ZOOLOGIE,
ANATOMIE
ET
PALEONTOLOGIE.
279
Rev.
SAMUEL
HAUGHTON,
ON
FORM,
etc.
SUR
LA
FORME
DES
AL-
VEOLES
FAITS
PAR
DIVERSES
GUEPES
ET
PAR
LES
ABEILLES
;
SUIvl
n'UN
APPENDICE
SUR
L'ORIGINE
DES
ESPECES
(Annals
and
Mag.
of nat.
histo/,y,
juin 1863, p. 415). -
ALFRED
WALLACE,
REMARKS,
etc.
REMARQUES
SUR
LE
~IhlOIRE
DU
REV.
HAUGHTON
RELATIF
AUX
ALVEOLES
DES
ABEILLES
ET
A
L'ORIGINE
DES
ES-
PECES
(Ibid., octobre 1863, p.3(5).
Certains auteurs ont cru trouver
dans
les
proprietes
geome
-
triques
des
alveoles
d'abeilles
une
preuve moins
de
l'habilele et
de
I'instinct
de
ces
insectes
que
de
la
toule-sagesse
et
de
I'iutel-
280 BULLETIN SCJENTIFIQUE.
Jigence
de
leur createur. D'autres,
ennemis
par
principe
de
loute
teleologie,
ont
su
trouver
des
causes
toutes
naturelles a
la
forme
geometrique
des
alveoles.
M.
Darwin
en
parliculier
pense
que
les
abeilles
sonllesdescendants
modifies
d'hymenopteres
it
alveo-
les
cil'culaires
el
qu'elles
ont
ete
graduellement
amenees
a
eon-
struil'e
des
alV1ioles
hexagonaux
par
suile
de
l'election naturelle
favorisanl
loujours
les
varietes
qui
sa'Vaient
construire
avec
la
moindre
depense
de
cire
possible.
Le
I'ev.
Haughton
est
hostile
a
ces
deux
manieres
de
voir.
II
rappelle
que,
quoi
qu'on
en
ait
pu
dire
depuis
Reaumur
et
Krenig,
les
angles
des
losanges
du
fond
des
alveoles
ne
sont
point
ceux
qui
produiraient
Ie
maximum
d'economie
dans
la
construction
des
rayons.
G'est
ce
que
L'Huillier demontrait
deja
en
1781.
Si
la
leleologie
geometl'ique
appliquee
aux
rayons
des
abeilles
ne
peut
salisfail'e
Ie
rev.
Haughton,
la
doell'ine
de
M.
Darwin
ne
repond
pas
mieux
a
ses
exigenees.
D'une
manieregenerale
il
eleve
des
objections
nombreuses
contre cette theorie.
Notre
intention
n'est
pas
de
Ips
combattre ici.
M.
Wallace
s'en
est
charge
dans
Ie
memoire
dont
nous
don
nons
Ie
titre.
II
montre
en
particulier
eombien
M.
Haughton
a
souvent
mal
compris
son
adversaire.
Nous
nous
en
tiendrons
aux
objections
faites
par
M.
Haughton
a
la
transformation
graduelle
d'hymenopteres
it
cellules
rondes,
comme
les
bOlll'dons,
en
abeiIles
it
cellules
hexagon
ales
disposees
en
double
rangee parallele
avec
des
fonds
formes
par
I'angle
triCdre
d'un
dodecaedJ'e
rhomboidal.
Selon
M,
Haughton, celte
transfol'mation
exigerait
la
serie
d'
especes
ou
de
varietes
suivante
:
10
Une
abeille
a
cellules
rondes
comme
celles
du
bourdon, em-
ployant
pour
ehaque
alveole
une
quantite
de
eire
que
nous
repre-
senterons
par
100
unites.
20
Une
abeille
faisanl
des
alveoles
en
forme
de
prismes
triangulaires, equilateraux, a
base
plate,
en
double
rayon
et
places
base
contre base.
Gette
espece
ne
depen-
serait
plus
que
50
unites
de
eire. 30
Une
abeille
a
alveoles
pa-
rallelipipediques
en
double
J'angee
avec
une
depense
de
41
et
2fs
unites
de
eire. 40
Une
abeiIIe
a
alveoles
en
prismes
hexagonaux,
ZOOLOGIE,
ANATmnE
ET PALEONTOLOGIE
281
Ii
fond
plat,
en
double
rangee , depensant 33
et
I/S
unites
de
eire.
50
Une
abeille
Ii
alveoles
sembI
abIes
a
eeux
de
I'espece
pre-
cedente.
si
ce
n'est
que
les
fonds
plats
sont
remplaces
par
des
fonds
triedres appartenant a
un
dodecaedre
rhomboidal.
CeUe
forme
qui
est
notre
abeille
ne
depense
que
32 et 2/S
unites
de
eire.
Entin
on
pourrait
comph~ter
cette serie par:
L'abeille
de
I'avenir,
comme
l'appelle pittoresquement
M.
Haughton,
qui
n'ernploiera
plus
que
24 et 1/2
unites
de
cire
en
realisant
les
al-
veoles
calcu1es
par L'Huillier.
La
grande
objection
que
Ie
rev.
Haughton
fait
it
la
tMorie
Darwin
ainsi
interpretee par lui, e'est
que
de
ces
6 hymenopte-
res
iI
n'existe
que
Ie
n"
1
et
Ie
nO
5 et
que
rien
ne
nous
per
met
de
supposer
que
les
numeros 2, 3
et
4 aientjamais existe.
M.Wallace etait
mieux
qualitie
que
personne
pour
repondre
aux
attaques dirigees
par
M.
