> ACTUALITÉS neurosciences ACTUALITÉS neurosciences > Behavioural Brain Research > European Journal of Neuroscience > Nature > NeuroImage > Neuron > Molecular psychiatry > Science > Trends in Neuroscience > Neurobiology of Learning and Memory > PNAS Coordonné par P. Derkinderen Service de neurologie, centre d’investigations cliniques et INSERM U643, CHU de Nantes Mémoire, DNF et protéine tau : un ménage à trois pas si simple… es lésions de dégénérescence neurofibrillaire (DNF) sont principalement composées de protéines tau hyperphosphorylées. Leur abondance est corrélée au déclin cognitif et à la perte neuronale au cours de la maladie d’Alzheimer et dans les modèles murins de tauopathies. Cette association entre DNF, perte neuronale et troubles cognitifs chez l’homme et l’animal a longtemps fait penser que les lésions de DNF étaient à l’origine du processus neurodégénératif et de la dysfonction cérébrale. Toutefois, cette hypothèse n’a jamais été testée de façon rigoureuse. C’est désormais chose faite grâce à une étude américaine au cours de laquelle des souris transgéniques exprimant une forme mutée de tau humain associée à des tauopathies (P301L) est susceptible d’être réprimée expérimentalement par la doxycycline. Ces souris développent avec l’âge des DNF, une perte neuronale ainsi que des troubles du comportement et de la mémoire. L’administration de doxycycline, qui inhibe l’expression du transgène tau, permet une amélioration des performances cognitives des souris, une stabilisation de leur perte neuronale mais, de façon surprenante, les DNF continuent de s’accumuler (1). L Commentaire Cet article bouscule donc l’idée communément admise de l’existence d’un lien direct entre déclin cognitif, mort cellulaire et lésions de DNF au cours des tauopathies. Cela relance la théorie suggérant que les DNF ne sont pas forcément neurotoxiques. Deux revues avancent des hypothèses quant aux résultats “déstabilisants” de cet article. Tout d’abord, dans l’éditorial qui l’accompagne, V. Lee et J. Trojanowski proposent que l’effet pathogène de tau ne soit pas en rapport avec un gain de fonction, mais avec une perte de fonction qui perturbe le transport axonal (2). Une autre synthèse récente sur la phosphorylation et l’agrégation anormale de tau envisage que les lésions de DNF soient en fait neuroprotectrices en réponse au stress oxydatif. Le débat est donc ouvert sur les agrégats de protéines tau dans les tauopathies : neuroprotecteurs ou toxiques, responsables d’un gain de fonction ou d’une perte de fonction (3). La discussion s’étend aussi aux autres pathologies neurodégénératives avec agrégats anormaux de protéines, comme les synucléinopathies ou la maladie de Huntington. P. Derkinderen, service de neurologie, INSERM, Nantes. R é f é r en c e s bi bl iog raph ique s 1. Santa Cruz K et al. Tau suppression in a neurodegenerative mouse model improves memory function. Science 2005;309:476-81. 2. Trojanowski JQ, Lee VM. Pathological tau, a loss of normal function or a gain in toxicity? Science 2005; 8:1136-7. 3. Lee HG et al. Tau phosphorylation in Alzheimer’s disease: pathogen or protector? Trends Mol Med 2005; 11:165-9. La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 7 7 ans Rédacteur en chef d’arch i de no vage s Pr Pierre Amarenco (Paris) revue s sur le site J E M ’A B O N N E A U M E N S U E L L a L e t t r e d u N e u r o l o g u e E T À S E S S U P P L É M E N T S Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❍ Collectivité ........................................................................................................... à l’attention de ......................................................................................................... ABONNEMENT : 1 an FRANCE /DOM-TOM/E UROPE ÉTRANGER (AUTRE QU’E UROPE) ❍ 145 € collectivités ❍ 116 € particuliers ❍ 73 € étudiants* ❍ Particulier ou étudiant *joindre la photocopie de la carte M., Mme, Mlle ............................................................................................................ Prénom ....................................................................................................................... ❍ 165 € collectivités ❍ 136 € particuliers ❍ 93 € étudiants* + ➧➧➧➧➧➧➧ ET POUR 10 € DE PLUS ! ❍ 10 € accès illimité aux 24 revues de notre groupe de presse disponibles sur notre site www.vivactis-media.com (adresse E-mail gratuite) Pratique : ❍ hospitalière ❍ libérale ❍ autre .............................................. + Adresse