A B S T R A C T S Cancers différenciés de la thyroïde chez l’enfant Differentiated thyroid cancer in children and adolescents : the importance of adequate surgery and review of literature. Hallwirth U. et coll. • Eur J Pediatr Surg 1999 ; 9 : 359-63. Sur 94 patients de moins de 20 ans venus consulter pour un nodule thyroïdien, un goitre ou des adénopathies cervicales suspectes, 18 avaient un cancer différencié de la thyroïde (papillaire dans 17 cas, folliculaire dans 1 cas). Le diagnostic a été fait sur la ponction cytologique (n = 1), sur l’examen histologique d’un ganglion (n = 12) et, dans tous les cas, sur la pièce d’exérèse. Le cancer était multifocal dans quatre cas. Quinze patients avaient des métastases ganglionnaires et deux patients des métastases pulmonaires lors du diagnostic. Les auteurs préconisent une thyroïdectomie totale avec curage récurrentiel systématique et curage jugulocarotidien uni- ou bila- téral selon la présentation clinique. Le risque récurrentiel est en effet élevé en cas de reprise chirurgicale. La thyroïdectomie totale permet d’utiliser le dosage de la thyroglobuline et la scintigraphie à l’iode radioactif pour la surveillance, l’iode radioactif étant aussi employé comme traitement de métastases ultérieures. Le suivi moyen a été de 12,5 ans, avec des extrêmes de 1 et 26 ans. Tous les patients allaient bien lors de leur dernière consultation. Il n’y a eu aucune récidive locale, et seulement trois métastases ganglionnaires, qui ont été traitées chirurgicalement. Sur les treize filles, neuf ont eu des enfants, et ces enfants n’avaient pas de malformation. Torticolis congénital, conduite à tenir Babinet A. et coll. • J Pediatr Puer 2000 ; 13 : 5-11. Le torticolis congénital est a priori présent dès la naissance, mais il n’est parfois repéré que quelques semaines plus tard. Le premier problème va être alors d’éliminer un torticolis acquis, dont certaines étiologies traumatiques infectieuses et tumorales sont graves et nécessitent un traitement urgent. Le torticolis congénital peut être dû à une malformation du rachis cervical. En général, devant un contexte polymalformatif, le diagnostic est évoqué sur la limitation des mouvements du cou sans rétraction musculaire associée, et sera confirmé par des radiographies. Le torticolis postural est dû aux contraintes que l’enfant a subies in utero. Il est souvent associé à d’autres malpositions orthopédiques telles qu’une instabilité de la hanche ou un bassin asymétrique, Son pronostic est spontanément excellent. Les ORL sont surtout sollicités pour des torticolis musculaires congénitaux, caractérisés par une tuméfaction ovalaire du sterno-cléido-mastoïdien. Cette tuméfaction est souvent prise au début pour une adénopathie. C’est l’examen clinique, éventuellement complété par une échographie, qui redressera le diagnostic et permettra de rassurer les parents. La plupart de ces olives musculaires disparaissent spontanément. Si tel n’est pas le cas, une kinésithérapie peut être proposée vers l’âge de 2 à 3 mois. La ténotomie ne s’adresse qu’aux formes qui évoluent vers la rétraction fixée. Elle n’est guère proposée avant 18-24 mois. Carcinome épidermoïde des voies aérodigestives supérieures et cancer pulmonaire. À propos de 50 cas de Mones E. et coll. • Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1999 ; 116 : 341-50. Sur 50 patients qui avaient à la fois un cancer pulmonaire et un carcinome épidermoïde des voies aérodigestives supérieures (VADS), 46 ont eu une exérèse du cancer pulmonaire. Parmi ces 46 cas, le cancer pulmonaire était synchrone du cancer des VADS dans cinq cas. Le cancer pulmonaire a été diagnostiqué chez ces cinq patients sur la radiographie du thorax standard : c’est dire l’importance de cet examen dans le bilan préopératoire ! Le cancer pulmonaire est apparu plus de six mois après le traitement du cancer des VADS dans 41 cas ; le délai moyen était de quatre ans et demi. Tous ces patients étaient considérés comme guéris de leur cancer des VADS. Parmi eux, six avaient des signes cliniques (hémoptysie, dyspnée, douleurs thoraciques). Les autres étaient asymptomatiques, et le diagnostic a été porté sur la radiographie du thorax. Le diagnostic de cancer pulmonaire a été établi en préopératoire chez 18 patients, sur des biopsies bronchiques ou des ponctions transpariétales. La morbidité et la mortalité des