of nat. histo/,y, juin 1863, p. 415).

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ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE.
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Rev. SAMUEL HAUGHTON, ON FORM, etc. SUR LA FORME DES ALVEOLES FAITS PAR DIVERSES GUEPES ET PAR LES ABEILLES ; SUIvl
n'UN APPENDICE SUR L'ORIGINE DES ESPECES (Annals and Mag.
of nat. histo/,y, juin 1863, p. 415). -
ALFRED WALLACE,
REMARKS, etc. REMARQUES SUR LE ~IhlOIRE DU REV. HAUGHTON
RELATIF AUX ALVEOLES DES ABEILLES ET A L'ORIGINE DES ESPECES
(Ibid., octobre 1863, p.3(5).
Certains auteurs ont cru trouver dans les proprietes geometriques des alveoles d'abeilles une preuve moins de l'habilele et
de I'instinct de ces insectes que de la toule-sagesse et de I'iutel-
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BULLETIN SCJENTIFIQUE.
Jigence de leur createur. D'autres, ennemis par principe de loute
teleologie, ont su trouver des causes toutes naturelles a la forme
geometrique des alveoles. M. Darwin en parliculier pense que
les abeilles sonllesdescendants modifies d'hymenopteres it alveoles cil'culaires el qu'elles ont ete graduellement amenees a eonstruil'e des alV1ioles hexagonaux par suile de l'election naturelle
favorisanl loujours les varietes qui sa'Vaient construire avec la
moindre depense de cire possible.
Le I'ev. Haughton est hostile a ces deux manieres de voir. II
rappelle que, quoi qu'on en ait pu dire depuis Reaumur et Krenig,
les angles des losanges du fond des alveoles ne sont point ceux
qui produiraient Ie maximum d'economie dans la construction
des rayons. G'est ce que L'Huillier demontrait deja en 1781.
Si la leleologie geometl'ique appliquee aux rayons des abeilles
ne peut salisfail'e Ie rev. Haughton, la doell'ine de M. Darwin ne
repond pas mieux a ses exigenees. D'une manieregenerale il eleve
des objections nombreuses contre cette theorie. Notre intention
n'est pas de Ips combattre ici. M. Wallace s'en est charge dans
Ie memoire dont nous don nons Ie titre. II montre en particulier
eombien M. Haughton a souvent mal compris son adversaire.
Nous nous en tiendrons aux objections faites par M. Haughton a
la transformation graduelle d'hymenopteres it cellules rondes,
comme les bOlll'dons, en abeiIles it cellules hexagon ales disposees
en double rangee parallele avec des fonds formes par I'angle
triCdre d'un dodecaedJ'e rhomboidal. Selon M, Haughton, celte
transfol'mation exigerait la serie d' especes ou de varietes suivante :
10 Une abeille a cellules rondes comme celles du bourdon, employant pour ehaque alveole une quantite de eire que nous representerons par 100 unites. 20 Une abeille faisanl des alveoles en
forme de prismes triangulaires, equilateraux, a base plate, en
double rayon et places base contre base. Gette espece ne depenserait plus que 50 unites de eire. 30 Une abeille a alveoles parallelipipediques en double J'angee avec une depense de 41 et 2fs
unites de eire. 40 Une abeiIIe a alveoles en prismes hexagonaux,
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Ii fond plat, en double rangee , depensant 33 et I/S unites de
eire. 50 Une abeille Ii alveoles sembI abIes a eeux de I'espece precedente. si ce n'est que les fonds plats sont remplaces par des
fonds triedres appartenant a un dodecaedre rhomboidal. CeUe
forme qui est notre abeille ne depense que 32 et 2/S unites de
eire. Entin on pourrait comph~ter cette serie par: 6° L'abeille
de I'avenir, comme l'appelle pittoresquement M. Haughton, qui
n'ernploiera plus que 24 et 1/2 unites de cire en realisant les alveoles calcu1es par L'Huillier.
La grande objection que Ie rev. Haughton fait it la tMorie
Darwin ainsi interpretee par lui, e'est que de ces 6 hymenopteres iI n'existe que Ie n" 1 et Ie nO 5 et que rien ne nous per met
de supposer que les numeros 2, 3 et 4 aientjamais existe.
