http://www.humain-humanite.org/medias/files/journe-e-d-e-tudes-humanite-nume-rique--1.pdf

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Journée d’études « Humanité numérique ? Repenser le sujet à l’aune
des nouvelles technologies »
Cette journée d’études, organisée dans le cadre des activités du laboratoire Sophiapol
et du groupe de recherche « L’humain impensé », est consacrée à l’étude des transformations
impliquées par les nouvelles technologies sur le monde humain.
Date:
1er juin 2016
Horaires:
10h – 18h
Lieu:
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
200 Avenue de la République
Bâtiment L, Salle LR15 (rez-de-chaussée)
92000 Nanterre
Organisation et contact:
Maxime Mécréant (SOPHIAPOL)
[email protected]
Groupe de recherche : L’humain impensé
Argumentaire détaillé
Depuis la création du premier ordinateur jusqu’à la naissance du Web, en passant par
les progrès de l’intelligence artificielle, des neurosciences et des biotechnologies, l’évolution
technologique a impliqué des mutations profondes dans le monde humain : mutations des
relations interindividuelles, sociales et politiques (réseaux « sociaux »1, pratiques
productives2, nouvelles modalités de conflits3); mutations épistémiques (apparition de
1
Voir par exemple Casilli Antonio, Les liaisons numériques: vers une nouvelle sociabilité, éd. Seuil, 2010; et
CardonDominique,«Ledesigndelavisibilité.Unessaidecartographieduweb2.0»,inRéseaux6/2008,p.93137.
2
Moulier-BoutangYann,Lecapitalismecognitif:lanouvellegrandetransformation,éd.Amsterdam,2005.
nouvelles disciplines4, utilisation de l'informatique généralisée, encyclopédies et bibliothèques
numériques5, MOOC6) ; mutations des corps comme des facultés cognitives (neurosciences,
biotechnologies, Intelligence artificielle, post-humanisme, mémoires, accès à l’information) ;
mutations du rapport à l’espace et au temps (géolocalisation, déplacements, télétravail,
instantanéité des communications à distance). Si ce champ d’objets s’impose à la recherche,
c’est d’abord en raison de son extension et de son impact apparent sur tous les domaines de
l’existence ; en effet, c'est l'ensemble du monde humain qui semble touché : la majorité des
individus sont connectés à Internet, les nouvelles technologies peuvent possiblement intégrer
le champ entier du social (milieu du travail, de la recherche, des loisirs, de la politique, de
l'économie, de la culture, des échanges marchands, de la médecine). Ce nouveau « système
technique » (Simondon) nous invite à repenser le sujet, tout comme l’humain en général, tant
dans leur rapport à la technique que dans leur définition même. Pour échapper à la conception
d'un sujet humain insulaire, hors du monde, faisant face aux moyens neutres de la technique,
l'effort doit porter sur la compréhension du tissage de l'un dans/avec l'autre, sur le devenir
technique de « l'être-au-monde », affectant ses modes de perception, sa corporéité, sa
sensibilité ou encore ses modes de catégorisation. Cette journée d’étude se propose donc de
repenser l'humain et le sujet, dans leur rapport à un non-humain spécifique, le non-humain
technologique, et dans la médiation généralisée instituée par le numérique. Cela nous engage
à articuler tout un ensemble de thèmes et de problèmes, que cette journée se propose de
structurer selon les deux axes suivants :
Le premier enjeu de cette journée est de questionner le statut ontologique de ces
« objets » et de mesurer leur impact sur le monde humain. Ces hybrides, à la fois sociaux et
naturels, non-humains technologiques, doivent être analysés dans leur commerce avec
l'humain, au croisement entre philosophie de la technique et ontologie ; cela implique de se
défaire d’une définition unilatérale du sujet libre et actif face à un monde d'objets inertes et
passifs. Il s'agit alors, dans ce contexte, tant d'étudier les pratiques, les activités, les
sensibilités que les discours impliqués par ces non-humains spécifiques, ainsi que leurs
conséquences sociales et politiques. Tout d’abord, qu’entend-t-on sous ce terme commun de
« nouvelles technologies » ? Quels sont donc ces « objets », ces « non-humains », ces
« artefacts », que l'on regroupe sous ce terme trop général ? Quel appareillage conceptuel
mobiliser pour constituer ce champ d'objets ? Est-ce le numérique ? Le virtuel ? Le
cyberespace ? Le travail critique doit avoir pour préalable de trancher dans la profusion de
termes, discours et thèses contradictoires7, dont bon nombre semblent s'appuyer sur un
imaginaire collectif largement implicite – élaboré notamment par la science-fiction du siècle
3
Aproposdesconflitssociaux,voirparexempleDeLagasnerieGeoffroy,L’artdelarévolte:Snowden,Assange,
Manning, Fayard, 2015. Concernant les conflits armés, voir Chamayou Grégoire, Théorie du drone, éd. La
Fabrique,2013.
