Forêts et espaces naturels en AV

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ELABORATION DE LA CHARTE FORESTIERE DE L’ARDECHE VERTE
Diagnostic
Forêts et espaces naturels en Ardèche verte
Août – Septembre 2009 – Auteur : Pays Ardèche verte
Forêts et espaces naturels - CFT Ardèche verte
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RESUME : Diagnostic forêts et espaces naturels en Ardèche verte
Espace rural d’une grande qualité paysagère, le territoire de l’Ardèche verte se
caractérise par des espaces naturels remarquables peu nombreux (20% du territoire),
de petite taille mais d’une grande diversité. Des pelouses sèches de la frange
rhodanienne aux tourbières du plateau du Haut Vivarais, ils illustrent en effet la
position de carrefour géographique de l’Ardèche verte entre influences
méditerranéennes et influences du Massif Central.
La protection des zones identifiées comme remarquables en Ardèche verte reste
moyenne :
15% de ces zones bénéficient d’une protection de niveau européen Natura
2000 mais la mise en application des mesures n’est pas toujours effective
Une réserve naturelle nationale : l’Ile de la Platière en vallée du Rhône mais
qui ne se situe que partiellement sur le territoire
Deux sites «Espaces Naturels Sensibles » ont été identifiés dans la politique
du Département de l’Ardèche. Seul celui des « Hautes Vallées de la Cance et
de l’Ay » bénéficie d’un plan d’actions mais qui peine aujourd’hui à être mis
en œuvre hormis en forêt communale du Monestier
Le Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Rhône Alpes assurent la
gestion par convention de deux sites remarquables : le suc de Clava et la
colline du Châtelet
Trois espaces naturels sont plus particulièrement concernés par des habitats forestiers.
Les vallons de la frange rhodanienne montrent un caractère forestier avec
65% de sa surface couverte par des forêts essentiellement de chênes verts
ainsi qu’une végétation arbustive de genévriers. Cette végétation est le refuge
de plusieurs espèces de rapaces. La ripisylve d’aulnes et de frênes, reconnu
comme prioritaire quant à sa protection, est l’habitat où évolue le castor
d’Europe
L’ENS « Hautes Vallées de la Cance et de l’Ay » est couverte par 76% de
forêts dont une grande partie de peuplements artificiels de résineux très
pauvre en biodiversité. Quelques peuplements naturels forestiers subsistent
comme les sapinières à myrtilles et les hêtraies sapinières. Les zones les plus
intéressantes écologiquement sont intra-forestières : mégaphorbaies, chirats,
landes et trouées ainsi que quelques arbres âgés ou sénescents
Les tourbières du plateau de St Agrève, mosaïque complexe d’habitats
naturels est composé d’un type de tourbières très rare : les tourbières boisées
ou encore forêts marécageuses.
Les enjeux des espaces naturels cités précédemment sont les suivants :
L’appropriation et la reconnaissance de ces espaces comme patrimoine
collectif par les élus locaux et par la population, notamment propriétaires et
usagers, est une étape préalable indispensable à toute mesure de préservation
efficace
Le potentiel de valorisation pédagogique de ces espaces est un atout
intéressant pour le territoire Ardèche verte qui mise sur un tourisme vert de
qualité
Conformément à la position du Grenelle de l’Environnement, la prise en
compte de la biodiversité dans les espaces forestiers (notamment de l’ENS)
est nécessaire et tout à fait possible sans pour autant remettre en cause la
fonction de production des forêts. Cette une composante à prendre en compte
dans les documents de gestion forestière et dans les pratiques des forestiers et
exploitants
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SOMMAIRE
Préambule : espaces naturels, pour bien comprendre
1. Les espaces naturels en Ardèche verte
1.1. Quelle richesse écologique, faunistique et floristique en Ardèche
verte ?
1.1.1.Comparaison avec les données nationales, régionales et
départementales
1.1.2.Présence et répartition géographique des espaces naturels en Ardèche
verte
1.1.3.Caractéristiques des espaces naturels en Ardèche verte
1.2. De quels niveaux de protection bénéficient les espaces naturels de
l’Ardèche verte ?
1.2.1.Les espaces protégés par des mesures de protection européennes ou
internationales
1.2.2.Les espaces protégés par des mesures réglementaires nationales
1.2.3.Les espaces protégés par des mesures de maîtrise foncière et par des
mesures de gestion contractuelle
2. Place de la forêt dans les espaces naturels en Ardèche verte
2.1. Dans les espaces naturels de la frange rhodanienne de l’Ardèche verte
2.2. Dans l’Espaces Naturels Sensibles des Hautes Vallées de la Cance et
de l’Ay
2.3. Dans les tourbières du plateau du Haut Vivarais
3. Pistes d’actions pour les acteurs du territoire
3.1. Frange rhodanienne : une appropriation locale indispensable du projet
Natura 2000
3.2. Vers une gestion sylvicole qui prenne plus en compte la biodiversité
3.2.1.Dans les zones à enjeux de l’ENS
3.2.2.De manière générale sur le massif forestier de l’Ardèche verte
3.3. Tourbières de St Agrève : une richesse à conserver et valoriser
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Préambule : Espaces naturels, pour bien comprendre
D’après le Service de l’Information et des Statistiques de l’Environnement
La connaissance des milieux naturels (caractéristiques, composition floristique
et faunistique, répartition géographique) apparaît aujourd’hui comme un
préalable nécessaire à une bonne gestion et protection des espaces naturels.
Cette connaissance s’est construite progressivement à partir des années quatrevingt, deux programmes majeurs ayant notamment apporté une large
contribution : l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique,
faunistique et floristique (ZNIEFF) et la mise en place de la typologie
CORINE biotope (CORINE pour COoRdination de l’INformation sur
l’Environnement).
Pour constituer un réseau d’espaces protégés représentatifs de la biodiversité,
une grande variété d’outils a été mise en place en France, chacun ayant des
objectifs, des contraintes et des modes de gestion spécifiques. Cinq grands
types de préservation de l’espace peuvent ainsi être distingués :
Les engagements de niveau international : les réserves de biosphère du
programme Man and Biosphere de l’UNESCO et la convention de Ramsar
relative aux zones humides d’importance internationale.
