Biologie et écologie des jussies : mieux les connaître pour mieux les gérer… Alain Dutartre, Cemagref, Unité de Recherches Réseaux, Epuration et Qualité des Eaux, 50, Avenue de Verdun, 33612 CESTAS CEDEX Introduites en métropole depuis plus de 150 ans, les deux espèces de jussies envahissantes que sont Ludwigia grandiflora, la jussie à grandes fleurs et Ludwigia peploides, la jussie à petites fleurs, ont fait l'objet depuis plus d'une dizaine d'années de diverses recherches portant sur leur biologie et leur écologie. En effet, dans la mesure où dans leurs aires d'origine (le continent américain) ces espèces ne posent pas de difficultés particulières, les connaissances disponibles dans ce domaine restaient relativement rares et ne pouvaient en aucun cas suffire pour orienter certaines des modalités des interventions destinées à les retirer des milieux colonisés. Par exemple, dans un premier temps, la méconnaissance de leurs grandes capacités de production de boutures viables ont conduit divers gestionnaires à intervenir mécaniquement sans précaution particulière sur des herbiers en cours d'eau ou en plans d'eau. Ces actions ont souvent permis de libérer des fragments de tiges qui se sont dispersés dans les milieux concernés et ont pu développer ultérieurement des pieds viables dès lors qu'ils s'installaient dans des sites favorables : elles ont, d'une certaine manière, favorisé l'expansion de la jussie dans ces plans d'eau ou cours d'eau. Source FMA, juillet 2008 Les recherches menées sur la biologie et l'écologie des jussies ont, pour une grande part, tenté d'acquérir des données pouvant aider à améliorer la gestion opérationnelle de ces plantes. Trois exemples illustrent bien cette démarche : les capacités de développement des tiges et les capacités de bouturage, permettant de mieux évaluer les risques d'interventions inadaptées et les précautions à prendre pour limiter ou empêcher la dispersion de boutures viables, comme par exemple la pose de filets de récupération de ces boutures, les capacités de production de biomasse permettant de préciser, en fonction des types de milieux colonisés, les quantités de matières organiques produites par ces plantes devant être éventuellement retirées des milieux et donc les types d'engins de récolte et de transports nécessaires pour optimiser les interventions, le potentiel et les conditions de développement de graines viables, permettant de préciser les risques de développement des plantes dans des sites où toutes les plantes auraient été retirées. Les résultats de ces travaux permettent de proposer des modes de gestion des niveaux d'eau hivernaux et printaniers pouvant réduire les capacités de germination des graines dans des milieux où les niveaux des eaux sont contrôlables.