Formation continue – Congrès de la SSP/fPmh Conférence: Alexander von Gontard, Homburg Troubles alimentaires chez le jeune enfant Résumé: Sophie Joyeux, Sion Alexander von Gontard travaille dans une unité interdisciplinaire du département de psychiatrie des enfants et des adolescents de la clinique universitaire de Saarland, à Homburg. Il passe en revue les différents problèmes alimentaires rencontrés en pédiatrie, en se concentrant sur la population des jeunes enfants («toddlers» comme les nomment les anglo-saxons, ou enfants d’âge préscolaire), et nous offre un aperçu précieux sur un sujet d’importance essentielle dans la pratique pédiatrique. Un thème qui dépasse les limites des compétences de chacun et qui fait ainsi appel à une prise en charge multidisciplinaire qui rassemble pédiatres, chirurgiens pédiatres et pédopsychiatres afin d’obtenir une approche constructive. Les troubles d’alimentation ou du comportement alimentaire ont des origines diverses selon l’âge. Chez les enfants, les troubles manifestes restent rares, représentant 1 à 2 % au total. La plupart des problèmes et symptômes rencontrés sont communs et se retrouvent en majeure partie chez les enfants présentant un trouble du développement. Le conférencier détaille une étude de Pediatrics (2007) concernant des patients âgés de 2 ans et demi, afin d’illustrer les différents troubles rencontrés. Il s’agit de variété restreinte, de préférence de texture, de lenteur de la prise d’aliments ou encore de désintérêt pour la nourriture. Les attitudes des parents face aux difficultés alimentaires de leurs enfants étaient diverses: alors que certains offraient de nouveaux aliments, d’autres autorisaient la TV ou une vidéo, ou encore le jeu pendant le repas. Les punitions variaient entre privation de dessert, retrait de la nourriture ou contrainte à terminer l’assiette, allant même jusqu’à la fessée. La classification du DSM-V comprend 3 catégories pour les troubles alimentaires chez les enfants, soit le pica, la rumination, et les troubles restrictifs ou d’évitement. En revanche, six différents sous-types de diagnostics spécifiques se retrouvent dans la nouvelle classification du DC 0–3 R (Diagnostic classification of mental health and development disorders in infancy and early childhood revised): •Les troubles alimentaires en lien avec un déséquilibre de régulation de la prise alimentaire, les enfants n’arrivant dans ce cas pas à maintenir un état attentif calme lors des repas. •Lorsqu’il y a un manque d’interaction réciproque entre l’enfant et le fournisseur de soins (caregiver). •Anorexie infantile: lorsque l’enfant perd intérêt dans la nourriture et ne semble pas ressentir la faim. •Troubles par aversion sensorielle, impliquant une couleur, un aspect ou une texture particulière d’aliments, par exemple. •Lors de maladie associée causant une situation de stress. •Secondaires à des antécédents personnels, lorsqu’il y a eu des atteintes au niveau du tractus gastro-intestinal de l’enfant, comme le trouble alimentaire post-traumatique, où le refus fait suite à un trauma abdominal (comme les vomissements, le reflux, l’insertion d’un tube gastrique, etc.). Une naissance prématurée, un reflux gastrooesophagien concomittant, une malformation structurelle du pharynx, une maladie métabolique ou neurologique ou encore une intolérance alimentaire constituent autant de facteurs de risque cruciaux à identifier dans ces situations, tout comme les facteurs de risque parentaux, afin d’aider au diagnostic précis pour une prise en charge optimale. Il s’agit de repérer une anxiété, une dépression (ou autre trouble psychologique) ou bien un trouble alimentaire chez les parents eux-même. Un conflit parental peut bien sûr être incriminé. L’évaluation de l’enfant comprend notamment l’état psychique de l’enfant, des graphiques, parfois l’aide de vidéos, et un examen neurologique et pédiatrique standard. Quant à la thérapie des troubles en question, elle se fait par divers moyens, souvent com- 20 Vol. 25 No. 4 2014 binés: à travers l’information des parents et de l’enfant par des nutritionnistes, par des psycho-éducatrices, une psychothérapie des méthodes d’alimentation progressive par le personnel soignant, une prise alimentaire programmée selon des horaires, et encore par une thérapie d’interaction entre les parents et l’enfant. Les «food rules» sont importantes à respecter en premier lieu dans toute situation. Elles veillent à assurer des repas réguliers, sans grignotage entre deux, le respect d’une durée de 30 minutes maximum par repas, l’exclusion des jeux à ces moments, ou encore de ne jamais offrir de nourriture en tant que récompense. Voici autant d’éléments diagnostiques et thérapeutiques qu’A. Gontard nous a transmis le 12 juin dernier, à travers une conférence fort intéressante portant sur un sujet relevant du quotidien dans la pratique pédiatrique.