MARS 2016 :44
ÉCONOMIE
portrait
portrait
© Agam
Centre-ville de Marseille
Pour un nouvel élan économique
Avec près de 100 000 emplois salariés privés sur les sept premiers arrondissements, le
centre-ville de Marseille est en 2015 le premier pôle en volume d’emplois de la Métropole
Aix-Marseille-Provence. Cette donnée confirme l’enjeu métropolitain de l’économie du
centre-ville mais recouvre cependant des situations disparates. Ainsi, si le 2e arrondis-
sement enregistre une croissance de l’emploi salarié de 1,6 % entre 2009 et 2014, le 1er
décroche à - 7 %. Plus généralement, si le centre-ville semble avoir stoppé sa récession,
il connaît une croissance plus faible par rapport au reste de la ville et de la métropole.
Le centre-ville est donc toujours économiquement fragile. Même s’il est aujourd’hui pré-
sent dans les options de localisation des grandes entreprises tertiaires et commerciales,
avec une offre de haut niveau dans le 2e, le reste du cœur de ville (essentiellement le 1er et
le 6e) connaît une baisse significative et régulière de l’emploi salarié et une dynamique du
marché de l’immobilier tertiaire plus faible. Cette situation est d’autant plus inquiétante
qu’elle s’inscrit dans un contexte de fragilité démographique et sociale. Le recul significatif
du nombre de salariés a aussi un impact sur le tissu commercial : 25 % des salariés du centre-
ville de Marseille déclaraient en 2009 faire leurs achats à proximité de leur lieu de travail.
Face à ces constats, la question du positionnement économique du centre-ville se pose.
Avec pour objectif de renouveler l’image économique par des actions transversales sur
l’aménagement et la programmation urbaine. Comment réveiller le potentiel d’attractivité
qui, de La Canebière à Castellane et de la Joliette à Longchamp, font du centre-ville un
espace de développement, d’innovation et d’hybridation unique sur la Métropole Aix-Mar-
seille-Provence ?
ÉDITO
Le dynamisme du centre-ville de Marseille est
un enjeu d’échelle métropolitaine incontestable.
Son rayonnement repose principalement sur
le renforcement des fonctions résidentielle,
commerciale, économique, culturelle, patrimoniale
et touristique, organisé à partir d’une nouvelle
étape de requalification de lespace public.
La dimension économique interroge la capacité
de ce territoire à se réinventer, en attirant de
nouvelles activités tout en confortant son tissu
existant aujourd’hui en partie en difficulté.
Une première réponse passe par l’offre en
immobilier de bureau prompte à étoffer le nombre
d’emplois. Les actifs qui travaillent en centre-ville
contribuent largement à l’activité commerciale
comme à celle de la restauration.
Lémergence des nouvelles économies, dans le
numérique et les activités créatives, est porteuse
de réels espoirs. Son avantage concurrentiel, avec
une offre associant aménités urbaines (commerces,
équipements, lieux récréatifs et festifs...)
et accessibilité en transports en commun très
performante, repositionne le centre-ville comme
une localisation préférentielle.
Laure-Agnès CARADEC
Présidente de l'Agam
0%
Volume d’emplois salariés privés en 2014 par secteur d’activité - Centre-ville
Source : Acoss
Commerce auto et
réparation automobile
Commerce de gros
Construction
Transport et entreposage
Industrie
Activité tertaire
Art, spectacle
Santé, action sociale
Hôtellerie, restauration
Commerce de détail
42 500
15 800
12 000
9 200
8 000
3 000
2 500
2 000
1 200
775
Un centre-ville tertiaire
et commercial, attractif
pour les professions libérales
Le centre-ville est sans surprise un espace tertiaire et com-
mercial important, regroupant plus de 40 000 emplois
salariés toutes activités tertiaires confondues auxquels
se rajoutent plus de 20 000 emplois dans le commerce,
l’hôtellerie et la restauration. Le centre-ville est, aussi, une
localisation privilégiée pour les indépendants, professions
libérales ou artisans/commençants : il regroupe sur les
sept premiers arrondissements plus de 50 % des indé-
pendants de Marseille, soit environ 19 000 personnes. La
localisation des professions libérales, en particulier juri-
diques ou médicales, répond à des logiques de proximité
résidentielle mais aussi de grands équipements, comme le
Palais de Justice ou les grands hôpitaux.
