La Semaine Vétérinaire - N°1399 - 2 avril 2010
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animaux de compagnie
Pour cette incision, ainsi que pour l’excision de
la portion de corps ciliaire incluant la tumeur et
une partie de l’iris, un Diacapsutom*** est utilisé.
Le traitement postopératoire consiste en des
administrations topiques de corticoïdes et d’anti-
biotiques, ainsi que de marbofloxacine et de
carprofène par voie orale. L’exérèse de la tumeur
et la récupération postopératoire se déroulent
sans problème. Un adénome iridociliaire est
diagnostiqué à l’histopathologie. L’examen de
contrôle à six mois ne montre pas de récidive
et l’œil est “calme” et fonctionnel.
De l’avis de l’auteur, la rétinopexie préopéra-
toire est souhaitable. L’incision en forme de H
paraît appropriée pour l’exérèse de tumeurs du
corps ciliaire, lorsque la sclère n’est pas impli-
quée. Le Diacapsutom semble être adapté pour
une intervention précise et sûre, avec un faible
risque de saignement.
* J. Fristsche : « Extraction of an adenoma of the ciliary body. »
** Visulas II, 810 nm, Zeiss,Allemagne.
*** Erbe,Allemagne.
4ANESTHÉSIE EN VUE D’UNE PHACO-
ÉMULSIFICATION : LES CHIENS DIABÉTIQUES
PRÉSENTENT PLUS DE RISQUES D’HYPOTENSION
Des chiens ont subi un traitement chirurgical
de la cataracte par phaco-émulsification. Leurs
comptes rendus médicaux et anesthésiques sont
rassemblés. Soixante-cinq chiens diabétiques et
soixante et un chiens non diabétiques sont inclus
dans l’étude*, répartis en deux groupes.
La technique et les complications anesthésiques
(hypotension, bradycardie et hypothermie) sont
enregistrées. L’incidence des hyperglycémies
sévères, dans le groupe des chiens diabétiques,
est également évaluée. La répartition par âge,
par sexe et par race est comparable entre les
deux groupes. Les chiens diabétiques présen-
tent un taux de complications anesthésiques
significativement plus élevé (86 %) que les non-
diabétiques (61 %). L’hypotension est plus
fréquente et plus marquée chez les chiens diabé-
tiques (71 % du groupe, dont 20 % dans la
catégorie “hypotension marquée”) que chez les
non-diabétiques (61 % du groupe, dont 15 %
en “hypotension marquée”). Lorsqu’une hypo-
tension survient, elle requiert des traitements
plus agressifs chez les chiens diabétiques (47 %
nécessitent un traitement avec des cristalloïdes
et/ou des colloïdes, versus 36 % des chiens non
diabétiques). 43 % des chiens diabétiques pré-
sentent au moins un épisode d’hyperglycémie
sévère lors de l’anesthésie.
Ainsi, lors d’une intervention de phaco-émulsi-
fication, les chiens diabétiques sont davantage
sujets aux complications anesthésiques, en parti-
culier l’hypotension. Cela peut s’expliquer par
l’hypovolémie secondaire à une hyperglycémie
et à la diurèse osmotique qui en résulte.
* J.A.C. Oliver, L. Clark,C. Riggio et coll. : « Comparison of anaesthesia
complications between diabetic and nondiabetic dogs undergoing
phacoemulsification cataract surgery : a retrospective study. »
5CHATS ATTEINTS D’UNE ANÉMIE
ET/OU D’UNE THROMBOCYTOPÉNIE :
DESCRIPTION DES ANOMALIES OCULAIRES ASSOCIÉES
L’anémie et la thrombocytopénie, fréquentes
chez le chat, peuvent provoquer des hémorra-
gies rétiniennes.
