HAIES ET ARBUSTES D`ORIGINE REGIONALE

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HAIES ET ARBUSTES
D’ORIGINE REGIONALE
Guide pratique
MINISTERE DU DEVELOPPEMENT DURABLE ET DES INFRASTRUCTURES
Département de l’Environnement
4 Place de l’Europe
L-1499 LUXEMBOURG
96 bld de la Pétrusse
L-2320 Luxembourg
Tél.: 29 20 30
email : [email protected]
Octobre 2012
SOMMAIRE
page
1. Un label de qualité pour des arbustes !
2
2. Objectif du guide pratique
3
3. Domaines d’application du label de qualité Heck vun hei
3
4. Quelques aspects fondamentaux : écologie, continuités et génétique
4
5. Concept et structure du label Heck vun hei
5
6. Modalités techniques de création d’une haie à base d’arbustes certifiés
6.1. Règle fondamentale
6.2. Choix des espèces
6.3. Schéma de plantation
6.4. Préparation des travaux de plantation
6.5. Travaux de plantation
6.6. Mesures d’accompagnement des travaux de plantation
6.7. Entretien lors des premières saisons
6.8. Entretien à moyen terme
9
9
10
12
13
15
17
17
7. Adaptation des techniques à différents milieux et à des contraintes diverses
7.1. Milieu naturel
7.2. Milieu urbanisé et périurbain, plus généralement hors milieu naturel
7.3. Lisière de forêt
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18
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8. Projets de démonstration et visites
20
9. Partenaires et contacts
9.1. Développement et gestion du label Heck vun hei
9.2. Pépinières partenaires
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Annexes
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1. UN LABEL DE QUALITE POUR DES ARBUSTES !
Heck vun hei est un label de qualité qui organise et gère la production, la certification et la
commercialisation d’arbustes d’origine indigène. Quelle est l’intention et quel est l’objectif
d’associer des critères de qualité à des arbustes ?
Dans le paysage actuel, les haies, les bosquets et les arbustes solitaires jouent un rôle
écologique primordial à la fois pour leur richesse biologique (biodiversité associée : plantes,
insectes, oiseaux, mammifères) et pour leur propriété à former des éléments de liaison (entre
des biotopes différents). Une densité suffisante de structures arbustives représente dès lors un
moyen efficace pour lutter contre la perte de biodiversité et la fragmentation ou le
morcellement des paysages.
Afin d’assurer ces fonctionnalités écologiques, les constituants de base des haies, à savoir les
arbustes, doivent être strictement adaptés à leur milieu. Ce critère est rempli en utilisant des
plants reproduits à partir de haies naturelles présentes à l’échelle locale, s’insérant ainsi dans
la continuité des générations établies depuis des millénaires. C’est ce critère de qualité
primordial pour la cohésion des communautés d’organismes qui est assuré à travers le label de
certification d’origine Heck vun hei.
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2. OBJECTIF DU GUIDE PRATIQUE
Ce guide pratique est un manuel d’accompagnement du label de qualité Heck vun hei. Il est
destiné à préciser les modalités techniques de l’utilisation d’arbustes certifiés dans des
travaux d’aménagement et de renforcement de structures arbustives.
Concrètement, le document présente toute la chaîne des étapes pratiques depuis la
production des arbustes jusqu’aux travaux de plantation et l’entretien des jeunes haies et
bosquets. Il précise en outre le cadre de fonctionnement du programme ainsi que les bases
écologiques sur lesquelles il s’appuie.
Le label de certification d’origine Heck vun hei s’adresse aux personnes, aux groupes
d’intérêt, aux collectivités publiques et aux entreprises privées qui interviennent de près ou de
loin dans les domaines de l’aménagement et de la préservation des ressources naturelles. Les
secteurs d’activités et les métiers concernés sont : l’agriculture et la sylviculture, les
architectes, ingénieurs et paysagistes, les associations de protection de la nature, les
communes et les syndicats de communes, les entreprises de jardinage, les pépiniéristes et les
horticulteurs, les ministères et les administrations de l’Etat, les entreprises du bâtiment et les
promoteurs immobiliers.
3. DOMAINES D’APPLICATION DU LABEL DE QUALITE
HECK VUN HEI
Les critères de qualité associés au label Heck vun hei s’appliquent dans toutes les situations
d’aménagement de haies, de bosquets et d’arbustes solitaires à haute valeur écologique. Le
concept est conçu de manière à répondre aux attentes et aux exigences les plus larges,
englobant en particulier les domaines suivants :
Milieu naturel
• la diversification de zones pauvres en éléments structurels
• la création de structures de liaison de biotopes (Biotopverbund)
• l’amélioration structurelle de zones protégées (p.ex. réseau Natura 2000)
• les mesures de compensation en vertu de la loi concernant la protection de la nature
• la restauration écologique et la lutte contre l’érosion
Milieu urbain et périurbain
• l’intégration paysagère de (nouveaux) lotissements
• l’agrémentation des entrées d’agglomérations
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• la création de trames vertes intra- et trans-urbaines
• l’aménagement des intérieurs de lotissements
• les alentours de bâtiments privés et publics (y compris des établissements scolaires)
• les parcs et îlots de verdure des agglomérations
Infrastructures de transport
• les dépendances vertes des grands axes routiers et des lignes de chemin de fer
• la végétation accompagnatrice des routes et des chemins ruraux
• l’aménagement des aires de stationnement
Activités agricoles, zones d’activités et milieu industriel
• l’intégration paysagère des bâtiments agricoles
• les mesures d’accompagnement du remembrement agricole
• l’aménagement extérieur de zones d’activités
• la réhabilitation écologique de sites industriels désaffectés
• la renaturation d’anciennes décharges et carrières
Valorisation écologique des aménagements
Pour optimiser la valorisation écologique d’aménagements, les structures à partir d’arbustes
certifiés peuvent avantageusement être combinées à des matériaux nobles d’origine locale
comme le bois et la pierre naturelle. De la verdure à vocation écologique, des éléments
structurants en bois, des murets de soutènement en pierre sèche peuvent alors agréablement se
substituer à la tristesse répétitive des arbustes d’ornement (thuya, prunellier-cerise, spirea,
cotoneaster) et à la grisaille omniprésente du béton.
4. QUELQUES ASPECTS FONDAMENTAUX :
ECOLOGIE, CONTINUITES ET GENETIQUE
Le cadre écologique du label Heck vun hei est formé par la Convention de Rio sur la
diversité biologique. Des explications détaillées figurent en annexe 1.
