C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South n°25 — printemps 2015 Thérapie cellulaire La thérapie cellulaire a le vent en poupe 2 MaSTherCell 4 Bone Therapeutics 5 © Bone Therapeutics Pluriomics: le "petit nouveau" 6 Ecosystème "thérapie cellulaire" 7 Biopark Formation : plus vite, plus loin grâce au FSE 9 En bref 10 La thérapie cellulaire a le vent en poupe Humeur A quelques jours d’accueillir le B4B-Connection sur la thérapie cellulaire, Dominique Demonté – Directeur du Biopark – et Marie Bouillez – General Manager de l’i-Tech Incubator – dressent le panorama de la thérapie cellulaire aujourd’hui sur le Biopark. Challenge "Thérapie cellulaire" Dès 2008, peu après mon arrivée à la direction de SAMBRINVEST, j’ai été confrontée à mon premier dossier de thérapie cellulaire dans le chef de Bone Therapeutics : il nous proposait de participer à sa première augmentation de capital significative, 3,6 M€. A travers ce dossier, bientôt suivi par d’autres, tels Promethera et MaSTherCell, l’équipe de SAMBRINVEST a acquis peu à peu une véritable connaissance de ce secteur très porteur pour le Biopark de Charleroi d’abord, et plus largement pour la Wallonie. Malgré des contraintes, notamment des process réglementaires, ce secteur reste très attrayant, tant pour les investisseurs que pour les patients, offrant des perspectives de traitement non encore explorées jusqu’ici. A chaque phase d’étude clinique, son lot de bonnes et de moins bonnes nouvelles, avec des passages à vide et des avancées moins rapides qu’attendues, mais en final, des résultats prometteurs. Et pour nous redonner du courage, épinglons la réussite récente de la mise en bourse de Bone Therapeutics. D’autres sociétés wallonnes de thérapie cellulaire vont lui emboîter le pas dans les prochains mois. La réussite de ces challenges, on la doit à l’opiniâtreté des équipes et au soutien des partenaires académiques, financiers, et surtout de la Wallonie. Anne Prignon Administrateur Directeur général SAMBRINVEST 2 Thérapie cellulaire BONE THERAPEUTICS EST ENTRÉ EN BOURSE EN FÉVRIER. UNE BONNE NOUVELLE AUSSI POUR L’AXE THÉRAPIE CELLULAIRE DU BIOPARK ? Marie Bouillez : Certainement puisque Bone Therapeutics, spin-off de l’ULB, a été le premier acteur de thérapie cellulaire sur le Biopark et l’élément déclencheur d’une dynamique. Encore en phase de validation, Bone Therapeutics s’est en effet interrogé : comment, à terme, réussir à produire de grandes quantités ? Cette question nous a interpellé et l’i-Tech Incubator, en collaboration avec BioWin a mené une étude de marché européenne qui a montré qu’il manquait une entreprise de thérapie cellulaire capable de produire pour tiers, dans le respect de normes précises, en grandes quantités. C’est ainsi qu’est né le projet de créer MaSTherCell. Trois ans plus tard, nous avons un véritable écosystème en thérapie cellulaire sur le Biopark. QU’ENTENDEZ-VOUS PAR ÉCOSYSTÈME ? Dominique Demonté : Le Biopark mise sur les synergies et complémentarités entre recherche, formation, entreprises, services. La thérapie cellulaire s’inscrit aussi dans cette logique puisque nous avons des centres de recherche tels que le CMMI ou ImmuneHealth qui ont adapté leurs expertises aux spécificités de la thérapie cellulaire. Notre centre Biopark Formation a également mis en place des programmes tant pour demandeurs d’emploi que pour travailleurs afin que les entreprises de thérapie cellulaire bénéficient d’une main d’œuvre qualifiée. Le Fonds social européen (FSE) vient d’ailleurs de lui renouveler sa confiance : grâce à l’Europe et à la Wallonie, Biopark Formation pourra continuer à former, dans les cinq prochaines années, des travailleurs et des demandeurs d’emploi dans ce secteur. Aujourd’hui, le Biopark regroupe donc des sociétés qui développent des produits – Bone Therapeutics, Promethera, Orgenesis, Pluriomics –, des entreprises de service pour la thérapie cellulaire – outre MaSTherCell, Ovizio (une autre spin-off de l’ULB) ou encore Univercells – et des centres de recherche. Le tout supporté par une stratégie de croissance des ressources humaines. C’est ça un écosystème. Marie Bouillez : A ceci s’ajoutent nos partenaires de longue date qui ont tous contribué à la mise en place de cet