Le secteur des services
en souffrance
En terme d’évolution récente sur l’ensemble du centre
ville, la dynamique de croissance de l’emploi salarié est
portée par le commerce de détail, essentiellement sur
le deuxième arrondissement. L’hôtellière-restauration
enregistre une évolution positive entre 2009-2015 de
13 %, mais là aussi, la dynamique est hétérogène entre
les arrondissements. A l’inverse, le secteur des services
est en souffrance (- 1 %) et ce, quasiment partout dans le
centre, avec une baisse plus prononcée dans les 1er et 6e
arrondissements. Laffaiblissement de la dynamique de
l’emploi de service dans le centre-ville est d’autant plus
notable quelle s’inscrit à contre courant de celle observée
à l’échelle de la Ville de Marseille qui enregistre une crois-
sance de 2,5 % environ.
Lévolution de la géographie de l’activité
économique du centre-ville
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ÉCONOMIE
La notion d’emploi salarié
privé – Acoss
Les effectifs salariés diffusés par l’Acoss et les Urssaf
correspondent au ''nombre de salariés inscrits au 31/12''
renseigné dans le régime général. Il s’agit du nombre de
salariés de l’établissement ayant un contrat de travail en
cours le dernier jour de la période. Les salariés relevant du
régime agricole, ainsi que l'emploi public ne sont pas inclus
dans ces effectifs.
De plus certains salariés relevant du privé ne sont pas pris
en compte dans le calcul de l’effectif :
- des intérimaires pour les entreprises utilisatrices
(les intérimaires sont comptés dans les effectifs
des entreprises de travail temporaire) ;
- des apprentis ;
- des élèves ou étudiants effectuant un stage en entreprise
donnant lieu à la signature d’une convention entre le
stagiaire, l’entreprise et l’établissement d’enseignement ;
- des stagiaires de la formation professionnelle ;
- des salariés percevant des sommes après la rupture
de leur contrat de travail, des VRP multicartes ;
- des salariés régulièrement détachés en France en vertu
de conventions ou de règlements internationaux.
T VOLUME DU NOMBRE D'EMPLOIS SALARIÉS PRIVÉS EN 2014 PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ  CENTREVILLE
Centre-ville de Marseille : pour un nouvel élan économique
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Centre-ville de Marseille : pour un nouvel élan économique
Une baisse de l’emploi salarié
dans les 1er et 3e arrondissements
Les mauvais résultats dans la dynamique de l’emploi sala-
rié du 1er et du 3e sont anciens, mais ils s’intensifient sur la
période 2009-2014 pénalisant lensemble de la croissance
du centre-ville. Dans lensemble des secteurs, les sept pre-
miers arrondissements n’enregistrent pas de net recul de
l’emploi salarié, à l’exception du 1er (-7 %) et du 3e (-2,5 %).
De plus, une baisse de l’emploi salarié tertiaire de l’ordre
de - 16 % entre 2009 et 2014 est relevée dans la base Acoss
dans le 1er arrondissement. Cette diminution de l’emploi
tertiaire s’accompagne dune stagnation sur la période
étudiée de l’emploi salarié dans le commerce (-0,16 %) et
dans l’hôtellerie-restauration (0 %). De manière générale,
le 1er arrondissement présente des signes de fragilisation
économique en accentuation, sans avoir de nouveaux
secteurs de relais de croissance de l’emploi qui émergent.
ÉCONOMIE
Un constat général de fragilisation
du 1er arrondissement
La base économique de l’emploi
du 2e arrondissement se diversifie
et se consolide
T LOCALISATION DES PROFESSIONS LIBÉRALES  ACTIVITÉS JURIDIQUES T LOCALISATION DES PROFESSIONS LIBÉRALES  MÉDECINS SPÉCIALISÉS
En 2014, le 2e arrondissement
surpasse le 1er en emplois
La base économique de l’emploi du 2e arrondissement se
diversifie et se consolide : le commerce de détail et la res-
tauration deviennent des moteurs importants de la dyna-
mique de croissance de l’emploi. Ils étaient beaucoup plus
faibles avant 2009. Les activités tertiaires poursuivent leur
montée en gamme, avec une croissance de l’emploi salarié
pour les activités à plus grande valeur ajoutée.