Avec la mondialisation du commerce, les arbustes actuellement disséminés dans
l’environnement proviennent de régions de plus en plus éloignées. Ces plantes importées
exercent des incidences sur les populations de la même espèce qui se sont adaptées aux
conditions environnementales locales durant des millénaires (écotypes adaptatifs) : c’est le
phénomène d’introgression génétique.
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Le label de qualité Heck vun hei représente à la fois un moyen efficace de se prémunir
contre les risques de falsification génétique des populations d’arbustes indigènes et
d’optimiser les fonctionnalités écologiques des plantations par l’intégration dans le concept
des trois niveaux du principe des continuités, à savoir :
• continuité spatiale :
• continuité structurelle :
• continuité génétique :
les haies forment des corridors de jonction et des voies de
migration entre des biotopes (morcelés)
le schéma de plantations à appliquer dans les plantations
s’appuie sur le modèle des haies naturelles à l’échelle locale et
les plants utilisés sont les descendants directs des écotypes
adaptatifs à l’échelle locale.
5. CONCEPT ET STRUCTURE DU LABEL HECK VUN HEI
Partenaires et organisation
Le programme de production, de certification et de commercialisation d’arbustes d’origine
locale réunit cinq partenaires dont les rôles sont précisés dans le schéma ci-dessous.
Ministère du Développement durable et des Infrastructures
Département de l’Environnement
Responsable du programme
Certificateur
Musée National d’Histoire
Naturelle
Coordinateur
(BioMonitor)
Suivi scientifique
Choix des sites de collecte
Analyses génétiques
Organisation générale
Suivi de la production
Gestion de la certification
Entreprise d’économie
solidaire
(OPE asbl)
Collecte des fruits
Production de semis
Fédération horticole luxembourgeoise
(pépinières partenaires)
Maturation des plants en pépinière
Vente des arbustes
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Espèces d’arbustes certifiés
Les espèces d’arbustes reproduites dans le cadre du programme Heck vun hei sont celles qui
sont régulièrement présentes dans les haies naturelles (spontanées) à travers le pays
(tableau 1). Parmi les huit espèces, il faut distinguer les espèces structurantes, toujours
dominantes, et les espèces accompagnatrices, associées de façon plus ou moins régulière.
Toutes les autres espèces d’arbustes (ou d’arbres) sont caractérisées par une présence et un
développement variables en fonction des conditions du milieu (géologie, exposition, humidité
du sol) et de l’âge de la haie. Ces espèces ne sont pas reproduites, mais laissées à la
colonisation spontanée. On considère en effet que ce sont précisément ces espèces qui
impriment le caractère local à la structure arbustive.
Tableau 1.
Arbustes produits et certifiés sous le label de qualité Heck vun hei.
Catégories et espèces
Nom scientifique
Nom allemand
Nom
luxembourgeois
Espèces structurantes
Prunellier
Aubépines
Eglantier (rosiers sauvages)
Cornouiller sanguin
Prunus spinosa
Crataegus sp. [a]
Rosa sp. [b]
Cornus sanguinea
Schlehe
Weissdorn
Wild-Rosen
Roter Hartriegel
Schléiwendar
Wäissdar
Heckerousen
Routholz
Espèces accompagnatrices
Troène commun
Fusain d’Europe
Viorne flexible
Nerprun purgatif
Ligustrum vulgare
Evonymus europaeus
Viburnum lantana
Rhamnus catharticus
Liguster
Pfaffenhütchen
Wolliger Schneeball
Kreuzdorn
Schwaarz Mutz
Pafenhittchen
Bënzelter
Dräidar
[a] Regroupe les deux espèces autochtones Crataegus monogyna et Crataegus laevigata.
[b] Regroupe la dizaine d’espèces de rosiers sauvages autochtones dont la principale est Rosa canina.
Culture des arbustes et procédure de certification
La production d’arbustes, d’une part, et leur certification, d’autre part, forment les deux
piliers complémentaires du programme associé au label de qualité Heck vun hei. Les
procédures précises sont formalisées dans des documents techniques. La qualité des
productions est assurée par un suivi scientifique de la part du Musée National d’Histoire
Naturelle. La certification est encadrée par une charte de qualité sous l’autorité du
Département de l’Environnement du Ministère du Développement durable et des
Infrastructures 1.
1
Les documents correspondants sont disponibles sur demande.
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D’un point de vue technique, toute la chaîne de production est réalisée suivant les règles de
conduite de l’agriculture biologique. La structure, le fonctionnement et les objectifs du
programme s’appuient sur les trois piliers du concept de durabilité : l’écologie, l’économie
et le social.
Label de qualité Heck vun hei
Les arbustes certifiés d’origine locale (par pied ou par lot), les lieux de production et de vente
ainsi que les plantations effectuées sont identifiés par le logo suivant :
Vente des arbustes certifiés
Les arbustes certifiés sont en vente dans des pépinières partenaires, signataires de la charte
de qualité du label Heck vun hei. Les coordonnées précises des entreprises figurent à la fin du
document (voir 9.2). Le prix de vente des arbustes est fixé par le Comité de suivi et de
contrôle du label et agréé par l’autorité de certification. Un système de coordination vise à
optimiser la gestion des stocks.
Transfert du label Heck vun hei et utilisation in situ
Par l’achat de plantes certifiées, les acheteurs ont la possibilité d’acquérir le droit
d’utilisation du label Heck vun hei. Ce transfert depuis la pépinière vers le lieu de plantation
(terrain public ou privé) est conditionné au respect de deux critères :
• ne pas mélanger des plants certifiés avec des plants non certifiés
• appliquer un schéma de plantation suivant les modalités présentées sous 6.3.
En respectant ces deux critères, les plantations peuvent être identifiées sur place par un
panneau d’information (12 x 10 cm) sur le modèle du logo ci-dessus délivrée en même
temps que les plants. Le panneau est gratuit à partir d’une quantité de 50 plants achetés et
fourni à prix coûtant pour des quantités plus faibles.
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Aides financières
Sur la base du Règlement grand-ducal du 18 mars 2008 concernant les aides pour
l’amélioration de l’environnement naturel, les arbustes certifiés peuvent faire l’objet d’une
subvention de la part du Département de l’Environnement du Ministère du Développement
durable et des Infrastructures. La gestion des demandes est effectuée par les arrondissements
de l’Administration de la Nature et des Forêts (voir ci-dessous).