La protection de niveau européen : élaboration du réseau Natura 2000
avec la désignation des zones de protection spéciale (ZPS) au titre de la
directive "Oiseaux" et des Sites d’intérêts communautaires (SIC) au titre de
la directive "Habitats".
La protection réglementaire nationale : cœurs des parcs nationaux,
réserves naturelles nationales, réserves naturelles de la collectivité
territoriale de Corse, réserves naturelles régionales, arrêtés de protection de
biotope, réserves biologiques domaniales ou forestières, forêts de
protection et sites classés.
La politique de maîtrise foncière menée par le Conservatoire de l’espace
littoral et des rivages lacustres (CdL) et les conservatoires d'espaces
naturels (réseau des CEN) ainsi que par certaines collectivités locales
(Espaces naturels sensibles notamment).
La protection et la gestion contractuelle, mise en œuvre dans les zones
aux enjeux mixtes de développement et de conservation : aires d’adhésion
des parcs nationaux, parcs naturels marins et parcs naturels régionaux.
Certains sites des conservatoires d’espaces naturels sont également
concernés par ce mode de protection.
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1. Les espaces naturels en Ardèche verte
1.1. Quelle richesse écologique, faunistique et floristique en Ardèche
verte ?
Le recensement des milieux naturels est principalement réalisé à travers
l’inventaire des zones d’intérêt pour la conservation des oiseaux (ZICO) et
celui des zones d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF 1 et 2).
1.1.1. Comparaison avec les données nationales, régionales et
départementales
Figure 1 - Les espaces
naturels en Ardèche
verte comparés aux
données nationales,
régionales et
départementales
Superficie totale
du territoire
(DPM exclu*)
Dont superficie en ZICO
(Zones d'intérêt pour la conservation
des oiseaux)
Dont superficie en ZNIEFF I et II
confondues
(Zones d'intérêt écologiques,
faunistiques et floristique)
Domaine Public Maritime exclu
ARDECHE verte
ARDECHE
RHONE-ALPES
France métropolitaine
Superficie
Part /surface
totale
Superficie
Part /surface
totale
91 824 ha
106,7 ha
0,1%
18 097 ha
20%
55 2864 ha
47 269 ha
8,5%
367 477 ha
66,5%
436 9823 ha
492 036 ha
11,3%
2 145 135 ha
49,1%
8%
13 328 873 ha
24,5%
54 396 540 ha 4 374 700 ha
(*) Les Zico et les Znieff peuvent déborder sur le domaine public maritime (DPM).
(**)Les derniers inventaires Znieff et Zico datent de 1997. Leur modernisation est actuellement en cours en 2005-2006, non encore validée
Producteurs : MEEDDAT (CGDD/SOeS), MNHN (Muséum national d'histoire naturelle), DIREN (Direction régionale de l'environnement).
Source : Inventaires de bio diversité. 2006
Les données précédentes montrent que le territoire de l’Ardèche verte se
rapproche de la moyenne française en termes de richesse écologique,
faunistique et floristique mais reste par contre très éloignée des moyennes
départementales et régionales.
Les zones de hautes montagnes en Rhône Alpes et les massifs comme les
Cévennes ou le Mézenc en Ardèche sont en effet particulièrement
remarquables. Ce sont des espaces très importants par leur superficie, qui
contribuent ainsi à atteindre ces taux de 49% en Rhône Alpes et 66% en
Ardèche.
Rappelons néanmoins que l’Ardèche verte est un territoire rural puisque plus
de la moitié du territoire est occupée par des surfaces boisées tandis que les
surfaces agricoles occupent de 30% du territoire.
Par conséquent, on peut conclure que l’Ardèche verte se caractérise plus par
ses espaces ruraux, agricoles et forestiers, d’une grande qualité paysagère, que
par ses espaces naturels remarquables.
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1.1.2. Présence et répartition géographique des espaces naturels en
Ardèche verte
Il existe une seule ZICO (Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux)
qui se tient, pour partie seulement, sur le territoire de l’Ardèche verte. Il s’agit
de l’Ile de la Platière en vallée du Rhône.
Par contre, 31 sites de type ZNIEFF I (zones naturelles d’intérêt écologique,
faunistique et floristique) ont été recensés. Ce sont des secteurs de superficie
en général limitée et caractérisés par la présence d’espèces ou de milieux rares
remarquables. Ces zones sont particulièrement sensibles à des équipements ou
à des transformations mêmes limitées.
Certaines zones ZNIEFF I peuvent être à cheval sur 2 territoires. Elles sont
particulièrement présentes sur la frange rhodanienne, corniches et ensemble
des vallons et gorges perpendiculaires au Rhône. Par conséquent, 4 ensembles
plus larges de type ZNIEFF II, incluant les secteurs identifiés en ZNIEFF I,
ont été créés sur cette frange rhodanienne. Il s’agit de plus grands ensembles
naturels, riches et peu modifiés, ou qui offrent des potentialités biologiques
importantes.
Les autres sites de type ZNIEFF I qui ne sont pas inclus dans de grands
secteurs à enjeux ZNIEFF II, sont répartis sur l’ensemble du territoire. Mais
les 3 zones les plus importantes en termes de superficie (> 80 hectares) sont
présentes sur le plateau du Haut Vivarais.
Figure 2 - Répartition
des ZNIEFF I et II sur
le territoire de
l’Ardèche verte
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Outre les inventaires de type ZICO et ZNIEFF, un inventaire naturaliste des
espèces végétales remarquables a été réalisé sur la zone des « Hautes Vallées
de la Cance et de l’Ay » dans le cadre de la préfiguration d’un Espace Naturel
Sensible par le département de l’Ardèche. La conclusion de l’étude réalisée
par l’ONF est la suivante : « La richesse floristique de ce site est moyenne et
nettement inférieure à celle du Massif du Pilat et à celle des sucs et du
Tanargue. Les sites les plus diversifiés sont Roche du Loup, les ruisseaux des
Usclats et du Malbuisson et le Grand Felletin. Les sites les plus pauvres sont
Mont Chaix et le Chirat Blanc, pauvreté compensée par l’importance
paysagère de leur éboulis ».
