Que peuvent apporter les supraconducteurs aux moteurs

publicité
Que peuvent apporter les supraconducteurs aux moteurs
électriques, les structures conventionnelles sont-elles toujours
adaptées ?
OLIVIER BARRE(1), BELLEMAIN NAPAME(2)
)
(1)
Lycée G.EIFFEL , France, (2 Jeumont Electric, France
Email : [email protected].
Résumé : Le brevet lié à la machine asynchrone est déposé par le physicien serbe Nikola Tesla en 1887. Cela
fait plus d’un siècle que son architecture est établie et semble immuable. En 1889, Michail Ossipowitsch
Doliwo-Dobrolski, électricien d'origine russe, invente le moteur asynchrone triphasé à rotor à cage d’écureuil.
Celui-ci sera finalement construit industriellement à partir de 1891. Une vingtaine d’années plus tard, le
phénomène de supraconduction fut découvert fortuitement en 1911 par un étudiant en physique, Gilles Holst
sous la direction du physicien néerlandais Kamerlingh Onnes. Ces deux découvertes sont centenaires et
cependant, l’utilisation des supraconducteurs en suppléance des conducteurs en cuivre dans les moteurs
électriques n’est qu’exceptionnelle. Les basses températures requises pour rendre la supraconduction possible
ne sont que des éléments qui pénalisent leur utilisation. De plus, la réalisation de conducteurs utilisables dans
les machines n’est guère aisée. Les matériaux sont nouveaux et pour certains équipements d’âge respectable,
comme les moteurs asynchrones, l’utilisation exclusive de supraconducteurs parfaits conduirait à détruire les
effets physiques qui sont responsables de leurs rotations. La présentation qui va suivre est basée sur l’analyse
des documents relatifs à la supraconduction, les plus anciens ont quinze ans et les plus récents datent de 2008.
L’objectif est de revenir sur les principes physiques mis en œuvre dans les machines électriques et d’introduire
pas à pas la problématique liée à l’utilisation des supraconducteurs.
1. Introduction.
Imaginer qu’un matériau mis à une température
proche du zéro absolu est capable de conduire le
courant électrique sans présenter la moindre résistance,
est une hypothèse physique qu’aucune loi ne peut
introduire. C’est pour cette raison que ce phénomène
ne sera découvert que durant une expérimentation ou le
protocole d’essai ne fut pas respecté. Heike
Kamerlingh Onnes et Gilles Holst observe la
supraconduction dans le mercure à 4° K en 1911.
L’histoire des sciences et techniques est constellée de
découvertes accidentelles [1]. Les produits ainsi
obtenus sont parfois utilisés quotidiennement sans que
leurs utilisateurs se posent la moindre question sur
leurs origines. C’est le cas pour le polycarbonate ou le
Téflon. D’autres composants, comme le nylon, ont
suivi une voie plus conventionnelle et ont demandé
près de 8 années de travail à leur inventeur avant
d’arriver dans notre vie quotidienne. Les problèmes
d’industrialisation restent néanmoins des problèmes
d’actualité pour toute innovation. Il faut se souvenir
que la synthèse du polyéthylène ne fut possible
qu’après la seconde guerre mondiale, dès que les
réacteurs furent capables de travailler à hautes
pressions et à hautes températures. Dans le cas des
supraconducteurs, les basses températures requises
(<23°K) ne furent relevées qu’en 1986, quand deux
chercheurs du laboratoire IBM de Zurich découvrirent
que les cuprates, comme l’oxyde de baryum-lanthanecuivre, étaient encore supraconducteurs à la
température de 35°K [2]. Les premières applications
électriques liées aux supraconducteurs se sont orientées
vers le transport ou le stockage de l’énergie et les
limiteurs de courants [3] [4] [5] [6]. Les moteurs
électriques furent abordés mais restent encore des
objets de laboratoire [7] [8] [9] [10]. Par exemple, un
taxi à propulsion électrique, utilisant un moteur à
supraconducteur, est présenté par Sumitomo Electric
cette année au G8 d’Hokkaido. Bien que cette
application soit représentative des efforts en cours,
Sumitomo Electric estime qu’il faudra attendre au
moins 10 ans pour rencontrer régulièrement de tels
moteurs. Ce seront les équipements lourds comme les
trains ou les bateaux qui en seront les premiers
bénéficiaires [11] [12] [13]. Dans cet article, l’aspect
comportemental des supraconducteurs sera abordé en
premier. Puis, le principe de Nicolas Tesla : le champ
tournant, sera confronté au supraconducteur. Un
exemple intermédiaire : le palier magnétique servira de
support pour montrer la remise en cause des démarches
de conception. Finalement, il apparaitra au travers de
quelques réalisations, qu’il est illusoire de penser
remplacer le cuivre par des supraconducteurs pour
améliorer les performances [14].
2. Supraconducteurs de type I et de type II.
L’absence de résistance électrique est le principal
intérêt de ces éléments, cela permet d’envisager le
transport de l’énergie électrique sans la moindre perte.
Les basses températures requises pour l’obtention de
cet état sont les éléments les plus pénalisants [15]. Par
exemple, les plus basses températures sont obtenues
avec de l’hélium liquide (4,2°K à 1 atm.), mais pour
obtenir et conserver cet hélium liquide quelques
précautions doivent être prises. Il ne faut pas oublier la
superfluidité associée à ce liquide. L’hydrogène liquide
(20,2°K à 1 atm) est lent à produire à cause de la
transformation d’ortho-hydrogène en para-hydrogène
qui assure sa stabilité [16]. Finalement, le gaz liquéfié
le plus intéressant économiquement est l’azote liquide
(77°K à 1 atm). Dans les basses températures, comme
hélium liquide, les supraconducteurs sont du type I
alors que pour des températures un peu plus élevées les
supraconducteurs sont du type II [17]. La température
de changement d’état n’est toutefois pas le seul critère,
à 27 °K le néon est 40 fois plus réfrigérant que l’hélium
et 3 fois plus réfrigérant que l’hydrogène.
La supraconductivité ne s’obtient que dans un
domaine défini par trois paramètres : la température, la
densité de courant et le champ magnétique (Fig.1).
Pour que le matériau reste dans un état
supraconducteur, les paramètres doivent être inférieurs
aux paramètres critiques : Tc (température critique), Jc
(densité de courant critique) et Hc (champ critique).