La demande de subvention doit être accompagnée de la preuve d’achat (original) délivrée
par la pépinière. Les bénéficiaires de l’aide financière sont invité(e)s à identifier de façon
précise les plantations à l’aide du panneau Heck vun hei.
Synthèse de la démarche
L’ensemble des étapes de la procédure est résumé dans le tableau 2 ci-dessous.
Tableau 2.
Synthèse de la démarche de l’utilisateur du label Heck vun hei
1. Préparation
Lire la partie technique de ce guide pratique
Elaborer un schéma de plantation conforme
2. Pépinière
Acheter le nombre requis d’arbustes certifiés
Penser au panneau d’information Heck vun hei
Demander la preuve d’achat pour le dossier de subvention
3. Site de plantation
Reporter le schéma de plantation sur le terrain
Planter les arbustes certifiés
Installer le panneau Heck vun hei
4. Demande de subvention
Contacter les services compétents de l’Adm. Nature & Forêts
Remplir le formulaire correspondant
Joindre la preuve d’achat à la demande
Arrondissements de l’Administration de la Nature et des Forêts 2
Centre-est
Centre-ouest
Est
Nord
Sud
2
Tél. 80 33 72
Tél. 32 01 75 1
Tél. 75 01 88 1
Tél. 95 81 64
Tél. 45 80 83 21
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
Pour de plus amples renseignements : www.emwelt.lu.
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6. MODALITES TECHNIQUES DE CREATION D’UNE HAIE
A BASE D’ARBUSTES CERTIFIES
6.1. Règle fondamentale
Pour remplir pleinement ses fonctionnalités écologiques, une haie plantée doit être structurée
selon le modèle des haies naturelles locales, aussi bien en ce qui concerne la composition des
espèces que l’agencement de celles-ci dans l’espace.
Une haie qui se forme de façon spontanée en milieu naturel est fondamentalement variable
dans sa forme et dans sa taille. Elle peut être large ou étroite, continue ou discontinue, jusqu’à
former un chapelet ou une mosaïque de bosquets. Le nombre d’espèces d’arbustes qui la
composent est généralement faible. La biodiversité associée à une haie n’est pas formée par
ses constituants, mais par l’attractivité de sa biomasse en tant que sources alimentaires
(feuilles, fruits, racines) et par les abris qu’elle fournit en hauteur, sur le sol et en profondeur.
6.2. Choix des espèces
En règle générale, l’ossature des haies est constituée par le prunellier ou épine noire (Prunus
spinosa) et l’aubépine ou épine blanche (Crataegus sp.) en association avec l’églantier (Rosa
sp.) et le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea). Toutes les autres espèces doivent être
considérées comme accompagnatrices (voir tableau 1). La composition précise peut être très
variable, car elle est influencée par les caractéristiques locales (géologie, exposition, humidité
du sol) du terrain.
Démarche pratique recommandée : inspection des haies naturelles à l’échelle locale
Le moyen le plus simple pour déterminer la composition du lot de plants à utiliser lors d’un
projet de plantation consiste à inspecter les haies naturelles présentes à l’échelle locale. Cette
inspection se fait au moyen des fiches descriptives des huit espèces certifiées (annexe 2) en
relevant à la fois la présence des espèces et leur fréquence approximative (en %). La saison la
plus appropriée pour cet inventaire se situe entre mi-août et fin septembre, car il y a présence
à la fois des feuilles et des fruits. Ce sont avant tout les différences de forme et de couleur des
fruits qui permettent une identification aisée.
Démarche alternative 1
Une première alternative à une inspection en milieu naturel consiste à appliquer les
références de l’ouvrage Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege 3. Pour un maximum de
3
Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege (2003) Administration des Eaux et Forêts (aujourd’hui Administration
de la Nature et des Forêts).
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commodité, la composition des espèces et les fréquences correspondantes des huit espèces
certifiées en fonction du substrat géologique sont présentées en annexe 3.
Démarche alternative 2
Une alternative encore plus simple, qui ne perd en rien en terme de qualité écologique,
consiste à ne planter que les quatre espèces qui forment l’ossature des haies avec les
répartitions considérées comme habituelles dans les haies naturelles à travers notre pays :
Prunus spinosa (épine noire, Schlehe)
Crataegus sp. (aubépine, Weissdorn)
Rosa sp. (églantier, Wild-Rosen)
Cornus sanguinea (cornouiller sanguin, Hartriegel)
40 - 60 %
20 - 30 %
10 - 20 %
5 - 10 %
6.3. Schéma de plantation
Objectif
Le schéma de plantation représente la pièce maîtresse de la création d’une haie. L’objectif
consiste à installer les plants de façon à ce que la future haie puisse, à terme, ne plus être
différenciée d’une haie naturelle formée de façon spontanée 4. Dans ces conditions, les
fonctionnalités écologiques sont pleinement remplies (voir 6.1).
Structure et dimensions
Fondamentalement, une haie est formée par sa partie ligneuse, les arbustes, et toute une
végétation accompagnatrice de nature herbacée (Krautsaum). C’est cet ensemble qui à la fois
forme et abrite la biodiversité végétale et animale associée aux haies. Lors de l’installation
d’une haie, il est dès lors primordial de prévoir les espaces nécessaires pour l’ensemble de la
structure complexe.
Idéalement, une haie possède une profondeur variable de 1 à 4 m bordée des deux côtés
d’une frange herbacée de 0,5 à 2 m. Dans le sens de la longueur, il n’y a aucune règle
précise avec la possibilité d’un linéaire continu ou discontinu jusqu’à une suite régulière ou
irrégulière de bosquets plus ou moins longs.
Densité de plantation
La densité de plantation préconisée est faible, de l’ordre de 0,7 à 1,3 pieds au m2 de la surface
de plantation 5. Cette recommandation s’appuie sur deux aspects. D’une part, les arbustes
4
5
Un schéma de plantation selon une grille régulière (Rasterpflanzung) est à proscrire, car le caractère artificiel
de la haie restera toujours évident.
Ces densités sont nettement plus faibles que celles recommandées habituellement.
