La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 10 - décembre 1999
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et 42 % ne les utilisent pas fréquemment en raison de l’absence
de remboursement. R. Schuurman et coll. (Utrecht, Pays-Bas
[1168]) ont mis cependant en garde sur la qualité des résultats
de génotypes rendus par les laboratoires. En adressant à des
laboratoires différents des échantillons de virus sauvages ou
mutants connus, les mutations ne sont pas toujours identifiées.
La qualité des résultats ne dépend pas de la technologie utili-
sée. La détermination du génotype est complexe, soumise à des
variations inter- et intralaboratoires, devant être réservée à des
laboratoires spécialisés et faisant l’objet de contrôles de qua-
lité réguliers.
Aucun résultat d’étude basé sur la détermination du phénotype
n’est pour l’instant disponible, dans l’attente des résultats du
protocole ANRS Narval actuellement en cours. Une étude pros-
pective réalisée chez des sujets en situation d’échec thérapeu-
tique montre cependant que l’existence d’un phénotype sen-
sible au moment du changement thérapeutique représente une
bonne valeur prédictive d’une réponse virologique prolongée,
avec une réponse d’autant meilleure que le virus était sensible
sur le test phénotypique aux trois antirétroviraux prescrits
(M. Saag et coll., Birmingham, États-Unis [LB17]).
To xicités médicamenteuses
D.E. Boxwell et coll. (Rockville,
États-Unis [
1284]) ont rap-
porté un total cumulé de 60 cas d’acidoses lactiques, notifiés à
la Food and Drug Administration, sous associations d’analogues
nucléosidiques (d4T + 3TC : 36, d4T + ddI : 9, AZT+ ddI : 7,
AZT + 3TC : 7,AZT + d4T : 1) venant s’ajouter aux 46 cas déjà
décrits avec un seul analogue nucléosidique (AZT : 41, ddI : 2,
d4T : 1, 3TC : 2). Une analyse portant sur 36 cas survenus sous
d4T + 3TC montre une mortalité atteignant 55 % des cas. Les
auteurs ont décrit des symptômes, précédant de 1 à 6 semaines
la survenue de l’acidose lactique, incluant nausées, vomisse-
ments, douleurs abdominales, perte de poids, malaise, dyspnée.
Les mêmes symptômes, diversement associés avec une fatigue
anormale ou une dyspnée d’effort, existant malgré un traitement
antirétroviral efficace, sont retrouvés dans l’étude de L. Maulin
et coll. (Tourcoing, France [1285]) qui décrit la survenue de
11 cas d’hyperlactatémies symptomatiques en 18 mois dans une
cohorte de 867 sujets traités, soit une incidence de 0,84 % par
an, et atteignant 1,38 % par an des sujets traités par une asso-
ciation comportant d4T. Plusieurs arguments étayaient un dys-
fonctionnement mitochondrial, en particulier une chute marquée
de l’activité du complexe IV de la chaîne respiratoire mito-
chondriale dans deux biopsies musculaires sur trois. Un dosage
du taux de lactates artériels, réalisé devant des symptômes anor-
maux, pourrait permettre un diagnostic précoce, évitant la sur-
venue d’une acidose lactique potentiellement mortelle.
Y. Gérard
Nouveaux antirétroviraux
Les traitements antirétroviraux actuels trouvent leurs limites
dans leur puissance insuffisante, leurs effets secondaires, des
problèmes de pharmacocinétique nécessitant des prises fré-
quentes, et donc des risques de mauvaise observance et, enfin,
l’induction de résistances. La recherche de nouvelles molécules
reste donc une priorité.
L’émivirine est un analogue nucléosidique développé par
Triangle Pharmaceuticals qui fonctionne comme un inhibiteur
non nucléosidique. Elle a été étudiée à différentes doses en asso-
ciation avec la stavudine et la didanosine chez 196 patients naïfs
ou peu prétraités (D. Johnson et coll., Johannesbourg,Afrique
du Sud [502]). L’analyse en intention de traiter montre qu’après
24 semaines, 52-64 % des patients ont < 400 copies/ml d’ARN
plasmatique selon la dose étudiée, et 38-54 % ont < 50 copies/ml.
Les effets secondaires les plus fréquents sont des nausées, des
céphalées, des troubles neurologiques centraux rappelant ceux
de l’éfavirenz. En outre, 2 rashes de grade 3 ont été observés,
mais aucun de grade 4. Dans un autre travail (B. Mc Creedy,
Durham, États-Unis [1173]), les mutations de résistance sélec-
tionnées par l’émivirine ont été étudiées chez 23 patients. Plu-
sieurs combinaisons de mutations étaient retrouvées, impli-
quant le plus souvent les codons 101,103, 108, 181, 190. Seuls
les virus mutés au codon 103 étaient résistants à tous les autres
INNTI commercialisés.
La dOTC est un INTI proche de la 3TC qui a été étudiée en
monothérapie en phase I/II à différents dosages chez 48 patients
(R. Wood et coll., Le Cap, Afrique du Sud [503]). Après 8 jours,
la baisse de charge virale plasmatique était de -1,06 à -1,36 log
selon le dosage. Tous les patients recevant 300 mg deux fois/j
atteignaient une baisse d’au moins 1 log ou un titre < 400
copies/ml.
Le diaminopurine dioxolane (DAPD) est un INTI actif contre
le VIH et le VHB, qui est transformé in vivo en dioxolane gua-
nine (DXG). Les travaux disponibles in vitro montrent que cette
molécule peut sélectionner des mutants L74V ou K65R
(J. Mewshaw et coll., Durham, États-Unis [924]). En revanche,
les isolats cliniques résistants à la zidovudine et/ou à la 3TC y
restent sensibles, ainsi que certains isolats multirésistants aux
INTI. De plus, les isolats porteurs de la mutation K103N ont
une sensibilité accrue au DXG. Si ces données se confirment
in vivo, le DAPD pourrait prochainement prendre une place de
choix dans les échappements thérapeutiques.
Le GW420867X est un INNTI de nouvelle classe (quinoxa-
line) qui possède une demi-vie de 50 heures. Il a été adminis-
tré chez 45 patients naïfs à différentes doses, d’abord en mono-
thérapie puis, après une semaine, en association à la zidovudine
et la 3TC (K. Arasteh et coll., Berlin, Allemagne [504]). La
baisse de la charge virale au septième jour de la monothérapie
était de -1,5 log. Les effets secondaires étaient ceux des INNTI,
avec des rashes dans 15 % des cas.
L’amprénavir est la dernière antiprotéase disponible, mais son
utilisation est limitée par la taille et la quantité des gélules à
absorber. C’est pourquoi une prodrogue de l’amprénavir est en
développement. Parmi les différentes formulations de cette pro-
drogue, le sel calcique appelé GW433908 a une aire sous la
courbe (ASC) et une Cmax proches de celles obtenues avec l’am-
prénavir lui-même, laissant présager la possibilité d’adminis-
trer cette molécule en deux prises de 3 à 4 gélules de taille
convenable (C. Falcoz et coll., Greenford, Royaume-Uni [918]).
Plusieurs travaux effectués in vitro ont été rapportés sur le TAK-
779, molécule antagoniste de la fixation de RANTES au coré-
cepteur CCR5. Ce produit présente une activité anti-VIH et n’a