Dans cette situation, une propriété nouvelle apparait :
l’effet Meissner ou le diamagnétisme parfait. Ce
dernier permet de conduire des expériences de
lévitation. Il suffit de regarder les vidéos du train
magnétique du département de physique de l'Université
de Sherbrooke (http://www.tp.physique.usherbrooke.ca). A
partir du moment où la température est maintenue
basse et que le champ magnétique engendré par les
aimants reste en dessous de Hc, ce train peut continuer
à exécuter ses tours de circuit sans le moindre
ralentissement. C’est ce comportement diamagnétique
qui va permettre de classer les supraconducteurs en
supraconducteur de type I ou de type II (Fig.2 et 3)
[18] [19]. Dans tous les cas, il faudra placer le
supraconducteur à une température bien plus faible car
il devra transporter un courant et sera soumis à un
champ magnétique. Ainsi, si certains supraconducteurs
ont une température critique Tc de plus de 77°K, ils
devront être utilisés à une température bien inférieure
quand ils seront en situation.
Figure-2 : Pour un supraconducteur de type I, le retour
de l’état supraconducteur diamagnétique à l’état normal se
fait brutalement, dès que le champ extérieur imposé dépasse
Hc.
Figure-3 : Pour un supraconducteur de type II, le retour
de l’état supraconducteur diamagnétique à l’état normal se
fait par l’intermédiaire d’un état mixte dès que le champ
extérieur imposé dépasse Hc1 et est inférieur à Hc2.
Figure-1 : Représentation tridimensionnelle du domaine
de validité de l’état supraconducteur du câble Ag-Bi.
Un supraconducteur de type I voit son
diamagnétisme disparaitre dès que le champ
magnétique imposé dépasse la valeur Hc. Par contre,
un supraconducteur de type II possède un état
intermédiaire, dit état mixte, où la perméabilité
magnétique augmente régulièrement avec l’intensité du
champ. C’est pour cette raison qu’un supraconducteur
de type II sera caractérisé par deux valeurs de Hc (Hc1
et Hc2, Fig. 3). Ce nouveau domaine induit dans le
matériau des pertes d’origine magnétique [20] [21]
[22]. Finalement, ces deux types de supraconducteurs
ont des propriétés et des comportements différents et
seul le type II conduit à des réalisations industrielles
avec comme désagrément de présenter des pertes par
hystérèse dans le cas du transport des courants
alternatifs. Une telle situation se retrouvera dans les
machines à courants alternatifs.
3. Stator et génération du champ magnétique.
Les équations de type bilan de puissances, associées
aux moteurs, permettent de calculer rapidement les
courants absorbés en fonction des caractéristiques
mécaniques de la charge. Ces équations sont jumelées
au schéma équivalent pour une phase qui permet
d’explorer avec une certaine justesse le domaine de
fonctionnement de la machine. Toutefois, comme
l’approche retenue est une approche magnétique, la
présentation qui va suivre reposera en particulier sur
les interactions magnétiques entre le stator et le rotor.
Le premier élément important pour toute machine
fonctionnant sur un réseau polyphasé est le moyen
retenu pour engendrer le champ magnétique dans le
stator. Bien que le premier moteur conçu par Nicolas
Tesla utilise une source diphasée (Fig. 4) [23], il fixa la
structure de ce type de machine [24]. Dans le cas d’une
source triphasée, trois bobines placées à 120 ° l’une de
l’autre peuvent engendrer un champ tournant si elles
sont alimentées par trois courants sinusoïdaux déphasés
de 120 °. L’intérêt de cette structure est de conserver le
module du champ tournant constant. L’utilisation des
supraconducteurs, pour assurer le transport du courant
dans les bobines, ne changera rien au principe retenu.
Toutefois, le remplacement des conducteurs en cuivre
par des supraconducteurs n’est pas aussi aisé. Avant
l’arrivée des oxydes de cuivre en 1986,
supraconducteur haute température (HTS) [25], le
choix était limité au Niobium-Titane (NbTi) [26] et aux
éléments du groupe A15 (Nb3Sn,…) [27]. Les bonnes
caractéristiques de ces supraconducteurs permettaient
d’en faire des filaments extrêmement fins qui, une fois
assemblés, pouvaient supporter des courants de
plusieurs milliers d’ampères. Les températures
critiques de ces anciens éléments (LTS, Low
Temperature Superconductors) sont de l’ordre de 10-
20° K et les champs critiques B0 dépassent les 30
Teslas. L’utilisation des oxydes de cuivre, aussi
dénommés YBCO ou BSCCO, est effective dans le
transport de l’énergie électrique mais posent encore
des problèmes pour les machines [28] [29]. Par
exemple, pour le transport : la société AMSC
(AMerican Superconductor Corporation) a fabriqué un
câble YBCO de 100 m en 2006 et a installé le plus long
câble BSCCO près de new-york en 2008 [30]. Ces
deux réalisations utilisent l’azote liquide comme
réfrigérant.
Dans le cas des moteurs électriques, les conducteurs
ne sont pas seuls, la plus grande partie de la masse
vient des parties ferromagnétiques. La disparition des
pertes ohmiques ne cache pas les pertes par hystérésis
associées aux matériaux composant le stator. Ces
matériaux avaient leur justification dès lors que les
conducteurs en cuivre limitaient la densité de courant
dans les bobines. L’augmentation de l’induction est
assurée simplement par la grande perméabilité relative
des matériaux ferromagnétiques. L’imperfection de ces
matériaux, saturation et cycle d’hystérésis, sont des
obstacles à l’amélioration du rendement du système. La
recherche d’un excellent rendement conduit à chasser
les éléments qui produisent des pertes. Finalement, il
serait intéressant de faire disparaitre les matériaux
ferromagnétiques. Un brevet américain proposait
d’ailleurs de remplacer ce stator rigide par un fluide
ayant des propriétés magnétiques. Ce fluide servant
aussi de réfrigérant pour les supraconducteurs [31]. La
suppression pure et simple de cet élément n’est pas
exclue puisqu’un moteur utilisant un stator à air fut
construit et testé en 2002 [32]. Toutefois, en l’absence
de circuit magnétique, le champ ne sera plus circonscrit
au moteur et un rayonnement indésirable se fera sentir
à proximité.
