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D’après certains récits de tradithérapeutes et d’après la littérature ethnologique médicale, nous
avons pu distinguer 3 modes de transmission des pouvoirs de guérison à savoir :
-la transmission naturelle ou Divine faisant intervenir la notion de don
-la transmission parentale qui consiste pour un parent ‘’∂g∂gã’’, d’élire son héritier dans la
famille, en lui léguant son pouvoir
-la transmission initiatique où les esprits, avant, pendant ou après l’initiation font des révélations
aux initiés.
Ces différentes formes de transmission se font cependant selon deux types de savoir en
présence : le savoir perceptible ordinaire, concret et le savoir ésotérique, métaphysique, invisible,
magique ou mystique, difficilement observable .Seuls les guérisseurs peuvent faire la différence entre les
rituels acquis manifestement et ceux acquis discrètement.
Tandis que les réalités concrètes, visibles, non secrètes sont transmises ouvertement ; les réalités
ésotériques, abstraites et secrètes par contre, le sont de façon voilée à travers les rêves et les visions, au
cours desquels les esprits viennent informer ou révéler des connaissances.
Comment comprendre donc l’importance ou le rôle joué par le rituel du rêve et de la danse
dans ce processus de transmission ? Pourquoi le rêve et la danse interviennent-ils souvent dans la
révélation et la transmission des rites et pouvoir de guérison ?
III- Le rôle du rêve
Nous savons avec Freud que le rêve présente à la fois, un contenu manifeste connu et un
contenu latent inconnu, caché et purement secret.
Il paraît donc logique que le rêve soit la voie de transmission privilégiée des secrets rituels. Il est
l’un des lieux de transmission des secrets, tout comme la forêt, la nuit, le cimetière, la sorcellerie, etc.
La transmission des secrets à travers les rêves et les visions est fréquente grâce à leur caractère
inaccessible. Les rêves et les visions, contrairement aux autres lieux de transmission, ont l’avantage
d’être complètement fermés. Il faut une « clef » pour les ouvrir. Cette clef c’est le rêveur lui même. Nul
en dehors du rêveur ou du visionneur ne peut en effet rendre compte de son rêve ou de sa vision .Sans
leur révélation, la vision reste purement et simplement secrète.
C’est ce secret à la base de toute pratique rituelle, qui semble susciter l’usage de cette voie
détournée qu’est le rêve. Nous pensons donc que la transmission des rites à travers rêves et visions
pourrait être pour les esprits, une certaine façon de protéger le secret rituel. La médiation par le rêve ou
la vision n’est donc pas fortuite, elle contribue au maintien des structures et du contenu rituel, en un
mot, au maintien de l’ordre social établi.
IV- Rôle de la danse et du chant rituels
De même que le rêve et les visions, la danse et le chant jouent également un rôle important
dans la transmission des rites de guérison. Ils ne sont pas présents dans tous les rites mais assez fréquents.
Cette fréquence pourrait s’expliquer par le fait que la médecine traditionnelle intègre et combine le plus
souvent danses et chansons pendant le diagnostic ou le traitement.
L’apprenti guérisseur est censé apprendre à danser, à chanter et à exhiber les pas de danse qui lui
sont imposés par les esprits. Il apprendra que chaque musique, chaque chant, chaque pas de danse a un
sens, et qu’il existe des chants pour l’intronisation ou la mise en place des personnels soignants à
l’intérieur du temple nda mbiã ou elik, des chants et des prières pour l’invocation des esprits, etc.