Enfin un inventaire des zones humides a été réalisé sur le département de
l’Ardèche. Il réunit les prairies humides, tourbières, bas marais, bordures de
cours d’eau... Il recense 2 027 hectares de zones humides en Ardèche verte.
522 zones sont ponctuelles c'est-à-dire moins de 1 hectare ; 236 sont
supérieures à 1 hectare.
Si les zones naturelles remarquables se répartissent sur tout le territoire de
l’Ardèche verte, elles sont particulièrement présentes sur la frange
rhodanienne pourtant paradoxalement très urbanisée.
1.1.3. Caractéristiques des espaces naturels de l’Ardèche verte
Figure 3 - Photo des
gorges de l’Ay sur la
commune d’Ardoix
(GB)
Concernant l’ensemble des corniches, gorges et
vallons rhodaniens, l’escarpement et le caractère
aride de ces surfaces rocheuses prédominent avec
des formations de landes, boisements ou pelouses
sèches. C’est une zone de transition du point de vue
biogéographique. Le secteur marque la limite
d’aires de nombreuses espèces animales ou
végétales
à
affinités
géographiques
méditerranéennes. Reptiles, rapaces et autres
oiseaux y sont particulièrement présents. Marquées
par des espèces caractéristiques du milieu rupestre,
les gorges, difficiles d’accès représentent également
des secteurs de refuge pour une faune plus
commune (renard, fouine, sanglier, chevreuil) qui y trouvent une certaine
quiétude. Enfin, le castor d’Europe utilise certains des cours d’eau de ce
secteur (Doux, Ay) et leurs milieux adjacents. La généralement bonne qualité
des eaux en fait également des zones d’alimentation et de reproduction de
choix pour bon nombre d’espèces piscicoles et leurs prédateurs (martin
pêcheur par exemple).
Figure 4 - Photo de
la forêt alluviale de
l’île de la Platière
L’ensemble fonctionnel formé par le
moyen-Rhône et ses annexes fluviales,
est un très vaste ensemble linéaire qui
englobe le lit mineur du fleuve et le lit
majeur dans ses sections non
urbanisées. L’Ardèche verte n’est que
très partiellement concernée par cette
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mosaïque de milieux façonnée par les eaux. Le Rhône et ses annexes
conservent un cortège d’espèces remarquables, insectes, mammifères et
oiseaux. La forêt alluviale, très liées au régime de crues du fleuve, y constitue
une zone de refuge, de reproduction et d’alimentation.
Figure 5 - Photo
depuis les crêtes de
Vocance (GB)
Figure 6 - Photo des
plateaux du Haut
Vivarais depuis St
André en Vivarais
(GB)
Figure 7 - Photo d’un
chirat sur le Grand
Felletin – Le
Monestier (GB)
En remontant du Rhône vers les vallées
de moyenne montagne plus à l’ouest,
les
espaces
remarquables
sont
disséminés et variés. Les ruisseaux des
Usclats, du Malbuisson à Vanosc ; du
Nant à St Symphorien de Mahun,
d’Aumas à Davézieux ont la
particularité
commune
d’abriter
l’écrevisse à pattes blanches. Les
prairies humides de Terrelongue et du
Grand Pré sont remarquables grâce à un type particulier de fougères tandis que
la zone humide de Signol est riche du point de vue faunistique (crapaud et
oiseaux remarquables). Près d’Annonay, une zone de prairie à Toissieu abrite
deux espèces d’oiseaux rares ; tandis qu’un autre site, à Pourrat, abrite une
importante colonie de chauve-souris. Enfin, le suc de Clava, seul affleurement
de serpentine de la bordure orientale du Massif central sert de zone refuge pour
des plantes acidifuges dont certaines particulièrement rares.
Enfin, le plateau du Haut Vivarais est
remarquable par ses zones humides.
Elles sont de taille relativement
importante, ce qui permet la présence
de nombreux reptiles et amphibiens.
Elles recèlent une végétation rare et
typique avec notamment la présence de
plantes carnivores. Outre leur intérêt
patrimonial, les tourbières par leur fort
pouvoir de rétention d'eau, participent à
la régulation des débits des cours d'eau. La particularité de ce site réside aussi
dans la présence d'un type de zone humide rare : les tourbières boisées.
L’Ardèche verte est également
caractérisée par ses chirats, éboulis
rocheux formés lors des périodes
glaciaires, qui parsèment le secteur
forestier des vallées de moyenne
montagne (vallée de la Vocance, Val
d’Ay). Ces formations rocheuses sont
remarquables et caractéristiques de la
frange est du massif central.
Du Rhône jusqu’aux plateaux d’altitude, l’Ardèche verte présente des espaces
naturels qui illustre sa position géographique de carrefour. Flore et faune aux
influences méditerranéennes côtoient ainsi des espèces caractéristiques du
Massif central.
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1.2. De quels niveaux de protection bénéficient les espaces naturels de
l’Ardèche verte ?
Figure 8 - Les zones
NATURA 2000 en
Ardèche verte
comparées aux
données nationales,
régionales et
départementales
1.2.1. Les espaces protégés par des mesures de protection
européennes ou internationales
Nombre de
sites
ARDECHE verte
0
ARDECHE
0
RHONE-ALPES
2
France
métropolitaine
Sites d'intérêt
communautaire (SIC) en
2007
Sites
Ramsar en 2008
Superficie
(DPM Nombre de
inclus)
sites
0
4
0
19
7 414
129
21
726 008
Superficie (non
compris DPM)
2 713
24 142
390 562
1 335
Zones de protection
Zones NATURA
spéciale (ZPS) en 2007 2000 (1) en 2007
Superficie
(non
compris
Nombre de
Superficie (non
sites
DPM)
compris DPM)
1
240
2 713
3
6143
24 755
34
316 494
467 999
4 623 727
369
4 253 243
6 817 832
DPM : Domaine public Maritime
1) Natura 2000 comprend l'ensemble des ZPS et des SIC sans double compte. Les ZPS et les SIC peuvent en effet se
chevaucher.
Il s'agit de la dernière situation connue en 2007. La création de certains espaces peut être antérieure à cette date.
Producteur : MNHN (Muséum national d'histoire naturelle).