4
Citonsparexemplelarobotique,l’intelligenceartificielleetplusrécemmentlesdatasciencesetleshumanités
numériques.
5
Wikipediaestlemodèleleplusconnud’unetelletransformation.
6
MassiveOpenOnlineCourses.
7
Par exemple : le Web amène la perte du lien social et du corps. Voir Turkle Sherry, Alone Together, Basic
Books, 2011 ; la technique est essentiellement aliénante. Voir Ellul Jacques, Le Système technicien, CalmannLévy, 3e édition, 2012 ; ou à l'inverse, la célébration des nouvelles technologies comme liberté augmentée,
démocratie radicale, village global, accès à un savoir illimité et non soumis aux lois du marché capitaliste. Voir
Lévy Pierre, Cyberdémocratie, essai de philosophie politique, éd. Odile Jacob, 2002.
dernier, dont les spéculations ont accompagné les prodromes des bouleversements actuels.
Ensuite, de quelle manière les individus s’approprient-ils ces nouvelles technologies ? Quelles
formes de subjectivité sont impliquées/engagées ? Ces transformations sont-elles unifiées ou
hétérogènes ? Cela demandera d’envisager les pratiques concrètes, tant dans le champ social
que politique, qu’amènent ces nouvelles technologies.
Le second enjeu concerne la mise en question de la définition de l’humain. La raison
est-elle encore le propre de l’humain à l’heure où l'intelligence est dite « artificielle », ou
réduite à un réseau de neurones ? Le langage est-il encore le propre de l’humain lorsque des
algorithmes semblent capables de le comprendre et le reproduire ? Le corps quantifié et
prothétique est-il encore humain ? Ces incertitudes, qui brouillent les frontières de l’humain et
du non-humain, impliquent de décider si ces mutations sont d’ordre simplement épistémique
ou ontologique. Est-ce l’humain qui est transformé ou la manière dont les individus se le
représentent ? C’est-à-dire qu’il s’agit de choisir entre le post-humanisme d’une part, une
redéfinition de l’humain qui intègre la technique comme consubstantielle à son « être »
d’autre part, ou encore une position déflationniste qui relativise l’ampleur des évolutions.
Au croisement de questions d'ontologie, de philosophie de la technique, de sociologie,
d’anthropologie ou encore de philosophie sociale et politique, ce sous-axe du projet
« Humanités et subjectivité » envisage ces « nouvelles technologies » sous l'angle d'une
réflexion renouvelée sur l'humain et ce que l'on entend par sujet et les modes de
subjectivation, à partir des non-humains technologiques. L’horizon de cette recherche consiste
ainsi à mettre en lumière les caractéristiques d’un possible nouveau sujet, et d’une nouvelle
humanité qui émerge à l’ère dite « numérique ».
Programme
Matinée
10h – 10h30 : Accueil des participants
10h30 – 11h30 : Cléo Collomb
Par-delà les discours de fin du monde, faire compter les machines computationnelles
11h30 – 12h30 : Anne Alombert
Les fins de l’homme : du transhumanisme à la « néguanthropologie »
12h30 – 14h : Pause déjeuner
Après-midi
14h00-15h00 : Bernard Stiegler
Les défonctionnalisations et refonctionnalisations organologiques dans l’exosomatisation et
leurs conséquences pharmacologiques à l’époque de la disruption
15h00-16h00 : Yann Moulier-Boutang
Pollinisation, exploitation des nouvelles formes de travail, quand la subjectivité s’en mêle
16h00- 16h15 : Pause
16h15-17h15 : Pierre Livet
Interconnexions, interactions distales, proximales, et processus de subjectivation
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