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en opposant brutalement l’artice à la réalité, en construisant méthodiquement
le quatrième mur avec toutes les projections des symboles qui se dévoilent sur
scène – au contraire, la catharsis se fait dans le lien intime que le spectateur
entretient avec la scène, qu’il intègre à son esprit de la même manière que l’on
intègre des événements du jour dans les rêves du soir.
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Moyen-Âge symbolique, symboliste et symbolisé
Le symbolisme s’est nourri du Moyen-Âge. Les peintres préraphaélites en donnent
les premiers exemples, s’inspirant des peintres primitifs amands et italiens
du Quattrocento (XVe siècle), dessinant ainsi l’image d’une pré-Renaissance
mythologique, relativement imaginaire, et systématiquement idéalisée. Les
préoccupations médiévales du Diable, du Graal, les gures de fées et d’héroïnes
mythologiques ou bibliques divinisées se complaisent dans ce nouvel ésotérisme,
qui prégure notre attrait contemporain pour les ténèbres du Moyen-Âge, où
messes noires, descendance de Jésus, fascination scientique, quêtes mystiques,
pouvoirs surnaturels et bibliothèques en labyrinthe répondent à un besoin
spirituel que les préraphaélites furent sans doute les premiers à ressentir.
Les ténèbres du Moyen-Âge : voilà bien ce qui fait de cette période de l’Histoire
un ferment inépuisable de l’imaginaire contemporain. Au-delà de son existence
chronologique, il symbolise, depuis le XIXe siècle et l’avènement du néogothique,
tout ce que l’Occident a d’occulte. Est-ce faire honneur au Moyen-Âge que le
traiter comme un symbole ? Si les historiens répondent sûrement que non,
car on réunit dans un même seau ce que des siècles séparent, de la mythologie
arthurienne aux savants de la Renaissance, des légendes celtes à l’Inquisition,
les poètes, eux, ne voient dans cette préhistoire de l’Occident moderne qu’un
terreau à leur imagination. Il est les temps de ténèbres qui guettent la Terre
du Milieu chez Tolkien. Il est l’Ancien Testament des penseurs athées. Il est la
mythologie de notre civilisation.
Que donc mettre sur scène ? De Tristan et Yseult aux Monthy Python, le Moyen-Âge
se heurte à la représentation. Les seconds, à l’instar des Chevaliersdela Table ronde
d’Hervé ou de Kaamelott, nécessitent par dénition la représentation exacte, ou
voulue comme telle, de certains attributs médiévaux (armures, princesses et