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certifiés sont suffisamment vigoureux pour occuper rapidement l’espace disponible. D’autre
part, les lacunes laissées lors de la plantation représentent autant de possibilités pour l’arrivée
spontanée d’espèces complémentaires, que ce soient des arbustes, des arbres ou des
herbacées. Ce seront précisément ces adjonctions qui imprimeront un cachet local à la haie
amorcée de façon non naturelle.
Exemples de schéma de plantation
Dans la pratique, le schéma de plantation à appliquer s’ouvre largement à l’imagination pour
trouver la meilleure harmonie vis-à-vis de la configuration du terrain (plat, en pente ou en
talus) et des milieux environnants (présence d’éléments structurants).
L’unique point commun de tous les schémas de plantation est leur ossature formée des
espèces dominantes que sont le prunellier (Prunus spinosa) et l’aubépine (Crataegus sp.).
Les autres espèces sont toujours placées en soutien. Les principes du schéma de plantation
sont illustrés sur la base d’exemples concrets, appliqués dans la pratique ; les extraits choisis
ont des longueurs de 25 m et une profondeur de 3 m, l’ensemble bordé de franges de 1 m.
Exemple 1.
Haie continue composée des quatre espèces structurantes et de deux espèces accompagnatrices.
Prunus spinosa
Crataegus sp.
Rosa sp.
Cornus sanguinea
Ligustrum vulgare
Evonymus europaeus
45
9
6
10
3
2
densité de plantation : 1,00
(75 plants sur 75 m2)
Exemple 2.
Haie discontinue composée des quatre espèces structurantes et de Ligustrum vulgare.
densité de plantation : 0,81
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Exemple 3.
Haie à densité faible (amorce) composée des quatre espèces structurantes uniquement.
densité de plantation : 0,48
Exemple 4.
Haie discontinue et à densité variable composée d’une forte ossature de prunellier Prunus spinosa.
densité de plantation : 0,72
D’autres exemples de schémas de plantation figurent en annexe 4.
6.4. Préparation des travaux de plantation
Epoque des plantations
La saison de plantation à privilégier est l’automne entre fin octobre et mi-décembre. Le
printemps (à partir de mars) est moins propice, car les plants ne disposent pas de
suffisamment de temps pour s’enraciner correctement. Cette caractéristique s’applique avant
tout aux deux espèces dominantes, le prunellier et l’aubépine, qui produisent peu de racines
dans les couches supérieures du sol. Un autre aspect à mentionner est la difficulté à travailler
un sol mouillé à la sortie de l’hiver lorsque la formation de mottes risque de gêner le contact
de la terre avec les racines des arbustes plantés.
Préparation du sol
Une préparation préalable du sol s’impose essentiellement dans le cas où celui-ci est couvert
d’une végétation herbacée dense. Le sol est aéré en surface par un motoculteur ou griffé plus
en profondeur (15 à 30 cm) par un engin agricole. Ce travail préalable facilitera par la suite
l’ouverture des trous de plantation.
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Préparatifs pour un chantier de plantation de
haie en milieu naturel.
Préparation du sol et report du schéma de
plantation au moyen de piquets de couleur.
Report du schéma de plantation sur le terrain
L’implantation s’effectue avantageusement par des objets (piquets) de couleurs identifiant les
endroits précis des différentes espèces d’arbustes à planter. Le linéaire est tracé à l’aide de
décamètres posés sur le sol.
Ouverture des trous de plantation
Afin d’assurer une bonne qualité de plantation, il est important d’ouvrir des trous
suffisamment volumineux, d’un diamètre de 30 cm à 40 cm et d’une profondeur de 30 cm.
Les parois des trous de plantation ne doivent pas être lisses, mais entaillées par des coups de
bêche.
6.5. Travaux de plantation
Transports des plants et maintenance sur site
Lors du transport des plants et de leur maintenance sur le site de plantation, il est impératif de
protéger les racines à la fois contre la dessiccation et, le cas échéant, contre le gel. Cette
protection se fait le plus simplement en maintenant une couverture des racines par une toile
(de jute) mouillée, de la terre ou du compost. Il est utile de préciser que le prunellier est
particulièrement sensible à la dessiccation et au gel.
Taille des racines
Les racines abîmées et les racines trop longues sont taillées avec un sécateur bien aiguisé
de façon à obtenir une coupe franche. La longueur maximale des racines ne doit pas dépasser
la dimension du trou de plantation.
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Ouverture d’un trou de plantation large.
Protection des plants sur le site de plantation
dans des caisses remplies de compost.
Pralinage des racines jusqu’au collet.
Plantation soignée en ajustant la profondeur au
collet du plant.
Pralinage des racines (non indispensable)
Le pralinage consiste à tremper les racines dans une boue formée d’un mélange de terre et
d’eau. Cette mesure est destinée à favorise le contact avec la terre après la plantation. La
consistance du pralin est bonne lorsqu’une pellicule de boue se maintient autour des racines et
des radicelles. Cette étape est utile, mais pas indispensable.
Technique de plantation
Le plant appartenant à l’espèce prévue est placé au fond du trou de plantation. Au fur et à
mesure du remplissage avec de la terre, la tige est tirée vers le haut de sorte à tendre les
racines vers le bas. Un tassement progressif de la terre est pratiqué en appuyant légèrement du
pied tout autour du plant maintenu droit. L’ajout de terre se poursuit jusqu’à ce que le collet
du plant (point d’ancrage entre la tige et les racines) est ajusté par rapport au niveau du
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terrain. La pression du poids d’un adulte termine le tassement de la terre avant de remplir
complètement le trou de plantation. Il est déconseillé de laisser une cuvette autour du plant,
puisque celle-ci se remplit d’eau en hiver au risque de provoquer l’asphyxie des racines.
L’expérience montre que la reprise des arbustes (c’est-à-dire leur croissance au printemps
suivant) est fortement conditionnée par la qualité de la plantation. Il est donc judicieux de
soigner particulièrement toutes les étapes. Dans ces conditions, les pertes s’élèvent à moins de
10 %, voire 5 %.
6.6. Mesures d’accompagnement des travaux de plantation
Protection par une couche de compost
La phase de plantation est suivie du dépôt autour de la plante (diamètre de 30 à 40 cm) d’une
couche de 3 à 5 cm de compost mature (soit de l’ordre de 3 à 5 litres) en provenance d’un
centre de compostage 6. Cette mesure a quatre fonctions complémentaires : (1) protéger les
racines contre le gel, (2) maintenir l’humidité dans le sol, (3) éviter le développement trop
rapide d’une végétation herbacée au contact de la tige et (4) fournir des nutriments au fur et à
mesure de la décomposition du compost.