cancers pulmonaires chez ces patients ayant des antécédents de cancer des VADS étaient très élevées. La survie actuarielle globale à cinq ans était de 25 %. M. François La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 253 - mai 2000 27 A B S T R A C T S Anosmie secondaire à une rhinite aiguë : sémiologie et évolution à propos d’une série de 118 patients Faulcon P. et coll. • Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1999 ; 116 : 351-7. Quand une étiologie est retrouvée chez un patient se plaignant d’anosmie, il s’agit le plus souvent d’une rhinite aiguë. La relation entre la rhinite et l’anosmie est établie très facilement par le patient, alors que son mécanisme physiopathologique est loin d’être évident pour les médecins : atteinte virale ou bactérienne ? Virus particulier ou virus courant ? De toute façon, il s’agit d’un diagnostic par défaut, qui ne peut être retenu qu’après avoir éliminé une autre cause, en particulier une pathologie ethmoïdale infectieuse ou tumorale. Le caractère complet ou incomplet du trouble olfactif n’est pas prédictif de son évolution : dans la série présentée par les auteurs, sur 104 patients anosmiques, 6 % ont retrouvé l’odorat et 45 % ont bénéficié d’une amélioration, alors que, parmi les 14 patients hyposmiques, il y a eu six améliorations, mais aucune guérison. Certains patients ont reçu un traitement : corticoïdes, zinc ou vitamine B. Il est toutefois difficile de savoir, à partir de cette étude rétrospective ouverte, quelle est l’efficacité de ces traitements. Il y a une relation entre les troubles du goût et ceux de l’odorat : parmi les 104 patients anosmiques, 82 étaient agueusiques, et parmi les 14 patients hyposmiques, 11 étaient hypogueusiques. Enfin, il ne faut pas négliger l’impact psychologique de ces troubles de l’odorat. Beaucoup de ces patients étaient déprimés, tout au moins dans les premiers mois d’évolution. Repérage par radio-isotope des adénopathies sentinelles Sentinel lymph node radiolocalization in head and neck squamous cell carcinoma. Alex J.C. et coll. • Laryngoscope 2000 ; 110 : 198-203. Les carcinomes épidermoïdes N0 de la cavité buccale, du pharynx et de la partie sus-glottique du larynx ont 30 % de métastases ganglionnaires occultes. C’est pourquoi l’attitude actuelle est de faire systématiquement un évidement ganglionnaire et une radiothérapie sur les aires ganglionnaires. Les auteurs ont étudié dans ce cadre la faisabilité et l’intérêt du repérage des adénopathies sentinelles par radio-isotopes. L’étude a été conduite chez 8 patients N0 opérés pour un cancer de la cavité buccale ou de la sus-glotte. Le jour de l’intervention, les patients ont eu, sous anesthésie générale, une injection péritumorale d’un colloïde marqué au technétium 99. Une demi-heure plus tard, les zones fixant le radio-isotope ont été repérées. Puis les patients ont subi une exérèse de la tumeur et un évidement ganglionnaire. Sur ces évidements ganglionnaires, les adénopathies sentinelles ont été repérées et analysées séparément du reste. Deux ou trois adénopathies sentinelles ont été repérées chez chaque patient. Un seul patient avait des micrométastases sur deux de ses trois adénopathies sentinelles. Le reste de l’évidement était exempt de lésion. Aucun autre patient n’avait de micrométastases. Ces résultats demandent à être confirmés sur de plus amples séries. S’ils sont effectivement confirmés, il serait possible d’envisager un dépistage radio-isotopique des adénopathies sentinelles chez les patients N0 et de ne faire d’évidement ganglionnaire que si l’examen extemporané de ces adénopathies révèle des foyers de micrométastases. Une cause inhabituelle de stridor néonatal : le kyste de la vallécule Vallecular cyst : an uncommon cause of stridor in newborn infants. Hsieh W.S. et coll. • Eur J Pediatr 2000 ; 159 : 79-81. Les kystes de la vallécule néonatals peuvent être révélés par des symptômes aussi divers qu’un stridor, des difficultés d’alimentation ou des apnées. L’important est d’y penser, car le diagnostic se fait aisément à l’échographie (qui permet en outre de faire le diagnostic différentiel avec une thyroïde ectopique) ou à la fibroscopie. Les auteurs rapportent 14 kystes de la vallécule, vus en l’espace de 4,5 ans, chez des enfants de moins de deux mois. Pratiquement tous les enfants avaient un stridor, une dyspnée et des difficultés