Le 2e arrondissement connaît une évolution positive de
l’emploi salarié privé entre 2009 et 2014 (+ 1,6 % tous sec-
teurs), croissance portée en grande partie par le commerce
de détail et la restauration. A l’inverse du 1er arrondisse-
ment qui voit ses emplois salariés diminuer sur la période,
et pour quasiment lensemble des secteurs hors action
sociale. La première conséquence est ''symbolique'' : le 1er
arrondissement, qui est depuis 1995 le plus important en
effectif d’emplois salariés privés dans le centre-ville, passe
désormais en seconde position en volume derrière le 2e
arrondissement qui prend la première place (il était en troi-
sième position en 1995).
ÉCONOMIE
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Le 3e arrondissement de Marseille cumule les difficultés sociales et
économiques. Mais avec - 2,5 % d’emplois salariés entre 2009 et 2014
il fait cependant mieux que le 1er arr sur la période. Il compte près de
10 000 emplois salariés en 2015 et se situe bien après le 6e en volume
d’emplois, et encore plus évidemment du 1er et du 2e. Depuis les der-
nières vagues de désindustrialisation, il est porté par une dynamique
plus résidentielle qu’économique. Cependant depuis le milieu des an-
nées 2000, de nombreuses initiatives publiques ou privées sont venues
apporter de nouvelles perspectives de développement, en particulier
autour de la culture, des médias et de la santé. La Friche de la Belle-de-
Mai et le Pôle Média, les Docks Libres mais aussi le nouvel Hôpital euro-
péen sont aujourd’hui les navires amiraux de la revitalisation urbaine
et économique de cet arrondissement qui en a bien besoin. Et de fait,
l'analyse de la structure de l’emploi salarié révéle une croissance réelle
de l’emploi tertiaire, en particulier dans les activités d’information,
de communication, scientifiques et techniques et de santé. Ainsi, en
termes de dynamique de lemploi salarié tertiaire, le 3e se porte mieux
que le 1er sur la période récente.
Mais, malgré ces résultats encourageants, le relatif enclavement du
3e arr. (en particulier dans le secteur Belle-de-Mai, éloigné du réseau
de métro), conjugué à un environnement urbain et social encore en
grande difficulté, le laisse pour partie en dehors des espaces tertiaires
attractifs du centre-ville.
La démarche Quartiers Libres portée par la Ville n'en a que plus d'impor-
tance pour offrir de nouvelles opportunités de développement.
3e arrondissement :
de nombreuses difficultés
mais de réelles perspectives
Lautre conséquence porte sur la structure de l’emploi
salarié pri, alors que le moteur tertiaire est en affai-
blissement dans le 1er arrondissement avec un secteur
commerce et restauration à larrêt, le 2e arrondissement
connaît une diversification économique illustrée par une
augmentation de prés de 300 % de l’emploi salarié dans
le commerce de détail, résultat de louverture des grands
projets commerciaux entre 2009 et 2014 (Les Terrasses du
Port, les Voûtes de la Major). Le secteur commerce est en
2014 le 3e pourvoyeur d’emplois salariés (contre le 8e en
2009) après le tertiaire et le transport-logistique.
Une baisse du commerce
de détail dans le 6e
Si l’emploi salarié du 6e arrondissement augmente sur
la période (+3,5 %), les variations par secteur d’activité
sont hétérogènes et tendent à illustrer une rupture dans
le fonctionnement économique. Ainsi l’emploi salarié
du commerce de détail baisse de plus de - 5 % (soit la
baisse la plus importante enregistrée pour ce secteur
dans les 7 premiers arrondissements), alors même qu’il
est le 3e pourvoyeur d’emplois. La thématique commer-
ciale la plus impactée par cette baisse est léquipement
de la personne, alors que l’emploi des city-marchés et
supermarchés est en augmentation. Le secteur de l’hôtel-
lerie-restauration est en nette hausse (+10 % d’emplois), et
surtout porté par le secteur hôtelier et les débits de bois-
son (+20 % d’emploi). Enfin si lemploi du secteur tertiaire
se maintient, il est soutenu par les activités de sécurité
et d’intérim, les activités du tertiaire supérieur (activités
financières, banques, assurances, scientifiques et tech-
niques) enregistrent, quant à elles, une baisse significative.