Figure-4 : Image issue d’une émission canadienne, « Les
Archives Oubliées », ou Nicolas Tesla présente le principe de
son moteur à induction. Deux bobines, puis trois par la suite,
seront associées à une source de courant triphasé pour
engendrer un « champ tournant ». (Vidéo complète
disponible sur : http://www.dailymotion.com)
4. L’exemple du palier magnétique.
Un exemple simple va permettre de mieux mettre
en évidence le problème posé. Un palier magnétique
conventionnel est utilisé comme support pour cette
analyse (Fig. 5) [33]. L’objectif est de maintenir en
position, sans le moindre contact, un arbre tournant à
grande vitesse (Repère 1, Fig 5.) en utilisant les effets
attractifs d’électroaimants fixes situés en périphérie
(Repère 2, Fig 5.). Bien que les champs générés soient
fixes, l’exemple sera suffisant pour arriver à la
conclusion recherchée, c'est-à-dire une remise en cause
des choix techniques réalisés.
Dans la figure 5, la répartition spatiale du champ est
donnée par simulation [34]. Il apparait qu’un niveau
correspondant à la saturation est atteint dans le stator
(1,5 Tesla). Cela veut dire qu’il est inutile d’augmenter
les courants dans les enroulements pour augmenter
l’attraction sur la partie mobile du palier, la valeur de
l’induction étant limitée, la valeur de la force associée
l’est aussi. Pour éviter cette limitation liée à la matière,
il suffit de la retirer ! Il ne reste plus que de l’air et plus
aucune limitation. Hélas, pour retrouver le même
niveau d’attraction, Il faut augmenter le courant qui va
circuler dans les bobines de maintien. Un courant 40
fois plus intense est requis pour retrouver les mêmes
niveaux d’attraction. Cette solution ne sera
envisageable que si les bobines sont réalisées en
supraconducteurs. Dans la solution ainsi obtenue, le
principe d’attraction est conservé et la partie mobile est
inchangée. Cette solution est à éviter. Il restera une
saturation au niveau de la partie mobile (Fig 6.).
Figure-5 : Représentation des lignes de flux associées à
un palier magnétique conventionnel. Dans cette
représentation, la partie mobile du palier (1) est attirée par
la partie fixe (2) contenant les bobinages de génération des
champs magnétiques. (Simulation réalisée au moyen de
FEMM 4 .2)
Figure-6 : Représentation des lignes de flux associées à
un palier magnétique n’ayant plus de noyau fixe
ferromagnétique. Pour obtenir le même niveau d’effort, le
courant a été multiplié par 40. Des fuites magnétiques de
plusieurs dizaines de milli-tesla vont se rencontrer dans des
zones ou il n’y avait auparavant aucun champ parasite.
Comme la partie tournante est inchangée (1), une saturation
magnétique peut toujours apparaitre. (Simulation réalisée
sous FEMM 4.2)
Pour obtenir une solution acceptable, il faut revenir
sur le choix initial ayant induit cette solution.
Puisqu’un supraconducteur est aussi un diamagnétique
parfait, il est possible d’utiliser la répulsion magnétique
plutôt que l’attraction. Il suffit de remplacer la partie
mobile de ce palier par un corps supraconducteur. Cette
structure présente un nouvel intérêt, car la position
désirée est naturellement obtenue. Les bobines
supraconductrices repoussent systématiquement cette
partie mobile au centre du dispositif. En examinant la
distribution de champ (Fig.7), il apparait que cette fois
le rotor ne pouvant accepter le moindre flux
magnétique, il est automatiquement centré par la
répulsion engendrée par les bobines périphériques.
Figure-7 : Dans cette simulation, le rotor amagnétique
est maintenu au centre du dispositif par le simple fait qu’il
n’accepte pas d’être traversé par le moindre champ
magnétique. Il se centre de lui-même dans le dispositif.
(Simulation réalisée sous FEMM 4.2)
facilement en insérant une seconde source de champ
magnétique dans le stator. Cette source peut être un
aimant ou un électro-aimant et aussi un circuit fermé
qui va voir se développer un courant qui servira à créer
cette autre source de champ magnétique [36].
(a)
(b)
Figure-8 : Palier industriel de la société NEXANS, le
stator (a) cryogénique impose au rotor passif (b), constitué
de pastilles supraconductrices (b), de rester au centre du
dispositif.
Cette structure qui repose sur l’utilisation des
supraconducteurs aussi bien pour le stator que le rotor
est celle qui est retenue par la société NEXANS pour
fournir, depuis quelques années, un palier
supraconducteur sans contact pour les applications
industrielles [35]. Une partie fixe cryogénique
engendre les champs magnétiques qui permettent de
garder la partie mobile constitué de 270 plaquettes de
supraconducteur (YBCO) au centre du système (Fig.8).
Cet exemple est une bonne illustration des remises
en cause des conceptions issues de l’utilisation des
conducteurs en cuivre. Si les supraconducteurs sont
considérés comme des conducteurs sans perte, des
augmentations considérables de courant sont donc
autorisées. Il n’est généralement pas recommandé
d’utiliser les matériaux magnétiques classiques pour
guider le flux magnétique. Ceux-ci vont limiter
l’induction à leurs niveaux de saturation. Les stators à
air apparaissent naturellement avec comme principal
aspect positif une réduction immédiate de poids. Il est
clair que les machines à supraconducteur auront
naturellement les meilleures puissances massiques du
marché.
Cette caractéristique peut expliquer le
développement des éoliennes utilisant des générateurs
à supraconducteurs [49].
Pour la solution à aimant permanent ou à
électroaimant, cela conduit à la machine synchrone.
Pour la seconde solution, c’est naturellement la
machine asynchrone. Les récentes réalisations
s’orientent plutôt vers des machines de type synchrone
et les applications envisagées sont d’ordres maritimes
ou aéronautiques. Cette orientation est compréhensible
quand l’aspect puissance massique revient à l’esprit.
Les architectures sont globalement conservées, les
machines peuvent être à flux axial ou radial. De plus, le
matériau supraconducteur peut aussi remplacer
l’aimant permanent. Il peut être magnétisé tout comme
les aimants permanents [37] [38] [39]. Cette propriété
physique est mise en œuvre dans la prochaine
réalisation abordée : un moteur synchrone réalisé au
Japon.