E-mail .......................................................................................................... R E LI U RE ❍ 10 € avec un abonnement ou un réabonnement Adresse postale ....................................................................................................... .......... € Total à régler À remplir par le souscripteur .......................................................................................................................................... Code postal ................................Ville …………………………………… *joindre la photocopie de la carte MODE DE PAIEMENT ❍ carte Visa, Eurocard Mastercard N° Pays .............................................................................................................................. Signature : Tél. ................................................................................................................................. Merci de joindre votre dernière étiquette-adresse en cas de réabonnement, changement d’adresse ou demande de renseignements. Date d’expiration ❍ chèque (à établir à l’ordre de La Lettre du Neurologue) ❍ virement bancaire à réception de facture (réservé aux collectivités) Edimark SAS - 2, rue Sainte-Marie - 92418 Courbevoie Cedex Tél. : 01 46 67 62 74 - Fax : 01 46 67 63 09 - E-mail : [email protected] Suppl. Vol. IX LN9 O UI, Le peptide -amyloïde gêne le trafic du récepteur NMDA > a maladie d’Alzheimer est caractérisée, entre autres, par la présence de dépôts extracellulaires de peptide -amyloïde. Grâce aux modèles animaux (souris transgéniques), il est désormais admis que cette accumulation de peptide -amyloïde provoque des anomalies de la plasticité synaptique bien avant la mort neuronale. Il est suggéré que ces anomalies de la plasticité synaptique mettent en jeu les récepteurs du glutamate, et tout particulièrement les récepteurs NMDA, mais cela n’a jamais été prouvé… Une publication récente montre que l’exposition de neurones de rat en culture primaire au peptide -amyloïde diminue le nombre de récepteurs NMDA à la surface cellulaire, probablement par augmentation de leur endocytose. Ces résultats ont ensuite été confirmés in vivo, puisque la quantité de récepteur NMDA est diminuée de moitié dans les cerveaux de souris transgéniques surexprimant une forme mutée de l’APP (amyloid precursor protein), qui sont un modèle murin de la maladie d’Alzheimer. Un traitement de ces souris par un inhibiteur de la -sécrétase qui bloque la production du peptide -amyloïde supprime cet effet, montrant ainsi que la baisse de la quantité de récepteurs NMDA est bien la conséquence de la présence du peptide -amyloïde. L Commentaire Cet article permet donc de proposer un mécanisme moléculaire précis et original par lequel le peptide -amyloïde serait toxique et néfaste pour la plasticité synaptique et donc la mémoire à un échelon cellulaire. P. Derkinderen > Snyder EM et al. Regulation of NMDA receptor trafficking by amyloid-. Nat Neurosci 2005; 8:1051-8. > Enfin un gène pour le syndrome de Gilles de la Tourette ? ans la description initiale du syndrome de Gilles de la Tourette, une origine familiale était suspectée… Depuis, des hypothèses monogéniques ou polygéniques ont été avancées, mais rien n’a été prouvé. Un article fraîchement publié dans Science devrait donc faire parler de lui… Tout a commencé par un patient de sexe masculin, dont l’âge n’est pas précisé, qui présentait un syndrome de Gilles de la Tourette, sans antécédents familiaux, et dont l’analyse du caryotype a montré une inversion sur le chromosome 13. Une étude de génétique moléculaire plus fine a permis de montrer que 3 gènes candidats étaient situés à proximité de la zone de “cassure” à l’origine de l’inversion. Un seul de ces gènes codait pour une protéine ayant une fonction définie dans le système nerveux central, le gène Slit and Trk-like 1 (SLITRK1). La protéine SLITRK1 est, en effet, abondante dans le système nerveux central et est impliquée dans la croissance axonale. Les auteurs ont ensuite screené 174 patients atteints de syndrome de Gilles de la Tourette à la recherche d’une mutation sur le gène SLITRK1. Un patient présentait une mutation qui décalait le cadre de lecture et qui entraînait la production d’une forme tronquée de la protéine. Cette même mutation était aussi trouvée chez la mère du patient, qui avait une trichotillomanie. Cette mutation était absente chez les 3 600 sujets témoins. Lorsque la forme