Explorations fonctionnelles
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (12), n° 03, mars 1998
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contraste dans l’orifice fistuleux externe,
et présente en conséquence les mêmes
limites que la fistulographie. Par rapport
à ce dernier examen, l’avantage théo-
rique est de situer le trajet fistuleux par
rapport au massif sphinctérien, mais la
mise en œuvre du cathétérisme de l’orifice
sphinctérien sur une table de scanner se
révèle souvent être un exercice délicat.
Le scanner reste performant pour la mise
en évidence d’un abcès para-anal ou
pararectal (5).
Le scanner volumique n’a pas, à ce jour,
fait l’objet d’évaluation. Cependant,
compte tenu des performances et du
caractère non irradiant de l’IRM, le scan-
ner ne semble pas représenter une tech-
nique d’avenir.
L’imagerie par résonance
magnétique (IRM)
Cette technique s’est rapidement imposée
comme technique de référence pour la des-
cription des fistules ano-périnéales. A celà,
on peut trouver plusieurs explications :
– la région explorée est immobile, indé-
pendante des mouvements respiratoires,
– les séquences d’acquisition appropriées
permettent de montrer les différentes
structures avec des intensités de signal
différentes, et ainsi de créer un contraste
entre les lésions suppurées, dont le signal
est de type liquidien, et les éléments du
massif sphinctérien, dont le signal est de
type tissulaire musculaire,
– la mise en œuvre est simple, les proto-
coles d’exploration facilement repro-
ductibles ; l’examen est indolore et non
irradiant.
Les séquences
Les séquences d’acquisition utilisées
sont des séquences en écho de spin avec
pondération de type T2 : les liquides de
suppuration apparaissent en hypersignal
dans un massif musculaire en hyposi-
gnal. Les séquences avec suppression de
graisse permettent de diminuer l’intensité
du signal de la graisse para-anale et ainsi
d’augmenter le contraste des fistules
trans-sphinctériennes. Les injections
intraveineuses de gadolinium en séquen-
ce pondérée T1 permettent de révéler les
tissus inflammatoires qui contiennent le
liquide purulent ; cette information serait
importante pour guider avec précision les
tissus devant faire l’objet d’excision.
Les plans d’acquisition
Le plan de coupe sagittal ne présente pas
d’intérêt pratique, hormis peut-être dans
les cas de fistules recto- ou ano-vagi-
nales, toujours difficiles à visualiser.
Les plans utilisés sont transverse et coro-
nal, respectivement perpendiculaire et
parallèle à la direction du canal anal, qui
est en général oblique en haut et en
avant. Afin de faciliter ce repérage et
aussi pour matérialiser le canal anal, on
met en place, en début d’examen, une
sonde anorectale en latex avec un ballon-
net insuflé de 20 ml d’air qui, mis en
traction, repère la jonction ano-rectale.
Le patient est en décubitus dorsal.
L’antenne utilisée est soit l’antenne corps
entier, soit une antenne superficielle pla-
cée au contact des fesses du patient en
regard de la région coccygienne. Des
antennes endo-anales ont été utilisées par
certains auteurs (6) : elles augmentent la
résolution spatiale des images, mais pré-
sentent l’inconvénient de leur diamètre,
qui peut poser des problèmes de tolérance
et de faisabilité, notamment en cas de
maladie de Crohn. Ces antennes ne sont
pas disponibles sur tous les appareils
d’IRM à ce jour.
Les résultats
Ils ont été appréciés par les différents
auteurs (6, 7, 8, 9, 10, 11) par comparai-
son des données de l’IRM avec les don-
nées de l’exploration chirurgicale. Les
résultats sont comparables et sont résu-
més dans le tableau I.
◗L’orifice interne : c’est l’élément de la
fistule le plus difficile à visualiser avec
précision. La définition varie d’ailleurs
d’une équipe à l’autre. Lunniss (9), qui le
définit comme l’élément du trajet fistu-
leux le plus proche de la lumière anale,
Trajet Orifice Trajet Concordance
principal interne secondaire globale
Lunniss 1992 12/11 12/10 14/13 14/16
(16 patients)
Tissot 1994 14/18 11/15 7/7 13/18
(18 patients)
Lunniss 1994 25/27 21/26 20/21 28/35
(35 patients)
Hussain 1996 25/28 20/28 7/7 18/28
(28 patients)
Grandjean 1996 20/24 20/24 13/12 21/24
(24 patients)
Tableau I. Corrélation entre les données de l’IRM et les constatations chirurgicales pour chacun des éléments de
fistule anopérinéale.