Dans le domaine maritime, les laboratoires japonais
ont étudié un moteur comportant des aimants
supraconducteurs au rotor et des enroulements
supraconducteurs au stator [40]. Cette machine à flux
axial, sans aucun circuit magnétique métallique, est
destinée à la propulsion des navires. Le principal
critère est la fourniture d’un fort couple mécanique à
très faible vitesse de rotation. Une puissance de 36,5
MW à 120 trs/min est tout à fait envisageable. En
2006, un article scientifique donne les spécifications de
ce moteur et, en particulier, le moyen utilisé pour
aimanter les supraconducteurs massifs insérés dans le
rotor. La machine ainsi testée, dont l’aspect général est
donné dans la figure 9, est prévue pour délivrer une
5. Le rotor et l’utilisation du champ statorique
Quittons cet exemple et revenons sur le principe de
Nicolas Tesla. En présence de ce « champ tournant »,
la création d’un couple mécanique s’obtient très
Figure-9 : Moteur synchrone expérimental construit par
les laboratoires japonais dans le but de fournir des moyens de
propulsion pour les navires de surface.
puissance de 30 kW à 720 trs/min dans le cas ou un
rotor simple est utilisé et une puissance de 60 kW à 720
trs/min dans le cas ou un double-rotor est monté,
(Fig.10a et 10b). Ces chiffres ne sont pas encore
obtenus, les différences proviennent des aimants
supraconducteurs qui n’ont pas encore atteint leur
magnétisation nominale de 2 teslas. Il demeure que les
avantages inhérents à la structure ainsi choisie
persistent. Les moteurs à flux axiaux sont généralement
plus compacts et il est aisé d’augmenter le couple en
multipliant le nombre de plateaux magnétiques au
rotor. De plus, le choix d’aimants supraconducteurs
conduit immédiatement à l’absence de contacts
glissants annulaires nécessaires à l’excitation des pôles
magnétiques d’un rotor à électroaimant. Toutefois, la
magnétisation des aimants supraconducteurs (Gd-BaCu-O) ne peut pas être obtenue par un courant circulant
dans les enroulements supraconducteurs (Bi-2223,
Bi2Sr2Ca2Cu3O10), la densité de courant demandée
excède le courant critique associé à ces matériaux,
pourtant prometteur dans les applications à forts
champs et à forts courants. En conséquence, ce sont
d’autres enroulements, en cuivre, qui vont prendre en
charge cette fonction [41].
prédilection [43]. Les laboratoires russes et allemands
ont donc construit des moteurs à stator conventionnel
ou plusieurs types de rotor pouvaient être testés
(Fig.11).
Le résultat est une machine synchrone à réluctance
dont les principaux paramètres qui vont être observés
sont : la puissance délivrée, le rendement et le facteur
de puissance. Il apparait finalement que pour une
liberté d’action réduite, le seul élément libre de
conception étant le rotor, il est possible d’avoir des
caractéristiques différentes. Par rapport à un rotor
conventionnel, le gain est puissance est significatif (Fig
12). L’introduction des aimants supraconducteurs
YCBO double la puissance délivrée. Cela s’explique en
parti par la structure retenue. Les éléments
supraconducteurs interdisent le passage du flux et
6. Les structures mixtes.
Dans le domaine aéronautique, en 2002, une
coopération entre la Russie et l’Allemagne a conduit
ces deux pays vers des travaux similaires [42]. Les
machines étudiées restent synchrones et les
supraconducteurs sont toujours de la série des cuprates
(YBCO). Toutefois, l’objectif n’est pas d’arriver
comme les laboratoires japonais à un moteur
opérationnel prêt à être intégrer. La problématique
abordée est celle des possibilités de conversion de
l’énergie magnétique en énergie mécanique en utilisant
au mieux les supraconducteurs. Plus généralement, les
propriétés de ces matériaux : le diamagnétisme,
l’absence de résistance ohmique, la capacité à piéger le
champ magnétique… font qu’ils peuvent être utilisés
dans plusieurs applications et que l’application
envisagée n’est pas nécessairement leur domaine de
(a)
Figure-11 : Quatre types de rotor sont testés dont
une coupe est présente ci dessus. Ils sont référencés de la
forme suivante :
- (a) et (b)
: Zebra type HTS motor
- (c)
: Pilz type HTS motor
- (d)
: Zelz type HTS motor
(b)
Figure-10 : Pour le moteur japonais, deux types de
rotor sont testés, le nombre d’aimants supraconducteurs
par disque est inchangé, seul le nombre de plateau est
doublé.
Figure-12 : Puissance délivrée, pour le même
courant, pour les différents types de rotor testés.
encore une fois le logiciel FEMM dans sa version 4.2
(Fig.14, 15 et 16). Plusieurs types de solutions peuvent
ainsi être étudiés en montrant les effets magnétiques
engendrés. En particulier, l’apport du supraconducteur
est quantifié en comparant le couple produit par un
rotor de géométrie similaire ou le supraconducteur est
remplacé par de l’air. De telles conditions mettent en
avant que le matériau supraconducteur est bien un
Figure-13 : Prototype d’un moteur de 100 kW et
coupe de son rotor constitué d’un sandwich d’acier
amorphe et de supraconducteur YCBO.
renforcent l’effet de réluctance du rotor. Il est à noter
que le rendement reste dans des valeurs honorables, de
l’ordre de 90%. Pour mettre en avant les phénomènes
rencontrés qui peuvent justifier cette augmentation de
puissance, il n’est pas utile de reprendre l’architecture
de la machine car seul le rotor est spécifique. Les
meilleures performances furent obtenues au moyen
d’un rotor feuilleté (Sandwich Supra-Acier). Des
différents types de rotor présentés à la figure 11, il
apparait que les rotors de type Zebra feuilletés sont
capables de développer le plus de puissance pour un
même courant (Fig. 12). Les bons résultats obtenus par
les structures Zebra ont conduits ces laboratoires à
lancer un projet de moteur de 100 kW en continuant à
utiliser la structure feuilletée au rotor (Fig. 13). L’ajout
du supraconducteur renforce le flux dans les parties
ferromagnétiques et oblige celui-ci à rester dans l’acier
du rotor. Il quitte finalement le rotor à la position la
plus éloigné de l’axe de rotation et ce phénomène peut
expliquer l’accroissement de puissance ainsi obtenu.
Il est intéressant de constater que cette approche, ou
la liberté de conception est limitée, permet de mettre en
évidence l’aspect positif du diamagnétisme qui se
rencontre dans les supraconducteurs. Toutefois, comme
la structure reste majoritairement conventionnelle, il
faut quantifier les pertes thermiques pour pouvoir
dimensionner le système de cryogénie. L’étude russogermanique a mis en évidence que celles-ci se situent
principalement au niveau de l’acier sous forme de perte
par hystérèse. Comme le supraconducteur est un
élément adjacent à ce matériau, les équipes de
recherche ont très vite remédié à ce problème en
utilisant des matériaux amorphes. Pour mettre en
évidence l’effet quantitatif de l’ajout des
supraconducteurs dans les rotors feuilletés, des
simulations numériques sont réalisées en utilisant
Figure-14 : Un stator conventionnel est associé à
un rotor constitué d’un sandwich d’acier magnétique et
de supraconducteur. Le supraconducteur est considéré
comme diamagnétique.