Taille des parties aériennes
Les arbustes nouvellement plantés sont rabattus de façon modérée au moyen d’un sécateur
bien aiguisé. La taille vise d’une part à adapter la partie aérienne au système racinaire
(également taillé) et, d’autre part, à favoriser de nouvelles pousses à la base du pied. Les tiges
principales sont coupées à une hauteur équivalente (entre 30 et 50 cm) et les rameaux latéraux
sont raccourcis. Les parties endommagées sont sectionnées au-dessous de la blessure.
Travaux de plantation selon le schéma de
plantation préalablement reporté sur le terrain.
6
Finition de la plantation par dépôt d’un disque
de compost mature.
Ce compost produit à température élevée est dépourvu de graines capables de germer.
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Arrosage
A l’occasion des plantations d’automne, aucun arrosage n’est nécessaire. Au printemps, en
revanche, un déficit en pluie peut menacer la survie des plants. Etant donné que l’arrosage
demande des moyens lourds, ce critère constitue un argument supplémentaire en faveur des
plantations d’automne.
Paillage et biodiversité
Le paillage de foin (Heusaat) est une technique de régénération écologique visant à
promouvoir la biodiversité. La démarche consiste à récolter à des endroits où pousse de la
végétation naturelle (bordure de champs, bordures de chemins, talus de routes, etc.) de la
biomasse et à l’étaler entre les arbustes de sorte à former une couverture plus ou moins dense.
Ce dépôt provoque trois effets concordants : (1) la disparition partielle de la végétation
d’origine, (2) l’apport de semences de la flore locale et (3) la germination de graines qui se
trouvent déjà dans le sol du site de plantation.
Outre son rôle bénéfique de protection contre l’érosion et contre le compactage de surface
provoqués par les pluies d’hiver sur un sol perturbé par les plantations, la technique de
paillage importe et active une biodiversité strictement locale qui pourra s’établir au sein de la
future haie. L’intérêt de la technique de paillage peut être illustré par l’exemple de l’extension
du parking P&R de Frisange 7. Le nombre d’espèces de la flore sauvage recensées seulement
quatre mois après la fin des travaux d’aménagement était de 110 dont 5 espèces figurant sur la
Liste Rouge et 3 espèces protégées par la loi.
Paillage de surface après la perturbation du sol
liée à la plantation.
7
Restauration écologique par la technique du
paillage à l’issue du chantier de plantation.
BioMonitor (2010) Biodiversité de la végétation naturelle de dépendancesvertes (auto)routières.
Administration des Ponts et Chaussées.
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6.7. Entretien lors des premières saisons
Fauchage de la végétation herbacée
Le fauchage a pour but de limiter la végétation herbacée qui peut concurrencer les jeunes
arbustes. Il se pratique soit sur toute la surface de plantation, soit se limite au pourtour
immédiat des arbustes. L’opération doit impérativement être effectuée à la main et non pas
au rotor (fil nylon), au risque d’endommager les plantes. Lors de la première saison, il faut
compter deux interventions (début juin et fin juillet), puis une au cours de la deuxième saison.
L’expérience montre que les arbustes dépassent la hauteur de la strate herbacée au plus tard la
troisième année.
Renouvellement du disque de compost
Un renouvellement du compost de protection (voir 6.6) présente l’avantage d’un repérage
facile des pieds d’arbustes à l’occasion des interventions de fauchage. L’apport est effectué
lorsque la dégradation de la couche initiale devient évidente, généralement dès la fin de la
première saison. Les quantités appliquées sont équivalentes ou légèrement plus faibles que
lors de la phase de plantation, de l’ordre de 3 à 5 litres par pied.
Remplacement des plants morts
Le remplacement (éventuel) des plants qui n’ont pas repris est réalisé un an après la
plantation initiale. Une action prématurée, au printemps suivant la plantation, est à
déconseiller, car bien souvent les pieds dont les parties aériennes ont dépéri gardent la faculté
de produire des rejets (vigoureux) à partir de la base.
Recépage (mise sur souche)
Certains spécialistes préconisent une mise sur souche ou recépage des jeunes arbustes dès les
premières saisons (1ère à 3ème). En fait, cette mesure s’inspire de procédures naturelles qui est
le broutage des pousses d’arbustes par la grande faune. L’effet escompté est une croissance
renforcée à la base des pieds avec multiplication des tiges pour former un corps de haie plus
dense. Dans la pratique, la coupe s’effectue à environ 10 à 15 cm du sol.
6.8. Entretien à moyen terme
Technique de référence
L’entretien à moyen terme des haies constituées d’espèces de la flore autochtone s’effectue
par la technique du rajeunissement complet (recépage) à travers une mise sur souche.
L’opération consiste à couper à ras du sol (10 à 15 cm) des portions de plusieurs mètres (5 à
20 m en fonction du linéaire total). Une fois que la section traitée a repris (1 à 3 ans),
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l’opération est répétée sur les portions laissées en place lors du premier passage. Un cycle de
croissance et de mise sur souche peut être très variable, de l’ordre de 10 à 20 ans, voire
davantage. Les modalités techniques sont détaillées dans une brochure éditée par le
Département de l’Environnement du Ministère du Développement durable et des
Infrastructures et l’Administration des Services techniques de l’Agriculture dans le cadre du
programme agro-environnemental 8.
Potentiel d’expansion du prunellier et du cornouiller
Un aspect particulier à mentionner est la faculté du prunellier Prunus spinosa et, dans une
moindre mesure, celle du cornouiller (Cornus sanguinea) à former de nouveaux pieds à partir
de stolons souterrains. Le phénomène s’accentue particulièrement à l’occasion d’une mise sur
souche. La manière la plus simple et amplement pratiquée depuis des temps anciens pour
contenir l’expansion consiste à aménager une rigole au pied de la haie. Si cette dépression est
suffisamment accentuée, elle n’est pas franchissable.
7. ADAPTATION DES TECHNIQUES A DIFFERENTS MILIEUX
ET A DES CONTRAINTES DIVERSES
Compte tenu de la variété des domaines d’application des haies à vocation écologique (voir
chapitre 3), il est judicieux de prévoir une large amplitude d’adaptations à des contraintes
particulières.