écosystème favorable à la thérapie cellulaire : Igretec, SAMBRINVEST, Sofipôle, Theodorus, Awex, BioWin, WBC, Biolog Europe, etc… Par exemple, le projet de créer MaSTherCell est né alors qu’Igretec construisait le bâtiment i-Tech 2. Ils ont arrêté le chantier, redessiné les plans pour ajouter un étage, avec des normes techniques très contraignantes, réintroduit un nouveau permis et repris la construction. C’est extraordinaire, sans cette écoute et cette souplesse, MaSTherCell n’aurait peut-être pas pu – ou en tout cas pas aussi vite – s’installer ; or, c’est avec lui que la thérapie cellulaire a pris son envol au Biopark. EN QUOI LA THÉRAPIE CELLULAIRE EST-ELLE PROMETTEUSE ? Dominique Demonté : La thérapie cellulaire est un pôle émergeant : il y a 15 ans, on n’en parlait pas, aujourd’hui, elle est identifiée comme un des axes prometteurs de la médecine. La Wallonie l’a bien compris et elle joue un rôle-clef dans le développement de la thérapie cellulaire bien entendu à travers son pôle de compétitivité BioWin mais également à travers des financements directs aux entreprises par la DGO6. La thérapie cellulaire est aussi porteuse d’emplois : en 3 ans, c’est environ 120 emplois qui sont nés sur le Biopark, les recrutements devraient se poursuivre, notamment ceux de techniciens de production. Nous représentons aujourd’hui en Wallonie une masse critique qui nous permet de compter au niveau européen et d’attirer des acteurs du monde entier. L’événement Thérapie cellulaire B4B-Connection que nous accueillons les 1er et 2 avril en est une illustration parmi d’autres. réfléchissant avec l’aéroport de Charleroi : nous sommes voisins, nous pourrions apporter ensemble des solutions bio-logistiques aux entreprises. Avec nos partenaires, nous pouvons offrir un support complet depuis l’identification de partenaires financiers jusqu’à l’installation dans un bâtiment. A CE PROPOS, DISPOSEZ-VOUS ENCORE D’ESPACES POUR ACCUEILLIR DE NOUVELLES ENTREPRISES ? Marie Bouillez : Nous avons encore un peu d’espace dans l’i-Tech Incubator 2 mais nous sommes déjà en train de préparer avec Igretec, la construction d’un troisième bâtiment d’accueil, l’iTech 3 qui devrait sortir de terre d’ici 2 ans. Nathalie Gobbe CELA IMPLIQUE DE DÉVELOPPER UNE STRATÉGIE INTERNATIONALE ? Marie Bouillez : Oui, toutes nos entreprises de thérapie cellulaire sont orientées global que ce soit dans leur clientèle, leurs actionnaires ou leurs partenaires. Nous comptons déjà des entreprises étrangères comme par exemple la société israélienne Orgenesis. La Wallonie est attractive pour des entreprises étrangères désireuses de créer une filiale en Europe, nous travaillons à accentuer encore cette attractivité du Biopark, notamment en MASTER CLASS CELL THERAPY Le 31 mars, au Biopark Charleroi Brussels South. Organisé par Biopark Formation et BioWin http://www.biowin.org/biowin/fr/master-class-cell-therapy.html CELL THERAPY B4B CONNECTION Les 1er et 2 avril, au Biopark Charleroi Brussels South. Une journée et demie pour permettre aux acteurs européens de la thérapie cellulaire de réseauter ; des conférences, présentations d'entreprises et rendezvous d’affaires. Informations et inscriptions : buzz4bio.com/u-4567 Thérapie cellulaire 3 MaSTherCell : moteur de la thérapie cellulaire au Biopark et ailleurs MaSTherCell s’est rapidement imposée comme un acteur essentiel dans le domaine de la thérapie cellulaire, en Belgique et à l’étranger. Sa récente opération financière avec la société israélienne Orgenesis – un accord d’échange d’actions – le démontre. "Nous connaissons de mieux en mieux le secteur de la thérapie cellulaire et les segments de marché les plus intéressants et porteurs", lance Hugues Bultot, CEO de la société de services spécialisée en thérapie cellulaire. Après un peu plus de trois ans d’existence, MaSTherCell se place déjà comme un leader dans ce secteur en plein boom. Et l’entreprise ne compte pas en rester là. "Le fait d’être en Belgique – et en Wallonie en particulier – est un énorme avantage pour nous. Notre position nous permet de faire découvrir cet écosystème wallon à de nombreuses entreprises étrangères qui peuvent notamment relocaliser leurs activités dans la région ou encore créer une extension commerciale