Figure-15 : Simulation avec un rotor à air. La
position du rotor est décalée de 10° par rapport au
champ tournant.
Figure-16 : Simulation avec un rotor à
supraconducteur. La position du rotor est décalée de 10°
par rapport au champ tournant.
nouveau degré de liberté pour la conception des
machines électriques. La figure 14 précédente montre
la structure qui servira à conduire l’analyse proposée.
Les figures 15 et 16 montrent la répartition du flux
dans les deux types de rotor quand un décalage de 10°
est imposé. Il apparait dans la figure 16 que le flux
évite de circuler dans le supraconducteur, milieux peu
favorable, alors qu’il arrive à s’insérer dans les zones
d’air du précédent rotor, figure 15. Les simulations
associées à ces deux représentations permettent de
calculer l’effet du supraconducteur sur le couple
mécanique produit. Pour calculer le couple mécanique
que peut délivrer chaque machine, il suffit de calculer
l’énergie magnétique pour deux positions voisines du
rotor et d’interpréter la variation d’énergie comme
étant le travail du couple associé à cette variation de
position angulaire. Cette méthode est bien sûr
employée régulièrement pour déterminer le couple
mécanique des moteurs conventionnels. Si on
considère le couple délivré par le rotor à lames d’air
comme le couple de référence, Il apparait que le couple
délivré par le rotor comportant des supraconducteurs
est supérieur de 140% !
La technique mise en œuvre par ces chercheurs
russes est très intéressante car elle montre que le
concept est à la base de la réalisation technique. Les
simulations qui sont présentées n’utilisent pas les
données issues des machines russes mais sont en fait de
simples interprétations personnelles associant un stator
conventionnel à un rotor feuilleté. Comme le concept
initial est conservé, il est remarquable de constater que
les résultats sont similaires. Il est clair que le système
n’est pas optimisé, mais les bases sont acquises et cette
optimisation n’est plus qu’un travail qui peut être
réalisé à postériori quand tous les paramètres seront
bien identifiés. Il apparait que les structures des
machines synchrones intégrant des éléments
supraconducteurs ne sont pas aussi figées que les
structures des machines conventionnelles. Le
supraconducteur apporte un degré de liberté
supplémentaire qu’il convient de prendre en compte.
Un rapport de synthèse mandaté par le ministère de
l’énergie américain rappelait ce dernier point. Les
machines à supraconducteur ayant une structure AIRCORE ont certes un très bon rendement mais sont aussi
couteuses [44]. En particulier en utilisant un critère de
coût de possession réparti sur deux ans (Two Year Cost
of Ownership Benefit – TYCOB), les meilleurs
résultats étaient obtenus par des machines mixtes
IRON-CORE-HTS.
7. Les machines asynchrones.
Les machines les plus répandues ne sont pas les
machines synchrones. La simplicité de la machine
asynchrone ainsi que sa fiabilité en font le premier
convertisseur d’énergie électrique en énergie
mécanique dans l’industrie. Il est intéressant de
regarder cette machine sous un aspect supraconducteur.
Elle a été rapidement classée comme inutilisable pour
des applications utilisant des supraconducteurs [44].
Des expériences récentes peuvent peut-être remettre en
cause ce choix. La machine asynchrone est une
machine qui ne peut donner du couple que si le rotor se
comporte comme un élément résistif. Cette propriété
est requise pour que le champ magnétique engendré par
les courants induits dans le rotor soit déphasé de 90°
par rapport au champ tournant. Le résultat immédiat est
que cette situation est la plus favorable au niveau
magnétique car le couple ainsi obtenu est maximum.
Dans les machines synchrones, cette situation ne peut
pas être envisagée car le moindre accroissement de
couple ne peut pas être toujours compensé par un
accroissement du déphasage. Un accroissement du
déphasage de plus de 90° se traduit par une
désynchronisation catastrophique de la machine. Ce
résultat de fonctionnement est un point intéressant car
il n’existe pas un tel décrochage sur une machine
asynchrone.
Il est aisé de trouver dans la littérature ou les sites
web spécialisés des informations sur la création des
champs tournants. Par contre, l’exploitation du champ
magnétique ainsi produit dans le rotor n’est pas aussi
bien documentée. Les lignes suivantes vont permettre
de mieux mettre en évidence les phénomènes associés.
En préambule, une spire est placée dans un champ
magnétique de module constant mais de direction
variable, il «tourne » dans le sens trigonométrique (Fig.
17.a). Le résultat est qu’une force électromotrice
apparait aux bornes de cette spire ouverte. Si cette spire
est une spire fermée résistive, un courant induit va
apparaitre et il sera déphasé de 90° par rapport à la
phase de B (Fig. 17.b). Ce courant, circulant dans une
spire engendrera un champ magnétique (Fig. 18.a) dont
l’amplitude est proportionnelle à la variation de flux
par rapport au temps. Si une deuxième spire,
légèrement décalée de la première, est ajoutée à cette
structure, un deuxième champ magnétique va être
produit. En multipliant le nombre de spires, on arrive à
une structure de rotor à « cage d’écureuil ». La
particularité de cette structure est d’engendrer un
champ rotorique dont le décalage angulaire par rapport
au champ statorique est de 90°, (Fig. 18). C'est-à-dire,
de créer l’écart angulaire qui produit naturellement le
maximum de couple. De plus, cet écart est indépendant
du couple demandé. L’adaptation à ce couple
mécanique passera par une augmentation ou une
diminution du champ Br, c'est-à-dire une augmentation
ou une diminution des courants rotoriques. Cette
adéquation se traduira finalement par une modification
des forces électromotrices via le glissement. Cette
adaptation se faisant naturellement. Il serait dommage
qu’une si belle succession de phénomènes physiques ne
puissent pas se marier avec les supraconducteurs.
(a)
(b)
(a)
(b)
Figure-17 : Un champ tournant, figure 17.a, engendre
une force électromotrice. Si la spire se comporte comme une
résistance, figure 17.b, le courant engendré sera en phase
avec la force électromotrice produite dans la spire.
