Les grandes théories
d’organisation et les
théories économiques
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Théorie de l'agence
Cette théorie générale qui s'appuie sur la relation principal-agent s'applique également à
l'analyse de l'entreprise. Elle décrit les relations entre les actionnaires (principal) et le
manager (agent) dans un contexte d'asymétrie d'information. Ces agents ont des intérêts
contradictoires. Les actionnaires cherchent avant tout à maximiser la valeur de la firme
tandis que le manager cherche à maximiser son revenu et donc la taille de l'entreprise.
La théorie de l'agence permet d'expliquer les stratégies des firmes selon que le principal
ou l'agent contrôle l'entreprise. (Grossman, Hart, Holström)
Théorie des coûts de transaction
Selon cette théorie, l'information est imparfaite et coûteuse. L'entreprise et le marché
sont des modes alternatifs de fourniture de biens et de facteurs. L'entreprise existe car il
existe un coût (le coût de transaction) à recourir au marché. L'entreprise permet une
économie un contrat unit plusieurs personnes pour effectuer des tâches sans recourir au
marché et donc au prix. Inversement, les coûts organisationnels limitent la capacité des
firmes à se substituer au marché. D'autres facteurs sont à l'origine des coûts de
transaction. Ils sont, d'une part, humains (opportunisme dans les transactions, nature de
l'information, rationalité limitée) et, d'autre part, liés à l'environnement de l'entreprise
(incertitude, spécificité des actifs, fréquence des transactions). Cette théorie permet donc
d'expliquer l'intégration verticale de l'entreprise tout en montrant sa limite liée à des
coûts et des distorsions spécifiques. (Coase, Williamson)
Théorie de l'entrepreneur
Selon Schumpeter, l'entrepreneur joue un rôle central dans le système capitaliste. II est
animé par des motivations individuelles de réussite. Le profit rémunère la capacité
d'innovation de l'entreprise, c'est-à-dire sa manière d'effectuer des combinaisons
économiques. Les innovations peuvent être liées au processus de production ou à la
découverte de produits nouveaux. L'entrepreneur est toutefois menacé par la
bureaucratie de la grande entreprise. Celle-ci, en éliminant l'entrepreneur, éteint toute
source d'innovation et de croissance. Et le capitalisme est condamné à disparaître.
(Schumpeter)
Théorie des entreprises publiques (et réglementation)
L'intervention de l'État se justifie pour corriger les défaillances du marché (absence de
rivalité et absence d'exclusion du consommateur, existence de rendements croissants,
présence d'externalités). Les entreprises publiques cherchent à concilier l'objectif public
avec celui de profit. Elles sont critiquées pour leur manque d'efficacité (théorie de la
capture, théorie de la bureaucratie, théorie des droits de propriété). Pour un contrôle
plus efficace de ces entreprises, deux voies sont possibles: la première consiste à ouvrir
le capital, la seconde à les réglementer (en appliquant, par exemple, une tarification à la
Ramsey-Boiteux). (Boiteux, Ramsey, Stigler)
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Théorie de l'équilibre général
Dans ce cadre théorique, l'entreprise agit dans un univers de concurrence pure et
parfaite. L'entreprise décrite est dite " représentative". Elle est réduite à son expression
technique (fonction de production). La fonction de production qui résume l'entreprise a la
forme suivante Y = f (K, L) où Y est la quantité produite et K et L les facteurs de
production (respectivement le capital et le travail). La productivité marginale des facteurs
de production est décroissante. La firme est une boîte noire qui maximise son profit sous
une contrainte de coût. Elle est preneuse de prix (price taker).
Théorie de l'efficacité-X
Cette théorie a pour point de départ un grand nombre d'observations ayant mis en
évidence que des firmes aux caractéristiques techniques identiques pouvaient avoir des
différences de coût de production très importantes. Ce résultat apparaît en parfaite
contradiction avec la théorie néoclassique. Pour cette dernière, l'objectif unique de toutes
les firmes est de maximiser leur profit ce qui implique en particulier la minimisation des
coûts. Pour expliquer cette contradiction, il convient d'analyser non la firme mais les
individus qui la composent et dont la rationalité est limitée au sens de Simon. Le
comportement de la firme devient le résultat des actions des différents agents qui la
composent. Le X de la théorie est synonyme de non allocatif. (Leibenstein)
Théorie de la firme évolutionniste
Les entreprises sont très diverses et ont des compétences spécifiques. Trois critères
permettent d'analyser les firmes : distinguer les firmes les unes des autres en fonction de
leur activité ; expliquer le portefeuille d'activités de chaque firme ; expliquer les logiques
d'évolution des firmes. La firme évolue au cours du temps grâce à l'apprentissage.
L'information n'est plus exogène car la firme est capable d'en produire. L'évolution de
l'entreprise n'est pas aléatoire mais déterminée en fonction des compétences
accumulées. Le marché n'est que l'un des processus de sélection des firmes. (Alchian,
Demsetz, Nelson et Winter)
Théorie des firmes A et J
L'analyse se concentre sur la structure même de l'entreprise et sur sa performance sans
reconsidérer la question de son existence. II existe deux types de firmes la firme A et la
firme J. Chacune réagit selon les conditions du marché et les opportunités technologiques
et possède sa structure d'échange de l'information. La firme de type A (pour américain)
possède une structure rigide. Ses règles et ses fonctions sont préétablies de façon
précise. La firme de type J (pour japonais) au contraire possède une organisation du
travail souple et sans fonction figée. Chacune possède ses domaines et conditions
d'efficacité. La firme J serait plus efficiente que la firme A, par exemple, en univers
incertain. (Aoki)
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Théorie managériale
Selon cette théorie, la grande entreprise conduit à l'apparition d'une technostructure
(managers, cadres supérieurs, ingénieurs) distincte des propriétaires. Les objectifs de la
technostructure (dépenses de prestige et maximisation de la part de marché) peuvent
être contradictoires avec ceux des propriétaires actionnaires. Les managers peuvent être
toutefois contraints d'infléchir leur position dans un sens plus favorable aux actionnaires.
