La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
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ABSTRACTS
Point du sujet. La présence d’un athérome aortique pro-
tubérant, défini par des plaques d’au moins 4 mm d’épais-
seur en échographie transœsophagienne (ETO), est associée à un
risque élevé d’accidents emboliques. Des études non randomi-
sées ont conclu à un possible effet favorable des anticoagulants
oraux en cas de débris mobiles, mais ces études portaient sur de
faibles effectifs et n’autorisaient aucune conclusion définitive.
Un effet bénéfique des statines sur le risque d’accident vasculaire
cérébral chez les patients coronariens a été mis en évidence dans
l’étude CARE et dans une méta-analyse, mais leur effet en cas
d’athérome aortique protubérant n’est pas connu.
But. Le but de cette étude rétrospective a été d’évaluer l’effet des
antithrombotiques et des statines sur la survenue d’accidents
emboliques en cas d’athérome aortique protubérant.
Patients et méthodes. L’étude a porté sur 519 patients ayant un
athérome aortique protubérant mis en évidence par ETO entre
1988 et 2000 et suivis pendant 34 ± 26 mois. La présence d’un
traitement par warfarine, antiagrégrants plaquettaires (aspirine,
clopidogrel, ticlopidine) ou statines a été précisée. Chaque patient
prenant l’un de ces traitements a été apparié chaque fois que pos-
sible à un autre patient de l’étude ne prenant pas le traitement
considéré (appariement selon l’âge, le sexe, l’existence d’anté-
cédents emboliques, de fibrillation auriculaire, d’insuffisance car-
diaque, de diabète ou d’hypertension artérielle).
Résultats. Un accident embolique est suvenu chez 21 % des
patients lors du suivi. Ces patients avaient une prévalence plus
élevée de fibrillation auriculaire (28 % vs 15 %, p = 0,002) et
d’antécédents emboliques (69 % vs 60 %, p = 0,06). Un traite-
ment par statines, warfarine et antiagrégants plaquettaires était
présent chez respectivement 38 %, 40 % et 49 % des patients. Il
y a eu moins d’embolies sous statines que sous warfarine (12 %
vs 21 %, p = 0,02) ou sous antiagrégants (12 % vs 20 %,
p = 0,024). L’analyse multivariée confirmait le rôle protecteur
des statines à l’égard du risque embolique (rapport de risque =
0,39, p = 0,0001). L’analyse cas-contrôles montrait une réduc-
tion du risque embolique sous statines (12 % vs 29 %, p = 0,0004),
qui n’était retrouvée ni sous warfarine (18 % vs 23 %, p = 0,26),
ni sous antiagrégants plaquettaires (26 % vs 20 %, p = 0,19).
Conclusion. Selon cette étude rétrospective, les statines ont un
rôle protecteur à l’égard du risque embolique en cas d’athérome
aortique protubérant, qui pourrait être lié à un effet stabilisant de
plaque. Des essais prospectifs randomisés restent nécessaires pour
conclure définitivement sur le sujet.
B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil
Athérome aortique protubérant et accidents emboliques : rôle du traitement
Effect of treatment on the incidence of stroke and other emboli in
519 patients with severe thoracic aortic plaque.
Tunick PA, Nayar AC, Goodkin GM et al., for the NYU
Atheroma Group
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Am J Cardiol 2002 ; 90 : 1320-5.
But.MCP-1 (monocyte chemoattractant protein-1) est une
chémokine responsable du recrutement des macrophages
sur le site de l’inflammation. MCP-1 semble avoir un rôle impor-
tant dans les différentes étapes de l’athérosclérose, allant de la
formation de la strie lipidique en passant par les plaques instables,
pour finir avec le remodelage ventriculaire post-infarctus. MCP-
1 était mesurée à partir de prélèvements congelés du plasma de
279 patients sains et de 2 270 patients présentant un syndrome
coronaire aigu provenant de la population de l’étude OPUS-
TIMI 16 (Oral Glycoprotein IIb/IIIa Inhibition with Orbofiban
in Patients with Unstable Coronary Syndrome). La valeur médiane
de MCP-1 est de 157 pg/ml chez les patients sains et de 178 pg/ml
dans l’étude OPUS-TIMI 16 (p < 0,001). Dans cette étude, la
valeur de base de MCP-1 est associée à l’âge, au sexe féminin, à
l’hypertension, au diabète, à un antécédent coronarien et à une
insuffisance rénale (p < 0,01 pour chacun), mais pas au tabac, à
l’index de masse corporelle, à la fraction d’éjection et aux niveaux
de troponine I et C. Après ajustement pour les différentes carac-
téristiques de base, les modifications ECG, la troponine I et le
niveau de CRP, un niveau de MCP-1 supérieur au 75epercentile
(correspondant au 90epercentile chez les volontaires sains) est
associé à une augmentation du risque de mortalité ou d’infarctus
du myocarde après un suivi de 10 mois (risque relatif ajusté de
1,53 ; IC95 :1,09-2,14 ; p = 0,01).
Conclusion. Sur une grande cohorte de patients porteurs d’un
syndrome coronarien aigu, une augmentation du niveau de base
de MCP-1 est retrouvée avec les facteurs de risque cardiovascu-
laires traditionnels, ainsi qu’avec une augmentation du risque de
mortalité ou d’infarctus, indépendamment de ces facteurs de
risque. Parce qu’il semble jouer un rôle crucial sur les différentes
étapes d’évolution de la maladie athéroscléreuse, MCP-1 est un
biomarqueur attractif de cette maladie et mérite d’être étudié, à
l’avenir, comme une cible thérapeutique potentielle.
E. Messas, Paris
Relation entre le pronostic à long terme des patients avec syndrome coronarien aigu
et le niveau plasmatique de MCP-1 (monocyte chemoattractant protein-1)
Association between plasma levels of monocyte chemo-
attractant protein-1 and long-term clinical outcomes in
patients with acute coronary syndromes.
De Lemos JA, Morrow DA, Sabatine MS et al.
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Circulation
2003 ; 107 (5) : 690-5.