Directives de
pratique clinique
JOURNAL OF HEPATOLOGY
Journal of Hepatology 2016 vol 64 | 179–202 181
suggéré par l’OMS [26]. Récemment, deux groupes de recherche
ont rapporté simultanément la présence de mutations soma-
tiques dans le gène codant calréticuline (CALR), une protéine
présente dans le réticulum endoplasmique et impliquée dans la
régulation de la voie signalisation STAT [27,28]. Ces mutations
ont été détectées en utilisant le séquençage de l’exome entier chez
la majorité des patients atteints NMP avec JAK2 non muté. Les
mutations de CALR étaient absentes chez les patients atteints de
polyglobulie essentielle, et se sont produites dans 80% des pa-
tients atteints de thrombocytémie essentielle JAK2 négative et
de myélobrose primitive. Dans deux études récentes [29,30],
les mutations de CALR ont été évaluées chez les patients atteints
de TVS, étant positives chez 0,7 et 1,9% des patients, respecti-
vement. Le taux augmente lorsque, seuls les patients avec NMP
étaient considérés (2,3 et 5,4% respectivement). En eet, CALR
a été trouvé positive chez, respectivement, 9,1% (de 1 patient
sur 11) et 30% (de 4 patients sur 13) de JAK2 NMP négatif. Le
mécanisme pathogénique exact de la TVS dans la NMP reste à
résoudre mais, en plus de l’érythrocytose caractéristique et de
la thrombocytose, les anomalies fonctionnelles des plaquettes et
leucocytes semblent avoir un rôle pathogénique [31].
Autres facteurs étiologiques
L’hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est un trouble
hématologique rare acquis des cellules-souches hématopoïé-
tiques et est le plus fortement associé au SBC [32]. Une HPN a
été rapportée chez 9-19% des patients testés pour SBC [11,33],
alors qu’une prévalence de 0-2% a été rapportée dans la TVP [3].
Le mécanisme exact pour le développement de TVS est encore
inconnu [33]. Les patients avec une population de cellules HPN
supérieure à 60% des granulocytes semblent être à un risque
accru de thrombose [34]. Un test de HPN doit systématique-
ment être eectué dans tous les SBC et envisagé chez les patients
sourant de TVP [35]. Les maladies auto-immunes médiées, les
maladies inammatoires de l’intestin, la vasculite, la sarcoïdose
et la maladie du tissu conjonctif peuvent également être asso-
ciées à des TVS, bien que ces troubles ne soient guère observés
dans l’étude in vivo, la maladie de Behçet est particulièrement
observée dans la région méditerranéenne [36]. D’autres causes
rares de vasculite comprennent les infections à cytomégalovirus
et la maladie cœliaque [37,38].
Les facteurs hormonaux, y compris l’utilisation de contracep-
tifs oraux et la grossesse sont considérés comme des facteurs de
risque de TVS. Les contraceptifs oraux ont été révélés être asso-
ciés, à un risque deux fois moindre pour le SBC [10,39]. Pour
la TVP, le risque peut être augmenté légèrement, mais cela n’a
pas encore été bien établi [10]. Il convient de noter que, chez de
nombreux patients atteints, d’autres facteurs étiologiques conco-
mitants ont été identiés.
