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TDC NO 1017
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LES OUTRE-MER FRANÇAIS
évoque la posture adoptée par les malades en raison
des intenses douleurs articulaires. Dans l’océan
Indien, aucune activité de ce virus n’a été détectée
avant le début de l’année 2005. Sans doute importé
par des voyageurs en provenance d’Afrique de l’Est,
il a d’abord entraîné une épidémie aux Comores. À
partir de mars 2005, l’épidémie s’est propagée à la
Réunion, avec une flambée importante entre fin
avril et début juin. Sur cette île, le virus est transmis
principalement par le moustique Aedes albopictus
qui colonise indifféremment les zones urbaines et
forestières, les sites artificiels et naturels. Environ
270 000 personnes auraient été infectées par cette
épidémie, soit un tiers des habitants de l’île.
Presque éradiqué, le chikungunya est réapparu à
la Réunion en 2010 avec quelques nouveaux cas.
Les risques technologiques majeurs
Il s’agit principalement du risque d’explosion,
susceptible de libérer une grande quantité de
produits chimiques, et du risque de rupture de
barrage. Les DROM ne concentrent qu’une
cinquantaine d’établissements classés Seveso II
parmi les quelque 1 200 inventoriés en France en
2010 (et une trentaine sur les 657 considérés
comme particulièrement dangereux). Ceux-ci
concernent les raffineries (Martinique), les stoc-
kages d’hydrocarbures liquides et liquéfiés
(Nouméa), le secteur froid (ammoniac) comme à
Cayenne ou en Martinique, etc.
Ces installations sont le plus souvent concen-
trées géographiquement : la zone du Port à la
Réunion, l’agglomération foyalaise en Martinique,
Jarry en Guadeloupe, Nouméa en Nouvelle-
Calédonie, etc. Selon cette logique de concentra-
tion, un accident majeur dans ces secteurs pour-
rait ainsi paralyser une grande partie de l’éco-
nomie insulaire et avoir des impacts forts sur la
population nombreuse vivant à proximité. Pour
limiter les risques technologiques proches de
Papeete, les vingt cuves existantes à Fare Ute, qui
datent de la présence des forces américaines en
Polynésie française dans les années 1930, sont en
cours de démontage et six de plus grande capa-
cité seront construites sur les terre-pleins de la
zone récifale est. En Guyane, un accident à Kourou
(produits pétroliers, dépôts d’explosifs) pourrait
également avoir des conséquences graves sur la
population et sur l’environnement.
Quelques barrages hydroélectriques stockant
de gros volumes d’eau, comme ceux de Yaté en
Nouvelle-Calédonie ou de Petit-Saut en Guyane
(le plus grand lac de retenue avec 350 km),
présentent une menace en cas de rupture. La
construction de Petit-Saut au début des années
1990, sans déforestation préalable du site, a
également entraîné des problèmes environne-
mentaux accrus, liés au rejet de sulfure d’hydro-
gène, de dioxyde de carbone et de méthane en
grosses quantités. Une autre source de pollution
de l’air, mais aussi des brumes, des pluies, de
l’eau et des sédiments, provient de la libération
du mercure naturel contenu dans le sol (huit fois
plus qu’en métropole) par le traitement aurifère.
Ce mercure naturel s’ajoute aux importantes
quantités évaporées par les orpailleurs.
Afin de réduire les risques technologiques,
plusieurs mesures ont été prises : information
préventive du public, mesures techniques et orga-
nisationnelles mises en œuvre par les exploitants
sous le contrôle de l’inspection des installations
classées, dispositifs de surveillance mis en place
autour des barrages, modélisations hydrauliques
de la propagation de l’onde de rupture, etc.
Les risques majeurs dans les DROM sont
nombreux et de natures variées. Les populations
sont habituées à certains aléas d’intensité modérée,
comme des cyclones de classe inférieure à 3, des
petits séismes ou des inondations. Cependant,
des phénomènes plus violents, mais de récurrence
plus faible, peuvent s’avérer catastrophiques,
comme l’ont montré l’éruption de la montagne
Pelée en 1902 ou le cyclone Erika en 2003. D’autres
aléas identifiés dans le passé restent encore peu
connus et insuffisamment étudiés, en particulier
les séismes, les éruptions volcaniques et les
tsunamis. Ayant pris conscience de ces lacunes, la
communauté scientifique française se mobilise à
travers plusieurs programmes de recherche. ●
●
DESPEYROUX J. et GODEFROY P. Nouveau zonage
sismique de la France. Délégation aux risques
majeurs, Premier ministre et ministère de
l’Environnement. Paris : La Documentation
française, 1986.
●
DUBOIS Jacques. Volcans actifs français et
risques volcaniques : Martinique, Guadeloupe,
Réunion. Paris : Dunod, 2007 (coll. UniverSciences).
●
LAVIGNE Franck, SAHAL Alexandre. « La réalité
des risques majeurs en Nouvelle-Calédonie », in
FABERON Jean-Yves, CHERIOUX Bernard (sous la
dir. de), Les Risques majeurs : quelles réponses
institutionnelles en Nouvelle-Calédonie ?, actes du
colloque des 22 et 23 octobre 2010. Nouméa :
Institut de recherche pour le développement, 2011.
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Le
chikungunya
est réapparu
à la Réunion
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