De manière générale, on constate une mutation sensible
de la structure de l’emploi du 6e arrondissement par une
baisse sensible de lemploi salarié dans le commerce de
détail depuis 2009, ainsi qu'une baisse en valeur ajoutée
des entreprises tertiaires.
Centre-ville de Marseille : pour un nouvel élan économique
6e arrondissement : baisse sensible
de l’emploi salarié dans le commerce
de détail depuis 2009
T PROGRAMME DE BUREAUX : DOCKS LIBRES  3E ARR.
© Docks Libres
ÉCONOMIE
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Centre-ville de Marseille : pour un nouvel élan économique
L’immobilier dentreprise en panne
Ier
IIe
IIe
IIIe
IVe
Ve
VIe
VIIe
VIIIe
Rue de la République
La Canebière
Cours Lieutaud
Rue St Pierre
Bd. Longchamp
Rue de Rome
Rue de Rome
Rue St Férréol
Bd. de La Libération
Avenue du Prado
Boulevard Baille
Boulevard Chave
Rue St Jacques
Rue Edmond Rostand
Rue Dragon
Rue de Lodi
Bvd Notre Dame
Rue Breteuil
Rue Paradis
Bvd de la Corderie
Rue Sainte
Rue Grignan
Rue Montgrand
Préfecture
Bourse Sud
Canebière
Euromed
République
NOMBRE DÉTABLISSEMENTS
PAR VOIE
200 et plus
150 - 200
100 - 150
50 - 100
0 - 50
150 000
30 000
POLARITÉS TERTIAIRES
EN SYMBOLES PROPORTIONNELS
À LA SURFACE DE BUREAUX (EN M²)
NOMBRE DÉTABLISSEMENTS
PAR VOIE
200 et plus
150 - 200
100 - 150
50 - 100
0 - 50
150 000
30 000
POLARITÉS TERTIAIRES
EN SYMBOLES PROPORTIONNELS
À LA SURFACE DE BUREAUX (EN M²)
Le bureau tient, évidemment, le haut du pavé de la dy-
namique de marché. Cette dynamique est, comme pour
l’emploi, très hétérogène selon les arrondissements. La
gamme, le niveau de prix et la qualité de loffre immobi-
lière varient de manière parfois radicale d’un arrondis-
sement à lautre, laissant entrevoir, les points de scission
entre un 2e arrondissement très dynamique et un cœur de
ville en perte de vitesse. Mais de manière plus large, le ni-
veau des indicateurs de l’immobilier d’entreprise, confirme
la pertinence d’actions pour une stratégie globale de revi-
talisation :
- pour relancer la dynamique de marché, en particulier
tertiaire dans le 1er et le 6e arr, en complémentarité de
gamme et de cible avec Euroméditerranée ;
- pour promouvoir des nouveaux produits pour la locali-
sation et le développement des activités et de l’emploi.
Le marché de l’immobilier d’entreprise du centre-ville concentre en moyenne plus de 50 % du marché marseillais
(niveau annuel de transaction). Cette part peut monter à 70 % selon les années et les opportunités.
T L'OFFRE DE BUREAUX PAR LES ÉTABLISSEMENTS TERTIAIRES DANS L'HYPERCENTRE
Un parc de bureaux
hétérogène de plus
de 1 000 000 de
Aux côtés de grandes polarités de bureaux (Joliette,
Bourse-Canebière, Estrangin, Saint-Charles, Porte d’Aix), le
centre-ville concentre une offre plus diffuse, occupée par
un nombre important de professions libérales et de petites
sociétés de back office, souvent difficiles à identifier. Il
s’agit essentiellement d’immeubles à usage mixte où les
bureaux côtoient généralement des commerces en rez-de-
chaussée et des logements en étage. Dans une étude sur
l'offre tertiaire réalisée en 2012-2013, l’Agam avait estimé la
surface de bureau diffuse à 400 000 m² sur l’ensemble du
centre-ville sur un total plus de 1 350 000 m² de bureaux
1 / 12 100%