INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES
Cours de l’option d’astronomie du DEUG SM2
L. Duriez
Université des Sciences et Technologies de Lille
6 décembre 2003
Table des matiĂšres
1 Notions de photométrie 2
1.1 Photométrie physique ................................................. 2
1.2 Photométrie astronomique .............................................. 4
1.2.1 Photométrie astronomique visuelle ...................................... 4
1.2.2 Photométrie astronomique photographique et photoélectrique ....................... 5
1.2.3 Effets atmosphériques ............................................ 7
2 Instruments astronomiques 9
2.1 Lunettes et télescopes ................................................. 10
2.1.1 Principes de construction ........................................... 10
2.1.2 Pouvoir sĂ©parateur d’un instrument ..................................... 11
2.1.3 Montages optiques de télescopes ....................................... 13
2.1.4 Montures instrumentales ........................................... 15
2.2 Autres instruments astronomiques .......................................... 22
2.2.1 Radiotélescopes ................................................ 22
2.2.2 Télescopes à rayons X et γ.......................................... 23
3 Techniques d’observation 23
3.1 Observation visuelle ................................................. 23
3.2 Observation photographique ............................................. 24
3.3 Observation photographique numérique : Capteurs CCD .............................. 25
3.3.1 Technologie des CCD ............................................ 25
3.3.2 PrĂ©traitement d’une image CCD ....................................... 26
3.3.3 Traitements des images astronomiques numérisées ............................. 27
3.4 Observation spectrale ................................................. 28
3.5 Observation interférométrique ............................................ 29
3.5.1 Notions de traitement du signal ....................................... 29
3.5.2 Diffraction de la lumiĂšre par une ouverture ................................. 30
3.5.3 Montages interférométriques ........................................ 31
1
L. Duriez - Instruments astronomiques 2
4 Voir ou détecter des planÚtes extra-solaires 33
4.1 Détection photométrique ............................................... 33
4.2 Détection dynamique par mesures de vitesses radiales ................................ 34
4.3 Détection dynamique par chronométrie ........................................ 35
4.4 Détection par microlentilles gravitationnelles .................................... 35
5 Bibliographie 36
Dans cette option, on aborde l’astronomie par son aspect observationnel : Sachant que c’est le rayonnement
Ă©lectromagnĂ©tique qui nous transmet l’essentiel des informations Ă©mises par les astres, on introduit les notions utiles
de photométrie astronomique et quelques propriétés de la propagation de la lumiÚre. On détaille ensuite comment
les instruments (lunettes et tĂ©lescopes et leurs capteurs associĂ©s) sont conçus et utilisĂ©s pour l’acquisition de ces
informations dans le domaine de l’astromĂ©trie, puis de l’astrophysique avec ïŹnalement l’exemple de la recherche des
planĂštes extrasolaires.
1 Notions de photométrie
1.1 Photométrie physique
Une source ponctuelle, telle une Ă©toile lointaine, Ă©met de l’énergie sous forme de rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique
vĂ©hiculĂ©e par des photons de toutes Ă©nergies (dĂ©pendant de la frĂ©quence Μou de la longueur d’onde λdu rayonnement
associé) :
Eλ=hΜ =hc
λ
En photomĂ©trie globale, on considĂšre l’énergie EsommĂ©e pour toutes les longueurs d’ondes; une source ponc-
tuelle sémet cette énergie dans toutes les directions. Un écran de surface dS placé perpendiculairement à la direction
du rayonnement venant de sreçoit chaque seconde un ïŹ‚ux d’énergie dϕ. L’éclairement de cet Ă©cran est par dĂ©ïŹnition :
E=dϕ
dS
On le mesure en W/m2. Si la normale Ă  l’écran fait un angle Ξavec la direction du rayonnement incident, c’est la
surface projetĂ©e qui compte : E=dϕ/dS cos ϑ
L’angle solide d℩sous lequel est vu, depuis la source s, un Ă©lĂ©ment de surface dS situĂ© Ă  la distance Dde la
source, est par dĂ©ïŹnition :
d℩ = dS cos ξ
D2
On le mesure en stĂ©radians (sr). L’intensitĂ© de la source Ă©mettant le ïŹ‚ux dϕ dans le cĂŽne d’angle solide d℩est par
dĂ©ïŹnition :
I=dϕ
d℩
mesurĂ©e en W/sr. L’intensitĂ© d’une source dĂ©pend ainsi en gĂ©nĂ©ral de la direction d’émission, direction dĂ©ïŹnie par le
cĂŽne reprĂ©sentant l’angle solide. On en dĂ©duit encore :
E=I
D2
Une source non ponctuelle est décomposée en éléments de surface ds . Chaque élément se comporte comme une
source ponctuelle, Ă©mettant une intensitĂ© Ă©lĂ©mentaire dI dans une direction faisant l’angle αavec la normale Ă  la
surface ds . La luminance de cet Ă©lĂ©ment de source est par dĂ©ïŹnition :
L=dI
ds cos α
L. Duriez - Instruments astronomiques 3
On la mesure en W/m2/sr.
