Résumé travail de fin d’études L’ACTION DES PUISSANCES PUBLIQUES DANS LA REVITALISATION DES COMMERCES AU SEIN DES QUARTIERS EN RENOVATION Le cas du centre-ville de Vaulx-en-Velin Nous proposons de traiter cette problématique en étudiant les politiques publiques de mixité fonctionnelle à destination du centre-ville de Vaulx-en-Velin. Il s’agira alors de comprendre les enjeux communs, ainsi que ceux inhérents à chaque acteur. Nous explorerons 2 principaux axes de travail : 1. Les critères de la réussite commerciale portés par les puissances publiques ; 2. L’intégration politique des commerces dits « communautaires » ; Le Comité d’Agrément (CA) est un regroupement d’acteurs institutionnels en charge de valider les implantations commerciales de Vaulx-en-Velin. L’une de ses prérogatives est de garantir une diversité commerciale. Ainsi, selon la majorité de ses membres, sans son intervention, l’offre commerciale du centre-ville de Vaulx-en-Velin serait envahie par les banques nationales et les kebabs. La surreprésentation des banques contribuerait à un déficit d’urbanité, alors que les kebabs et épiceries à tout faire donneraient au lieu un caractère non qualitatif, le centre-ville serait alors ingérable et générateur de nuisances en tout genre. La crainte de voir ce scénario se réaliser propulse le concept de centre commercial à ciel ouvert, propriété d’un seul acteur public, au premier rang d’une stratégie de maitrise l’offre commerciale. Le CA s’est lancé dans une transposition de la diversité de la demande vers une mixité des commerces. Ainsi, toutes les composantes de la population : personnes à faibles ressources, classe moyenne, personnes européennes ou issues de l’immigration doivent pouvoir consommer au centre-ville. Or aujourd’hui une minorité de la population, les personnes les moins fragiles ne consomment pas au centre-ville et en même temps ne souhaitent pas, selon la mairie, voir une offre commerciale qui ne leur correspond pas. C’est cette injonction paradoxale qui semble mettre en difficulté le CA. En effet, le projet politique de mixité des populations et de mixité des fonctions peine à se réaliser sans cette diversité de la demande commerciale. L’enjeu est de taille pour la mairie qui de rénovation urbaine en rénovation urbaine s’efforce d’enrayer le phénomène de ségrégation spatio-temporelle. Pour mettre en place ce projet politique de réconciliation habitante et de rééquilibrage de la mixité, le recours à l’enseigne commerciale nationale est une volonté forte du CA. En effet, selon le CA, l’enseigne présente des garanties de solidité financière et de qualité dans l’image. N’arrivant pas à faire venir des enseignes ou des activités traditionnelles (fromager, poissonnier, charcuterie,…), la solution pour un rééquilibrage de l’offre s’opère notamment par l’image et consiste à agir sur les commerces qui économiquement semblent pouvoir fonctionner, c’est-à-dire ceux qui répondent à une forte demande mais qui présentent souvent des signes de communautarismes telles que nous les avons évoqués dans ce présent rapport. C’est alors que l’affichage faisant référence à une communauté ou à une ethnie devient difficile à tenir pour le commerçant. Certaines activités qui afficheraient donc des stratégies commerciales en ciblant une communauté, comme la libraire confessionnelle musulmane, se verront simplement refuser l’accès au centre-ville. Par ailleurs, nous avons identifié plusieurs autres filtres qui empêchent certains commerçants de s’installer. Certains filtres sont liés à la configuration du site dont le CA hérite comme le montant du couple loyer plus charges. Et même si les propriétaires se sont engagés à mettre en place des dispositions d’allègement des charges, des dispositifs comme les surloyers peuvent être mobilisés et utilisés comme des outils de sélection. Ainsi, même si le CA autorise l’implantation d’un prospect, la négociation avec le 1 propriétaire sur le montant des loyers et les conditions financières d’implantations peuvent échouer. Puis, d’autres filtres ont été instaurés par le CA, ce dernier conditionne l’implantation de l’activité en fonction des commerces en activité, il est alors difficile pour un commerçant de s’installer si une activité similaire existe. S’ajoute à cela, une exigence élevée sur la qualité du formalise du projet (business plan et étude de marché) et sur la robustesse financière du porteur de projet. Le rééquilibrage de l’offre par l’image peut également consister à venir en aide à des commerçants dont l’activité est en grande difficulté. C’est le cas de la fleuriste qui participe ainsi à rendre cette offre plus diverse. Si depuis l’extérieure, cette offre commerciale parait fonctionner et donne une image de diversité commerciale, de l’intérieur, nous avons constaté un développement économique difficile avec de nombreux commerces en difficulté, un lien social habitant-commerçant en panne et un développement urbain maitrisé qui ne laisse que peu d’espace à l’imprévu ou à l’expérimentation. Cette crainte d’une offre communautaire semble être à l’origine de cette rigidification et de la déconnexion de l’offre et de la demande. En effet, modifier la demande commerciale en agissant sur l’offre semble être la stratégie dans laquelle s‘est engagé le CA. L’une des principales difficultés pour les puissances publiques locales à l’œuvre semble être de rapprocher les différentes façons d’occuper et de faire vivre le territoire Vaudais. Un membre du CA caractérise cet enjeu comme une équation en prenant le cas d’un restaurateur du Mas Taureau qui dans son offre puise dans chacune des cultures pour aboutir à un ensemble cohérent. Dans ce cas, l’effort d’un point de vue du commerçant semble avoir été fait, il doit s’accompagner de celui des puissances publiques pour favoriser ce genre de projet. Pour ce commerçant, il s’agit maintenant d’être adopté par le client et l’habitant pour que l’équation trouve une solution. La journée, il a une clientèle d’actifs, par contre le soir il ne va travailler qu’avec du local. C’est cette équation qu’il faut qu’il arrive à résoudre. Et c’est peut-être une équation globale qu’il faut réussir à résoudre à Vaulx-en-Velin. [Chambre du Commerce et de l’Industrie] Le CA a fait le choix de l’artisanat pour compléter l’offre de mixité fonctionnelle du centre-ville. La Chambre des Métiers et de l’Artisanat a identifié un fort potentiel sur le grand est de l’agglomération lyonnaise. Même si les propriétaires de ces cellules artisanales ne sont toujours pas connus, les discussions en cours prévoient d’élargir le champ d’intervention du CA à ces futures cellules artisanales. Ainsi, le CA sur la base d’un dossier à candidature autorisera ou pas un artisan à s’implanter dans le centre-ville de Vaulx-en-Velin. Se pose alors les mêmes questions en termes d’intégration politique et de critères de réussite. L’organisation de cette polarité artisanale se fondera-elle sur le seul plan de composition issu des études statistiques comme cela est toujours le cas, près de 20 ans après, pour le commerce ? La mécanique dite sauvage pourrait intégrer cette polarité ? Nabil ZOUARI Promotion 60 // VA APU Date de soutenance : 3 juillet 2015 Membres du jury : Éric CHARMES Luc DELATTRE Jean-Yves ROUSSELLE Maître de TFE // Directeur du laboratoire RIVES Président de jury // Directeur de la recherche ENTPE Expert // DREAL 2