Toujours à l’étage ventriculaire, la protection apportée par un
DAI en prévention primaire (posé chez des patients à haut risque)
a été comparée à celle de 202 patients implantés en prévention
secondaire. Au terme d’un suivi de quatre ans, l’incidence de
tachycardie ventriculaire (TV) rapide, de FV (35 % dans les
deux groupes) ou de chocs appropriés par le DAI était identique
(57 % prévention primaire et 55 % prévention secondaire) dans
les deux groupes.
Un autre point important issu de l’étude PainFREE II concernait,
entre autres, l’évaluation des chocs électriques inappropriés dans les
tachycardies rapides. Les chocs inappropriés (notamment pour tachy-
cardie supraventriculaire rapide) intervenaient dans près de 15 %
des cas (que le DAI soit implanté en prévention primaire ou secon-
daire), soit près d’un tiers de tous les chocs effectués par le DAI.
L’ESSENTIEL EN ÉPIDÉMIOLOGIE
ET EN PRÉVENTION CARDIOVASCULAIRE
Cette année, l’essentiel 2005 s’est enrichi d’un intéressant
chapitre consacré à l’épidémiologie et à la prévention cardio-
vasculaire, présenté par le Pr D. Thomas (hôpital de la Pitié-
Salpêtrière, Paris).
La maladie coronaire et les facteurs de risque
cardiovasculaires
Les données statistiques récentes issues du registre MONICA
France ont mis en évidence que les taux d’infarctus et de décès
coronaires sont restés stables entre 1997 et 2000, ce qui indique
que la décroissance observée pendant la période 1985-1993 ne
s’est pas poursuivie.
Toutefois, dans ce même registre, une baisse de la létalité est
retrouvée aussi bien entre 1985 et 1993 que pour la période 1997-
2000, témoignant d’une meilleure prise en charge.
Mais la létalité au 28ejour (incluant les décès extrahospitaliers)
des infarctus du myocarde est toujours très élevée (40,8 % sur
tout le registre MONICA). En France, pour l’année 1999, la mor-
talité coronaire a concerné 45 070 sujets (24 969 hommes et
20 101 femmes), soit 76,9 décès pour 100 000 habitants.
Dans le registre USIC, entre 1995 et 2000, le pronostic des infarc-
tus est en amélioration, aussi bien pour la mortalité à 5 jours, qui
est passée de 7,7 à 6,1 %, que pour la mortalité à un an, passant
de 19 à 15 %.
Le tabagisme reste le premier facteur de risque cardiovasculaire.
Ainsi, le Pr Thomas nous rappelle que, dans la dernière évalua-
tion épidémiologique, le tabagisme est responsable de 5 millions
de décès annuels dans le monde, et est donc la première des causes
évitables de décès.
Rappelons que l’étude INTERHEART a également montré que
le tabagisme était le facteur de risque modifiable le plus forte-
ment corrélé au risque d’infarctus du myocarde (RR : 2,87, avec
IC99 : 2,58-3,19, après ajustement sur l’âge, le sexe et tous les
autres facteurs de risque), devant le diabète, l’hypertension arté-
rielle (HTA) et le profil lipidique. Et INTERHEART Africa fait
état du même constat dans les pays d’Afrique subsaharienne, où
les modifications des habitudes de vie et le développement éco-
nomique augmentent le risque cardiovasculaire.
Une récente étude réalisée sur une population norvégienne de
plus de 40 000 sujets des deux sexes montre que même une
consommation modérée de 1 à 4 cigarettes par jour augmente de
façon significative le risque de décès coronaire (RR : 2,74 avec
IC95 : 2,07-3,61) (tableau II).
La Lettre du Cardiologue - n° 395 - mai 2006
10
INFORMATIONS
Nombre de cigarettes/j 1-4 5-9 10-14 15-19 20-24 25+
Hommes (n = 23 521)
RR* (2,07-3,61) 2,74 2,47 3,09 3,70 3,75 3,60
Femmes (n = 19 201)
RR* (1,75-4,95) 2,94 3,55 3,78 5,28 4,25 3,53
* RR de décès d’origine coronarienne ajusté sur l’âge, la pression artérielle, les taux de
cholestérol, les triglycérides, l’activité physique, l’IMC et le poids.
Tableau II. Nombre quotidien de cigarettes associé au risque de maladie
coronarienne.
L’étude Euro Heart Survey montre que les fumeurs ont plus sou-
vent des syndromes coronariens aigus (SCA) avec sus-décalage
du segment ST que les non-fumeurs (RR : 1,53 avec IC95 : 1,38-
1,69), alors que les sujets hypertendus ou obèses se présentent
plus fréquemment avec un SCA sans sus-décalage du segment ST.
Meine et al. confirment, dans une étude récente réalisée sur
194 patients hospitalisés pour un SCA, la sécurité d’utilisation
des substituts nicotiniques pour l’aide au sevrage tabagique.
Ainsi, le Pr Thomas nous rappelle que, dans les dernières recom-
mandations de l’Afssaps, les substituts nicotiniques peuvent et
doivent être utilisés chez les patients coronariens ayant une dépen-
dance à la nicotine, “y compris au décours immédiat d’un infarc-
tus du myocarde, dès la sortie des soins intensifs”.
Enfin, et selon une étude prospective sur 20 ans, Whincup et al.
confirment que le tabagisme passif est corrélé à un excès de risque
d’événements coronaires proche de celui d’un tabagisme chro-
nique actif.
Rappelons enfin que le registre INTERHEART a aussi permis
d’isoler l’obésité abdominale, mesurée par le périmètre abdomi-
nal, comme facteur de risque indépendant et universel d’infarc-
tus du myocarde.
Le rôle de l’environnement sur les événements cardiovasculaires
est également étudié.
Ainsi, dans les trois jours qui ont suivi l’explosion dans la ville
de Toulouse le 21 septembre 2001, une augmentation significa-
tive (standardized incidence ratio : 3,8 [1,2-8,8]) de l’incidence
de l’infarctus du myocarde a été enregistrée dans l’aggloméra-
tion toulousaine.
De même, et plus quotidiennement, les concentrations d’ozone
sont associées significativement à une augmentation de l’incidence
d’infarctus le jour même ou le lendemain du pic (RR pour une aug-
mentation de 5 µg/m3d’ozone : 1,05 [1,01-1,08] ; p = 0,009).
Plus que jamais, la prise en charge du cholestérol, et notamment
du LDL-cholestérol, s’intègre dans la stratégie “lower is better”.
Dans une méta-analyse regroupant plus de 90 000 sujets dans
14 essais thérapeutiques avec des statines en prévention primaire
et secondaire, la réduction de 1 mmol/l du LDL-cholestérol est
associée à une réduction de la mortalité totale de 12 %, de la mor-
talité coronaire de 19 %, des infarctus non mortels et de la mor-
talité coronaire de 23 % et des AVC fatals ou non de 17 %. Ces
bénéfices sont significatifs dès la première année. Il n’y a pas
d’évidence de majoration du risque de cancer.