7.1. Milieu naturel
Lorsque les contraintes extérieures sont faibles, comme c’est habituellement le cas en milieu
naturel, l’objectif consiste à aménager des haies et des bosquets les plus proches possible des
structures naturelles locales afin d’obtenir des fonctionnalités écologiques les plus élevées
possibles. Les règles de conduite préconisées au chapitre 6 s’appliquent alors dans toute leur
envergure.
7.2. Milieu urbanisé et périurbain, plus généralement hors milieu naturel
En dehors du milieu naturel, des contraintes diverses peuvent s’exprimer en fonction
notamment du contexte environnemental particulier et de l’espace disponible. Moyennant une
certaine souplesse, il est tout à fait possible de rester proche des modalités techniques qui
régissent les haies à vocation écologique.
8
Pflege von bestehenden Hecken ; Ökologische Bewirtschaftungskriterien für die fachgerechte Heckenpflege
bei Beteiligung am Agrarumweltprogramm.
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Ainsi, par exemple, des éléments de haies et de bosquets peuvent être aménagés jusque dans
des cours d’écoles en plaçant judicieusement une espèce sans épines, le cornouiller sanguin
Cornus sanguinea, à des densités suffisantes aux points de contact avec les enfants. En
lotissement, des haies basses de séparation de propriétés sont obtenues par combinaison
d’espèces tolérantes à des tailles fréquentes. Il est aussi possible, par exemple, d’associer
l’aubépine (Crataegus sp.), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) et le troène commun
(Ligustrum vulgare).
En pratique, de très nombreuses combinaisons sont possibles pour assurer les fonctions les
plus diverses - écran de séparation, aspect esthétique, point de verdure, etc. - tout en restant
dans une valorisation écologique élevée. Ce principe ne s’applique pas uniquement aux
arbustes, mais également à l’ensemble des mesures d’accompagnement, notamment le
paillage. En milieu urbain et périurbain, ces structures semi-naturelles présentent des formes
et des couleurs variées durant toute la saison 9.
7.3. Lisière de forêt
La lisière de forêt est formée naturellement par une strate arbustive dès lors que l’espace
correspondant est disponible. La composition des espèces d’arbustes est légèrement différente
de celle des haies en milieu ouvert (haies champêtres), puisque certaines espèces comme le
noisetier (Corylus avellana, Haselnuß) ou le viorne obier (Viburnum opulus, Gewöhnlicher
Schneeball) sont inféodées au milieu forestier.
Etant donné que la dynamique de formation des manteaux forestiers est généralement rapide,
il faut considérer que des plantations additionnelles ne présentent pas d’intérêt écologique
supplémentaire. Toutefois, à des fins de régénération ou d’optimisation des lisières de forêt,
des compléments de plantation peuvent être justifiés 10.
Afin de se substituer le moins possible à la dynamique spontanée, les plantations doivent
rester d’envergure réduite. Il s’agit en fait de « réserver l’espace » pour la strate arbustive de
la lisière de forêt tout en maintenant de larges possibilités de colonisation par des espèces
typiques. Sur la base des structures naturelles des lisières de forêts de nos régions, la stratégie
la plus judicieuse consiste à limiter la plantation à un nombre réduit d’espèces
(essentiellement le prunellier) et à des densités faibles (0,2 à 0,5 pieds par m2) suivant un
schéma de plantation discontinu et variable (voir 6.3).
9
Ces techniques se substituent avantageusement aux associations d’arbustes d’ornement et de semis de prés
fleuris qui représentent des milieux totalement artificialisés en contradiction avec l’objectif de biodiversité.
10
Cette mesure est notamment prévue dans les standards de la certification des forêts du label FSC (Forest
Stewardship Council) qui recommande d’ailleurs également l’origine locale des plants.
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8. PROJETS DE DEMONSTRATION ET VISITES
Un certain nombre de projets pilotes d’aménagement de haies sur la base d’arbustes d’origine
locale ont été menés depuis 2008. Ils poursuivent trois objectifs complémentaires : (1) exercer
l’ensemble de la chaîne de production et ainsi développer et affiner les modalités techniques
concernant les travaux de terrain depuis la collecte des fruits jusqu’à la plantation des arbustes
produits, (2) vérifier la faisabilité pratique de monter et de coordonner une filière organisée
autour des trois volets que sont la production, la certification et la commercialisation et
(3) suivre l’évolution des jeunes haies formées et disposer ainsi de références concrètes.
Les projets de démonstration ont été réalisés à des endroits facilement accessibles pour des
visites. Ils sont caractérisés par des contextes très différents : en milieu naturel, en milieu
urbain (lotissement, école, parking) et en milieu agricole, toujours en collaboration avec
d’autres partenaires (tableau 3).
Tableau 3.
Principaux projets pilote d’aménagement de haies entre 2008 et 2011 à des fins de développement
technique du label de qualité Heck vun hei.
Lieu
Année
Partenaire
Merl 1 - Am Bongert
2008
Ville de Luxembourg, Service des Parcs
Merl 2 - conservatoire
2009
Ville de Luxembourg, Service des Parcs
Dudelange - école Ribeschpont
2009
Ville de Dudelange
Frisange - extension P&R
2009-2011
Administration des Ponts & Chaussées
Grevenmacher - Potaschberg
2010
Administration de la Nature & des Forêts
Rédange - dépôt PCH
2010
Administration des Ponts & Chaussées
Derenbach (Wiltz) - pré
2011
Christian Mathieu, Naturhaff
Merl 3 - Am Bongert
2011
Ville de Luxembourg, Service des Parcs
Noertzange - château d’eau
2011
Commune de Bettembourg
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9. PARTENAIRES ET CONTACTS
9.1. Développement et gestion du label Heck vun hei
Maître d’ouvrage
Certificateur
Ministère du Développement durable et des Infrastructures
Département de l’Environnement
Sandra CELLINA
Tél.: 24 78 68 24 • [email protected]
Coordination
Suivi des productions
Procédure de
certification
BioMonitor
Jacques MERSCH
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Suivi scientifique
Musée National d’Histoire Naturelle
Thierry HELMINGER
Tél.: 46 22 40 201 • [email protected]
Production des semis
OPE asbl
Nicolas BROOTCORNE
Jan VAN DER PEET
Jean-Louis LACROIX
Maturation des plants
Vente
Fédération horticole luxembourgeoise asbl (coordination)
Josiane WALENTINY
9.2. Pépinières partenaires
Les arbustes certifiés sont en vente dans deux pépinières :
Pépinière & Entreprise de jardinage Philippe LOSCHETTER
30 rue de Brouch • L-7481 Tuntange
Tél.: 31 77 60 • [email protected]
Pépinières Martin WAHL
7 rue du Faubourg • L-9365 Eppeldorf
Tél.: 83 61 86 • [email protected]
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ANNEXES
ANNEXE 1.