Avant de regarder plus en détail les possibilités
offertes, il convient de reprendre les arguments qui
furent utilisés pour condamner l’association de cette
machine avec les supraconducteurs. Le rapport du
département de l’énergie américain comprend un
chapitre sur ce sujet. Le moteur à induction, aussi
appelé SuperConducting Induction Motor (SCIM) est
comparé au moteur synchrone, High Temperature
Sperconducting / Permament Magnet motor
(c)
Figure-18 : Le courant rotorique, figure 18.a, engendre
un champ magnétique. Pour une deuxième spire décalée
angulairement, figure 18.b, le même phénomène se retrouve
avec la génération d’un champ B1. Finalement, pour un
nombre important de spire, la somme des champs produits
par les différentes spires, Br, est un champ en quadrature
avec le champ tournant, Bs (figure 18.c).
(HTS/PM). Il apparait, bien sûr, que tout rotor dans une
machine asysnchrone doit se comporter comme un
élément résistif pour autoriser le démarrage de cette
machine. Les courants importants qui vont en résulter
sont dommageables pour le bon comportement des
supraconducteurs. Les intensités des courants ou des
champs magnétiques résultants de ces courants risquent
d’excéder les paramètres critiques associés aux
matériaux supraconducteurs. Même si ces limitations
ne sont pas atteintes, il faut garder à l’esprit qu’un
supraconducteur réel se comporte néanmoins comme
une résistance très faible. En face de courant important,
des pertes vont apparaitre. Ces pertes doivent être
compensées par le système de cryogénie. Comme les
contraintes thermiques sont sévères, les rapporteurs
conclurent finalement sur l’absence d’urgence à
poursuivre les investigations sur les SCIM.
Envisager la fabrication d’un moteur cryogénique
présentant des pertes joules n’est pas une hérésie… La
NASA le montre dans l’une de ses réalisations [45].
L’objectif était de réaliser le moteur assurant la
propulsion d’un avion n’utilisant que l’énergie
électrique. Le moteur est réalisé à partir de matériaux
conventionnels. En particulier, les matériaux
conducteurs peuvent être du cuivre ou de l’aluminium.
Comme ces deux matériaux seront utilisés à basses
températures, leur résistivité va chuter d’un facteur
100. Les pertes Joules à évacuer sont d’office
minorées. Dans de telles conditions, la NASA a
proposé un moteur de 10,6 kW et assurant un couple de
sortie de 21 Nm. Les essais à température ambiante ont
montré qu’un courant moteur produisant une densité de
courant de 11 A/mm² ne pouvait être dépassé alors
qu’en condition cryogénique, cette même densité
atteint sans aucun problème 30 A/mm².
Les pertes thermiques existent et il faut les prendre
en considération… Pour répondre à cette question, les
chercheurs de la NASA ont tenu compte de
l’environnement du moteur. C’est un moteur qui
équipera un équipement mobile, il doit être autonome,
il ne peut pas compter sur une source d’énergie
extérieure à l’avion. Or la source d’énergie est
l’énergie produite par des piles à combustible et le
combustible est de l’hydrogène liquide à 20,2°K.
Pourquoi ne pas demander à ce combustible de
réfrigérer le moteur avant d’aller alimenter la pile
(Figure 19). La solution prise par les ingénieurs de la
NASA est particulièrement judicieuse. Le moteur,
utilisant des conducteurs classiques, peut fonctionner à
température ambiante et ainsi assurer une propulsion
minimale. Pour un avion, c’est primordial.
L’hydrogène présent dans l’avion étant avant tout un
combustible, il pouvait être utilisé comme réfrigérant
sans pénaliser le fonctionnement des piles. Il est
remarquable de constater que cette solution, apparue au
début de la conquête spatiale, est toujours utilisée par
les ingénieurs concevant les tuyères des moteurs
principaux des fusées. Les tuyères des moteurs Vulcain
sont refroidies par l’hydrogène issu des réservoirs
avant d’être envoyé dans la chambre de combustion.
Il est à noter que la majorité des moteurs présentés
sont des moteurs destinés à des applications mobiles.
La source d’énergie principale est bien sur l’énergie
électrique et la production de cette énergie électrique
est très souvent confiée à des piles à combustible. Estil toujours d’actualité de retenir le critère thermique
pour définir les structures des futures machines si les
sources froides sont effectivement à proximité ?
En conséquence, il est possible de revenir sur la
machine asynchrone qui était écartée jusqu’à présent
des applications des supraconducteurs. Avoir un stator
Figure-19 : Sur cette photo du moteur de la NASA,
on peut voir le rotor submergé par de l’hydrogène liquide
qui assure son maintien à basse température.
Figure-20 : Illustration d’un rotor à cage
d’écureuil qui met en avant la simplicité du réseau de
conducteur ayant pour objectif de générer un champ
magnétique en interaction avec le champ magnétique
issu du stator. (Source : http://fr.wikipedia.org)
similaire au moteur supraconducteur de forte puissance
que produit la société American Superconductor
(AMSC), qui est représenté dans les figures 22a et 22b
[46] [47] [48].
Figure-21 : Synoptique d’un rotor à cage
d’écureuil pour machine asynchrone :
-1- arbre primaire de transmission.
-2- Anneau de court-circuit pour les barres
conductrices
-3- Matériau magnétique feuilleté : tôles isolées
-4- Cannelures assurant la liaison mécanique entre
l’arbre primaire et les tôles magnétiques.
AIR-CORE ne remet pas en cause le principe du
champ tournant, seul le rotor va demander une
attention particulière (Fig. 20). Il doit avoir un
comportement majoritairement résistif et ne pas
perturber le fonctionnement du stator dont les
conducteurs, qui seront peut-être à l’avenir des
supraconducteurs,
nécessiteront une température
basse. Le rapport américain sur les machines à
supraconducteur prévoyait un rotor purement
supraconducteur.
Cette
solution
n’était
pas
envisageable. Par contre, rien ne semble interdire au
rotor d’être majoritairement constitué de composant
supraconducteur et de mettre des éléments résistifs à
l’extérieur de la zone froide. Ces éléments sont à fixer
sur la partie tournante pour ne pas induire des
problèmes supplémentaires de connexions électriques.
Cela va se traduire par une modification de la structure
du rotor. Certaines parties seront conservées et d’autres
supprimées (Fig. 21).