en Belgique", poursuit Hugues Bultot. "Cela a par exemple été le cas avec la société israélienne Orgenesis, qui développe un traitement pour le diabète de type 1. Nous venons de conclure un accord d’échange d’actions avec la société : ceci nous permettra sans aucun doute d’élargir notre présence au niveau mondial". L’ambition de la société est désormais d’utiliser son ancrage local fort comme base d’extension pour ses activités internationales, principalement aux Etats-Unis mais aussi en Asie. 4 Thérapie cellulaire "Nous utilisons également les technologies (dont certaines offertes par des sociétés belges très innovantes), afin de proposer à nos clients des approches de production optimisées", explique le CEO. "Nos clients pourront ainsi proposer leurs thérapies à un maximum de patients (échelles importantes), tout en assurant une qualité élevée et systématique. De plus, ceci devrait leur permettre de diminuer les coûts de production et d’avancer plus vite dans les phases de tests cliniques". Pour cela, MaSTherCell peut compter sur une équipe qui ne cesse de s’étendre depuis sa création. Composée de 32 personnes - biologistes, pharmaciens, techniciens, experts dans les activités GMP (good manufacturing practices) ou de qualité ou encore chefs de projets de haut vol – MaSTherCell compte créer de nouveaux emplois dans un futur proche et atteindre les 50 employés d’ici deux, trois ans. "Nous sommes parvenus à faire nos preuves très rapidement et à acquérir une reconnaissance en Belgique, en Europe et au niveau mondial", conclut le CEO. Damiano Di Stazio Bone Therapeutics entre en bourse Leader de la thérapie cellulaire osseuse, Bone Therapeutics vient d’annoncer son entrée sur les marchés Euronext Brussels and Euronext Paris. Il s’agit de la première entreprise du Biopark et de la deuxième société de thérapie cellulaire wallonne à entrer en bourse. Objectif ? Accélérer le développement de l’entreprise et l’innovation, en particulier dans la réparation et la prévention des fractures. Créée en 2006 et basée sur le Biopark, la société Bone Therapeutics vient d’entrer sur les marchés Euronext Brussels et Euronext Paris. Grâce à cette introduction, l'entreprise a ainsi pu lever de nouveaux fonds notamment pour accélérer les essais de ses candidats médicaments, le PREOB et l'ALLOB, ou encore pour lancer des tests cliniques aux Etats-Unis. "Nous sommes ravis de rejoindre Euronext Bruxelles et Paris et d'être accueilli par plus de 50 nouveaux investisseurs institutionnels européens de haute qualité et des investisseurs privés", se réjouit Enrico Bastianelli, CEO de Bone Therapeutics. "Les résultats obtenus jusqu'ici sont très positifs et adressent des indications où les besoins médicaux sont très importants et non satisfaits et où la concurrence est limitée. Afin de poursuivre le développement des études cliniques en cours et d’envisager une commercialisation, nous pensons que c’était le bon moment pour lancer notre introduction en bourse". Pour surmonter les importantes contraintes liées à la réparation et à la prévention des fractures osseuses, Bone Therapeutics a réussi à développer une gamme de produits régénérateurs innovants, dont l’ALLOB, produit allogénique (dont les cellules sont prélevées sur un donneur sain) destiné à traiter les maladies osseuses. Les premiers résultats sont assez prometteurs. La consolidation complète des fractures a été observée chez 3 des 4 patients suivis en phase I/IIA, nécessaire pour déterminer l'efficacité et la sécurité du traitement. "Conjugués à la confirmation récente de la sécurité, ces résultats sont très encourageants", poursuit Enrico Bastianelli. "L’amélioration radiologique confirme, jusqu’à présent, le succès du traitement et renforce notre conviction qu’ALLOB peut offrir des bénéfices thérapeutiques importants aux © Bone Therapeutics patients. Nous attendons avec impatience la suite de l’étude et les résultats du prochain groupe de patients". Damiano Di Stazio 72 EMPLOYÉS Durant le premier semestre 2014, Bone Therapeutics a vu son département clinique et son unité de production se développer. L’entreprise a recruté du personnel supplémentaire pour soutenir le développement de ses produits précliniques ainsi que les programmes cliniques en cours. En 2012, Bone Therapeutics employait 46 personnes. Ce chiffre est passé à 52 en 2013 et à 72 l’année suivante. 