Fondements scientifiques et pratiques du label Heck vun hei
ANNEXE 2.
Fiches d’identification des huit espèces d’arbustes certifiés
ANNEXE 3.
Composition des haies naturelles au Luxembourg
ANNEXE 4.
Exemples de schémas de plantation issus de la pratique
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ANNEXE 1.
FONDEMENTS SCIENTIFIQUES ET PRATIQUES DU LABEL HECK VUN HEI
Le label de qualité Heck vun hei s’appuie sur un cadre scientifique et pratique dont les
principaux aspects sont résumés ci-dessous.
Ecotypes adaptatifs
A l’échelle d’un continent, la composition des communautés d’organismes vivants varie selon
les régions climatiques. Certaines espèces de végétaux et d’animaux se limitent à des milieux
bien précis et d’autres sont caractérisées par de larges aires de répartition. L’adaptation à une
grande amplitude de facteurs de l’environnement (du nord au sud ou d’ouest en est) a
progressivement conduit à des différenciations régionales au sein même des espèces sous la
forme d’écotypes adaptatifs. Ces écotypes dont le patrimoine génétique a été façonné au fil
des générations successives au contact de facteurs environnementaux régionaux sont
considérés non seulement comme les mieux adaptés à leur milieu actuel, mais également les
plus aptes à répondre à de nouveaux changements.
Provenance des arbustes
Avec la mondialisation du commerce, les productions de végétaux à partir des ressources
génétiques locales ont été progressivement substituées par des importations de régions de plus
en plus éloignées. Alors que les essences forestières sont soumises à une réglementation
spécifique, aucun contrôle n’est actuellement exercé vis-à-vis des arbustes. Selon une enquête
réalisée en 2008, la quantité d’arbustes importés à partir de régions climatiques éloignées, et
appartenant donc à des écotypes adaptatifs différents des espèces indigènes, sont estimées
pour le Luxembourg à 250.000 plants par an depuis une vingtaine d’années !
Falsification et introgression génétiques
Le transfert à grande distance et à grande échelle d’écotypes d’origine lointaine (allochtone)
présente des risques de falsification génétique pour les écotypes d’une même espèce de la
flore locale (autochtone). Le phénomène biologique correspondant est désigné d’introgression
génétique. L’introduction d’individus allochtones est considérée comme déstabilisante pour
l’écotype en place en raison de la perturbation des caractéristiques adaptées aux conditions
locales par des propriétés physiologiques différentes. Les effets potentiels ainsi exercés –
même s’ils ne sont pas intentionnels – sont strictement irréversibles 11. Par le jeu des
interactions (chimiques) entre espèces, les effets ne restent pas limités aux espèces
directement concernées, mais peuvent se propager à d’autres espèces de la chaîne alimentaire.
11
De ce point de vue, il y a analogie entre l’introduction de plants allochtones et l’introduction d’organismes
génétiquement modifiés (OGM) capables d’interférer avec des populations locales.
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-2-
Label de qualité Heck vun hei et application du principe des continuités écologiques
Les arbustes certifiés représentent un moyen efficace à la fois de se prémunir contre les
risques de falsification et d’optimiser les fonctionnalités écologiques des plantations par
l’intégration dans le concept des trois niveaux du principe des continuités, à savoir : spatiale,
structurelle et génétique 12.
Continuité spatiale
Les trames de haies et de bosquets forment des corridors de jonction entre des biotopes
(morcelés) comme des forêts, des friches ou des mares. Les organismes empruntent de façon
privilégiée ces éléments de liaison pour franchir des espaces (parcelles agricoles ou zone
urbanisées) dont la structure leur est hostile. Aussi bien pour les animaux (insectes, oiseaux,
mammifères) que pour les plantes (transportées ou non par des animaux), ces voies de
migration et de dissémination désenclavent des populations isolées et permettent d’assurer les
échanges génétiques indispensables.
Continuité structurelle
La continuité structurelle est assurée par la conformité des haies néoformées par rapport aux
haies naturelles à l’échelle locale. Ceci concerne à la fois la composition des espèces et leur
répartition dans la structure. En milieu naturel, une jeune haie se forme de façon spontanée
(sur un talus, le long d’une clôture, entre deux arbres, etc.) par adjonction de bosquets et
d’arbustes isolés. Les éléments fondateurs se développement progressivement et se
complexifient par la colonisation d’autres espèces, y compris des arbres. C’est cet ensemble
qui forme l’élément fonctionnel et qui assure les continuités dans l’espace et dans le temps.
Continuité génétique
Les arbustes certifiés Heck vun hei sont les descendants directs des écotypes adaptatifs à
l’échelle locale, les mêmes que ceux qui sont présents dans le voisinage. Il y a dès lors
continuité dans le temps des ressources génétiques locales.
12
Ces trois niveaux de continuité font le lien avec les trois dimensions de la diversité biologique définies dans la
Convention de Rio : la diversité des écosystèmes, la diversité des espèces et la diversité génétique au sein
d’une même espèce.
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ANNEXE 2.
FICHES D’IDENTIFICATION DES HUIT ESPECES D’ARBUSTES CERTIFIES
Rhamnus catharticus
Viburnum lantana
Evonymus europaeus
Ligustrum vulgare
Cornus sanguinea
Rosa sp.
Crataegus sp.
Synthèse des principales
caractéristiques
Prunus spinosa
Les huit espèces d’arbustes reproduites sous le label d’origine certifiée Heck vun hei sont
présentées sous la forme de fiches d’identification. Les principales caractéristiques
morphologiques distinctives sont résumées dans le tableau ci-dessous.
Forme des feuilles
- elliptique
- ovale
Bord des feuilles
- denté
- lobé
- entier
Epines
- présentes
- absentes
Couleur des fruits
- rouge / rose
- bleu / noir
Consistance des fruits
- juteuse
- pâteuse
- sans pulpe
Nombre de graines / fruit
-1
- 1 ou 2
- 1, 2 ou plus
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Prunellier
Prunus spinosa
Aubépines
Crataegus sp.
