Nouveautés en ophtalmologie exposées à Copenhague

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animaux de compagnie
Congrès de l’European College of Veterinary Ophtalmology
Nouveautés en ophtalmologie
exposées à Copenhague
L’European Ophtalmology Meeting s’est déroulé dans la capitale danoise en juin 2009.
Résumé des points forts de cette manifestation.
© Laurent Bouhanna
ÉRATITE PIGMENTAIRE :
LA CRYOCHIRURGIE EST INTÉRESSANTE
Kératite pigmentaire chez un berger allemand. La cryothérapie est une alternative à la kératectomie superficielle.
La kératite pigmentaire peut conduire à des
altérations de la vision. La cryochirurgie est un
traitement alternatif intéressant.
Vingt chiens, qui présentent une pigmentation
mélanique cornéenne, sont inclus dans une
étude*. Un examen ophtalmologique préopératoire est réalisé pour chaque animal. Un
kit de cryothérapie (Askina Skin Freeze) est
employé. La cryode est appliquée sur les zones
pigmentées. Un traitement postopératoire
(topique d’antibiotiques, éventuellement de
corticostéroïdes et larmes artificielles) est prescrit
au cas par cas. Des examens de contrôle sont
réalisés à cinq jours, deux semaines et un mois
après l’intervention. La pigmentation, l’œdème,
et la vascularisation cornéenne sont évalués,
ainsi que le comportement visuel.
Les bons résultats cliniques de cette étude montrent que la cryochirurgie est une option thérapeutique intéressante lors de kératite pigmentaire. Moins invasive et plus simple que la
kératectomie superficielle, cette technique est
rapide et peu onéreuse. Elle peut en outre être
employée à plusieurs reprises sans endommager
la cornée. Un traitement étiologique complémentaire reste toutefois indispensable, car dans le cas
contraire, la cornée se repigmente rapidement.
la cavité nasale, est placé à demeure (pendant
trois semaines). Il est suturé à la peau près de
la paupière inférieure. L’incision conjonctivale
est fermée par un surjet résorbable. Un traitement local (antibiotiques et corticoïdes) est
administré tant que le cathéter est en place.
Les neuf chiens de l’étude ont tous retrouvé la
perméabilité de leurs canaux lacrymaux. Cette
technique est simple et moins invasive que
d’autres abords décrits dans la littérature.
* T. Azoulay : « Treatment of corneal pigmentary keratitis
by cryosurgery : a retrospective study of 20 cases. »
3E
XÉRÈSE D’UN ADÉNOME DU CORPS CILIAIRE :
UNE TECHNIQUE MICROCHIRURGICALE EST DÉCRITE
2D
ACRYOCYSTITE PAR CORPS ÉTRANGER :
UNE TECHNIQUE DE DACRYOCYSTOTOMIE
SE RÉVÈLE PEU INVASIVE
Une technique peu invasive d’extraction d’un
corps étranger du sac lacrymal chez le chien est
décrite*. L’abord du sac lacrymal est réalisé via
la conjonctive, à la base de la membrane nictitante. Des sondes lacrymales sont insérées dans
les deux canalicules lacrymaux, afin de faciliter l’orientation lors de la dissection mousse.
Un grossissement est nécessaire lors de l’intervention. Après l’extraction du corps étranger
et un rinçage du canal lacrymal, un cathéter,
introduit par le point lacrymal supérieur jusqu’à
Lors d’adénome du corps ciliaire, une rétinopexie
préalable à l’exérèse de la tumeur permet de limiter le
risque de décollement de la rétine.
AUTEUR
Laurent Bouhanna,
La Semaine Vétérinaire - N°1399 - 2 avril 2010
© Laurent Bouhanna
spécialiste en ophtalmologie,
titulaire du DESV
d’ophtalmologie,
praticien à Paris.
Article tiré des conférences présentées
lors de l’European Ophthalmology Meeting,organisé par l’ECVO,
l’ESVO et le DSVO à Copenhague (Danemark), en juin 2009.
* I. Allgoewer, C. Nöller : « A surgical technique for dacryocystotomy
in dogs with foreign body induced dacryocystitis. »
© Laurent Bouhanna
1K
Corps étranger implanté dans le canal lacrymal : la
mise en place d’un cathéter pendant trois semaines,après
dissection mousse, donne de bons résultats.
L’exérèse des tumeurs du corps ciliaire, tout en
préservant l’œil et la vision, comporte de nombreux risques. L’objectif de cette étude* est de
montrer comment en éviter certains.