On en dĂ©duit l’éclairement Ă©lĂ©mentaire dE d’un Ă©cran de surface dS par une source Ă©lĂ©mentaire de surface ds et
de luminance LsituĂ©e Ă  la distance Dde l’écran :
dE =d2ϕ
dS =L ds cos ϑcos α
D2
En photomĂ©trie spectrale, on dĂ©ïŹnit les mĂȘmes notions d’éclairement, d’intensitĂ© et de luminance, mais Ă  partir
du ïŹ‚ux spectral, mesurĂ© en W/m :
ϕλ=dϕ
dλ
Le ïŹ‚ux global vu prĂ©cĂ©demment est alors simplement : ϕ=R∞
0ϕλdλ . On en dĂ©duit les quantitĂ©s spectrales :
Eλ=dϕλ
dS Iλ=dI
dλ =dϕλ
d℩Lλ=dL
dλ =dIλ
ds cos α
Ces notions supposent la considération de sources lumineuses présentant un spectre continu et dérivable, par
exemple les corps noirs auxquels les Ă©toiles sont gĂ©nĂ©ralement apparentĂ©es : Ce sont des sources dont l’émission
lumineuse ne dépent que de leur température T(spectre thermique), selon la loi de Planck :
Lλ=C1
λ5
1
exp(C2/(λT )) −1
avec C1= 3.74185 10−16 W.m2et C2= 0.0143883 m.K. Cette luminance spectrale tend vers zĂ©ro pour λtendant
vers zĂ©ro et vers l’inïŹni, et possĂšde un seul maximum correspondant Ă  la longueur d’onde λmax telle que (loi de
Wien) :
λmaxT=Constante = 0.002898 m.K
IntĂ©grant Lλentre zĂ©ro et l’inïŹni, on obtient la luminance globale du corps noir (loi de Stephan) :
L=Z∞
0
Lλdλ =σ T 4
avec σ= 5.669 10−8W.m−2.K−4
Figure 1 - Graphe de la fonction de Planck pour diverses températures (à droite en échelles logarithmiques).
Lorsqu’on observe avec un ïŹltre, cela revient Ă  multiplier le ïŹ‚ux spectral par une fonction de visibilitĂ© F(λ) , nulle
partout sauf dans un intervalle [λ1, λ2]oĂč elle prend ses valeurs entre 0 et 1. On dĂ©ïŹnit ainsi le ïŹ‚ux spectral observĂ© :
ϕobs,λ =ϕλF(λ)
puis les quantitĂ©s analogues Eobs,λ ,Iobs,λ et Lobs,λ . Le ïŹ‚ux global observĂ© Ă  travers le ïŹltre est alors
ϕobs =Zλ2
λ1
ϕλF(λ)dλ
L. Duriez - Instruments astronomiques 4
En photomĂ©trie visuelle, la fonction de visibilitĂ© reprĂ©sente la façon dont l’Ɠil est sensible aux longueurs d’onde :
L’intervalle de sensibilitĂ© de l’Ɠil est sensiblement [390 nm , 750 nm], avec un maximum d’efïŹcacitĂ© vers 555 nm.