mutée de SLITRK1 est surexprimée dans des neurones en cultures primaires, elle ne favorise pas la croissance axonale, contrairement à ce que l’on observe avec la forme sauvage de la protéine. Deux autres sujets testés, sans notion D de liens familiaux, avaient une particularité dans la région non codante du gène SLITRK1 qui aurait pour conséquence de diminuer l’expression de SLITRK1. Commentaire Ce travail montre donc de façon convaincante qu’une mutation de SLITRK1 peut être à l’origine d’un syndrome de Gilles de la Tourette. Même si cette mutation semble rare sur l’ensemble des syndromes de Gilles de la Tourette, sa découverte devrait permettre une meilleure compréhension de la physiopathologie de ce syndrome, comme cela a été le cas après la découverte de mutations du gène codant pour la synucléine dans la maladie de Parkinson. P. Derkinderen > Abelson et al. Sequence variants in SLITRK1 are associated with Tourette’s syndrome. Science 2005;310:317-20. > Les cellules souches neurales adultes : un espoir pour le traitement des maladies neurodégénératives epuis le début des années 1960, il a été montré que, chez le rat adulte, des cellules souches situées dans la zone sous-épendymaire du ventricule latéral donnent perpétuellement naissance à des précurseurs neuronaux, qui migrent jusqu’au bulbe olfactif (BO). On sait depuis qu’ils s’y différencient en interneurones et que leur intégration au réseau des récepteurs sensoriels est nécessaire à la mémoire et à la discrimination olfactive. Mais le dogme de l’immuabilité du tissu nerveux chez l’adulte était si fort que la communauté scientifique allait D La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 9 > ACTUALITÉS neurosciences > Behavioural Brain Research > European Journal of Neuroscience > Nature > NeuroImage > Neuron > Molecular psychiatry > Science > Trends in Neuroscience > Neurobiology of Learning and Memory > PNAS longtemps rejeter ou ignorer ces travaux fondateurs. Plus de vingt ans après, la démonstration d’une neurogenèse adulte chez l’oiseau chanteur, chez le petit mammifère puis chez l’homme allait susciter une formidable accélération des recherches. Le groupe de Pierre-Marie Lledo avait déjà montré en 2004 le rôle clé de la ténascine-R dans la migration des précurseurs neuronaux. Un article récent de la même équipe souligne le rôle déterminant du facteur de transcription Pax6, qui contrôle à la fois le niveau de neurogenèse adulte et la différenciation des progéniteurs. Pax6 engage d’abord les cellules souches vers un destin neuronal. Le maintien de son expression dans les précurseurs neuronaux les oriente ensuite vers un phénotype dopaminergique, alors que son extinction induit un phénotype GABAergique. La surexpression de Pax6 par un vecteur viral provoque une augmentation considérable du nombre de neurones dopaminergiques dans le BO. Commentaire Ces découvertes récentes sur les mécanismes de la migration et de la différenciation des cellules souches adultes suscitent un formidable espoir pour le traitement des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. Elles laissent entrevoir la possibilité de détourner les cellules souches neurales de leur destin olfactif vers d’autres structures, telles que le striatum ou la substance noire, et de les y différencier en neurones dopaminergiques, ce qui permet d’éviter les difficultés éthiques, techniques ou immunologiques liées à l’utilisation de cellules souches exogènes. T. Lebouvier, INSERM U643, Nantes. > Hack MA, Saghatelyan A, de Chevigny A et al. Neuronal fate determinants of adult olfactory bulb neurogenesis. Nat Neurosci 2005;8(7):865-72. 10 Coordonné par P. Derkinderen > La phosphorylation de la synucléine est essentielle pour sa neurotoxicité es phosphorylations sont les principales modifications post-traductionnelles des protéines. La phosphorylation réversible de protéines est la principale stratégie utilisée pour les cellules eucaryotes afin de contrôler l’activité des protéines. Dans les cellules eucaryotes, trois acides aminés, les résidus sérine, thréonine et tyrosine, peuvent être phosphorylés. Plusieurs travaux ont montré que l’alpha-synucléine était phosphorylée sur sérine (en position 129) au sein des corps de Lewy, mais le rôle de cette phosphorylation dans le processus neurodégénératif n’est pas connu. Une équipe spécialisée dans les drosophiles transgéniques aborde ce sujet dans un récent numéro de Nature Neuroscience. Dans un précédent travail, en