Source : SIG des espaces réglementés.
Figure 9 - Liste des
zones NATURA
2000 en Ardèche
verte
Malgré un nombre modeste d’espaces naturels, les zones concernées par une
mesure NATURA 2000 en Ardèche verte atteignent près de 15% de la surface
inventoriée en ZNIEFF I et II. Ce taux est de 7% environ en Ardèche et de
21% en Rhône Alpes.
Appellation
Superficie
Ardèche
verte
Superficie
totale
Documents
d’objectifs
Animation
du site
Mise en
application
Tourbières du Plateau de St
Agrève
181
181
Elaboré pour
2001 – 2006,
non révisé
aucune
MAEt en cours
Suc de Clava
13
14
Elaboré en
1999, révisé
CREN
Plan complet de
gestion et suivi
scientifique
Association
Amis de
l’Ile de la
Platière
Plan complet de
gestion et suivi
scientifique
aucune
aucune
Milieux alluviaux et aquatiques de
l’ile de la Platière
269
963
Elaboré en
1995, révisé
Affluents Rives droites du Rhône
2 250
4163
En cours
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Figure 10 - Carte
des espaces
bénéficiant d’une
mesure de protection
Natura 2000
I
l faut noter néanmoins que le site des Affluents Rive droite du Rhône,
principal site par sa surface en Ardèche verte, n’a pas encore de Document
d’Objectifs signé. Les autres sites ont tous un document d’objectifs qui pour
certains a déjà été révisé.
On remarque que pour les sites où l’animation a été clairement confiée à une
structure spécialiste de la gestion des espaces naturels (CREN, Association des
Amis de l’Ile de la Platière), les mesures préconisées sont mises en œuvre.
Pour le site des Tourbières de St Agrève, seules des mesures agroenvironnementales territoriales (MAEt) sont en cours dans le cadre de
financements européens FEADER. Quatre agriculteurs se seraient ainsi
engagés dans l’entretien des espaces du site pour un total de 30 ha environ (2/3
en zones humides et le reste en prairies de fauche).
1.2.2. Les espaces protégés par des mesures réglementaires
nationales
Rappelons que les mesures réglementaires nationales regroupent les parcs
nationaux, les réserves naturelles nationales et régionales, les arrêtés de
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protection de biotope, les réserves nationales de chasse et de faune sauvage,
les réserves biologiques domaniales ou forestières et enfin les sites classés.
De manière générale, ce type d’espaces est quasiment absent de l’Ardèche
verte puisqu’on trouve une seule réserve naturelle nationale à savoir l’Ile de la
Platière, présente que partiellement sur le territoire.
Enfin il existe 2 sites classés sur le territoire de l’Ardèche verte. Il s’agit de la
Roche Péréandre (Roiffieux) et du tilleul d’Etables. Un site classé est
remarquable par son caractère exceptionnel « au point de vue artistique,
historique, scientifique, légendaire ou pittoresque » qui justifie une protection
de niveau national (articles L 341-2 et suivants du code de l’environnement).
1.2.3. Les espaces protégés par des mesures de maîtrise foncière et
par des mesures de gestion contractuelle
Dans le cadre de sa politique départementale des Espaces Naturels Sensibles,
le département de l’Ardèche a retenu 14 sites en fonction de leur richesse
naturelle et paysagère, leur sensibilité (risques de dégradation), leur
accessibilité et leur intérêt pédagogique. Deux se trouvent dans le Nord
Ardèche :
- Hautes Vallées de la Cance et de l’Ay
- Gorges du Doux, du Duzon et de la Daronne
Le schéma départemental ENS pour la période 2006 – 2010 prévoit de centrer
l'intervention du département de l’Ardèche sur 9 sites dont fait partie celui des
« Hautes vallées de la Cance et de l’Ay ».
Figure 11 - Carte
des ENS de
l’Ardèche verte et
des zones à enjeux
retenues
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Pour développer sa politique de gestion, de protection et d’ouverture des
Espaces Naturels Sensibles, le Conseil Général dispose d’un certain nombre
d’outils réglementaires :
- Un outil foncier : la zone de préemption. En créant une zone de
préemption, le Département est informé de toute vente d’un terrain. Il
peut alors négocier avec le propriétaire et acheter à l’amiable le terrain
ou alors ne pas l’acheter si l’intérêt environnemental ou stratégique
n’est pas reconnu.
- Des outils juridiques : certaines mesures juridiques de protection
(espace boisé classé, protection des sites,…) généralement dévolues au
Préfet, peuvent dans le cadre d’une politique Espaces Naturels
Sensibles être prises par le Président du Conseil Général.
- Un outil de gestion : les conventions. Suivant les cas et les
compétences de chacun, des conventions de gestion peuvent être
passées avec les communes ou groupements de communes, les
propriétaires de terrains. Les agriculteurs ou particuliers peuvent être
un bon relais pour les missions d’entretien de l’espace.
- Un outil fiscal et financier : la Taxe Départementale des Espaces
Naturels Sensibles (TDENS)
Concernant l’ENS « Hautes vallées de la Cance et de l’Ay », 10 zones à
enjeux ont particulièrement été ciblées.
Figure 12 - Carte
des zones à enjeux
de l’ENS Hautes
vallées de la Cance
et de l’Ay
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Différents milieux écologiques présentent des enjeux sur ces zones :
- les milieux rocheux : éboulis à gros blocs, et falaise et dalles rocheuses
- les prairies de fauche à végétation naturelle
- les cours d’eau et leur ripisylve
- les chênaies, hêtraies, sapinières
Les actions prioritaires dans le cadre de cet ENS « Hautes Vallées de la Cance
et de l‘Ay » concernent surtout :
- des opérations de préservation et de restauration des milieux ouverts,
humides, forestiers et rupestres
- le maintien d’espèces faunistiques les plus remarquables et vulnérables
- la valorisation pédagogique de ce patrimoine naturel
Autre acteur intervenant dans la protection et la gestion des espaces naturels :
le Conservatoire régional d’Espaces Naturels (CREN) de Rhône Alpes. Il agit
par le biais de la maîtrise foncière (par acquisition, dons, legs, etc) et/ou celui
de la maîtrise d’usage (location, bail emphytéotique, conventions de mise à
disposition...). Le CREN n’a pas recours à la maîtrise foncière sur le territoire
de l’Ardèche verte. C’est au moyen d’une gestion contractuelle à travers des
conventions de mise à disposition, que le CREN gère le Suc de Clava et la
colline du Châtelet. Pour le Suc de Clava, des conventions ont été signées
depuis 1995, avec la commune de Savas et avec 2 propriétaires. Les objectifs
de gestion du site sont les suivants :
- maintenir et restaurer les habitats des affleurements de serpentine
- maintenir et restaurer les habitats de pelouse sèche
- maîtriser la fréquentation sur le site
Le Centre Ornithologique Rhône Alpes (CORA) assure également la
préservation et le suivi par convention des populations de chauve-souris (Petit
et Grand Murin) du Tunnel du Vidalon à Annonay.