Une étude prospective pilote* a voulu déter-
miner la prévalence et les caractéristiques des
anomalies oculaires chez les chats atteints de ces
anomalies sanguines. Le critère d’inclusion est
la présence d’une anémie (hématocrite inférieur
à 24 %) et/ou d’une thrombocytopénie (nombre
de plaquettes inférieur à 200 x 10 000/mm3).
Quatorze chats répondent à ce critère et sont
séparés en deux groupes : le premier en rassem-
ble six avec une anémie et une thrombocytopé-
nie, le second englobe huit sujets anémiés sans
anomalie plaquettaire. Dans le groupe 1, deux
chats présentent des anomalies oculaires (hémor-
ragie rétinienne isolée unilatérale et hémorra-
gies conjonctivales bilatérales pour l’un ; décol-
lement rétinien bilatéral focal isolé chez l’autre).
Dans le groupe 2, des anomalies sont observées
chez un seul chat (hémorragies rétiniennes diffu-
ses, caillot sanguin prérétinien dans un œil et
œdème rétinien dans l’autre). Dans le groupe 2,
le nombre d’yeux affectés (2 sur 16, soit 12,5 %)
est donc inférieur à celui du groupe 1 (4 sur 12,
soit 33 %). Ces résultats suggèrent que les lésions
oculaires sont plus fréquentes chez les chats qui
présentent à la fois une anémie et une thrombo-
cytopénie, que chez ceux atteints seulement d’une
anémie. Ces anomalies seraient donc plutôt
associées à la thrombocytopénie.
Ces observations sont similaires à celles effec-
tuées précédemment par cette équipe chez le
chien. Elles justifient des études supplémentaires
qui incluraient l’évaluation de chats dont le
profil hématologique est normal et celle du
statut vis-à-vis des virus de l’immunodéficience
et de la leucose félines (FIV/FeLV).
* M. Shela-Goraly,I.Aroch,Y. Bruchim et coll.: « Ocular findings
in 14 cats with anemia and/or thrombocytopenia.Preleminary
findings of a prospective study. »
6ENUCLÉATION CHEZ LE CHAT : LA LIGATURE
DU NERF OPTIQUE EST DÉCONSEILLÉE
Une étude rétrospective* a étudié, chez six chats,
les neuropathies et les rétinopathies consécutives
à une énucléation réalisée pour une uvéite chroni-
que (5 sur 6) ou une kératite (1 sur 6). L’interven-
tion chirurgicale comporte une ligature du nerf
optique chez tous les chats pour lesquels cette
information est précisée (4 sur 6). Lors de l’exa-
men de l’œil préservé, les signes initiaux com-
prennent une mydriase (6 sur 6) et un déficit
visuel (5 sur 6). Les symptômes oculaires sont
une mydriase complète avec un réflexe photo-
moteur absent (4 sur 6) ou incomplet (2 sur 6),
l’absence de réflexe à l’éblouissement (4 sur 6)
et le test à la menace négatif (4 sur 6). Les altéra-
tions de la vision sont nettes chez tous les chats,
mais un seul animal présente une cécité complète.
L’examen du fond d’œil permet d’observer des
aires multifocales péripapillaires hyporéflectives
et des modifications bulleuses jusqu’à la seizième
semaine après l’énucléation. Entre les semaines
16 et 52, l’atrophie de la papille du nerf optique
est évidente et est suivie, chez un chat, par une
dégénérescence rétinienne. Les électrorétino-
grammes (ERG) montrent une fonction normale
de la rétine entre les semaines 1 et 20 (2 sur 6).•••
L’anesthésie des chiens diabétiques présente plus de
risques. Cet élément est à prendre en compte lors de la
correction chirurgicale d’une cataracte.
© Laurent Bouhanna
Hémorragie vitréo-rétinienne chez un chat : la throm-
bocytopénie est un facteur de risque de cette lésion.
© Laurent Bouhanna
© Laurent Bouhanna
Lors d’une énucléation chez le chat, la ligature du nerf
optique est non seulement inutile,mais entraîne des effets
indésirables,notamment sur l’œil controlatéral.