
- Parmi les 16 patients souffrant de dysfonctionnement
érectile, 6 (37%) ont noté une amélioration de la quali-
té de l’érection. Cette amélioration a été confirmée par
un accroissement significatif de l’IIEF, augmentation
de 7,2 points en moyenne (entre 4 et 9), essentiellement
au niveau des questions portant sur l’érection, l’orgas-
me et la satisfaction de la sexualité.
Lors de la consultation 3 mois après la séance, 9 (35%)
patients se disaient satisfaits du traitement.
DISCUSSION
La LEC, bien connue des urologues pour son efficacité
à fragmenter les calculs urinaires, est également utilisée
en médecine du sport pour les tendinites (en particulier
les épicondylites), en rhumatologie pour les calculs des
péri-arthrites scapulo-humérales (P
ASH) et également
en stomatologie pour la fragmentation des concrétions
calcaires des glandes salivaires. Pour ces utilisations,
des lithotripteurs spécifiques ont été mis au point afin
de permettre l’utilisation d’un bras mobile mettant la
source de fragmentation au contact de la peau, en
regard de la lésion à traiter. Deux modèles sont actuel-
lement commercialisés : le “Minilith” de chez Storz et
le “Lithostar overhead” de chez Siemens. C’est ce type
de lithotripteurs (LT), avec repérage échographique,
qui a généralement déjà été utilisé pour tenter de frag-
menter et d’assouplir les plaques de la maladie de La
Peyronie [1, 4, 5, 6, 7, 9, 10]. Ce LT est spécifique,
rare, et peu d’urologues peuvent y avoir accès. Il nous
est donc apparu important d’étudier l’effet d’un LT
classique (non équipé d’un bras mobile) dont nous nous
servons quotidiennement pour traiter les calculs uri-
naires. Le repérage scopique (par injection de produit
de contraste dans la plaque), utilisé dans notre série, est
original et n’a, semble-t-il jamais été pratiqué aupara-
vant. Cette technique s’est avérée pratique et efficace.
Pour chacun des 26 patients de cette étude, l’injection a
été simple et le repérage scopique facile. Elle permet,
de plus, de traiter des plaques jeunes généralement dif-
ficiles à bien individualiser par échographie. Lorsque la
plaque était proximale (racine de la verge), il était
nécessaire de placer celle-ci avec une légère traction,
afin d’avoir une profondeur de champ suffisante.
Les résultats obtenus par la LEC et rapportés dans la lit-
térature, sont discordants (Tableau 1) car, en fait, de nom-
breux paramètres propres à la maladie influencent les
résultats (âge de la plaque, degré de calcification, locali-
sation, dysfonction érectile associée…). De plus, la tech-
nique utilisée varie : en fait, la réaction physique théra-
peutique est créée par la différence de pression générée
dans le fluide dans lequel passe l’onde de choc. Les
lésions ainsi créées dans le tissu traité dépendent donc du
nombre d’impacts et de la puissance énergétique. Or, ces
deux paramètres varient d’une série à l’autre et rendent
donc la comparaison plus difficile. Enfin, les critères de
jugement ont trop souvent été subjectifs.
En fait, l’efficacité doit être jugée pour différents
symptômes :
- Effet antalgique sur la douleur à l’érection,
- Correction de la courbure
- Assouplissement de la plaque
- Amélioration de la qualité de l’érection.
L’effet antalgique sur la douleur à l’érection
La douleur, présente en phase aiguë, est un symptôme
souvent décrit par les patients, et, a pour conséquence
de perturber la sexualité, allant jusqu’à être une cause
d’abstinence. La plupart des auteurs s’accordent à
retrouver un réel bénéfice de la LEC pour plus de 70%
des patients [4, 5, 9, 10]. Cet effet antalgique de la LEC
est probablement comparable à celui obtenu sur les
PASH, et semble être expliqué par une destruction des
terminaisons sensitives à l’origine de la sensation de
douleur (récepteur à la douleur) associée à une amélio-
ration de la vascularisation locale et à une modification
des radicaux libres [6]. L’effet placebo peut être discu-
té car, en effet, dans la plupart des cas, l’histoire natu-
relle de la maladie de La Peyronie nous a appris que
cette douleur disparaissait spontanément en 6 mois.
Dans notre étude, l’effet antalgique immédiat et
constant obtenu juste après la séance, tend à démontrer
qu’il s’agit bien d’une conséquence bénéfique propre à
la LEC. A ce stade aigu où l’inflammation est maxi-
male, aucun traitement n’avait auparavant réellement
fait la preuve de son efficacité. La LEC semble donc
être une nouvelle arme thérapeutique efficace.
La correction de la courbure
La correction de la courbure de la verge est probable-
ment le premier symptôme motivant la consultation du
patient. Cette courbure est à la fois une source d’anxié-
té, mais surtout un frein physique et psychologique au
coït. Les traitements médicaux sont inefficaces. Seule,
la chirurgie permet par plicature de l’albuginée de
redresser l’érection au prix d’une diminution de lon-
gueur de la verge, et avec un risque de créer un trouble
d’érection par atteinte neuro-vasculaire. Cela explique
probablement l’engouement à rechercher une méthode
non invasive pour traiter ce symptôme. Les résultats
publiés sur la LEC sont très discordants. En fait, les
bons résultats font état d’une amélioration de la dévia-
tion de 10 à 25° pour plus de 50 % des patients étudiés
[4, 9]. GIANNEO et LERICHE rapportent des résultats
meilleurs avec respectivement 9 et 11% de réaligne-
ment parfait de la verge en érection [5, 9]. Pour ces
deux études, il s’agissait de plaques calcifiées datant
souvent de plus d’un an, le traitement comportait entre
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T. Lebret et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 65-71