Si l’Ardèche verte ne possède pas de zones naturelles emblématiques sur son
territoire, elle est parsemée d’espaces naturels de petites tailles mais variées
illustrant la diversité de son relief et de ses influences biogéographiques. Les
mesures de protection et/ou de restauration sont encore très récentes et peu
effectives dans la plupart des sites remarquables.
2. Place de la forêt dans les espaces naturels en Ardèche verte
Parmi les différents secteurs inventoriés et les sites actuellement protégés
présentés dans le chapitre 1, trois secteurs sont plus particulièrement
concernés par des habitats forestiers et seront par conséquent développés dans
ce chapitre 2. Il s’agit des vallons de la frange rhodanienne, des Hautes Vallées
de la Cance et de l’Ay et enfin des tourbières du plateau du Haut Vivarais.
L’ile de la Platière avec sa forêt alluviale, bien que particulièrement
remarquable est volontairement absente de ce chapitre. Cet habitat est très
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spécifique au Rhône et ne concerne que quelques hectares d’un très faible
nombre de communes de l’Ardèche verte.
2.1. Place de la forêt dans les espaces naturels de la frange rhodanienne de
l’Ardèche verte
Les vallons perpendiculaires au Rhône sont présents régulièrement du Nord au
Sud depuis Ste Colombe (42) à St George les bains (07). Depuis Limony
jusqu’à Glun, la frange rhodanienne de l’Ardèche verte est donc largement
concernée.
Cette corniche du Rhône est constituée par les premiers contreforts du massif
Central. Escarpés, ils ont accueilli autrefois des cultures en terrasse, mais la
plupart des vallées encaissées sont restées à l’écart des grands aménagements.
Aujourd’hui, et contrairement au plateau plus facile à exploiter de manière
mécanisée, certains versants autrefois cultivés ont été abandonnés. Ils sont
recolonisés par les landes et les pelouses mais surtout par la forêt puisqu’elle
représente 65% de la surface du site B15 Natura 2000 « Affluents rive droite
du Rhône ».
Figure 13 Description du site
Affluents rive droite
du Rhône
Forêts caducifoliées
45 %
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana
20 %
Forêts sempervirentes non résineuses
20 %
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes)
5%
Pelouses sèches, Steppes
5%
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace
5%
permanente
Plus précisément, les habitats naturels rencontrés sont largement dominés par
les forêts de chênes verts qui laissent place sur les secteurs à plus forte pente, à
tendance chaude et sèche, à des formations arbustives de buis et de genévriers
et à des pelouses et des formations rocheuses aux caractéristiques très
particulières (présence de plantes grasses et de flore spécifique des fissures
rocheuses). Auprès des cours d’eau qui descendent des reliefs de l’Ardèche
pour rejoindre le Rhône, on retrouve une ripisylve dominée par les aulnes et
les frênes.
Figure 14 Description des
types d’habitats du
site Affluents rive
droite du Rhône
Type d’habitats naturels présents
% couv. SR(1)
Forêts de chênes verts
20 %
C
Végétation arbustive associées aux populations de génévriers des
régions méditerrannéennes
5%
C
Forêts alluviales d’aulnes et de frênes
4%
C
Pelouses calcicoles sèches et chaudes semi-naturelles (*sites
d'orchidées remarquables)*
3%
C
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14
Fourrés de buis sur pentes rocheuses ensoleillées, chaudes et
sèches
2%
C
Végétation pionnière à dominante vivace (souvent à « plantes
grasses ») de dalles rocheuses calcaires
2%
C
Roches siliceuses avec végétation pionnière
2%
C
Pentes rocheuses siliceuses avec végétation colonisant les fissures
de roches
1%
C
Grottes non exploitées par le tourisme
C
Les habitats naturels en gras sont reconnus comme prioritaires car en danger de
disparition sur le territoire européen.
La dernière colonne exprime la superficie relative c’est à dire la superficie du site
couverte par le type d'habitat naturel par rapport à la superficie totale couverte par
ce type d'habitat naturel sur le territoire national (en %). Le classement est le
suivant : A=site remarquable pour cet habitat (15 à 100%); B=site très important
pour cet habitat (2 à 15%); C=site important pour cet habitat (inférieur à 2%).
Les habitats naturels forestiers de la frange rhodanienne abritent les nids de
nombreux rapaces remarquables comme le milan noir, le milan royal et le
circaète Jean le Blanc. Ces rapaces chassent par contre en milieux ouverts ou
semi-ouverts.
Les espèces de chauve-souris (Grand et Petit Rinolophe) évitent, quant à eux,
les espaces ouverts en évoluant le long des murs, des lisières boisées,
ripisylves, haies et autres alignement d’arbres, particulièrement à l’intérieur ou
en bordure de la végétation.
Enfin les strates arborées de la forêt alluviale revêtent une grande importance
pour le Castor d’Europe. Les plants ligneux constituent l’essentiel de son
alimentation (écorce, feuilles, jeunes pousses) et, parmi ces plants, les saules et
peupliers sont les plus recherchés.
La forêt de la frange rhodanienne de l’Ardèche verte sous forte influence
méditerranéenne joue un rôle important comme habitat et zones d’alimentation
pour divers animaux remarquables.
