Dirigée par le Pr P. Amarenco l’aggravation précoce dans l’aic est liée à l’occlusion artérielle persistante ■ Environ 16 % des patients atteints d’accident ischémique cérébral (AIC), traités dans les 3 heures par le rt-PA, voient leur état s’aggraver cliniquement dans les 24 premières heures. Les auteurs étudient ici l’apport du Doppler transcrânien pour prédire cette aggravation et le devenir du patient à 3 mois. Ce travail rétrospectif, multicentrique, a inclus 374 patients avec occlusion artérielle, traités dans les 3 heures par du rtPA. L’aggravation clinique était définie par une augmentation du score NIHSS ≥ 4, et le mauvais devenir du patient sur un score de Rankin ≥ 2. La perméabilité vasculaire était évaluée par un score validé : le TIBI (Thrombolysis in Brain Ischemia) à H0 et H2 du début du traitement. Le score NIHSS à l’admission était de 16 (3-34). Les patients recevaient le bolus de rt-PA 142 ± 60 minutes après le début des symptômes. L’occlusion artérielle concernait essentiellement l’artère cérébrale moyenne (ACM) [M1 : 49,5 % ; M2 : 27,4 %], le tandem ACM/carotide interne (16 %) et la terminaison de la carotide interne (4,5 %). À H2, une occlusion était persistante dans 58 % des cas, une réocclusion dans 14 % des cas et une recanalisation dans 28 % des cas. L’aggravation clinique est survenue chez 44 patients (12 %), soit dans 25 % des cas d’occlusion initiale de la terminaison de la carotide interne, 12 % des cas d’occlusion ACM1, 9 % des cas d’ACM2 et 11 % des occlusions en tandem. À H2 post-traitement, parmi les patients avec aggravation, 50 % avaient une occlusion persistante, 32 % une réocclusion et 18 % une recanalisation de l’artère occluse. En analyse multivariée, seule la réocclusion était prédictive de l’aggravation clinique (OR = 4,9 ; 1,7-13 [p = 0,002]). De plus, l’occlusion persistante, la recanalisation partielle et la réocclusion étaient associées à un mauvais pronostic à 3 mois (OR = 5,2 ; 2,7-9 [p = 0,001]). » Commentaire. L’absence de recanalisation complète de l’artère coupable est donc associée à l’aggravation précoce et au mauvais pronostic après un AIC. Cela avait déjà été suggéré auparavant, mais jamais avec de tels effectifs. Ces résultats concordent également avec ceux de Labiche et al. (1), qui avaient démontré que la recanalisation de l’artère occluse était un facteur majeur du bon pronostic après un AIC. Cette étude apporte de nouveaux arguments pour “la théorie de l’artère ouverte”. En d’autres La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 6 - juin 2007 termes, cela souligne l’importance de recanaliser à tout prix l’artère occluse. Le Doppler transcrânien, dynamique et non invasif, apparaît donc incontournable dans le monitorage de la perméabilité artérielle. B. Lapergue, service de neurologie, hôpital Bichat, Paris. 1. Labiche LA et al. Is the benefit of early recanalization sustained at 3 months? A prospective cohort study. Stroke 2003;34(3):695-8. » Saqqur M, Molina CA, Salam A et al. Clinical deterioration after intravenous recombinant tissue plasminogen activator treatment: a multicenter transcranial Doppler study. Stroke 2007;38(1):69-74. hématomes intracrâniens : selon l’âge, l’incidence varie… ■ Une équipe anglaise s’est intéressée à l’évolution au cours de ces 25 dernières années de l’incidence des hématomes intracérébraux en étudiant deux registres (l’un de 1981 à 1986 et le second de 2002 à 2006) de patients de la région d’Oxford. L’objectif était d’évaluer la progression du taux d’hémorragie dans le temps selon les tranches d’âges (notamment chez les patients de plus ou de moins de 75 ans) et selon les facteurs de risque et les traitements associés. Seuls les patients n’ayant pas d’antécédent d’accident vasculaire ischémique ou d’hématome ont été inclus. L’incidence des hématomes cérébraux diminue chez les patients de moins de 75 ans entre les deux cohortes alors même que leur nombre global, tous âges confondus, est identique, avec une proportion d’hémorragies chez les sujets de plus de 75 ans qui tend à augmenter. En revanche, il n’y a pas de variation en ce qui concerne la mortalité à 30 jours. Si l’on considère l’incidence selon les étiologies, on note que les hématomes secondaires à une hypertension artérielle sévère (ou une poussée hypertensive) ont diminué, alors que ceux associés à la prise de traitements antithrombotiques (antiagrégants, anticoagulants ou les deux) ont augmenté. Chez les patients les plus âgés qui ne présentent pas d’hypertension artérielle, la proportion d’hématomes lobaires s’est majorée, cela pouvant s’expliquer par la prévalence plus élevée de l’angiopathie amyloïde dans cette tranche d’âge. » Commentaire. Malgré les progrès concer- nant la prise en charge thérapeutique (et notamment le contrôle de la pression artérielle), le vieillissement de la population pour- rait conduire dans les prochaines années à un accroissement du nombre des hématomes intracrâniens. En effet, la prévalence de l’angiopathie amyloïde augmente avec l’âge, et ses lésions pourraient favoriser le saignement chez les patients traités par anticoagulants. C. Guidoux, hôpital Bichat, Paris. revue de presse r evue de presse » Lovelock CE, Molyneux AJ, Rothwell PM, on behalf of the Oxford Vascular Study. Change in incidence and aetiology of intracerebral haemorrhage in Oxfordshire, UK, between 1981 and 2006: a population-based study. Lancet Neurol 2007;6(6):487-93. absence d’efficacité des immunoglobulines i.v. et des plasmaphérèses dans les syndromes de miller-fisher ■ Une équipe japonaise a étudié, de façon rétrospective, 92 patients atteints d’un syndrome de Miller-Fisher (SMF) défini par la triade classique ataxie-ophtalmoplégiearéflexie, tous vus entre 1979 et 2005. Elle a évalué l’évolution chez les patients non traités (n = 41), chez ceux traités par Ig i.v. (n = 28) et chez ceux traités par plasmaphérèse (n = 23). Les patients étaient plus souvent des hommes que des femmes, ils avaient en moyenne 4045 ans et avaient présenté pour la plupart une infection respiratoire ou une diarrhée avant l’épisode neurologique. Les Ig i.v. (mais pas les plasmaphérèses) avaient une efficacité significative mais modérée pour raccourcir la phase de plateau (début d’amélioration de l’ophtalmoplégie à environ 13 jours de l’ataxie, en 10 jours), mais n’avaient pas d’impact sur le délai de guérison des symptômes (spontanément en moyenne 82 jours pour l’ophtalmoplégie et 31 jours pour l’ataxie). » Commentaire. Cette étude confirme la bénignité connue du SMF, et ne plaide pas pour l’utilisation de thérapeutiques coûteuses quand ce diagnostic est porté. Bien entendu, elle doit être analysée en tenant compte de son caractère seulement rétrospectif sur plus de 20 ans, de l’absence de données plus précises sur les taux d’anticorps anti-GQ1b ou d’autres éventuels caractères qui permettraient peutêtre une stratification ainsi que la définition d’une sous-population dans laquelle un traitement actif serait intéressant. J. d’Anglejean-Chatillon, Versailles. » Mori M, Kuwabara S, Fukutake T et al. Intravenous immunoglobulin therapy for Miller-Fisher syndrome. Neurology 2007; 68:1144-6. 221