surexprimant de la synucléine humaine sauvage ou mutée chez des drosophiles, la même équipe avait pu obtenir un modèle de la maladie de Parkinson chez cette mouche avec la présence de difficultés motrices (difficultés à grimper le long d’un tube à essai) et d’anomalies histologiques (dégénérescence des quelques neurones dopaminergiques avec présence d’agrégats intraneuronaux). Afin d’étudier le rôle de la phosphorylation de l’alpha-synucléine au cours du processus neurodégénératif, ils ont réalisé des expériences similaires avec des mutants de synucléine ne pouvant être phosphorylés et avec des mutants de synucléine mimant une phosphorylation constante (en remplaçant le résidu sérine par un résidu acide aspartique). Les drosophiles surexprimant la forme non phosphorylable de la synucléine ne développent pas d’ano- L La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 malies motrices ni de dégénérescence des neurones dopaminergiques, alors que celles surexprimant la forme “phospho-mimétique” ont une forme accélérée de maladie neurodégénérative. De façon remarquable, les drosophiles qui surexpriment la forme non phosphorylable de la synucléine ont plus d’inclusions intraneuronales que les drosophiles témoins et surexprimant la forme “phospho-mimétique”. Commentaire Ces expériences montrent donc que la phosphorylation sur sérine 129 de la synucléine est essentielle au développement du processus neurodégénératif. L’autre conclusion de ce travail est que la présence d’inclusions intraneuronales serait une réaction des neurones au processus neurodégénératif ; ces inclusions seraient neuroprotectrices et non neurotoxiques, une idée très “tendance” dans le domaine des pathologies neurodégénératives… À suivre. P. Derkinderen > Chen L, Feany MB. Alpha-synuclein phosphorylation controls neurotoxicity and inclusion formation in a Drosophila model of Parkinson disease. Nat Neurosci 2005;8:657-63. > Les bêta-lactamines neuroprotectrices, qui l’aurait prédit ? e glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux central. Il joue un rôle essentiel en physiologie neuronale en étant, en particulier, impliqué dans de nombreux phénomènes de plasticité synaptique. Toutefois, il est désormais admis que le glutamate peut, dans certaines circonstances, être toxique pour les neurones, L comme cela est proposé dans la physiopathologie de la sclérose latérale amyotrophique. Une fois libéré dans l’espace synaptique, le glutamate peut se fixer sur ses récepteurs spécifiques ou être capté par les astrocytes grâce à un transporteur spécifique appelé GLT1. Des travaux réalisés chez l’animal de laboratoire ont montré que ce transporteur jouait un rôle clé dans la régulation des fonctions physiologiques et pathologiques du glutamate. Aucun traitement n’était jusqu’à présent connu pour moduler l’activité de GLT1 ou modifier son niveau d’expression. En utilisant un modèle de tranches de moelle épinière de rat, une équipe de Baltimore a donc screené plus de 1 000 molécules, à la recherche d’un traitement capable de modifier l’expression de la protéine GLT1. Sur les 1 040 traitements testés, les plus actifs sur l’augmentation de l’expression de GLT1 étaient les bêta-lactamines (pénicilline, ampicilline, amoxicilline, etc.). Ces données ont été confirmées in vivo chez la souris puisqu’un traitement chronique par ceftriaxone augmente l’expression de GLT1 dans l’hippocampe et la moelle épinière. Commentaire Le dernier point de cet article, et vraisemblablement le plus remarquable, est que la ceftriaxone a un effet chez des souris transgéniques qui sont un modèle murin de sclérose latérale amyotrophique. La ceftriaxone administrée aux souris en début de maladie permet non seulement de diminuer la perte de poids et le déficit moteur, mais aussi d’augmenter la durée de vie moyenne des souris de 122 à 132 jours. Un protocole de recherche multicentrique sur les effets de la ceftriaxone chez des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique vient de débuter (N Engl J Med 2005;352:13). P. Derkinderen > Rothstein JD, Patel S, Regan MR et al. Beta-lactam antibiotics offer neuroprotection by increasing glutamate transporter expression. Nature 2005;433(7021):73-7. > De nouvelles perspectives thérapeutiques pour le lithium ? es tauopathies, dont font partie la maladie d’Alzheimer, la paralysie supranucléaire progressive, la dégénérescence cortico-basale et la maladie de Pick, sont caractérisées par des lésions intraneuronales