2.2. Dans l’Espace Naturel Sensible (ENS) des Hautes Vallées de la Cance
et de l’Ay
Le Conseil Général de l’Ardèche a commandité en 2005 une étude, réalisée
par le CRPF et l’ONF, sur les milieux forestiers des zones à enjeux du site
ENS « Hautes Vallées de la Cance et de l’Ay ». En effet, la forêt y couvre 76%
de la surface. L’étude porte sur 5 secteurs forestiers : le Mont Chaix, Combe
noire, le Chirat blanc, la Roche de Loup, le Grand Felletin. Les milieux
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concernés sont des habitats forestiers caractéristiques du secteur de moyenne
montagne du Nord Ardèche. Les altitudes sont généralement supérieures à 1
000 mètres.
Sur le site ENS, de nombreuses zones forestières sont artificialisées suite à des
plantations d’essences non indigènes comme l’épicéa et le douglas sur des
terres agricoles reconverties ou en remplacement de boisements naturels peu
productifs. Sur les 5 zones à enjeux étudiées, les différents types de milieux et
de peuplements forestiers se distinguent de la manière suivante :
Présence significative
Figure 15 Peuplements et
autres milieux
constituant les zones
à enjeux de l’ENS
Surface
totale sur
l’ENS
Peuplements naturels identifiés
comme habitats d’intérêt
patrimonial
Sapinière à myrtilles
Hêtraie sapinière
Chênaie sessile
Hêtraie
Peuplements mélangés dérivés du
1er type
Mélange sapin – pin sylvestre
Mélange résineux et feuillus
Mélange chêne sessile – pin
sylvestre
Mélange hêtre – pin sylvestre
Autres peuplements naturels
Landes, landes arborées, trouées
de chablis non replantées
Pineraies à pin sylvestre
Feuillus divers
Sapinière neutrophile
Bas marais et mégaphorbaies
Peuplements artificiels
Plantations adultes de résineux
(douglas, épicéa...)
Combe noire, Grand Felletin, Mont
Chaix
Combe noire
Chirat blanc
Combe noire, Roche du Loup
288 ha
22 ha
19 ha
9 ha
Chirat blanc, Combe noire
Combe noire
64 ha
19 ha
Chirat blanc
15 ha
Mont Chaix
6 ha
Combe noire, Mont Chaix
La Roche de Loup
Combe noire
Grand Felletin
Combe noire, Grand Felletin
Jeunes plantations
Combe noire, Roche du loup, Grand
Felletin
Combe noire, la Roche de Loup,
Chirat Blanc, Grand Felletin
Autres types de milieux
infraforestiers
Eboulis, pierriers, chirats
Chirat blanc, Mont chaix
Zones agricoles
La Roche du Loup
54 ha
28 ha
17 ha
5 ha
1,85 ha
54 ha
21 ha
18 ha
3 ha
D’après l’étude ONF/CRPF, la sapinière à myrtille est ainsi le type de
peuplement le plus représenté sur le site. Sa préservation à long terme ne pose
pas, en soi, de problèmes. Mais on constate que ces peuplements constituent
des milieux généralement fermés, le sapin étant pratiquement la seule essence
présente. Le sous-étage, les strates semi-arbustives et herbacées sont
quasiment absentes. La biodiversité intra et interspécifique est très faible. Le
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manque d’interventions sylvicoles conduit à une régularisation forte de ces
peuplements, à une disparition quasi-totale des espèces de lumière et à un
risque de dégradation homogène à grande échelle en cas de tempête, avec le
risque, dans ce cas, de conduire à une substitution de ces peuplements par
reboisement au moyen d’essences exotiques, comme après la tempête de 1999.
L’étude préconise ainsi de faire évoluer ces sapinières à myrtilles vers des
hêtraies-sapinières.
Les habitats infra-forestiers comme les mégaphorbaies (prairies humides), un
bas marais (Roche du Loup), les zones rocheuses, et enfin les landes et trouées
non reboisées, s’ils sont peu étendus, sont par contre plus riches en
biodiversité botanique. Sur le Grand Felletin par exemple, qui compte 9
mégaphorbaies, l’Impatiente N’y-touchez-pas (Impatiens noli-tangere) est
abondante tandis que la présence diffuse de l’Airelle rouge (Vaccinium vitisidaea) dans les sous-bois est vraisemblablement relictuelle d’une lande
existante avant la forêt. Les éboulis intraforestiers de Combe noire sont, quant
à eux, intéressants par leur couverture de Lichens, de Bryophytes et de
Ptéridophytes, et le suc de Beauplot possède un éperon rocheux où croît
l’Alchemille de Hoppe (Alchemilla pticatula).
Enfin, les peuplements et les arbres âgés et/ou sénescents sont rares sur cet
ENS. Leur présence présenterait pourtant un intérêt fort pour les espèces
animales cavernicoles comme les pics, les chouettes (chouette de Tegmalm) et
chiroptères arboricoles, et pour les organismes décomposeurs. Parmi les
quelques arbres âgés et/ou sénescents présents, il est probable que ce sont des
individus « originels » présents au moment de l’installation de la forêt. Ils
présentent donc un intérêt historique et génétique certain. On les trouve pour
l’essentiel dans et autour des secteurs de chirats, là où l’exploitation forestière
était la plus difficile.
Les peuplements des Hautes vallées de la Cance et de l’Ay sont souvent
fermés et ne favorisent pas la présence d’une importante biodiversité. Leur
évolution en forêt mélangée est donc un enjeu considérable pour augmenter la
biodiversité de ces espaces. Le maintien d’arbres âgés ou sénescents l’est tout
autant. Au final, ce sont les zones intraforestières où l’on trouve les espèces
végétales les plus remarquables.
2.3. Dans les tourbières du plateau du Haut Vivarais
Le site du plateau de Saint-Agrève se trouve sur la bordure orientale du Massif
Central. Il se compose de 4 secteurs distincts :
le lac de Devesset (76 ha) : lac de barrage artificiel très touristique,
le lac de Véron (28 ha) : ancienne zone humide transformée en lac de
petite taille,
le secteur de Rochessac (44 ha) : complexe de zones humides en
mosaïque,
le secteur de Pontet (9 ha) : complexe de zones humides en mosaïque.