M.Wallace etait mieux qualitie que personne pour repondre
aux attaques dirigees par M. Haughton contre la theorie de
M. Darwin. On se souvient, en elfet, que ceUe theorie pourrait
tout aussi bien porter Ie nom de tMorie Wallace, puisque ce savant la formula lui-meme d'une maniel"C concise et toute indcpendante en meme temps que M. Darwin.
1\'1. Wallace montre d'abord qu'outl'e les anciens al'guments
contre la teleologie geometrique appliquee aux abeilles, iI est facile
d'en produire de nouveaux. C'est ainsi que les rangces superieures d'alveoles ayant Ii supporter dans chaque rayon un elfort 111£\canique bien plus grand que les inferieures. ces dernieres
pourraient se contenter d'une paroi beaucoup plus mince qu'elles, s'il s'agissait de realiser une plus grande economie de malcriaux. Puis, passant aUK objections de M. Haughton, M. Wallace
monll'c que la tMorie de M. Darwin n'impliqlle point la sel'ie
tl'especes it alveoles tl'iangulaires, carres et hexagonaux (!lI'n imagines M. Haughton. II est parfaitement vrai que POUl' I'cmplil' un
espace donne avec des alveoles d 'une aire dotlnee et des parois
d'egale epaisseur, Ie triangle sel'a pIllS economiqlle qne Ie cel'cle
(avec les inlel'valles solides) et Ie can'e plus economiquc qUtl Ie
triangle, Toutefois l'usage pl'imitif de I'alveole n'est point eelui
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BULLETIN SCIENTIFIQUE.
de magasin de miel, mais celui d'une loge appropril!e a la larve
et a la nymphe. Dans ce but il doit avoir un certain diametre determine etl'alveole triangulaire devrait pal' consequent circonscrire l'alveole eirculaire. II exigerait. par suite une plus grande
depense de lnatel'iaux meme que I'alveole eirculaire avec des intervalles solides, sans tenir compte de ce fait que les alveoles
triangulaires etant prives de soutien dans toute leuI' longueur
devront etre plus epais que ceux de toute autre forme, s'ils doivent olfril' une resistance egale. La meme argumentation s'appliquerait a un moindre degre aux alveoles carres,
Selon M. Wallace, Ie passage d'un alveole rond a un alveole
hexagonal se fait beaucoup plus simplement et sans ces intermediaires, Supposons un rayon forme par l'aggregation d'alveoles
cylindriques. II n'y a rien d'improbable a ce que dans un moment
de diselte des insectes relativement aussi intelligents que les
abeilles, viennent a enlever POUl' l'employer ailleurs la eire superfiue de ce r'oyon , c' est-a-dire la cil'e des triangles solides qui
subsistent entre les cercles. Si la cire est enlevee,jusqu'au point
que les parois aient parlout la meme epaisseUl', l'alveole aura
exadement la forme de prisme hexagonal usuelle chez les abeilles. De la meme maniere les bases pyramidales des alveoles hexagonaux resultent necessairement de l'enlevement de la cke superfiue des angles entre les bases spheriques allernes de deux range~s d'alveoles opposes.
Sans rneconnaitre tout ce (Ju'il y a d'hypothetique dans celie
opinion de mI. Darwin et Wallace, nous III preferons hautement
a celie que soutient Ie rev. Haughton. Cel autell1' revient, en effet, a l'ancienne tMorie de Bulfon d'apres laquelle la forme des
a Iveoles I'csllltcl'ait tie la pression I'ecipl'oque exercee pat' los
abeilles travaillanl simllltanement dans Ull espace resserre. Deja
les obseI'vations de Hubel' et plus recemment celles plus completes de M. Darwin ont montee que la maniere de travaillel' des
aboilles exelut completement celte pI'ession, A celle objection
capitale M. Wallace en ajoute d'autres. II cite, pal' exemplc, une
ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE.
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abeille sauvage de Borneo qui suspend ses rayons it J'air libre aux
branches d'arbres eleves. II semblerait que dans ce cas les alveoles dussent etre cylindriques, si la forme hexagonale des al
veoles d'autres especes avait sa cause seulement dans la pression
reciproque et point dans l'economie de materiaux. lis sont neanmoins hexagonaux comme ceux de nos abeilles.
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