Haughton
contre
la
theorie
de
M.
Darwin.
On
se
souvient,
en
elfet,
que
ceUe
theorie pourrait
tout
aussi
bien
porter
Ie
nom
de
tMorie Wallace,
puisque
ce
sa-
vant
la
formula
lui-meme d'une
maniel"C
concise
et
toute
indc-
pendante
en
meme
temps
que
M.
Darwin.
1\'1.
Wallace
montre d'abord qu'outl'e
les
anciens
al'guments
contre
la
teleologie
geometrique
appliquee
aux
abeilles, iI
est
facile
d'en produire
de
nouveaux.
C'est
ainsi
que
les
rangces superieu-
res
d'alveoles
ayant
Ii
supporter
dans
chaque
rayon
un
elfort
111£\-
canique
bien
plus
grand
que
les
inferieures.
ces
dernieres
pourraient
se
contenter d'une
paroi
beaucoup
plus
mince
qu'el-
les,
s'il s'agissait
de
realiser
une
plus
grande
economie
de
malc-
riaux. Puis,
passant
aUK
objections
de
M.
Haughton,
M.
Wallace
monll'c
que
la
tMorie
de
M.
Darwin
n'impliqlle
point
la
sel'ie
tl'especes
it
alveoles
tl'iangulaires, carres
et
hexagonaux
(!lI'n
ima-
gines
M.
Haughton.
II
est
parfaitement
vrai
que
POUl'
I'cmplil'
un
espace
donne
avec
des
alveoles
d
'une
aire
dotlnee
et
des
parois
d'egale epaisseur,
Ie
triangle
sel'a
pIllS
economiqlle
qne
Ie
cel'cle
(avec
les
inlel'valles
solides)
et
Ie
can'e
plus
economiquc
qUtl
Ie
triangle,
Toutefois
l'usage
pl'imitif
de
I'alveole
n'est
point
eelui
282
BULLETIN SCIENTIFIQUE.
de
magasin
de
miel,
mais
celui
d'une
loge
appropril!e
a
la
larve
et
a
la
nymphe.
Dans
ce
but
il
doit
avoir
un
certain diametre de-
termine etl'alveole triangulaire
devrait
pal'
consequent
circon-
scrire
l'alveole
eirculaire.
II
exigerait.
par
suite
une
plus
grande
depense
de
lnatel'iaux
meme
que
I'alveole
eirculaire
avec
des
in-
tervalles
solides,
sans
tenir
compte
de
ce
fait
que
les
alveoles
triangulaires etant
prives
de
soutien
dans
toute
leuI'
longueur
devront
etre
plus
epais
que
ceux
de
toute
autre
forme,
s'ils doi-
vent
olfril'
une
resistance
egale.
La
meme
argumentation
s'appli-
querait a
un
moindre
degre
aux
alveoles
carres,
Selon
M.
Wallace,
Ie
passage
d'un
alveole
rond
a
un
alveole
hexagonal
se
fait
beaucoup
plus
simplement
et
sans
ces
interme-
diaires,
Supposons
un
rayon
forme
par
l'aggregation
d'alveoles
cylindriques.
II
n'y
a
rien
d'improbable a
ce
que
dans
un
moment
de
diselte
des
insectes
relativement
aussi
intelligents
que
les
abeilles,
viennent
a
enlever
POUl'
l'employer
ailleurs
la
eire su-
perfiue
de
ce
r'oyon
, c' est-a-dire
la
cil'e
des
triangles
solides
qui
subsistent
entre
les
cercles.
Si
la
cire
est enlevee,jusqu'au
point
que
les
parois
aient parlout
la
meme
epaisseUl',
l'alveole
aura
exadement
la
forme
de
prisme
hexagonal
usuelle
chez
les
abeil-
les.
De
la
meme
maniere
les
bases
pyramidales
des
alveoles
hexa-
gonaux
resultent
necessairement
de
l'enlevement
de
la
cke super-
fiue
des
angles
entre
les
bases
spheriques allernes
de
deux
ran-
ge~s
d'alveoles
opposes.
Sans
rneconnaitre
tout
ce
(Ju'il
y a
d'hypothetique
dans
celie
opinion
de
mI.
Darwin
et
Wallace,
nous
III
preferons
hautement
a
celie
que
soutient
Ie
rev.
Haughton.
Cel
autell1'
revient,
en
ef-
fet,
a l'ancienne tMorie
de
Bulfon
d'apres
laquelle
la
forme
des
a
Iveoles
I'csllltcl'ait
tie
la
pression
I'ecipl'oque
exercee
pat'
los
abeilles
travaillanl
simllltanement
dans
Ull
espace
resserre.
Deja
les
obseI'vations
de
Hubel'
et
plus
recemment
celles
plus
comple-
tes
de
M.
Darwin
ont
montee
que
la
maniere
de
travaillel'
des
aboilles
exelut
completement
celte
pI'ession,
A
celle
objection
capitale
M.
Wallace
en
ajoute
d'autres.
II
cite,
pal'
exemplc,
une
ZOOLOGIE, ANATOMIE
ET
PALEONTOLOGIE.
283
abeille
sauvage
de
Borneo
qui
suspend
ses
rayons
it
J'air libre
aux
branches
d'arbres
eleves.
II
semblerait
que
dans
ce
cas
les
al-
veoles
dussent
etre cylindriques,
si
la
forme
hexagonale
des
al
veoles
d'autres
especes
avait
sa
cause
seulement
dans
la
pression
reciproque
et
point
dans
l'economie
de
materiaux. lis
sont
nean-
moins
hexagonaux
comme
ceux
de
nos
abeilles.
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