ABSTRACTS
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no282 - avril 2003
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Les détresses respiratoires aiguës en rapport avec une
tumeur laryngée obstructive posent un problème d’orien-
tation thérapeutique, car plusieurs solutions sont possibles dans
un contexte d’urgence : trachéotomie de sauvetage, désobstruc-
tion laryngée au laser CO2ou laryngectomie d’emblée. L’auteur
décrit, dans cet article, son expérience du microdébrideur en trai-
tement alternatif des autres procédés endoscopiques et de la tra-
chéotomie. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur
27 patients ayant bénéficié, entre 1998 et 2002, de 29 désobs-
tructions laryngées par microdébrideur pour des obstructions
laryngées modérées à sévères. Les néoplasies ORL se distri-
buaient comme suit : 10 T3 supraglottiques, 2 T3 et 2 T4 de
l’hypopharynx, 3 néoplasies endotrachéales, 2 T4 de l’endola-
rynx. L’intervention a eu lieu sous anesthésie générale, ventila-
tion endotrachéale par intubation ou jet-ventilation ; la lésion
était exposée par un laryngoscope de Dedo et l’excision de la
masse endoluminale faite au microdébrideur laryngé (Xomed®,
Medtronic) sous contrôle endoscopique ou via un microscope
opératoire. Quatre-vingt-seize pour cent de bons résultats ont été
notés, avec rétablissement d’une filière laryngotrachéale correcte.
L’intervalle libre entre cette chirurgie et la chirurgie carcinolo-
gique était de 24 jours en moyenne, et de 48 jours en moyenne
pour les patients ayant bénéficié d’une radiothérapie. Deux
patients dans le groupe radiothérapie ont nécessité une trachéo-
tomie dans les derniers jours de rayons du fait d’un œdème
laryngé majeur. Les progrès thérapeutiques en matière de chi-
mio- et radiothérapie permettent de privilégier ces traitements
non invasifs et conservateurs, lorsque le traitement chirurgical
carcinologique n’est pas indiqué d’emblée. Comme le laser CO2,
le microdébrideur entraîne un faible œdème postopératoire et une
hémorragie minimale.
En conclusion, le microdébrideur endoscopique est une alterna-
tive séduisante par rapport aux autres procédés endoscopiques,
et permet de retarder la nécessité d’une trachéotomie posée dans
un contexte d’urgence.
W. El Bakkouri
Utilisation des microdébrideurs endoscopiques
dans la prise en charge des dyspnées laryngées néoplasiques
Use of endoscopic microdebrider in the management of airway obstruction from laryngotracheal carcinoma.
Simoni P et al. •Ann Otol Rhinol Laryngol 2003 ; 112 : 11-5.
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La candidose laryngée isolée, sans participation pulmo-
naire, est extrêmement rare et peu décrite dans la littéra-
ture. L’auteur rapporte le cas d’une épiglottite fongique chez un
sujet atteint d’un syndrome de Felty. Il s’agit d’une femme de
78 ans, aux antécédents cardiologiques chargés, traitée deux ans
auparavant d’une œsophagite candidosique par fluconazole. Elle
est vue au CHU d’Helsinki dans un tableau de dyspnée et d’insuf-
fisance cardiaque. Après traitement de l’insuffisance cardiaque
et parce que la dyspnée persiste, une endoscopie est réalisée et
met en évidence une épiglotte modifiée : ulcération large au centre
de l’épiglotte, plaques blanches en périphérie. Les biopsies diri-
gées infirment le diagnostic de carcinome épidermoïde et
concluent à une infection fongique. Un traitement par flucona-
zole est instauré pour une durée de six semaines. L’indication
d’épiglottectomie est posée du fait de la persistance de la symp-
tomatologie sous traitement. Du Candida glabrata est isolé et
aucun foyer tumoral n’est retrouvé. Après la chirurgie, la patiente
reçoit de l’amphotéricine B et de la natamycine.
Ces infections fongiques se rencontrent sur des terrains immu-
nodéprimés, mais les cas d’invasion isolée du larynx sans parti-
cipation pulmonaire ni systémique sont très rares. Morelli et al.
ont décrit le premier cas d’aspergillose laryngée chez un patient
atteint d’un syndrome de Felty. Ce syndrome est caractérisé par
une splénomégalie et une neutropénie pouvant être plus ou moins
graves. Selon l’auteur, les biopsies à répétition auraient fragilisé
la muqueuse, augmentant le caractère invasif de l’infection.
L’aspect endoscopique était particulier, faisant évoquer en pre-
mier lieu un processus néoplasique. L’attitude thérapeutique
dépend du tableau clinique, en particulier l’indication d’épiglot-
tectomie, ce geste pouvant prévenir les infections systémiques.
En ce qui concerne les traitements médicamenteux, le traitement
de référence est le fluconazole par voie générale.
En conclusion, malgré le caractère malin évident d’un processus
tumoral laryngé, des biopsies doivent être systématiques, car une
infection fongique localisée peut mimer un tableau de néoplasie.
W. El Bakkouri
Épiglottite fongique simulant un processus malin
Fungal infection of the epiglottis simulating a clinical malignancy.
Makitie AA et al. •Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2003 ; 129 : 124-6.