31% des employés ont un doctorat et sont spécialisés dans les domaines scientifiques suivants : biologie cellulaire et moléculaire, sciences pharmaceutiques, médecine vétérinaire ou encore physiologie. Le personnel est représenté par 10 nationalités différentes.* *Les chiffres ci-dessus correspondent au personnel de Bone Therapeutics et de l’unité de production Skeletal Cell Therapy. Thérapie cellulaire 5 Pluriomics : le "petit nouveau" au Biopark Avec la récente arrivée de Pluriomics – dont la mission est de développer des cellules souches dédiées à la recherche et au traitement des problèmes cardiaques – le Biopark conforte sa place de leader dans le secteur des biotechnologies et confirme son expansion dans la thérapie cellulaire. La société néerlandaise Pluriomics s’est récemmment installée sur le Biopark et avec elle un investissement de 4,5 millions d’euros auquel ont pris part SAMBRINVEST, la Société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW) ainsi que le Fonds Vesalius Biocapital. "La Wallonie était notre premier choix", précise Herman Spolders, CEO de Pluriomics. "L’environnement est entièrement favorable à notre développement car le Biopark rassemble de nombreux acteurs importants de la thérapie cellulaire. À l’avenir, cela nous permettra de disposer rapidement de ressources et services adaptés". Vue de cellules musculaires cardiaques au microscope à fluorescence. 6 Thérapie cellulaire Créée en 2010, la société basée à Leiden (le centre de recherche et l’antenne commerciale se trouvent aux Pays-Bas) a décidé d’implanter sa nouvelle unité de production de cellules souches à Gosselies. "Pluriomics fabrique des cellules souches dérivées des cellules du cœur, pour les industries pharmaceutiques. Ces cellules permettent de faire des tests cardiaques sans utiliser de modèles animaux. La fiabilité de nos recherches est absolue et notre service à destination des entreprises est très prometteur en termes de production", souligne Herman Spolders. La mission de Pluriomics est en fait de créer des cardiomyocytes ou myocytes cardiaques (qui sont des cellules musculaires cardiaques humaines) et qui seront induites à différentes étapes de la découverte de médicaments. "Nous sommes prêts à lancer nos cardiomyocytes Pluricytes", affirme Herman Spolders. "En plus d’améliorer la prise de décision des industries, ces cellules seront utilisées pour détecter des effets secondaires potentiellement toxiques de nouveaux médicaments en développement". Une nouvelle compétence qui pourrait être utile pour le Biopark et son axe thérapie cellulaire. "Nous n’avons pas encore de collaborations concrètes avec les acteurs du campus mais cela n’est qu’une question de temps car nos nouvelles technologies pourront jouer un rôle important dans l’approvisionnement et la production de cellules spécifiques". Damiano Di Stazio L’écosystème "thérapie cellulaire" Depuis quelques années, les différents acteurs du campus ont pris en compte les besoins spécifiques du secteur pour développer un véritable écosystème autour de cette biothérapie. Preuve en est avec Biopark Formation, le CMMI et ImmuneHealth. BIOCEL : INTÉGRATION FORMATION-INDUSTRIE BIOCEL, c’est un programme de formation innovant en culture cellulaire. Coordonné et réalisé conjointement par le Biopark Formation et le Cefochim depuis 2011, celuici est labellisé par le pôle de compétitivité BioWin. Après 4 ans d’existence – 3 formations Biocel R&D, 6 formations Biocel Production et une multitude de formations courtes –, le bilan est positif. "Depuis son lancement, le projet a formé des personnes de tous horizons : travailleurs de grandes entreprises et PME, professeurs des hautes écoles, doctorants ou encore demandeurs d’emploi", explique Béatrice Goxe, coordinatrice scientifique et formatrice au Biopark Formation. "BIOCEL a largement rempli ses objectifs", poursuit Arnaud Termonia, directeur du centre de formation. "Il a permis d’offrir aux entreprises un réservoir de recrutement de personnes qualifiées grâce à des formations longues pour demandeurs d’emploi, de mettre à jour les connaissances et compétences