d’alimentation. Neuf enfants avaient une mauvaise prise de poids et six avaient fait des fausses routes ; deux ont eu des apnées. Un enfant s’est amélioré spontanément, mais sans disparition du kyste. Dans un cas, le contenu du kyste a été aspiré et il n’y a pas eu de récidive de la tuméfaction dans l’année suivante. Les 12 autres kystes ont été marsupialisés. M. François 28 La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 253 - mai 2000 A B S T R A C T S Cellulite cervicale Deep cervical fasciitis in a child. Holthouse D.J. et coll. • Pediatr Surg Int 2000 ; 16 : 149-50. Les auteurs présentent le cas d’un jeune garçon de 7 ans venu consulter pour des douleurs cervicales évoluant depuis deux jours, associées depuis 24 heures à des douleurs pharyngées et à une tuméfaction cervicale. À l’admission, il était très fébrile et présentait une tuméfaction cervicale antérieure préthyroïdienne non érythémateuse, avec une limitation des mouvements du cou. Il avait aussi une gêne respiratoire intermittente avec un stridor. L’échographie cervicale a mis en évidence un épaississement des tissus entre la trachée et la peau, sans signe de collection, avec un discret œdème glottique. Malgré la bi-antibiothérapie intraveineuse instituée, l’infection s’est étendue, la tuméfaction atteignant le menton en haut et le manubrium en bas, la peau sus-jacente devenant rouge et l’enfant restant fébrile. L’examen tomodensitométrique a éliminé un abcès et n’a pas retrouvé de pathologie sousjacente favorisante (ni kyste, ni pathologie thyroïdienne). Les hémocultures sont restées stériles. Le premier point intéressant de ce cas clinique est que l’état de l’enfant n’a commencé à s’améliorer qu’après adjonction au traitement de métronidazole. Sur une série de 117 cellulites cervicales, Ungkanont et coll. avaient montré la fréquence des flores mixtes comportant bien souvent des anaérobies. Le deuxième point intéressant est la lenteur de la guérison. L’enfant a reçu au total 12 jours d’antibiothérapie intraveineuse puis 10 jours d’antibiothérapie per os. La tuméfaction cervicale a mis six semaines à se résorber complètement. Traitement au laser CO2 et par injection de collagène des vergetures cordales Microsurgery of sulcus vergeture with carbon dioxide laser and injectable collagen. Remacle M. et coll. • Ann Otol Rhinol Laryngol 2000 ; 109 : 141-8. Les vergetures cordales se présentent comme un sillon à la partie interne de la face supérieure de la corde vocale. Elles sont le plus souvent bilatérales. Elles correspondent à une atrophie localisée de la muqueuse, parfois associée à une atrophie du ligament cordal sous-jacent. Elles se manifestent par une dysphonie, marquée essentiellement par une fatigue vocale, une voix grave et éraillée. Les auteurs présentent une série de 45 patients qu’ils ont traités pour vergetures unilatérales (12 cas) ou bilatérales des cordes vocales. Il y avait une nette prédominance féminine. Vingt-neuf patients avaient des lésions glottiques associées, telles que kystes épidermiques, pont muqueux, nodule, polype, œdème de l’espace de Reinke. Les patients ont été traités en ambulatoire, sous anesthésie générale en laryngoscopie en suspension. La muqueuse de la corde vocale a été incisée puis disséquée du plan du muscle cordal au laser CO2 en mode superpulse avec un micromanipulateur Acuspot. L’atrophie du ligament vocal a été corrigée par des injections de collagène bovin ou autologue. Ce dernier était préparé à partir d’un fragment de peau du patient. La muqueuse était ensuite redrapée sur le ligament et maintenue en place par quelques gouttes de colle de fibrine. Les patients ont eu six jours d’antibiothérapie et huit jours de repos vocal suivis d’une rééducation orthophonique à raison de deux séances par semaine pendant quatre à cinq mois. Les contrôles ont montré une augmentation du fondamental laryngé et une petite amélioration du temps maximal de phonation. La voix restait un peu éraillée. Dans l’ensemble, les patients étaient satisfaits, en particulier d’avoir un meilleur confort vocal, avec une moindre fatigabilité. M. François Les articles publiés dans “La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. © janvier 1985-EDIMARK S.A. Imprimé en France - DIFFERDANGE - 95100 Sannois - Dépôt légal : 2e trimestre 2000 La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 253 - mai 2000 31