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Le site est composé de la manière suivante :
Figure 16 Description du site
Tourbières de St
Agrève
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux
courantes)
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et
industrielles, Routes, Décharges, Mines)
Forêts de résineux
Marais (végétation de ceinture), Bas-marais, Tourbières,
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles
améliorées
Forêts mixtes
45%
20%
13%
10%
10%
2%
Plus précisément, 7 habitats naturels ont été recensés dont 4 relatifs aux
tourbières :
Prairies de fauche de montagne
Rivières des étages planitiaire à montagnard avec végétation du
renoncules et callitriche
Formations herbeuses à Nardus (graminée), riches en espèces, sur
substrats siliceux des zones montagnardes
Tourbières hautes actives
Tourbières hautes dégradées encore susceptibles de régénération
naturelle
Tourbières de transition et tremblantes
Tourbières boisées
Les habitats naturels marqués en gras sont reconnus comme prioritaires car en
danger de disparition sur le territoire européen.
Les tourbières boisées ou forêts marécageuses, habitat prioritaire, sont des bois
de bouleaux et de pins colonisant les tourbières et les marécages acides. Ces
arbres recouvrent un tapis herbacé et muscinal type myrtilles, sphaignes,
laîches. Le milieu est caractérisé par la permanence d’une nappe élevée
souvent très proche de la surface. L’eau est le plus souvent très pauvre en
éléments nutritifs. Sur la zone Natura 2000, on trouve cet habitat naturel sur
les secteurs de Rochessac et très localement dans celui du Pontet. Les pins
sylvestres se sont installées sur des sphaignes et d’autres mousses en coussinet
et associés à des ligneux comme des bouleaux et des saules. La strate
herbacée, localement importante, est dominée par de la molinie, des laîches,
des joncs.
Ce milieu constitue souvent une mosaïque complexe avec les tourbières
hautes, les marais de transition, la pinède à pins sylvestres et des prairies
humides de telle sorte que certains secteurs peuvent être considérés comme des
zones de transition entre différents milieux. C’est pourquoi cet habitat s’avère
difficile à cartographier sur le terrain.
Les oiseaux forestiers nichent volontiers dans les tourbières boisées. Divers
rapaces diurnes telle la Bondrée apivore peuvent construire leurs aires sur les
grands arbres. Le Pic noir s’installe si les arbres présentent un diamètre
suffisant pour y creuser des cavités.
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Les tourbières boisées du secteur de St Agrève et plus généralement la
complexité des milieux humides qui y sont présents est une grande richesse
pour le plateau du Haut Vivarais. Comme toutes les tourbières, celles de St
grève sont très sensibles aux changements, aménagements mais aussi au nonentretien de l’espace.
3. Enjeux et pistes d’actions pour les acteurs du territoire
3.1. Frange rhodanienne : une appropriation locale indispensable du projet
Natura 2000
Les enjeux retenus par le comité de pilotage local piloté par le Préfet
d’Ardèche dans la procédure d’élaboration du Contrat d’objectifs sont les
suivants :
qualité de l’eau
conservation des habitats d’intérêt communautaire prioritaire et des
habitats d’espèces
restauration et conservation des pelouses rocailleuses, notamment
celles abritant la Gagée de Bohème (notamment sur la colline du
Châtelet) suivi par le CREN
lutte contre les espèces invasives
définition du périmètre (en fonction des usages)
Deux groupes de travail géographiques (Nord et Sud du périmètre) ont été
prévus. A l’intérieur de ces groupes, le travail sera articulé autour des
thématiques suivantes
agriculture, forêt et aspects fonciers
activités de pleine nature (pêche, chasse...), tourisme et circulation des
véhicules à moteur
urbanisme, alimentation en eau potable, assainissement et
développement économique
connaissance scientifique
Il ne s’agit pas ici de faire des préconisations à la place du document
d’objectifs mais plutôt d’inciter les élus et acteurs des communes concernés de
participer activement à la mise en place du document d’objectifs. L’enjeu est
de taille : conserver un espace naturel remarquable à proximité immédiate d’un
couloir rhodanien qui subit une pression démographique forte et qui est très
impacté par l’activité économique. Un projet Natura 2000 peut représenter un
atout intéressant pour ce secteur géographique qui pourrait proposer à sa
population et à ses visiteurs des activités nature (animations pédagogiques,
sentiers découverte par exemple) à proximité des zones urbanisées.
3.2. Vers une gestion sylvicole qui prenne plus en compte la biodiversité
3.2.1. Dans les zones à enjeux de l’ENS
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Les actions fléchées dans le cadre du site ENS « Hautes Vallées de la Cance et
de l’Ay » qui concernent la forêt sont les suivantes :
gestion alternative de sapinières sinistrées par la tempête de 1999
restauration de hêtraie pure
conservation de vieux arbres
restauration expérimentale de sapinière à myrtilles à partir d’une futaie
de douglas
préservation d’une mégaphorbaie en évitant l’envahissement par la
régénération d’épicéas et la mise en dépôts de rémanents de coupe
Le document de programmation de l’ENS prévoit également de nombreuses
actions d’information, de sensibilisation du public et des propriétaires, et de
valorisation pédagogique du site.
A ce jour, seules les actions situées sur la commune du Monestier ont pu
démarrer à l’été 2009. Il s’agit de la conservation des forêts anciennes et vieux
arbres ; de la restauration d’une hêtraie pure et de la restauration, préservation
d’une mégaphorbaie. Ces opérations sont réalisées sous la maîtrise d’œuvre de
l’ONF.
Pour le reste, le projet de site ENS s’est heurté à une certaine opposition locale
de la part des chasseurs. La peur de voir une fréquentation plus importante du
site a été mise en avant. On retrouve donc ici un enjeu majeur du territoire de
l’Ardèche verte qui est le conflit d’usage dans les espaces ruraux.
Au-delà du site ENS pour lequel le dialogue doit être rétabli, la Charte
Forestière et le futur projet de territoire du Pays Ardèche verte se doivent de
réfléchir à des solutions à ces conflits d’usage. Ces solutions ne pourront être
trouvées que dans la mesure où tous les représentants des usagers ainsi que les
élus reconnaissent l’existence du problème et acceptent de travailler ensemble.