Un chien âgé de neuf ans présente une tumeur
non pigmentée du corps ciliaire de l’œil droit.
L’exérèse de cette tumeur est préparée par une
rétinopexie transpupillaire prophylactique à 360°
au laser**. Le but est d’éviter un décollement de
rétine postopératoire. L’exérèse de la tumeur est
entreprise quatre semaines plus tard. L’abord est
réalisé par une incision cornéo-sclérale en H.
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en “hypotension marquée”). Lorsqu’une hypotension survient, elle requiert des traitements
plus agressifs chez les chiens diabétiques (47 %
nécessitent un traitement avec des cristalloïdes
et/ou des colloïdes, versus 36 % des chiens non
diabétiques). 43 % des chiens diabétiques présentent au moins un épisode d’hyperglycémie
sévère lors de l’anesthésie.
Ainsi, lors d’une intervention de phaco-émulsification, les chiens diabétiques sont davantage
sujets aux complications anesthésiques, en particulier l’hypotension. Cela peut s’expliquer par
l’hypovolémie secondaire à une hyperglycémie
et à la diurèse osmotique qui en résulte.
est donc inférieur à celui du groupe 1 (4 sur 12,
soit 33 %). Ces résultats suggèrent que les lésions
oculaires sont plus fréquentes chez les chats qui
présentent à la fois une anémie et une thrombocytopénie, que chez ceux atteints seulement d’une
anémie. Ces anomalies seraient donc plutôt
associées à la thrombocytopénie.
Ces observations sont similaires à celles effectuées précédemment par cette équipe chez le
chien. Elles justifient des études supplémentaires
qui incluraient l’évaluation de chats dont le
profil hématologique est normal et celle du
statut vis-à-vis des virus de l’immunodéficience
et de la leucose félines (FIV/FeLV).
* J.A.C. Oliver, L. Clark, C. Riggio et coll. : « Comparison of anaesthesia
complications between diabetic and nondiabetic dogs undergoing
phacoemulsification cataract surgery : a retrospective study. »
* M. Shela-Goraly, I. Aroch,Y. Bruchim et coll. : « Ocular findings
in 14 cats with anemia and/or thrombocytopenia. Preleminary
findings of a prospective study. »
5C /
6E
HATS ATTEINTS D’UNE ANÉMIE
ET OU D’UNE THROMBOCYTOPÉNIE :
DESCRIPTION DES ANOMALIES OCULAIRES ASSOCIÉES
* J. Fristsche : « Extraction of an adenoma of the ciliary body. »
** Visulas II, 810 nm, Zeiss,Allemagne.
*** Erbe,Allemagne.
4A
© Laurent Bouhanna
Des chiens ont subi un traitement chirurgical
de la cataracte par phaco-émulsification. Leurs
comptes rendus médicaux et anesthésiques sont
rassemblés. Soixante-cinq chiens diabétiques et
soixante et un chiens non diabétiques sont inclus
dans l’étude*, répartis en deux groupes.
La technique et les complications anesthésiques
(hypotension, bradycardie et hypothermie) sont
enregistrées. L’incidence des hyperglycémies
sévères, dans le groupe des chiens diabétiques,
est également évaluée. La répartition par âge,
par sexe et par race est comparable entre les
deux groupes. Les chiens diabétiques présentent un taux de complications anesthésiques
significativement plus élevé (86 %) que les non-
L’anesthésie des chiens diabétiques présente plus de
risques. Cet élément est à prendre en compte lors de la
correction chirurgicale d’une cataracte.
diabétiques (61 %). L’hypotension est plus
fréquente et plus marquée chez les chiens diabétiques (71 % du groupe, dont 20 % dans la
catégorie “hypotension marquée”) que chez les
non-diabétiques (61 % du groupe, dont 15 %
© Laurent Bouhanna
NESTHÉSIE EN VUE D’UNE PHACOÉMULSIFICATION : LES CHIENS DIABÉTIQUES
PRÉSENTENT PLUS DE RISQUES D’HYPOTENSION
Hémorragie vitréo-rétinienne chez un chat : la thrombocytopénie est un facteur de risque de cette lésion.
L’anémie et la thrombocytopénie, fréquentes
chez le chat, peuvent provoquer des hémorragies rétiniennes.
Une étude prospective pilote* a voulu déterminer la prévalence et les caractéristiques des
anomalies oculaires chez les chats atteints de ces
anomalies sanguines. Le critère d’inclusion est
la présence d’une anémie (hématocrite inférieur
à 24 %) et/ou d’une thrombocytopénie (nombre
de plaquettes inférieur à 200 x 10 000/mm3).