des travailleurs des entreprises grâce à des modules courts et d’œuvrer pour une meilleure adéquation entre la formation initiale et les besoins du secteur via un programme court conçu pour les enseignants des hautes écoles". En tout, plus de 300 personnes ont suivi des cours sur les thèmes de la thérapie et de la culture cellulaire : 25 enseignants, 35 étudiants, 70 travailleurs de grandes entreprise/PMEs et 180 demandeurs d’emploi avec plus de 80% de remise à l’emploi. Le programme a même permis d’acquérir des équipements de pointe très performants (compteur de cellules, microscope avec caméra, hotte…) à l’instar de ce que l’on trouve dans les grandes entreprises. Les initiatives dans le domaine de la culture cellulaire vont se poursuivre. "En plus du lancement de notre MasterClass (lire la Biopark News 24) à la fin du mois de mars, nous comptons également actualiser notre parcours de formation long à destination des demandeurs d’emploi", précise Béatrice Goxe. "Le Biopark Formation, le Cefochim, Culture in vivo et le GIGA préparent actuellement un parcours commun unique en Wallonie dédié à la culture cellulaire". LE CMMI ET L’INVESTIGATION IN VIVO "Pour le CMMI, les collaborations avec les différents acteurs du Biopark sont essentielles car les moyens scientifiques du campus sont très puissants et permettent de se développer rapidement", explique Serge Goldman, chef du Service de médecine nucléaire à l’Hôpital Erasme et responsable de l’axe imagerie du CMMI. "Les laboratoires possèdent des connaissances – notamment par rapport aux processus fondamentaux biologiques – très poussées, que nous n’avons pas forcément. D’un autre côté, le fait de disposer d’une plateforme d’imagerie biomédicale préclinique est un énorme atout pour la communauté scientifique du Biopark. Pour prendre un exemple très concret, nous avons récemment travaillé avec un académique du campus, Denis Lafontaine, qui s’intéresse aux mécanismes de prolifération cellulaire dans le cancer. Nos tests précliniques ont rapidement permis de répondre à son hypothèse. L’imagerie in vivo chez l’animal représente une méthode de choix pour l’étude de l’organisme dans son entièreté (quand plusieurs tissus ou organes entrent en jeu) et sa compréhension". Cette expertise peut également être d’un grand intérêt pour les entreprises et le développement de méthodes thérapeutiques innovantes. Grâce à une collaboration entre le CMMI et Bone Therapeutics – qui se prolonge Thérapie cellulaire 7 IMMUNEHEALTH : AU CŒUR DU SECTEUR DE LA THÉRAPIE CELLULAIRE "Notre structure combinant un laboratoire d’immunomonitoring et une unité clinique est capable non seulement de supporter et valider la conception de traitements innovants mais aussi la découverte de nouveaux biomarqueurs", affirme Brigitte Genard, CEO d’ImmuneHealth. actuellement dans le cadre du projet wallon OSTEOMOD –, le CMMI s’est intéressé aux cellules ayant un potentiel de régénérescence pour l’os. L’objectif est d’étudier la circulation de ces agents thérapeutiques d’un genre particulier et leur capacité à exercer leurs effets attendus : une fois injectées, les cellules rejoignent-elles l’environnement auquel elles sont destinées ? S’y maintiennent-elles ou au contraire le quittent-elles pour se fixer ailleurs dans l'organisme ? Le tissu qui les accueille améliore-t-il sa capacité de réparation et de régénérescence ? "Le processus peut être démontré visuellement : c’est l’avantage et la force de l’imagerie", glisse Serge Goldman. "Cela est extrêmement convaincant car c’est un argument formidable, notamment quand les entreprises ou laboratoires veulent faire appel à des financements européens", conclut-il. 8 Thérapie cellulaire Depuis plusieurs années, le centre de recherche collectif ImmuneHealth a développé un important réseau autour du Biopark ainsi qu’en Europe et réussi à se forger une réputation solide, notamment au sein du secteur de la thérapie cellulaire. "ImmuneHealth est une des plateformes technologiques les plus sophistiquées en Europe", lance Julien Isoard, Business & Marketing Manager. "Nous sommes équipés de cytomètres capables de mesurer parallèlement l’expression de 10 marqueurs, ce qui permet de caractériser un échantillon de manière très puissante