n'en citer que quelques-uns
: la « Troupe Avenir » a pris
son envol sous la bienveillance
de Lazare la saison passée :
atelier de pratique artistique
à destination de jeunes
d’horizons divers de seize à
vingt-cinq ans n’ayant jamais
fait de théâtre ; c'est la
première pierre d'un
développement important de
l'offre d'ateliers de pratique
artistique que nous allons
mettre en place dans les années
à venir.
Dans le prolongement du
programme Éducation et
Proximité porté en partenariat
la saison dernière avec La
Comédie de Reims et La Colline,
nous amplifierons notre
travail de mixité sociale et
de rencontres entre des classes
de lycées d’enseignement
général et des classes de
lycées professionnels. Ces
rendez-vous inter-lycéens,
composés de formes
spectaculaires accueillies dans
les établissements, de
parcours de spectateurs et de
temps de pratique partagés, se
dérouleront tout au long de la
saison.
De même, en préfiguration de la
création d’une classe théâtre −
et ce grâce au soutien de
l’Académie de Strasbourg −,
un atelier de pratique
associera trois établissements
professionnels d’Illkirch et
proposera, sur la base du
volontariat, à une quinzaine de
jeunes issus de ces
établissements, de s’initier au
jeu, de découvrir les métiers
du théâtre et d'assister à
plusieurs spectacles.
Diriger un théâtre, c'est
veiller à ce qu'une histoire du
théâtre s'écrive et évolue par
des choix clairs et assumés
quant aux missions d’un théâtre
public, telle que la primeur
donnée aux auteurs
d'aujourd'hui. Ma première
saison était résolument
contemporaine, avec le désir
d'affirmer que le théâtre
d’aujourd’hui, dans son écriture
et dans ses formes, dans sa
générosité et dans sa qualité,
n’a rien à envier au théâtre
classique : d'Incendies de
Wajdi Mouawad à Je suis
Fassbinder de Falk Richter en
passant par Clôture de l'amour
de Pascal Rambert... Cette
saison et les suivantes
creuseront ce sillon et feront
confiance à la plume de nos
contemporains. Les fondements de
l'art du théâtre, ce sont des
écrivains qui les posent.
Sophocle était un jeune auteur
contemporain, Molière et
Shakespeare aussi. Si leurs
œuvres sont restées, c'est parce
que leurs pairs les ont fait
circuler. Le TNS prend à bras-
le-corps cette question de la
recherche et de la
responsabilité de faire
apparaître les classiques de
demain. En ce sens, deux
nouveautés remarquables cette
saison : d’une part, la
création du Prix des lycéens
Bernard-Marie Koltès : ce prix
de littérature dramatique
contemporaine permettra d’accom-
pagner des classes de lycéens
d’Alsace vers la lecture de
textes de théâtre nouvellement
édités et sera décerné pour la
première fois en mars 2017. Et,
d’autre part, la naissance
de Parages, revue du Théâtre
National de Strasbourg, dont le
premier numéro est dès à