Le rotor ne peut plus conserver les matériaux
magnétiques. Les pertes par hystérésis, la saturation,
les pertes par courants induits sont autant de
phénomènes préjudiciables à la bonne tenue en
température des supraconducteurs adjacents. Il sera
difficile d’éviter l’emploi de l’acier pour l’arbre
primaire (Fig. 21, élément 1), tout au plus il peut être
choisi parmi les alliages non magnétiques. Les tôles
(Fig. 21, élément 3) vont donc disparaitre. Par contre,
l’ensemble des éléments conducteurs va pouvoir être
réalisé en matériau supraconducteur. L’un des anneaux
de court-circuit disparaitra. Il sera reporté à l’extérieur
de la partie froide de la machine et sera légèrement
résistif. Pour le reste de la structure, celle-ci est
(a)
(b)
Figure-22 : (a), Vue en coupe d’un moteur à
supraconducteur de 5 MW de la société AMSC. L’absence de
circuit magnétique fait que la rigidité du stator doit être
obtenue au niveau des bobinages (b). Le stator ne contient
pas aujourd’hui de supraconducteur et sa structure reste
encore proche des moteurs conventionnels.
Par exemple, pour une machine asynchrone de 500
kW présentant des pertes au rotor de l’ordre de 5 kW,
le dimensionnement du système de refroidissement est
le suivant : les pertes sont compensées par un apport
d’azote liquide qui passera en phase gazeuse. La
chaleur latente de vaporisation de cet élément étant de
198.38 kJ/kg (à 1 atm), un débit de 0,030 kg/s d’azote
liquide absorbera cette puissance thermique. Enfin,
l’azote ainsi produit est en phase gazeuse et est encore
à très faible température (-195°c), il peut servir à
refroidir d’autres éléments de la machine.
8. Conclusion
Les premières machines électriques tournent depuis
plus de cents ans. Les ingénieurs prirent tout le temps
nécessaire pour en explorer les moindres détails. A
chaque machine est associée des défauts et des qualités.
Ceux-ci ne sont pas immuables, ils sont en fait associés
aux techniques possibles du moment. Le combat entre
Nicolas Tesla et Thomas Edison pour la nature du
courant qui sera utilisé aux Etats-Unis à la fin du 19ème
siècle en est un exemple. Le courant alternatif de
Nicolas Tesla finit par gagner et fit la fortune de
George Westinghouse. Dans le cas de l’association des
supraconducteurs à ces structures ancestrales, il faut
garder à l’esprit que toutes les innovations passées sont
maintenant considérées comme naturelles même si
elles ont mis à l’époque quelques années pour émerger.
Finalement, les premières machines à supraconducteur
sont loin d’avoir l’antériorité des machines dites
conventionnelles et trop peu de temps s’est écoulé pour
conclure sur les structures à employer.
[9]
G Papst, B B Gamble, A J Rodenbush and R Schöttler,
“Development of synchronous motors and generators
with HTS field windings”, Supercond. Sci. Technol. 10
(1997) 924–926.
[10] “Converteam prépare le générateur supraconducteur
HTS”, Source en ligne : http://www.industrie-online.fr.
[11]
J+R. Hull, “Potential Impact of High Temperature,
Superconductors on Maglev Transportation”, Center for
Transportation Research, Energy Systems Division,
Argonne National Laboratory, United States
Department of Energy, Février 1992.
9. Bibliographie
[1]
G. Charles, “Nylon, Kevlar et compagnie”, Documents
en ligne : d'après «L'EXPRESS» du 19 mai 1993.
[2]
C. Michel et B. Raveau, « De nouveaux
supraconducteurs », « Pour la science », Novembre
1987, N° 121, pp 102-113.
[3]
J. Baixeras, « Les supraconducteurs, Applications à
l’électronique et à l’électrotechnique », Collection
Sciences et Techniques de l’Ingénieur, CNRS édition,
1998.
[4]
“Les composants supraconducteurs à haute température
de Nexans sélectionnés par le Ministère américain de
l'Energie dans le cadre d'un projet de limiteurs de
courant de 12 millions de dollars”, 18/11/2003, Source
en ligne : http://www.nexans.com.
[5]
[6]
[7]
[8]
“Premier projet chinois de câble d'énergie
supraconducteur à haute température critique :
Innopower choisit Nexans”, 17/04/2003, Source en
ligne : http://www.nexans.com.
Kang-Sik Ryu, Young-Sik Jo et Minwon Park,
“Overview of the development of the advanced power
system by the applied superconductivity technologies
programme in Korea”, INSTITUTE OF PHYSICS
PUBLISHING, Supercond. Sci. Technol. 19 (2006)
S102–S108.
« American Superconductor Demonstrates World's
First HTS 5,000-Horsepower Electric Motor Patented,
Ultra-Compact Design Expected to Open New Markets
in
Energy
Conversion”,
07-18-2001,
http://www.ewire.com.
H. W. Neumüller, W Nick, B Wacker, M Frank, G
Nerowski, J Frauenhofer, W Rzadki and R Hartig,
“Advances in and prospects for development of hightemperature superconductor rotating machines at
Siemens”, INSTITUTE OF PHYSICS PUBLISHING,
Supercond. Sci. Technol. 19 (2006) S114–S117 15-022006.
[12] “Des supraconducteurs à haute température pour les
moteurs et générateurs de demain”, Documents en
ligne : http://www.technicites.fr, 17/07/2008.
[13] BBC, “Les supraconducteurs annoncent une ère
nouvelle”, Informations en ligne, http://www.bbc.co.
[14] “Mécanique – Energétique, Physique : moteur linéaire
moins cher sans supraconducteur”, Documents en
ligne :
http://www.bulletins-electroniques.com
,
Partenariat ADIT - Ministère des affaires étrangères et
Européennes.
[15] L. Landau et E. Lifchitz, « Physique Statistique, Tome
5 », Editions MIR., Moscou, 1967.
[16]
B. Dutoit, “Eléments de cryogénie”, Ecole
polytechnique fédérale de Lausanne, Juin 2007, Faculté
STI Sciences et Techniques de l'ingénieur, cours en
ligne.
[17] N. Wiest-Million Nicolas, J. Lemoine, E. Solt, “Les
matériaux supraconducteurs Rapport d’Epistemologie”,
22/07/2002, Document en ligne.
[18] B. Dutoit, “Supraconductivité de type I & II”, Cours
Supraconductivité, Juin 2007, Ecole polytechnique
fédérale de Lausanne, Faculté STI Sciences et
Techniques de l'ingénieur, Cours en ligne.
[19] B. Dutoit, “Matériaux supraconducteurs ”, Cours
Supraconductivité, Juin 2007, Ecole polytechnique
fédérale de Lausanne, Faculté STI Sciences et
Techniques de l'ingénieur, Cours en ligne.
[20] S.P. Chapman, « A hierarchy of models for type II
superconductors », SIAM review, 2000, vol. 42,
no4, pp. 555-598.