en une seule analyse". Via sa plateforme d’immunomonitoring, ImmuneHealth met à disposition des industries – c’est notamment le cas avec Promethera – ses compétences dans le développement, la qualification et le transfert de méthodes d’analyse permettant la caractérisation des cellules produites pour la thérapie cellulaire ainsi que l’évaluation de la réaction immunitaire des patients recevant ce type de traitement. En 2013, ImmuneHealth a notamment obtenu l’accréditation GMP (good manufacturing practices) pour le contrôle qualité de lots cliniques par cytométrie de flux. "Cette accréditation est obligatoire pour produire et tester des lots cliniques à injecter à l’homme", précise Julien Isoard. "Fort de cette accréditation, nous avons accompagné la société Cardio3 BioSciences dans le développement de son produit. Cela nous permet de remplir pleinement notre mission de centre collectif de recherche en contribuant au développement d’un secteur industriel en plein essor au niveau ", ajoute Brigitte Genard. Les collaborations entre ImmuneHealth et les acteurs de la thérapie cellulaire se sont d’ailleurs intensifiées, en particulier durant ces deux dernières années : des contrats ont été signés avec MaSTherCell, Cardio3 BioSciences, ImCyse et Promethera Biosciences. D’autres perspectives de collaboration sont actuellement en cours de discussion avec des acteurs spécialisés dans l’immunothérapie cellulaire. Damiano Di Stazio Biopark Formation : plus vite, plus loin grâce au FSE Le Fonds social européen a reconduit sa confiance au Biopark Formation en lui accordant un budget de quelque 2,5 millions d’euros pour la période 2014-2020. Rencontre avec Arnaud Termonia, directeur de Biopark Formation et du service Formation continue de l’ULB. QUEL EST VOTRE ÉTAT D’ESPRIT QUELQUES JOURS APRÈS L’ANNONCE DES PROJETS WALLONS SOUTENUS PAR LE FSE ? Arnaud Termonia : Je suis heureux bien sûr puisque le Fonds social européen nous réitère sa confiance; je pense à l’équipe de Biopark Formation et aux partenaires, nombreux, qui permettent ce succès et puis, bien sûr, aux centaines de participants qui ont déjà suivi nos formations. Ce soutien européen après présélection par un jury d’experts indépendants est très valorisant. QU’ALLEZ-VOUS RÉALISER AVEC LE SOUTIEN DU FSE ? Arnaud Termonia : Nous allons renforcer notre stratégie intégrée : le Biopark présente des spécificités – des expertises, des équipements en imagerie, en biologie moléculaire, en thérapie cellulaire, en immunologie notamment – auxquelles nous devons pouvoir répondre et sur lesquelles nous devons pouvoir nous appuyer. Biopark Formation doit aussi être attentif aux nouvelles compétences scientifiques, techniques mais aussi managériales qui seront nécessaires dans les prochaines années et construire ainsi un catalogue de formations pour bien qualifier les personnes et contribuer au redéploiement économique wallon. Nous sommes convaincus que le lifelong learning se construit avec la recherche de l’Université et les industries du secteur, en interaction avec des partenaires précieux tels que BioWin, les centres de compétences ou le Forem... DES NOUVEAUTÉS SONT-ELLES ATTENDUES ? Arnaud Termonia : Les nouveautés sont toujours là puisque notre campus évolue, les besoins du secteur et les méthodes pédagogiques également… Nous sommes aussi à l’écoute des suggestions du terrain : nous avons d’ailleurs créé un espace sur notre site web où chacun peut soumettre des suggestions de formations. En 2015, nous pouvons nous appuyer sur un catalogue de formations, sur des partenariats solides, sur une structure qui a déjà 7 ans maintenant, etc., nous comptons donc aller plus vite, plus loin d’ici 2020. Nathalie Gobbe QUELS SERONT LES PUBLICS-CIBLES DE BIOPARK FORMATION ? MIRVAL + Arnaud Termonia : Nos publics sont variés : les travailleurs d’entreprise, les doctorants et chercheurs, les enseignants des hautes écoles, les demandeurs d’emploi. Notre objectif est d’augmenter le niveau de compétence de gens déjà qualifiés mais aussi d’apporter un réservoir de main d’œuvre qualifiée pour répondre aux besoins de recrutement. Le FSE soutient aussi le projet MIRVAL+ qui vise à amplifier l'impact des activités de recherche appliquée des universités et