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La Lettre du Gynécologue - n° 303 - juin 2005
DOSSIER
trois des ganglions non sentinelles alors que les ganglions sen-
tinelles étaient indemnes de toute métastase.
La VPN de la recherche des métastases dans les ganglions sen-
tinelle s’élève à (33/33+3) 91,6%. Le taux de faux négatifs
(3/10) atteint 30%.
ÉTUDE DES FACTEURS PRONOSTIQUES
Nous avons étudié quelques facteurs de risque (emboles lym-
phovasculaires péritumoraux, histotype, âge de la patiente,
taille tumorale et stade clinique) et avons observé une corréla-
tion significative entre les emboles lymphatiques et l’existence
de métastases ganglionnaires (p = 0,002).
DISCUSSION
Deux types de techniques sont à notre disposition pour rechercher
des métastases ganglionnaires.
Les techniques morphologiques associent histologie standard,
coupes semi-sériées et IHC. Les coupes semi-sériées couplées à
l’IHC augmentent la sensibilité de la technique standard et permet-
tent de détecter en moyenne 15% de métastases supplémentaires
(60% dans notre série). Ces techniques sont très coûteuses et allon-
gent le temps de travail (des techniciens et des pathologistes).
Les techniques modernes de biologie moléculaire explorant
l’ARN extrait des ganglions sont d’utilisation beaucoup plus
récente. En 2001, Van Trappen et al. (9) utilisent une amorce
du gène de la cytokératine 19 et mettent en évidence par RT-
PCR (Reverse transcriptase-polymerase chain reaction) de
l’ARN métastastique dans les ganglions pelviens dans 50%
des cas d’une série de 32 cancers du col au début. Ces tech-
niques sont de faible coût par rapport aux techniques d’histo-
pathologie et hautement sensibles puisqu’elles permettent de
dépister une cellule sur 106, mais la détection d’ARN messa-
gers nécessite des tissus frais et une congélation très rapide
afin qu’ils soient préservés. D’autre part, elles ne permettent
aucune étude morphologique puisque la technique utilise un
broyat tissulaire et seraient potentiellement responsables de
faux positifs car les amorces utilisées ne font pas la différence
entre ARN épithélial (inclusion) et ARN carcinomateux (méta-
stases).
Si l’on compare les deux techniques de détection, d’une part dans
notre série où l’histopathologie associant coupes semi-sériées et
IHC permet de repérer 23,3% de métastases et 27,9% d’inclusions
bénignes, soit 51,2% de structures épithéliales et, d’autre part dans
la série de Van Trappen et al. où la biologie moléculaire met en
évidence 50% de ganglions positifs, les résultats sont relativement
semblables. Mais la fréquence élevée des inclusions CK positives
au niveau des ganglions pelviens (10) privilégie, à notre avis,
l’analyse morphologique.
En effet les structures CK positives sont diverses. Elles englobent :
– des cellules mésothéliales drainées et séquestrées dans les gan-
glions lymphatiques notamment au cours des hyperplasies méso-
théliales réactionnelles. Les cellules mésothéliales expriment, outre
les cytokératines, la vimentine et la calrétinine ;
– des inclusions épithéliales mullériennes, bénignes ou parfois dys-
plasiques ;
– des métastases d’un adénocarcinome mucineux bien différencié
situé ailleurs (voies biliaires, pancréas, ovaire…) ;
– ou peuvent correspondre à la propagation lymphatique d’une
tumeur séreuse borderline de l’ovaire.
Si le diagnostic histologique est hésitant, on peut avoir recours à
des immunomarquages :
•Les inclusions épithéliales bénignes n’expriment pas l’antigène
carcinoembryonnaire (ACE), mais possèdent des récepteurs hor-
monaux stéroïdiens.
•Les métastases d’adénocarcinomes expriment en général l’ACE.
Il est donc important de connaître le type histologique précis de la
tumeur primitive cervicale.
CONCLUSION
De notre expérience, il apparaît que :
•En technique histologique standard, le statut négatif du ganglion
sentinelle est associé à un statut négatif des autres ganglions pel-
viens non sentinelles.
•Confrontées à la technique histologique standard, les coupes semi-
sériées couplées à l’immunohistochimie révèlent un taux de faux
négatifs du ganglion sentinelle de 30 % pour la technique standard.
•Les micrométastases ganglionnaires révélées par coupes semi-
sériées et immunomarquage sont significativement plus fréquentes
chez les patientes souffrant de récidive.
Ces résultats nous semblent justifier l’utilisation des coupes semi-
sériées avec immunohistochimie dans l’étude du ganglion senti-
nelle. Des études complémentaires utilisant cette technique sont
nécessaires pour préciser le lien éventuel entre micrométastases
dans les ganglions sentinelles et récidive tumorale. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Métastases Métastases
ganglionnaires (-) ganglionnaires (+)
Emboles (-) 23 0
Emboles (+) 10 8