Quatorze chats répondent à ce critère et sont
séparés en deux groupes : le premier en rassemble six avec une anémie et une thrombocytopénie, le second englobe huit sujets anémiés sans
anomalie plaquettaire. Dans le groupe 1, deux
chats présentent des anomalies oculaires (hémorragie rétinienne isolée unilatérale et hémorragies conjonctivales bilatérales pour l’un ; décollement rétinien bilatéral focal isolé chez l’autre).
Dans le groupe 2, des anomalies sont observées
chez un seul chat (hémorragies rétiniennes diffuses, caillot sanguin prérétinien dans un œil et
œdème rétinien dans l’autre). Dans le groupe 2,
le nombre d’yeux affectés (2 sur 16, soit 12,5 %)
NUCLÉATION CHEZ LE CHAT : LA LIGATURE
DU NERF OPTIQUE EST DÉCONSEILLÉE
Une étude rétrospective* a étudié, chez six chats,
les neuropathies et les rétinopathies consécutives
à une énucléation réalisée pour une uvéite chronique (5 sur 6) ou une kératite (1 sur 6). L’intervention chirurgicale comporte une ligature du nerf
optique chez tous les chats pour lesquels cette
information est précisée (4 sur 6). Lors de l’examen de l’œil préservé, les signes initiaux comprennent une mydriase (6 sur 6) et un déficit
visuel (5 sur 6). Les symptômes oculaires sont
une mydriase complète avec un réflexe photomoteur absent (4 sur 6) ou incomplet (2 sur 6),
l’absence de réflexe à l’éblouissement (4 sur 6)
et le test à la menace négatif (4 sur 6). Les altérations de la vision sont nettes chez tous les chats,
mais un seul animal présente une cécité complète.
L’examen du fond d’œil permet d’observer des
aires multifocales péripapillaires hyporéflectives
et des modifications bulleuses jusqu’à la seizième
semaine après l’énucléation. Entre les semaines
16 et 52, l’atrophie de la papille du nerf optique
est évidente et est suivie, chez un chat, par une
dégénérescence rétinienne. Les électrorétinogrammes (ERG) montrent une fonction normale
de la rétine entre les semaines 1 et 20 (2 sur 6).•••
© Laurent Bouhanna
Pour cette incision, ainsi que pour l’excision de
la portion de corps ciliaire incluant la tumeur et
une partie de l’iris, un Diacapsutom*** est utilisé.
Le traitement postopératoire consiste en des
administrations topiques de corticoïdes et d’antibiotiques, ainsi que de marbofloxacine et de
carprofène par voie orale. L’exérèse de la tumeur
et la récupération postopératoire se déroulent
sans problème. Un adénome iridociliaire est
diagnostiqué à l’histopathologie. L’examen de
contrôle à six mois ne montre pas de récidive
et l’œil est “calme” et fonctionnel.
De l’avis de l’auteur, la rétinopexie préopératoire est souhaitable. L’incision en forme de H
paraît appropriée pour l’exérèse de tumeurs du
corps ciliaire, lorsque la sclère n’est pas impliquée. Le Diacapsutom semble être adapté pour
une intervention précise et sûre, avec un faible
risque de saignement.
Lors d’une énucléation chez le chat, la ligature du nerf
optique est non seulement inutile, mais entraîne des effets
indésirables, notamment sur l’œil controlatéral.
La Semaine Vétérinaire - N°1399 - 2 avril 2010
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(IRM) cérébrale révèle une taille réduite du
chiasma optique (3 sur 3), par rapport à un animal témoin (chat énucléé, mais sans anomalies
oculaires controlatérales). Les modifications
sont asymétriques, les nerfs optiques ipsilatéraux étant de taille nettement réduite ou non
visibles vers le chiasma optique (2 sur 3). Pour
un chat, les deux nerfs optiques sont réduits de
manière similaire, avec un chiasma optique à
peine visible.
L’apparition aiguë d’anomalies du nerf optique
après une énucléation, l’atrophie progressive de
la tête du nerf optique, les enregistrements ERG
normaux et les observations à l’IRM démontrent que les affections localisées au niveau du
chiasma optique sont compatibles avec une
lésion de traction du nerf optique. Ces résultats
indiquent que la ligature du nerf optique, par
ailleurs inutile lors de l’énucléation chez le chat,
est déconseillée.
menace négative, mais le reste de l’examen
oculaire, général et neurologique, est normal.
