Soins Libéraux 41 Acné Les traitements topiques C’est en fonction de l’inflammation de l’épiderme qu’un traitement est choisi. Un certain nombre d’acnés peuvent bénéficier d’un traitement topique à condition d’en avoir bien pesé les indications et d’en respecter scrupuleusement les modalités. C oncernant surtout l’adolescent, l’acné est à prendre au sérieux car la maladie retentit fortement sur le mental des jeunes. La puberté Lors de la puberté, la production d’androgènes entraîne un excès de sébum au niveau des glandes sébacées. Le sébum en excès s’écoule à la surface de la peau qui devient alors plus grasse. Mais le canal peut s’encombrer et le pore se boucher : c’est l’apparition du point noir ou comédon ou d’un microkyste blanc. L’acné est une maladie affectant le follicule pileux, à la racine des poils. A sa base se trouvent les glandes sébacées responsables de la production de sébum, matière grasse empêchant le dessèchement de la peau. A la puberté, ce mécanisme s’enraye. Une sécrétion excessive de sébum dans le follicule, puis l’obstruction du follicule et enfin le développement bactérien à l’intérieur du follicule sont les trois étapes conduisant à l’apparition des boutons disgracieux. Les antibiotiques L’acné pour qu’elle puisse bénéficier d’un traitement antibiotique local doit se composer de lésions inflammatoires à type de papules ou de pustules, à condition que ces lésions soient limitées dans leur nombre et l’espace. Si leur extension est trop importante, un traitement local est insuffisant et on doit alors poser l’indication du traitement par voie générale. Pour les acnés minimes à modérées donc, les antibiotiques topiques disponibles sur le marché sont essentiellement la clindamycine et l’érythromycine. Ils peuvent être utilisés à condition d’en respecter les modalités d’application. Tout d’abord, si l’indication d’un traitement local est portée, il ne faut jamais lui associer de traitement antibiotique per os. En effet, l’association est, dans ce cas, inutile au mieux, voire à risque de favoriser les résistances puisque les deux traitements ont des spectres d’action superposables. En revanche, parallèlement à un traitement per os, on peut associer localement l’application de rétinoïde topique ou de peroxyde de benzoyle. Le traitement local à base d’antibiotiques topiques doit ensuite, être limité dans le temps. Sa durée d’application ne doit ainsi jamais excéder un mois. Une application qui se doit d’être aussi large que possible : il ne faut pas se contenter de traiter les zones inflammatoires mais également largement leur pourtour. En effet, la peau voisine qui semble normale est en fait peuplée de nombreux microcomédons qui ne demandent qu’à se développer en l’absence de traitement. Ce dernier est meilleur le soir sans qu’il ne soit besoin d’appliquer des couches épaisses pour qu’il soit efficace. En revanche, le matin, il faut hydrater correctement une peau qui a été desséchée toute la nuit. Une autre technique couramment utilisée est aussi d’alterner l’application de topiques antibiotiques et de peroxyde de benzoyle ou de réti- noïdes. Cette alternance peut être ainsi établie un jour sur deux ; elle permet de diminuer le nombre d’apparitions des résistances. L’association a même l’intérêt de présenter une certaine synergie puisque les rétinoïdes agissent efficacement sur les comédons, sont anti-inflammatoires et donc préparent au mieux le terrain aux antibiotiques. Une dernière mesure est à respecter également : si à l’issue du mois – durée maximale – les résultats sont insuffisants, il ne faut pas reconduire les applications d’antibiotiques. On peut alors poursuivre avec les rétinoïdes et le peroxyde ou, si l’état est plus sérieux, avec un traitement antibiotique per os. C’est le cas si on note une extension importante des lésions et si, d’une atteinte circonscrite au visage, on passe à une généralisation au dos ou à l’ensemble du corps. Jacques Bidart Les désagréments signalés des topiques antibiotiques Si le patient signale des rougeurs ou sensations de brûlure au niveau des zones d’application du produit, cela est peut-être dû à la mauvaise utilisation du produit. Souvent, le patient applique le médicament le matin, au lieu du soir, ou sinon, il l’applique trop vigoureusement, sans douceur et en frottant. Ce qui augmente l’irritation de la peau. Il est possible également que les quantités utilisées soient trop importantes : il ne faut pas suivre la technique de la couche épaisse, sinon les désagréments seront proportionnels aux doses employées. La personne atteinte peut aussi oublier de s’hydrater la peau localement, par voie générale ou le faire insuffisamment. Si les mesures sont respectées, aucun désagrément majeur ne doit se produire. Focus ... Attention au soleil Le soleil est un faux ami des peaux acnéiques. Avec lui, on s’expose à une aggravation du phénomène. En effet, les lésions ont l’air de sécher mais repartent ensuite de plus belle. C’est en fonction de l’inflammation de l’épiderme qu’un traitement sera choisi. Il ne faut jamais interrompre son traitement antiacnéique pendant l’été. Forcer sur l’écran total et continuer son traitement sont les règles de base à ne jamais oublier… et éviter le soleil. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005