Pour conclure sur le site ENS, on peut parier qu’une bonne communication
(visite des travaux, lettre d’information...) autour de l’expérience menée par la
commune du Monestier permette d’enclencher les autres actions notamment en
forêt privée.
3.2.2. De manière générale, sur le massif forestier de l’Ardèche verte
La conservation de la biodiversité est une préoccupation majeure soulevée par
le Grenelle de l’Environnement. Il reconnaît ainsi le besoin de mieux préserver
la biodiversité ordinaire et de renforcer sa prise en compte dans la gestion
courante. Cette considération n’est pas forcément antinomique avec une plus
grande mobilisation des bois nécessaire sur l’Ardèche verte comme partout en
France. Pour les aider à trouver cet équilibre, on ne peut qu’encourager les
propriétaires forestiers à réaliser des plans simples de gestion.
Il s’agit ainsi d’intégrer une plus grande diversité d’espèces forestières dans les
peuplements en ne se contentant pas d’une monoculture d’arbres non
autochtones (épicéas, douglas). Le Schéma Régional de Gestion Forestière
préconise ainsi des peuplements mélangés et irréguliers.
Il s’agit également de conserver quelques vieux peuplements et quelques
arbres sénescents ou morts pour permettre le maintien des mousses, lichens et
coléoptères qui s’en nourrissent. Ces derniers jouent un rôle important dans la
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survie et la régénération des forêts car ils restituent pour le milieu forestier le
budget énergétique et nutritif contenu dans les arbres morts ou dépérissants et
assurent donc une partie du cycle de l’azote et du carbone.
Enfin, laisser une partie des rémanents au sol sans les entasser permet la
restitution des éléments minéraux et organiques au sol et le développement de
certaines espèces végétales et animales spécialisées dans la décomposition.
Pour finir, l’exploitation sylvicole doit aussi intégrer cette composante
biodiversité pour minimiser l’impact du tassement des engins.
La biodiversité ne doit pas être vue comme une contrainte dans la gestion
sylvicole mais comme une composante, parmi d’autres, à prendre en compte.
Elle n’est pas incompatible avec une forêt de production mais nécessite d’être
intégrer dans les documents de gestion et les pratiques des forestiers et des
exploitants.
3.3. Tourbières de St Agrève : une richesse à conserver et valoriser
3.3.1. Mettre en œuvre les mesures conservatoires
Les tourbières sont des milieux complexes et particulièrement fragiles, qui se
raréfient en France. Pour éviter qu’elles ne disparaissent, des mesures de
conservation sont nécessaires mais elles reposent sur une politique volontariste
de préservation et de gestion active. Hors, à ce jour, seule une
contractualisation de MAEt (Mesures agro-environnementales territoriales)
avec des agriculteurs a eu lieu pour la fauche et le pâturage afin d’éviter la
fermeture du milieu.
Pourtant, de nombreuses autres mesures conservatoires ont été fléchées dans le
document d’objectifs et concernent en particulier la forêt :
Lutter contre l’ouverture de certains milieux boisés pour favoriser les
espèces animales qui apprécient les prairies humides abritées
(l’Azurée des mouillères)
Eviter l’enrésinement systématique pourtant favorisé par la déprise
agricole de ces dernières années
Eviter le drainage des parcelles et la plantation d’essences de
substitution aux essences locales
éviter le passage d’engins lourds qui provoquent la détérioration
directe par la création de pistes forestières
éviter l’enlèvement des bois morts
Pour conclure, la gestion de tels milieux humides est complexe, en particulier
dans ces secteurs boisés. Un juste équilibre est en effet à trouver entre
ouverture du milieu et maintien des tourbières boisées, entre intervention et
évolution naturelle. Une politique volontariste de conservation portée
localement ne serait réaliste que si la gestion du site est confiée à une structure
spécialisée dans la gestion des espaces naturels comme cela est fait pour l’Ile
de la Platière ou pour le Suc de Clava.
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3.3.2. Informer et valoriser le site
La préservation des tourbières de Saint Agrève passe en premier lieu par
l’information des propriétaires qu’ils soient publics ou privés et des usagers
pour leur permettre de comprendre la richesse de leur patrimoine local et les
raisons pour lesquels il convient de le préserver. Cette information peut être
individuelle (courriers) pour les propriétaires et collective (plaquette
d’information et panneaux) pour les usagers.
Le site Natura 2000 est également une énorme opportunité dans le contexte du
lac de Devesset. Ce lac à vocation touristique mise en effet sur les activités de
loisirs de plein air et de pleine nature. Un projet ambitieux vient de démarrer
pour que le lac devienne le moteur d’un développement du tourisme vert sur le
plateau de Saint Agrève. La présence des tourbières à proximité même des
installations d’accueil permet d’imaginer la mise en place de circuits de
découverte et d’animations pédagogiques (visites guidées...) pour les visiteurs.
Cette démarche peut permettre également d’encadrer les passages des
visiteurs. Il est en effet nécessaire de conserver des zones de quiétude en
particulier lors des périodes sensibles de nidification et des haltes migratoires.
La valorisation pédagogique et touristique des tourbières de St Agrève peut
constituer un attrait supplémentaire important pour le site touristique du lac de
Devesset. Cette valorisation permet en outre un meilleur respect du site naturel
grâce à une information des propriétaires et usagers.
Références bibliographiques
www.rhone-alpes.ecologie.gouv.fr/
www.natura2000.fr
Inventaires naturalistes Espèces végétales remarquables sur l’ENS « Hautes
Vallées de la Cance et de l’Ay », ONF, 2004
Etude des milieux forestiers des zones à enjeux du site ENS « Hautes Vallées
de la Cance et de l’Ay », ONF/CRPF, octobre 2005
Document de programmation et de gestion sur la période 2006 – 2010 ENS
« Hautes Vallées de la Cance et de l’Ay »
Documents d’objectifs NATURA 2000 Site B22 « Tourbières du plateau de St
Agrève »
Comptes rendus des Comités de pilotage Site B15 « Affluents rive droite du
Rhône »
Le forestier privé Rhône-Alpes - Biodiversité et gestion forestière, juillet 2009
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