L’ERG est normal pour les deux yeux. L’IRM
du cerveau révèle une augmentation du signal,
diffuse et symétrique, dans la substance grise
des lobes occipitaux et la région caudale des
lobes pariétaux.
Ces modifications sont compatibles avec un
œdème provoqué par une ischémie et un épisode
antérieur d’hypoxémie corticale est suspecté.
Six semaines après l’accident anesthésique, le
chien est toujours atteint de cécité, mais ne
développe pas d’autres anomalies neurologiques.
doivent être envisagées lors de cécité postrétinienne aiguë, même en l’absence d’autres
signes neurologiques. L’IRM est, dans ce cas,
un outil précieux.
■ Laurent Bouhanna
* A. Seruca, S. Rodenas, M. Leiva et coll. : « Acute bilateral postretinal
blindness : ophthalmologic, neurologic and magnetic resonance
imaging findings in dogs and cats (8 cases). »
Quiz
Radiographie d’un chien victime
d’un accident de la voie publique.
* J.A.C. Oliver, F.J. Llabrés-Diaz, L. Clark et coll. « Magnetic resonance
imaging findings in a case of blindness following an anaesthetic
accident in a dog. »
8 C’IRM
L
ÉCITÉ POSTRÉTINIENNE BILATÉRALE AIGUË :
EST INTÉRESSANTE
© Philippe Zeltzman
••• L’imagerie par résonance magnétique
* D. Donaldson, K.C. Barnett, M. Matas et coll. : « Controlateral optic
neuropathy and retinopathy associated with visual and pupillomotor
dysfunction following enucleation in six cats. »
Questions :
1. Quel est votre diagnostic
(trois réponses) ?
2. Quel est le traitement ?
3. Quelles sont les conséquences à long
terme pour le chien ?
7U
N CAS DE CÉCITÉ CONSÉCUTIVE À UN ACCIDENT
ANESTHÉSIQUE CHEZ UN CHIEN
© Philippe Zeltzman
© Laurent Bouhanna
La Semaine Vétérinaire - N°1399 - 2 avril 2010
Une étude rétrospective* décrit les observations
ophtalmologiques, neurologiques et d’IRM chez
huit chiens et chats atteints d’une cécité postrétinienne aiguë comme seul déficit neurologique. Des lésions intracrâniennes, qui affectent
les voies visuelles, sont notées à l’IRM dans sept
cas. La localisation neuro-anatomique des
lésions comprend : la région olfactive avec une
implication du chiasma optique (quatre cas), la
fosse pituitaire avec une implication du chiasma
et du tractus optiques (un cas), les nerfs optiques
(un cas) et l’aire occipitale (un cas). Parmi ces
lésions, trois sont compatibles avec des tumeurs
primitives cérébrales extra-axiales (méningiome),
trois présentent des caractéristiques typiques
des tumeurs cérébrales secondaires (une tumeur
de l’hypophyse et deux tumeurs nasales avec
une extension intracrânienne) et deux sont des
lésions inflammatoires, confirmées par l’analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR). Les
diagnostics définitifs ont pu être établis à l’examen histopathologique pour cinq cas (deux
méningiomes, un carcinome hypophysaire, un
ostéosarcome nasal, un adénocarcinome nasal).
Ainsi, des lésions du système nerveux central
Réponses
1. Luxation de la hanche droite, dysplasie bilatérale
sévère de la hanche et luxation
du genou gauche.
2. Excision-arthroplastie tête-col de la hanche
droite ou prothèse totale de hanche ;
reconstruction des ligaments rompus dans
le genou gauche.
Une hypoxémie pendant une anesthésie peut entraîner
une cécité.
L’IRM est un examen de choix pour explorer une cécité
postrétinienne aiguë. Des lésions intracrâniennes sont,dans
ce cas, souvent observées.
3. Essentiellement une arthrose du genou gauche.
Une étude* décrit le cas d’un husky sibérien
mâle castré, âgé de huit mois, présenté pour
l’exploration d’un déficit visuel bilatéral. Quatre
jours auparavant, le chien a subi une anesthésie générale pour une castration. Le monitorage
de l’anesthésie était limité et, durant l’intervention, l’apport d’oxygène est compromis
accidentellement pendant une période d’environ trois minutes. Aucune anomalie évidente
n’est rapportée durant la récupération et le chien
est rendu à ses propriétaires le jour même. Ces
derniers constatent une altération significative de la vision au cours des vingt-quatre à
soixante-douze heures suivantes. L’examen
ophtalmologique montre une réponse à la
■ Philippe Zeltzman
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