
De nombreuses forces centrifuges (= forces de dispersion) :  
1) Pression sur des ressources spatiales rares. La proximité avec les autres peut être coûteuse. Certaines ressources 
spatiales  sont  rares  et  si  l’on  se  retrouve  tous  au  même  endroit,  cela  crée  une  pression  sur  celles-ci.  Ex :  rente 
foncière (cf modèle de  VT)  Dans  cette optique,  les  agents préfèrent donc s’installer dans un  endroit  où il n’y a 
personne.  
2) Coûts  de  transport  internes  à  l’agglomération. Quand  l’agglomération grandit, cela est plus  compliqué de se 
déplacer à l’intérieur même de l’espace aggloméré. Le coût est ici créé par la surface des agglomérations, en termes 
d’argent et de temps.  
3) Externalités négatives et congestion. Les infrastructures d’une agglomération peuvent être congestionnées (métro 
surbooké…).  
4) Force potentiellement centrifuge de la concurrence en prix. D’ASPREMONT, GABSZEWICZ, THISSE, dans 
« On Hotelling's Stability in Competition » (1979) ont montré, en réinterprétant le modèle de Hotteling, qu’en cas 
de concurrence en prix, les entreprises ont plutôt tendance à s’éloigner.  
 
 Il existe donc un ensemble de forces centrifuges à l’agglomération, qui poussent à la dispersion des individus et des 
activités.  
 
4 – Les forces d’agglomération 
   
Nous sommes, pour saisir les forces d’agglomération, obligés sortir du cadre de CPP promu par Arrow et Debreu et dans 
lequel  s’inscrit  le  théorème  d’impossibilité.  On  introduit  l’hétérogénéité  de  l’espace,  des  externalités,  les  rendements 
croissants et les comportements stratégiques.  
 
A – Les causes de l’hétérogénéité de l’espace 
 - Les causes  de  première  nature  (causes exogènes) : contexte naturel (caractéristiques physiques, géopolitiques, 
climatiques…). Certains endroits sont plus propices que d’autres à la vie et aux activités humaines. On peut penser 
à l’Antarctique et à l’Eurasie, vides d’hommes. Deuxièmement, certaines activités dépendent des caractéristiques 
physiques,  à  l’image  de  l’agriculture  et  des  activités  du  secteur  primaire.  Troisièmement,  les  individus  peuvent 
préférer les aménités, les caractéristiques de certains endroits. Par exemple, Sophia Antipolis a été installé près de 
Nice. Enfin, le contexte géographique a des conséquences directes sur la mobilité et les coûts de transport.  
Ex :  MELLINGER,  SACHS,  GALLUP  « Climate,  costal  proximity  and  development »  (2003) :  les  zones 
tempérées  côtières  représentent  8%  de  la  surface  terrestre,  23%  regroupe  23%  de  la  population  mondiale  et 
correspondent à 53% du PIB mondial. La création de richesses est 18 fois plus importante dans ces zones que dans 
les zones non-tempérées éloignées des côtes. 
Néanmoins,  l’influence  des  causes de  première nature  mérite d’être  relativisé :  ELLISON  et  GLAESER  (« The 
Geographic  Concentration  of  Industry  :  Does  Natural  Advantage  Explain  Agglomeration  ? »  1999)  :  Les  « 
avantages naturels » n’expliquent que 20% environ de la localisation de l’industrie américaine. 
- Les causes de seconde nature (causes endogènes) : ce sont des éléments du contexte d’un lieu qui sont déjà des 
constructions  humaines :  institutions,  infrastructures,  agglomération.  Ces  éléments  sont  donc  endogènes  à 
l’agglomération :  
 Le  rôle  des  institutions :  Selon  NORTH  (« Institutions »,  1991),  « les  institutions  sont  des 
contraintes  créées  par  les  hommes  qui  structurent  les  interactions  politiques,  économiques  et 
sociales ». Elles recouvrent des groupes humains, et donc, le plus souvent, des espaces, sur lesquels 
elles  ont  deux  conséquences  essentielles :  elles  les  différencient,  elles  les  séparent  (effet 
d’hétérogénéité), du fait notamment des frontières (effet de distance).  
 L’effet  des  frontières : Les  coûts  de  transport  et  de  mobilité  sont  largement  d’origine  humaine. 
Directement, du fait des frontières, indirectement, du fait des différences des « règles du jeu » entre 
espaces.  On  observe  une  tendance  à  l’amenuisement  des  frontières  mais  cette  tendance  n’est  pas 
linéaire historiquement. De même, elle a relativement peu touché le travail.  
 Institutions  et  dynamisme  d’un  espace :  Les  institutions  sont  également  responsables  du 
dynamisme comparé des différents espaces, et donc de l’agglomération qui va y prendre place. (i) 
Les institutions peuvent être endogènes au développement : CACERES-DUTERTRE (« Un district 
vigoureux dans une économie en détresse : Le miracle Gamarra » 2001) a montré l’importance de la 
culture  locale  pour  le  succès  d’un  « district  industriel »  comme  celui  de  Gamarra,  au  Pérou.  La 
culture locale crée ici des incitations, favorables ou non au développement local. Les habitants de 
Gamarra  ont  l’impression  de  partager  une  culture  collective.  Le  développement  est  ici 
principalement endogène, car il est promu par les habitants de Gamarra : les outsiders ne sont pas les 
bienvenus.  (ii)  les  institutions  peuvent  être  exogènes  au  développement :  de  SAXENIAN 
(« Regional  Advantage  :  Culture  and  Competition  in  Silicon  Valley  and  Route  128 »  1996),  qui 
insiste sur le rôle des institutions dans le succès de la Silicon Valley par rapport à la Route 128. Les 
règles  institutionnelles  qui  prévalaient  dans  la  Silicon  Valley,  du  fait  de  la  culture  managériale,