Schlehe
Schléiwendar
Weissdorn
Wäissdar
Feuilles
ovales à elliptiques
bord finement denté
Feuilles
ovales, en lobes (3-7)
bord non ou faiblement denté
Bois
foncé
épines
Bois
clair (gris-marron)
épines
Fruits
prunes rondes, 1 cm
couleur bleue à noirâtre
pulpe juteuse, jaunâtre à maturité
1 graine dure par fruit
Fruits
ronds à ovales, 0.5-1 cm
couleur rouge à pourpre
pulpe pâteuse, jaunâtre à maturité
1 ou 2 graines dures par fruit
Mullebutz
Ecologie espèce très commune
forme l’ossature des haies
fréquente en bordure de forêt
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Ecologie espèce très commune
forme l’ossature des haies
fréquente en bordure de forêt
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Eglantier (rosiers sauvages)
Rosa sp.
Cornouiller
Cornus sanguinea
Wild-Rosen
Heckerouse
Roter Hartriegel
Routholz
Feuilles
5 à 7 folioles de forme elliptique
bord denté
Feuilles
ovales à elliptiques larges
bord entier
3 à 5 nervures en courbes
Bois
vert
épines épaisses recourbées
Bois
clair (vert-marron)
couleur rouge typique à l’automne
sans épines
Fruits
ronds, 0.5 cm, en grappes dressées
couleur noire à maturité
pulpe pâteuse, verdâtre à maturité
1 graine dure et ronde par fruit
Fruits
ovoïdes à ronds, dressés
couleur rouge vif
durs, puis pâteux à maturité
nombreuses graine par fruit
présence de poils typiques
Spackelter
Ecologie espèce commune
fréquente dans les haies
fréquente en bordure de forêt
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Ecologie espèce commune
fréquente dans les haies
fréquente en bordure de forêt
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Troène commun
Ligustrum vulgare
Fusain d’Europe
Evonymus europaeus
Liguster
Schwaarz Mutz
Pfaffenhütchen
Pafenhittchen
Feuilles
élancées à elliptiques
nervure médiane épaisse
bord entier
aspect vert luisant
Feuilles
elliptiques à ovales
se terminent en pointe
bord finement denté
Bois
Bois
clair (vert-marron)
sans épines
vert
tiges de forme carrée
sans épines
Fruits
billes rondes, en grappes dressées
couleur noire luisante à maturité
sans pulpe
1 ou pl. graines molles par fruit
Fruits
capsule typique en 4 parties, 2 cm
couleur rose à rouge à maturité
sans pulpe
1 à 4 graines oranges
Ecologie espèce assez commune
dans les haies
en bordure de forêt
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Ecologie espèce assez commune
dans les haies
en bordure de forêt
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Viorne flexible
Viburnum lantana
Nerprun purgatif
Rhamnus catharticus
Wolliger Schneeball
Bënzelter
Kreuzdorn
Dräidar
Feuilles
ovales et charnues
se terminent en pointe
bord finement denté
duvet gris sur la face inférieure
Feuilles
ovales
se terminent en courte pointe
bord finement denté
3 à 5 nervures en courbe
Bois
clair (gris-marron)
sans épines
Bois
foncé (marron)
épines
Fruits
grappes dressées ou pendantes
couleur rouge vif, puis noire
pulpe juteuse, puis sec
1 graine dure aplatie par fruit
Fruits
ronds en grappes, 0.5 cm
couleur noire mat
pulpe juteuse noire
1 ou pl. graines molles par fruit
Ecologie espèce assez rare
dans les haies
en bordure de forêt
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Ecologie espèce assez rare
dans les haies âgées
surtout en bordure de forêt
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ANNEXE 3.
COMPOSITION DES HAIES NATURELLES AU LUXEMBOURG
Les fréquences (%) et les taux de recouvrement (%) des espèces d’arbustes en fonction du
substrat géologique sont résumées dans le tableau ci-dessous [a].
Catégories et espèces
Keuper
Muschelkalk
Lias
moyen
Lias
inférieur
Dévonien
inférieur
Espèces structurantes
Prunus spinosa
Crataegus sp.
Rosa sp.
Cornus sanguinea
100 / 47
97 / 35
94 / 22
52 / 4
96 / 41
89 / 18
85 / 13
89 / 8
100 / 44
94 / 21
88 / 14
50 / 1
100 / 33
87 / 27
90 / 12
79 / 7
84 / 29
95 / 37
84 / 7
3/1
29 / 1
-
39 / 1
8 / < 0,5
23 / 1
6/1
-
35 / 2
10 / < 0,5
7 / < 0,5
-
26 / 1
15 / 5
6 / < 0,5
21 / 1
-
Espèces accompagnatrices
Ligustrum vulgare
Evonymus europaeus
Viburnum lantana
Rhamnus catharticus
[a] Hecken : Bedeutung, Anbau und Pflege (2003) Administration des Eaux et Forêts
(actuellement Administration de la Nature et des Forêts).
Formations géologiques
Keuper (marnes) : argiles calcaires imperméables à l’est et au centre du Luxembourg
Muschelkalk : sol très calcaire à l’est et au centre
Lias moyen : argiles imperméables peu calcaires au sud de Luxembourg
Lias inférieur : marnes calcaires / grès de Luxembourg sableux et peu calcaire
Dévonien inférieur : schistes (acides) de l’Ösling
Lecture du tableau
Le premier des deux chiffres indique la fréquence de l’espèce par rapport à l’ensemble des
haies inventoriées sur le substrat géologique considéré. Le deuxième chiffre représente le taux
de recouvrement associé. Ainsi, par exemple, le prunellier (Prunus spinosa) est présent dans
100 % des haies du Lias moyen et représente 44 % du recouvrement. Le troène commun
(Ligustrum vulgare) est recensé dans 29 % des haies des marnes du Keuper, mais ne forme
que 1 % de la structure en terme de recouvrement.
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-9-
ANNEXE 4.
EXEMPLES DE SCHEMAS DE PLANTATION ISSUS DE LA PRATIQUE
(dimensions de référence 25 m x 3 m)
densité de plantation : 0,81
densité de plantation : 0,81
densité de plantation : 0,80
densité de plantation : 0,68
Prunus spinosa
Crataegus sp.
Rosa sp.
96 bld de la Pétrusse
Cornus sanguinea
Ligustrum vulgare
Evonymus europaeus
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