Les facteurs étiologiques et leur importance dans le traitement
Le diagnostic du facteur étiologique sous-jacent pour le dé-
veloppement de la TVS est important, car il peut y avoir des
implications thérapeutiques ou pronostiques. Par exemple, la
présence d’un trouble thrombotique peut inuencer la durée du
traitement anticoagulant chez les patients atteints de TVP. Pour
les patients atteints de SBC, le traitement anticoagulant à vie est
justié, compte tenu de la gravité de la maladie. Chez les per-
sonnes atteintes de TVP aiguë, un traitement anticoagulant est
donné pendant 6 mois. Cependant, un traitement à long terme
est parfois donné, en fonction du trouble sous-jacent. D’une ma-
nière générale, la durée du traitement anticoagulant est forte-
ment dépendant du risque de thrombose récurrente. Bien que
seulement quelques études rétrospectives aient mis l’accent sur
le risque de récidive chez les TVP, ces études ont révélé que l’état
prothrombotique sous-jacent était un prédicteur indépendant
de la thrombose récurrente [40-42]. D’autre part, le risque de
saignement chez ces patients, qui présentent souvent de l’hé-
morragie variqueuse, doit être pris en compte. Par conséquent,
les lignes directrices récentes ont suggéré une thérapie anticoa-
gulante à long terme, uniquement aux personnes présentant
des facteurs de risque sous-jacents thrombophiliques, comme
mutation homozygote de la FVL et variante du gène de la pro-
thrombine [43]. Cependant, d’autres lignes directrices indiquent
que les défauts thrombophiliques ont une valeur prédictive in-
certaine pour la récidive et les décisions relatives à la durée du
traitement anticoagulant, si fondée sur des preuves, les résultats
des tests ne le sont pas [44]. Des études de suivi sont nécessaires
pour établir la durée du traitement anticoagulant en particulier
ceux sans ou avec de légers troubles thromboemboliques. Les
lignes directrices actuelles ne prennent pas en charge les tests
des autres membres de la famille en cas d’un défaut de thrombo-
philie est identié [45].
Dans le cas d’un néoplasme myéloprolifératif sous-jacent
(NMP), le traitement anticoagulant avec AVK doit être prescrit
indéniment pour la TSV. Presque tous les patients NPP, de nos
jours, sont traités avec de l’aspirine. Cependant, il est encore im-
possible de savoir si l’aspirine doit être ajoutée au traitement des
patients avec TVS NPP traité avec AVK. Bien qu’un avantage
potentiel de l’aspirine chez les patients avec TVP et MPN ait été
observé dans une étude rétrospective, cela devrait être conrmé
dans des études prospectives [44,46]. Les patients NPP doivent
être traités avec une thérapie antiproliférative, tel que l’interféron
alpha ou l’hydroxyurée, an de normaliser le nombre de cellules
du sang périphérique. Chez les patients atteints de Vaquez, un
hématocrite <45% devrait être recherché [47]. Le diagnostic de
l’HPN sous-jacente chez les patients atteints de TVS peut avoir
des implications importantes sur le traitement. Le traitement à
long terme avec de l’éculizumab peut être indiqué chez ces pa-
tients [35].
Recommandations:
1. Examiner les patients avec SBC et TVP pour les facteurs pro-
thrombotiques locaux et systémiques sous-jacents. L’identi-
cation d’un facteur de risque ne devrait pas empêcher de cher-
cher des facteurs de risque supplémentaires (A1).
2. Le bilan consiste en un diagnostic des facteurs de thrombophi-
lie, héréditaires et acquis, des néoplasmes myéloprolifératifs,
l’hémoglobinurie nocturne paroxystique et les troubles au-
to-immunes (A1).
3. Examiner des patients, tant avec un SBC qu’avec une TVP pour
des facteurs de risque locaux, y compris les maladies inam-
matoires intra-abdominales et des tumeurs malignes abdomi-
nales (A1).
4. Le dépistage de la thrombophilie devrait inclure la protéine
S, la protéine C et les niveaux d’antithrombine, la mutation de
FVL, la variante prothrombine du gène G20210A, les anticorps
antiphospholipides (APA). En cas de la positivité APA, ceci de-
vrait être répété après 12 semaines (A1).
5. Test de néoplasmes myéloprolifératifs en testant la mutation
de JAK2V617F chez les patients à TVS, et les individus avec un
nombre de cellules sanguines périphériques normales (A1).
Chez les patients à mutation JAK2V617F négative, le dépistage
de la mutation calréticuline doit être eectuée et, si les deux
sont négatifs, l’histologie de la moelle osseuse doit être envisa-
gée. Les patients doivent être référés à un hématologue (B2).
6. Traiter la maladie sous-jacente adéquatement (B1). En cas de
MPN sous-jacent, on devrait administrer un traitement anticoa-
gulant à vie pour ces patients SVT (B1).