hautes écoles de la Fédération WallonieBruxelles sur l'innovation dans les entreprises. Nous vous en parlerons dans une prochaine Biopark News. 9 En bref BIOGÉNÈSE DU RIBOSOME : UNE CHAINE D’ASSEMBLAGE COMPLEXE Le ribosome est chargé de traduire l’information génétique en protéines fonctionnelles. Les pièces composant cette nanomachine cellulaire sont connues, ainsi que la majorité des nombreux ouvriers participant à sa fabrication. Parmi les différentes étapes de la biogénèse du ribosome, le Laboratoire de Métabolisme de l'ARN (IBMM), dirigé par Denis Lafontaine, s’intéresse notamment à l’ajout de groupements chimiques sur l’ARN ribosomique (ARNr), et tente d’identifier l’ordre dans lequel ces modifications interviennent et les quelques ouvriers encore inconnus qui y participent. Dans deux articles récents, publiés dans PNAS et dans Nucleid Acids Research, l’équipe relate la découverte de deux de ces ouvriers : le complexe Bud23-Trm112, responsable d’une méthylation de l’ARNr, et l’acétyltransférase Kre33/NAT10, réalisant deux modifications sur l’ARNr et une sur l’ARN de transfert. L’étude de la biogénèse du ribosome est essentielle pour mieux comprendre les ribosomopathies, qui sont des maladies consécutives à un assemblage défectueux du ribosome et qui prédisposent à l’apparition de cancers. Mais beaucoup reste encore à découvrir : dans un numéro spécial dédié aux ARN non codants de Nature Structural & Molecular Biology de janvier dernier, Denis Lafontaine explique que, contre toute attente, tous les ribosomes de la cellule ne sont pas identiques. Des différences se situeraient, en effet, au niveau des modifications de l’ARNr, ce qui affecterait la capacité des ribosomes à traduire certains ARNm. Le chercheur suspecte ce mécanisme d’être impliqué dans le développement de cancers, suite à la traduction différentielle d’ARN messagers encodant des proto-oncogenes et des suppresseurs de tumeurs, tel p53. Une piste que le chercheur et son équipe tenteront d’explorer dans les années à venir. N.J. IMMUNOTHÉRAPIES DU CANCER : SYMPOSIUM INTERNATIONAL L'i-TECH INCUBATOR S'ASSOCIE AU MIT L'équipe de l’i-Tech Incubator s'associe au Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour le challenge Innovators Under 35, qui récompense les jeunes chercheurs dont les recherches de pointe ont ou auront un impact sur le monde. Il s'agit d'une initiative du MIT Technology Review, le plus vieux magazine technologique au monde. L’Incubateur sera impliqué dans la sélection des candidats. N.J. Le Biopark Formation organise, le 2 avril prochain, un symposium international sur les immunothérapies du cancer. Fruit d’une collaboration avec le centre de formation du Pôle Santé de l’ULB, la journée se déroulera sur le campus Erasme. De nombreux experts européens passeront en revue les stratégies d’immunothérapies les plus prometteuses et présenteront les résultats cliniques obtenus. Des cours d’immunologie de base seront également organisés au Biopark préalablement au colloque. Plus d’informations sur www.biopark.be/bioparkformation/symposium.html Vous trouverez également un tout-nouveau formulaire à compléter sur le site du Biopark Formation : l’équipe attend vos suggestions pour élaborer un catalogue de formations adapté à vos besoins. Exprimez-vous sur http://www.biopark.be/bioparkformation/feedback.html N.J. 10 LYMPHOCYTES T RÉACTIFS CHEZ LE FŒTUS Acteurs-clefs de la réponse immunitaire, les lymphocytes T présentent une très grande diversité. Prédominants chez l'adulte, les lymphocytes T Vγ9Vδ2 ont la propriété de reconnaître de petites molécules dérivées de pathogènes, les phospho-antigènes. On considère que cette surreprésentation de ce type de lymphocytes résulte de l'exposition aux pathogènes après la naissance. Mais des chercheurs emmenés par David Vermijlen, récent lauréat du prix Ithier, en collaboration étroite avec l'Institut d'Immunologie Médicale et l'Hôpital Erasme, viennent de montrer que les lymphocytes T Vγ9Vδ2 constituent également la sous-population lymphocytaire principale dans le sang fœtal humain. Malgré l'environnement stérile dans lequel il se développe, le fœtus développerait donc une sous-catégorie de lymphocytes T réactifs aux pathogènes avant même d’y être