On parle alors de gouvernement d'entreprise. La contrepartie en est une gestion de
l'entreprise au jour le jour en fonction de l'évolution de la conjoncture et non de choix
stratégiques de long terme. (Berle, Means, Galbraith)
Esprit d'entreprise et développement économique
Cette théorie cherche à rendre compte en quoi les barrières socio-culturelles et
psychologiques aux attitudes entrepreneuriales pourraient expliquer l'incapacité de la
société sous-développée à générer et à mettre en oeuvre l'innovation technologique et
organisationnelle. (Bauer, Yamey, Friedman)
Modèle de développement de Lewis
Selon Lewis, les pays de la périphérie sont constitués d'une "économie duale" composée
d'un secteur capitaliste et d'un secteur traditionnel. Le premier comprend des activités
manufacturières et minières et d'agriculture commerciale : il est orienté vers le profit,
lequel est consacré au financement de l'investissement. Le second secteur qui inclut
l'agriculture traditionnelle et les activités informelles urbaines est orienté vers la
subsistance. Le secteur capitaliste se développe en attirant les travailleurs du secteur des
activités de subsistance. Lors de la phase initiale de développement, l'offre de travail
dans le secteur capitaliste excède la demande de travail, le salaire peut donc rester faible
et stable durant une période assez longue au cours de laquelle s'effectue ce transfert de
travailleurs. Il en résulte des profits élevés et donc, une épargne et une accumulation du
capital dont dépend le développement économique. capital Cette phase s'achève quand
le surplus de travail a été absorbé et que les salaires augmentent. (Lewis)
Théorie de la croissance appauvrissante
La théorie rend compte de ce type de situation lorsqu'un pays pratique le libre-échange
et qu'il connaît une amélioration de ses techniques de production et/ou une amélioration
de sa dotation factorielle. Ces améliorations entraînent une baisse du prix mondial du
bien exporté d'où une détérioration des termes de l'échange. Cette situation a d'autant
plus de chances de se produire que la croissance provient essentiellement du seul secteur
des exportations, que l'élasticité prix de la demande du produit exporté est élevée, que le
pays en question a été le seul à connaître ces améliorations. (Bhagwati)
Théorie de la croissance équilibrée
Elle montre que toute croissance repose sur un effort minimum d'investissement de
départ mais à la condition de respecter en permanence l'interdépendance entre l'offre et
la demande aussi bien au niveau global qu'au niveau de chaque secteur ce qui à terme
permet un équilibre de croissance autoentretenue. (Rosenstein-Rodan, Nurkse)
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Théorie de la dépendance
Dans ce cadre théorique, l'économie mondiale est constituée de deux pôles, le centre
capitaliste représentant les nations occidentales industrialisées, la périphérie constituée
des pays du Tiers monde. La dépendance de ces derniers vient de la dégradation des
termes de l'échange, des multinationales, des transferts de technologie, de l'aide et de
l'alliance objective des classes dominantes des pays dépendants avec les intérêts des
capitalistes. Seule une modification des relations économiques avec les pays
industrialisés peut permettre un développement des pays du Tiers monde. (Amin,
Prebish, Singer, Frank)
Théorie de la gouvernance
Cette théorie combine les approches de la science politique et de l'économie
institutionnelle. Elle vise à démontrer que les États qui sont les plus aptes à favoriser le
développement sont ceux qui exercent les fonctions régaliennes universelles et les seules
politiques publiques que d'autres acteurs que l'État ne seraient pas en mesure d'élaborer
à sa place avec la même efficacité. Ce sont également des États suffisamment
désengagés de la société civile et du marché pour laisser les mécanismes
d'autorégulation de ceux-ci produire tous leurs effets.
Théorie de la recherche de rente
Les systèmes administratifs de nombreux pays en développement se caractérisent par
diverses formes de clientélisme, de népotisme ou de corruption. L'intervention de l'État
offre, de par les emplois et les législations, des possibilités de rente. Les individus et les
groupes de pression seront incités à investir des ressources pour rechercher des rentes
et obtenir des privilèges au lieu de chercher à accroître la production. Les responsables
politiques offriront des rentes en échange de rémunérations monétaires et/ou de soutien
politique. Cette recherche de rente entraîne un gaspillage de ressources et un facteur de
violence politique pour s'approprier des rentes. (Krueger)
Théorie des effets d'entraînement
Elle part de l'existence d'effets d'entraînement de l'amont du processus productif vers
l'aval, et de l'aval vers l'amont et de l'interdépendance à long terme des décisions en
matière d'investissement. Les gouvernements sont incités à pratiquer une politique
d'investissement sélective en faveur des secteurs industriels jugés les plus stratégiques
en termes de retombées économiques tout en soutenant l'existence de la libre entreprise
et du libre échange. (Hirschman)
Théorie des étapes de la croissance
Toute société passe par cinq phases : tradition, transition, décollage (take off), maturité
et consommation intensive. Le problème soulevé par le développement se situe au
niveau de la troisième séquence. Le décollage se produit grâce à une forte augmentation
du taux d'investissement, déclenchant une dynamique autoentretenue de la croissance.
(Rostow)
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