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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no258 - décembre 2000
se réduisent avec l’âge, notamment sur les pommettes ou au
niveau des paupières inférieures, la pureté des lignes, atténuée
par les rides (visible surtout au niveau de la mandibule et du cou :
“double menton”). Enfin, les traits du visage ne doivent pas être
sensibles à la gravitation. Sur un visage jeune qui se penche, les
traits ne bougent pas. Ce phénomène est surtout visible de pro-
fil, et constitue un bon critère pour évaluer les résultats du lifting
en postopératoire, à moyen et long termes. Il faut garder les che-
veux temporaux (les “pattes”).
B. Cornette de Saint-Cyr pratique deux types d’incisions : l’inci-
sion précapillaire est réalisée de préférence, car elle est la plus
efficace, n’emportant que la peau sans cheveux. En cas de che-
veux fins coiffés en arrière, l’incision sous-capillaire de Mac Indoo
est préférable, car moins visible. Mais elle n’a aucune action tem-
porale. On peut alors lui associer une incision temporale séparée
endoscopique, ou une technique de Fogli. Celle-ci consiste en une
résection triangulaire inférieure externe de l’orbiculaire des pau-
pières, suivie d’une pexie avec enroulement du muscle, qui réa-
lise un lifting temporal.
Pour le décollement sous-cutané, il utilise le décolleur de Trep-
sat pour éviter de léser les filets du VII en avant de la parotide.
Le décollement cutané préparotidien va jusqu’à une ligne qui
joint l’angle externe de l’œil au gonion. Au lifting facial, on peut
associer des gestes de lipostructures de Coleman (injection de
graisse sous-cutanée après centrifugation), surtout dans la région
médiofaciale pour combler les sillons nasogéniens et les ridules
de la bouche. Le double menton est traité par liposuccion et par
lifting de façon combinée. La suture cutanée doit être prudente
au niveau du lobule de l’oreille : il faut prendre garde à ne pas le
fixer trop bas, car, avec le temps, il s’étire et on arrive à un aspect
“en oreilles de diable”.
Les nécroses postopératoires ne sont survenues, dans son expé-
rience, que de façon limitée au niveau du tragus ou de la cica-
trice mastoïdienne, chez des femmes fumeuses.
Les communications libres
de la réunion d’automne du 3 octobre
de la Société française de chirurgie plastique et esthétique
de la face et du cou ont porté sur des sujets variés
●
F. Postec (Lyon) a exposé ses facteurs prédictifs d’une exérèse
incomplète de tumeurs cutanées, grâce à une revue de 200 patients
dont 11 étaient immunodéprimés. Les tumeurs étaient des épithé-
liomas basocellulaires (76 %), spinocellulaires (21 %), ou des mala-
dies de Bowen (3 %). L’âge, le sexe, l’immunodépression, la taille
de la tumeur, la chirurgie de rattrapage n’étaient pas des facteurs
péjoratifs. Le risque d’exérèse incomplète dépend de la localisa-
tion et du type histologique. En effet, les localisations au conduit
auditif externe (100 % de chirurgie incomplète), au nez (20 %), à
la région péri-orbitaire, sont plus difficiles d’exérèse et de recons-
truction. Les types histologiques à risque sont l’épithélioma baso-
cellulaire sclérodermiforme et l’épithélioma spinocellulaire.
L’auteur propose, dans ces cas à risque, la conduite à tenir
suivante :
–pratiquer la reconstruction dans un deuxième temps à chaque
fois que c’est possible, pour attendre le résultat définitif de l’ana-
tomopathologiste ;
–dans les cas où la reconstruction différée n’est pas possible
(paupière, lèvre), il faut demander un examen extemporané et
privilégier la réalisation de lambeaux cutanés ne modifiant pas
l’orientation des recoupes, c’est-à-dire les lambeaux de transla-
tion ou d’avancement, en proscrivant les lambeaux de rotation et
de transposition.
●
M.A. Germain (IGR, Villejuif) a décrit 34 cas de reconstruc-
tion de langue par lambeau libre de grand dorsal. Ce lambeau est
à la fois vascularisé et innervé : il estime les résultats bons dans
les cas de glossectomie subtotale et moyens pour les glossecto-
mies totales. Parmi ses patients, 3 mangent normalement et 13
ont une élocution compréhensible. Ses conseils techniques sont
de respecter le nerf laryngé supérieur, de suspendre le larynx à
l’os hyoïde, de réaliser un transplant long, et d’en suturer les
branches nerveuses motrices et sensitives. Il ne semble pas utile
de reformer un sillon gingivo-lingual.
Deux communications ont porté sur la reconstruction des pertes
de substance du pavillon de l’oreille externe :
●
J.M. Chirol (Angers) a exposé la technique du lambeau de
conque en îlot (technique de Davis). Il s’agit d’un lambeau local
de rotation chondrocutané. Il est pédiculé sur l’artère auriculaire
postérieure. Il est utilisable pour les pertes de substance du tiers
supérieur du pavillon, qu’elles soient d’origine traumatique, mal-
formative ou après une exérèse tumorale. L’incision cutanée par-
court la face postérieure de la conque, en prenant un excès de
peau rétro-auriculaire, de manière à bien capitonner le cartilage
greffé. La conque est découpée en ellipse en fonction de la perte
de substance à combler, et la peau antérieure est réséquée. On
réalise le modelage du cartilage de façon à former un néo-anthé-
lix. La zone de prélèvement est laissée en cicatrisation dirigée
avec du tulle gras. Le cartilage restant réalise une armature, il n’y
a donc pas de rétraction à ce niveau.
●
J.B. Lecanu (Boucicaut, Paris) a décrit un cas d’utilisation de
sangsues dans le traitement postopératoire d’une réimplantation
de pavillon après amputation traumatique. Dans le cas exposé, la
réimplantation a consisté en une suture simple du pavillon en
deux plans. En postopératoire immédiat s’est posé le problème
d’un retour veineux insuffisant, avec une oreille bleue. Des sang-
sues médicinales ont été appliquées à travers deux orifices sca-
rifiés pendant trois jours, 24 heures sur 24, et changées toutes les
deux heures. Elles ont été associées à l’application locale d’une
solution d’héparine, et à une antibioprophylaxie poursuivie une
semaine après avoir enlevé les sangsues. Cette méthode s’est sol-
dée par un succès. L’avantage de la sangsue est qu’elle possède
dans sa salive un vasodilatateur histamine-like, de l’hirudine,
antithrombotique, et un anesthésique local.
Cette description a été l’occasion de rappeler les autres techniques
de réimplantation immédiate de pavillon après amputation.
Les réimplantations simples, associées à des traitements géné-
raux par héparine et macromolécules sont très souvent des échecs,
car les sutures microchirurgicales sont difficiles, et la vasculari-
sation est aléatoire.
Mladick a proposé, en 1971, d’enfouir le cartilage déserpider-
misé en nourrice dans une loge sous-cutanée rétro-auriculaire
pendant 6 à 8 semaines, puis de poser une greffe de peau mince
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