[21] J.S. Hurley, U. Rao, « Alternating current losses in AgSheathed BSCCO (2212 &2223) tapes wires and
YBCO (123) coated conductors », U.S Department of
Energy, Federal Energy Technology Center.
[22] J. S. Hurley, “FINAL REPORT, Alternating Current
Losses in Ag-Sheathed BSCCO (2212 & 2223) Tapes
and Wires and YBCO (123) Coated Conductors!” U.S.
Department of Energy, Federal Energy Technology
Center.
[35] “Nexans fournit le premier palier supraconducteur sans
contact pour une application industrielle”, 21/09/2005,
Source en ligne : http://www.nexans.com.
[23]http://www.dailymotion.com/al-fred/video/xsd71_nikolatesla-les-archives-oubliees
[37] M Izumi, C Xu, A Hu, M Ichihara, Y Xu, E Morita, Y
Kimura, M Murakami, N Sakai, I Hirabayashi, H
Sugimoto et M Miki, “ Materials Processing, Pulsed
Field Magnetization and Field-Pole Application to
Propulsion Motors on Gd123 Bulk Superconductors”,
8th
European
Conference
on
Applied
Superconductivity (EUCAS 2007), Journal of Physics:
Conference Series 97 (2008).
[24] POUR LA SCIENCE N° 330, Avril 2005
[25] B. Dutoit, “HTSC Tapes”, Cours Supraconductivité,
Juin 2007, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne,
Faculté STI Sciences et Techniques de l'ingénieur,
Cours en ligne.
[26] E. B. Forsyth, “Intermetallic Superconductors - the
State of Development in 1991”, Maglev Transportation
Systems, May 23-24, 1991.
[27] F. Sirois, “ELE4453, Matériaux de l’électrotechnique,
Matériaux supraconducteur“, 21-05-2007, Ecole
polytechnique de Montréal, Présentation en ligne.
[36]http://www.physclips.unsw.edu.au/jw/electricmotors.htm
[38] E Morita, H Matsuzaki, YKimura, IOhtani, H Ogata, M
Izumi, Y Nonaka, MMurakami, T Ida, H Sugimoto, M
Miki et M Kitano, “Study of single pulsed-field
magnetization of Gd–Ba–Cu–O bulk high-temperature
superconductor with a split type of armature coil for
rotating machinery”, INSTITUTE OF PHYSICS
PUBLISHING, Supercond. Sci. Technol. 19 (2006)
S486–S490.
[28] R. A. Hawsey, “Progress in development of high
temperature superconducting wire for electric power
applications”, Document soumis au 29ème congrès
International Energy Conversion Engineering, Montrey,
CA, 7-12 / 8 / 1994.
[39]
[29] G. A. Levin and P. N. Barnes, “The Integration of
YBCO Coated Conductors into Magnets and Rotating
Machinery”, Presented at 2005 Cryogenic Engineering
Conference and International Cryogenic Materials
Conference, Keystone, CO (August 29-September 2,
2005).
[40] M. Kiki, S. Tokura, H. Hayakawa, H. Inami, M.
Kitano, H. Matsuzaki, Y. Kimura, I. Ohtani, E. Morita,
H. Ogata, M. Izumi, H. Sugimoto and T. Ida,
« Development of a synchronous motor with Gd-BaCu-O bulk superconductors as pole-field magnets for
propulsion system», INSTITUTE OF PHYSICS PUBLISHING,
Supercond. Sci. Technol., N°19, 2006, pp S494-499.
[30] D. Selse, “Nouveau record pour les supraconducteurs
!”, 15-09-2006, http://www.futura-sciences.com/fr/.
[31] Brevet USA: stator of a cryogenic electric machine Patent
4398108,
publié
le
08/09/1983,
http://www.freepatentsonline.com/4398108.html
[32] Zhang, B.; Driscoll, D.; Dombrovski, V, « Construction
and testing of a 1000 hp high-temperature
superconducting motor», Petroleum and Chemical
Industry Conference, 2002. Industry Applications
Society 49th Annual, pp 223- 228.
[33] J. Sapin et A. Schouleur, “ Etude et contrôle d'un palier
magnétique pour volant d'inertie”, CEREM Centre de
Recheche en mécatronique, Présentation en ligne :
http://www.grepes.be/content/documents/presentations/
present_2007_02_23/.
[34]
http://femm.foster-miller.net/wiki/HomePage
J. R. Hull, S. SenGupta et J. R. Gaines, “Trapped-Flux
internal dipole superconducting motor / generator”,
Work supported by the U.S. Department of Energy,
Submitted to 1998 Applied Superconductivity
Conference, Sept. 13-18, 1998, PalmDesert, CA.
[41] P Vanderbemden, Z Hong, T A Coombs, M Ausloos, N
Hari Babu, D A Cardwell et A M Campbell,
“Remagnetization
of
bulk
high-temperature
superconductors subjected to crossed and rotating
magnetic fields”,
[42] L.K. Kovalev, K.V. Ilushin, V.T. Penkin, K.E.
Kovalev, A.E. Larionoff, S.M-A. Koncev, K.A.
Modestov, S.A. Larionoff, V.N. Poltavets, I.I. Akimov,
V.V. Alexandrov, W. Gawalek, B. Oswald et G.
Krabbes. « High output power reluctance electric
motors with bulk high-temperature superconductor
elements », INSTITUTE OF PHYSICS PUBLISHING,
Supercond. Sci. Technol. N° 15, 2002, pp 817-822.
[43] P. Chu, « Les supraconducteurs dans l’industrie »,
« Pour la science», Novembre 1995, N°217, pp 128132.
[44] RELIANCE
ELECTRIC
COMPAGNY,
« Development of Ultra-Efficient electric motors »,
Final technical report, covering work from April 2002
through September 2007, Published May 2008. United
State Department of Energy.
[45] Dr. Gerald V. Brown, “Cryogenic Electric Motor
Tested”, NASA, Propulsion and Power, VSP, RAC,
Rapport d’essais en ligne. http://www.grc.nasa.gov/
[46] American
Superconductor
(A.M.C.),
“Marine
Propulsion DataSheet”, http://www.amsc.com.
[47] American Superconductor (AMC), “High Temperature
Superconductor (HTS) Electric Propulsion Motors”,
2006, http://www.amsc.com.
[48] American Superconductor (AMC), “Development
Status of Superconducting Rotating Machines”, IEEE
PES Meeting, New York, 27-31 January 2002
[49] American
Superconductor
(AMC),
“American
superconductor developing 10 MW wind generators”,
11 octobre 2007, http://www.amsc.com.
Téléchargement