3 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015
Le PARC du CHÂTEAU de MICHEL PACHA à TAMARIS :
VESTIGE d’une FORME REMARQUABLE de JARDIN
Le Tamaris de France (
Tamarix Gallica
), qui formait des haies le long du rivage du Lazaret et des Sablettes, a sans
doute donné son nom au quartier Tamaris dans lequel se trouve le fort Balaguier : cette plante s’est adaptée au
littoral marécageux et à la salinité du sous-sol.
George Sand, passionnée de botanique, vient en convalescence à Tamaris en 1861 et dépeint les paysages dans le
roman du même nom qu’elle rédige in situ. Elle va initialiser l’activité de
villégiature
du quartier qui sera ensuite
transformé en station climatique par la volonté d’un homme : Marius Michel dit Michel Pacha.
Voici la description de l’arbuste par Georges Sand :
L’arbre n’est pas beau : battu par le vent et tordu par le ot, il est bas, noueux, rampant, échevelé. Mais au prin-
temps, son feuillage grêle se couvre de grappes de petites eurs d’un blanc-rosé qui rappellent le port des bruyères
et qui exhalent une odeur très douce. Une de ces grappes prise à part ne sent rien ou presque rien. La haie entière
sent bon.
Source : http://www.site-marius-autran.com/oeuvres/tome2/george_sand.html
Contexte
Au XIXe siècle, révolution industrielle, progrès techniques et découverte de nombreuses plantes nouvelles transfor-
ment les jardins.
À la n du XIXe siècle, l’
orientalisme
est à la mode, une fascination s’exerce pour un ailleurs imaginé. L’expédition
d’Égypte initiée par Napoléon a ouvert la voie, elle a été une défaite militaire mais une grande réussite au niveau de
la découverte archéologique, culturelle et artistique.
La Côte d’Azur est alors un lieu de villégiature d’hiver, grâce à son climat attractif et aux chemins de fer qui l’ont
rendue accessible. C’est un phénomène essentiel de l’histoire sociale du XIXe siècle.
Sous le second empire, Tamaris qui reste tel que l’avait décrit Georges Sand, est déjà répertorié comme séjour
balnéaire.
Le quartier se présente comme un amphithéâtre tourné vers la mer. Il bénécie de conditions naturelles exception-
nelles, orienté est-ouest, bien exposé au soleil et particulièrement abrité du vent.
Marius Michel (1819-1907), de son côté, rêve d’édier une ville nouvelle. Capitaine au long court, il a amassé sa
fortune comme directeur des phares et balises de l’empire ottoman (il a été fait Pacha par le sultan).
En 1880, il décide de construire sa station climatique d’hiver à Tamaris. Le dessin de sa baie, ses collines boisées et
sa lumière lui rappelle le Bosphore.
Il s’improvise architecte urbaniste et botaniste. Il achète tous les terrains disponibles, comble les marécages, amé-
nage la voierie et conçoit sa station dans un décor qui suggère le voyage.
Casino, poste, débarcadère, palets italiens, chalets suisses, villas orientales, dont certaines d’inspiration néo-mau-
resque… un style éclectique et
exotique
limité à la façade et aux jardins, caractéristique de l’architecture de villé-
giature Belle Époque dans ces années-là.
Le parc
Michel « Pacha » édie son château en l’entourant d’un parc dont l’agencement paysager constitue un résumé de
la station sur environ huit hectares. Une combinaison entre nature et culture, très inspirée du jardin à l’anglaise.
C’est-à-dire avec un traitement paysager du jardin, offrant plus une succession de perspectives qu’un plan géomé-
trique organisé. La nature est domestiquée mais reste reine. Ce jardin, comme beaucoup d’autres sur la Côte d’Azur,
s’adapte à la typographie escarpée du site, les terrasses et les escaliers se superposent. D’autres tracés rectilignes
formés par les allées se juxtaposent à des pentes plus sinueuses.
Nous ne connaissons que par des écrits et quelques cartes postales le jardin de l’époque et le château (très endom-
magé pendant la seconde guerre mondiale et détruit en 1972).