exposé. Publiée en janvier dans la revue PNAS, cette découverte pourrait conduire à de nouvelles stratégies de vaccination pour le fœtus ou le nourrisson. RÉGULATION FONCTIONNELLE DES LYMPHOCYTES T CHEZ LE FOETUS Le cytomegalovirus (CMV) est la cause la plus fréquente d’infection du fœtus. Généralement bénin chez l’adulte, ce virus peut provoquer des symptômes parfois sévères chez 10 à 20% des enfants infectés in utero. Plusieurs études ont démontré précédemment que le fœtus développe une réponse immunitaire face au CMV mais que le virus est présent en quantités plus importantes que chez l’adulte, suggérant une réponse immunitaire plus faible. Dans une publication récente du Journal of Infectious Diseases, Ariane Huygens, Arnaud Marchant et leurs collègues (IMI) ont tenté de comprendre quelles étaient les causes de cette réponse immune moins efficace. En collaboration avec les Hôpitaux Erasme et Saint-Pierre, les chercheurs ont analysé la présence et la fonction des lymphocytes T chez des fœtus infectés par le CMV. Ils ont ainsi pu démontrer une diminution de la production de cytokines anti-virales, associée à une expression accrue d’un récepteur inhibiteur par les lymphocytes T des nouveau-nés infectés. Cette régulation fonctionnelle pourrait limiter le contrôle de la réplication du CMV chez le fœtus mais pourrait également prévenir une réponse inflammatoire excessive, potentiellement dommageable au maintien du fœtus dans l’utérus maternel. Ce phénomène pourrait également limiter le contrôle d’autres pathogènes infectant le fœtus et le jeune enfant, tels le VIH, la tuberculose ou la malaria. N.J. FLASH : Beaucoup de nouveaux jeunes chercheurs viennent de rejoindre le campus. Une conséquence d’un taux de réussite une fois de plus excellent au concours de bourses du FRIA et du FNRS. Bienvenue ! 11 En bref VIH : DEUX PROTÉINES VIRALES CONTRÔLENT LA VOIE NF-kB Le virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1) et des virus apparentés simien (VIS) ont développé un contrôle très précis de la voie d'activation cellulaire NF-kappaB. Cette voie favorise la réponse immunitaire antivirale de l’hôte mais est également utile pour l’expression des protéines virales. Les recherches menées par les membres du Service de Virologie moléculaire (IBMM), dirigé par Carine Van Lint, et leurs homologues allemands (Institut de Virologie Moléculaire de l'Hôpital Universitaire de Ulm) ont permis de mettre en évidence l’implication des protéines virales NEF et VPU dans le contrôle de NFkB, tant chez le VIH-1 que pour la plupart des lentivirus de primate. Exprimée précocement au cours du cycle réplicatif viral, NEF permet d'augmenter l'activation de la voie de signalisation NF-kB pour initier efficacement la transcription virale. Par la suite, VPU joue le rôle opposé en réprimant l'expression des gènes antiviraux afin d’éviter une réponse immunitaire trop importante. Ces résultats, publiés dans la revue Cell Reports du 3 février 2015, suggèrent donc qu’une régulation précise de l’activité de NF-kB par les effets opposés des protéines virales NEF et VPU joue un rôle clef dans la réplication du VIH-1, l’évasion immune et la pathogénèse du SIDA. En outre, les réservoirs de VIH latent, un autre élément de la pathogenèse du SIDA, sont un obstacle majeur à l’éradication de la maladie et un des principaux sujets d’étude de l’équipe de Carine Van Lint. Le laboratoire a obtenu récemment un soutien du Fonds de maturation pour l’étude de plusieurs molécules susceptibles de pouvoir réactiver in vivo ces réservoirs et ainsi favoriser leur élimination. Cette étude clinique, menée en collaboration avec l’Hôpital Saint-Pierre, bénéficie également du soutien de la Fondation Roi Baudouin. N.J. Périodicité trimestrielle C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Bruno André, Marie Bouillez, Michel Braun, Christelle De Beys, Dominique Demonté, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Frédéric Pierard, Arnaud Termonia Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Photos : Bruno FAHY (partim) • Graphisme : Céline Kerpelt | Curlie.be Contact : ULB-Département des Relations extérieures, Communication Recherche : [email protected], +32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be