Le ïŹ‚ux visuel global est alors l’intĂ©grale du ïŹ‚ux spectral ïŹltrĂ© entre les bornes du ïŹltre visuel V(λ):
ϕvis =Z750
390
ϕλV(λ)dλ
Figure 2 - Fonction de visibilitĂ© de l’oeil en vision nocturne.
Ce ïŹ‚ux visuel global se mesure en lumen (lm). On en dĂ©duit ensuite les notions d’éclairement visuel global :
Evis =dϕvis/dS mesurĂ© en lux (lx)(ou lumen par m2), d’intensitĂ© visuelle globale : Ivis =dϕvis/d℩mesurĂ©e en
candela (cd) et de luminance visuelle globale : Lvis =dIvis/ds cos αmesurĂ© en cd/m2. La candela est par dĂ©ïŹnition
l’intensitĂ© lumineuse Ă©mise dans une direction donnĂ©e, d’une source monochromatique Ă  555 nm dont l’intensitĂ©
Ă©nergĂ©tique dans cette direction vaut 1/683 W/sr. Le lumen est alors dĂ©ïŹni comme Ă©tant le ïŹ‚ux lumineux Ă©mis dans
un angle solide d’un stĂ©radian, par une source ponctuelle uniforme, placĂ©e au sommet de l’angle solide et ayant une
intensitĂ© lumineuse d’une candela.
La limite de sensibilitĂ© de l’Ɠil est de l’ordre de 2 10−8lux.
Notons que dans la vision nocturne, les seuils de sensibilitĂ© de l’Ɠil sont lĂ©gĂšrement dĂ©placĂ©s par rapport Ă  ceux
donnĂ©s ci-dessus ( [380 nm, 680 nm] avec maximum d’efïŹcacitĂ© Ă  510 nm).
On dĂ©ïŹnirait de la mĂȘme maniĂšre une photomĂ©trie photographique basĂ©e sur l’utilisation de ïŹltres sensibles dans
des bandes plus ou moins larges, soit vers le bleu ou vers le rouge, ou d’autres parties du spectre comme l’infra-rouge
(IR) ou l’ultra-violet (UV). Si la fonction de visibilitĂ© d’une plaque photographique est identique Ă  celle de l’Ɠil, elle
est dite “plaque orthochromatique”.
1.2 Photométrie astronomique
1.2.1 Photométrie astronomique visuelle
On utilise la notion de magnitude pour quantiïŹer la luminositĂ© des astres (Ă©toiles, planĂštes ou nĂ©buleuses). L’éclai-
rement visuel global s’appelle en astronomie â€œĂ©clat visuel apparent” : ev; il est mesurĂ© dans des unitĂ©s propres Ă 
l’astronomie, l’unitĂ© d’éclat apparent ev0correspondant Ă  2.10−6lux et reprĂ©sentant en fait l’éclat visuel apparent
de l’étoile Vega (αLyrae). Le Soleil a un Ă©clat de l’ordre de 200000 lux et les Ă©toiles les plus faibles actuellement
observables ont un Ă©clat de l’ordre de 2 10−18 lux. Les diffĂ©rences considĂ©rables entre les Ă©clats possibles suggĂšrent
l’emploi d’une Ă©chelle logarithmique : La magnitude visuelle apparente mvest ainsi dĂ©ïŹnie par la relation (loi de
Pogson) :
mv=−2,5 log10
ev
ev0
L. Duriez - Instruments astronomiques 5
Le Soleil a alors la magnitude -27,5 , Vega la magnitude 0 et les étoiles les plus faibles la magnitude +30. Etant donnée
la limite de sensibilitĂ© de l’Ɠil, on voit Ă  l’Ɠil nu les astres de magnitude infĂ©rieure Ă  5. La formule prĂ©cĂ©dente montre
aussi que diviser l’éclat d’une source par 100 revient Ă  augmenter sa magnitude de 5.
Si deux astres proches ont des éclats respectifs e1et e2correspondant aux magnitudes m1et m2, la magnitude
globale des deux astres n’est pas bien sĂ»r la somme des magnitudes, mais −2,5 log(e1+e2)soit encore :
−2,5 log(10−0,4m1+ 10−0,4m2)
Un astre ponctuel d’intensitĂ© visuelle globale Ivis situĂ© Ă  la distance Dde l’observateur a l’éclat visuel apparent :
ev=Ivis/D2. Dans des unités telles que ev0= 1, on en déduit sa magnitude visuelle :
mv=−2,5 log Ivis + 5 log D
Le mĂȘme astre vu avec la magnitude m1lorsqu’il est Ă  la distance d1est alors vu avec la magnitude m2lorsqu’il est
Ă  la distance d2, oĂč m1et m2vĂ©riïŹent :
m1−m2= 5 log d1
d2
Une planĂšte situĂ©e Ă  la distance ∆de la Terre et Ă  la distance rdu Soleil a alors une magnitude de la forme :
m=C+ 5 log(r∆)
oĂč Cest une constante dĂ©pendant de la surface πR2de la planĂšte, de l’albĂ©do Ade celle-ci et de l’intensitĂ© visuelle
globale Ivdu Soleil. C’est en effet le Soleil qui Ă©claire la planĂšte, laquelle ne rĂ©ïŹ‚Ă©chit qu’une fraction A(albĂ©do) de
la lumiĂšre reçue, soit A IvπR2/r2et c’est cette intensitĂ© réémise par la planĂšte qui est perçue depuis la Terre Ă  la
distance ∆. Cette expression de la magnitude d’une planĂšte suppose que la totalitĂ© de sa face Ă©clairĂ©e par le Soleil
est vue depuis la Terre. Si la planÚte présente un effet de phase important (par exemple les planÚtes intérieures Vénus
et Mercure, ou la Lune), sa magnitude doit ĂȘtre mise sous la forme : m=C+ 5 log(r∆) + f(φ)dans laquelle la
fonction f(φ)dĂ©pend de cette phase. Les planĂštes extĂ©rieures (Mars et au delĂ ) prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement aussi un effet
de phase mais bien moindre que celui des planÚtes intérieures.
Lorsqu’on observe visuellement un astre Ă  l’oculaire d’une lunette ou d’un tĂ©lescope, on peut considĂ©rer que cet
instrument est un “entonnoir Ă  photons” qui ampliïŹe le ïŹ‚ux lumineux dans le rapport des surfaces de l’objectif et de
la pupille de l’Ɠil. Plus prĂ©cisĂ©ment, si Det dsont les diamĂštres de l’objectif et de la pupille de l’Ɠil, le ïŹ‚ux visuel
global ϕ1reçu par l’Ɠil derriĂšre l’instrument reprĂ©sente le ïŹ‚ux visuel global ϕ0qui serait reçu par l’Ɠil nu ampliïŹĂ©
d’un facteur T(D/d)2oĂč Test le facteur de transmission de l’instrument (T < 1). Si un astre est vu Ă  l’Ɠil nu avec
la magnitude moeil , le mĂȘme astre sera vu Ă  travers l’instrument avec la magnitude
minst =moeil −5 log D
d−2,5 log T
Si l’astre est effectivement visible Ă  l’Ɠil nu, sa magnitude moeil est infĂ©rieure Ă  5, et sa magnitude minst est encore
plus petite, signiïŹant que l’astre est plus lumineux lorsqu’il est vu Ă  travers l’instrument. Si l’astre n’est pas visible Ă 
l’Ɠil nu, il pourra le devenir Ă  travers l’instrument si minst devient infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  5. L’instrument permet donc de
voir des astres jusqu’à la magnitude 5 + 5 log D
d+ 2,5 log T. Par exemple, avec T= 0,8et d= 6 mm, un télescope
de 200 mm d’ouverture permet d’atteindre la magnitude 12,4 .
1.2.2 Photométrie astronomique photographique et photoélectrique
Alors que l’Ɠil voit son environnement de maniĂšre quasi-instantanĂ©e (les images sur la rĂ©tine sont interprĂ©tĂ©es
par le cerveau au rythme d’environ 10 par seconde), une plaque photographique, bien que moins sensible que l’Ɠil,
a l’avantage de permettre l’accumulation des photons en un point de celle-ci lors de “poses” plus ou moins longues,
avec toutefois un seuil de sensibilitĂ© et jusqu’à un certain niveau de saturation. Lorsqu’on forme sur la plaque l’image
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