appelées “dégénérescence neurofibrillaire” (DNF). Le principal constituant des DNF est la protéine tau présente sous forme d’agrégats, d’où l’éponyme tauopathie. Au sein des lésions de DNF, la protéine tau est anormalement phosphorylée et de nombreux travaux suggèrent que cette phosphorylation joue un rôle dans l’agrégation de tau. Une des principales enzymes capables de phosphoryler tau est la glycogen synthase kinase 3 (GSK3). L’utilisation d’inhibiteurs de cette enzyme pourrait donc s’avérer intéressante dans le traitement des tauopathies. Plusieurs récents travaux in vitro et in vivo ont montré que le lithium, pour des concentrations voisines de celles utilisées dans le traitement des troubles de l’humeur, est un inhibiteur de GSK3. Afin d’étudier si l’inhibition de GSK3 pouvait être proposée comme traitement potentiel des tauopathies, des souris transgéniques surexprimant une forme mutée de la protéine tau humaine ont été traitées par lithium. Ces souris ont déjà été caractérisées antérieurement et présentent des déficits cognitifs ainsi que des inclusions intraneuronales constituées de protéine tau hyperphosphorylée. Les auteurs ont tout d’abord vérifié que le traitement par lithium inhibait bien la GSK3 sérique chez les L souris. Ils ont ensuite montré, chez ces souris transgéniques, que le lithium diminuait la phosphorylation de tau sur des épitopes habituellement phosphorylés par GSK3 et que les quantités de “tau agrégée” étaient moins importantes chez les souris traitées. Commentaire Le lithium semble donc potentiellement intéressant dans les tauopathies. Deux petits bémols toutefois : l’effet sur les troubles de la mémoire et sur les difficultés motrices des souris n’a pas été étudié dans l’article, et l’on regrettera qu’il n’y ait pas eu d’analyse plus approfondie des sites de phosphorylation qui sont sous la dépendance de cdk5. P. Derkinderen > Noble W et al. Inhibition of glycogen syn- thase kinase-3 by lithium correlates with reduced tauopathy and degeneration in vivo. Proc Natl Acad Sci USA 2005;102:6990-5. > Les muscles squelettiques humains possèdent des profils d’expression de gènes différents uatre types de muscles squelettiques ont été étudiés : les muscles deltoïde, quadriceps, gastrocnémien et tibial antérieur. Trente-cinq échantillons musculaires provenant de neuf patients ont été prélevés lors d’autopsies. Les hybridations des ARN correspondants ont été réalisées sur des puces pangénomiques Affymétrix (U133A, U133B). Après une première étape de normalisation, trois facteurs apparaissent comme discriminants dans la classification des échantillons : l’âge, le sexe et le type de muscle. Après une deuxième étape de normalisation, seules les variations observées en fonction du type de muscle sont discriminantes. Les profils Q La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 11 > ACTUALITÉS neurosciences > Molecular psychiatry > Science > Trends in Neuroscience > Neurobiology of Learning and Memory > PNAS > Behavioural Brain Research > European Journal of Neuroscience > Nature > NeuroImage > Neuron observés ne peuvent être mis en relation avec le type de fibres : le deltoïde et le tibial antérieur ont des profils d’expression différents, alors qu’ils possèdent de façon équivalente un fort pourcentage de fibres musculaires de type I. Chaque type musculaire possède une signature d’expression génique propre. La plupart des gènes différentiels entre ces types de muscles sont des gènes spécifiquement exprimés dans le muscle et, notamment, les gènes associés à la membrane, par exemple le discoidin domain receptor family, member 1 (DDR1). DDR1 est une tyrosine kinase dont on connaît le rôle dans la réparation du muscle lingual après lésion vasculaire. Cette étude permet de confirmer les variations biologiques de ces différents types de muscle histologiquement non distinguables. Commentaire Kang et al. mettent en évidence la présence de profils d’expression différents en fonction du type de muscle examiné. Cette hypothèse était suggérée par l’atteinte préférentielle de certains groupes musculaires en pathologie, notamment lors des dystrophies musculaires. Elle avait déjà été étudiée pour les muscles oculomoteurs. Ce travail permet de confirmer cette hypothèse et d’envisager quels sont les facteurs responsables de cette variation (DDR1). Il permet également de montrer l’importance d’avoir une homogénéité du tissu musculaire lors des études de génomique fonctionnelle. Il reste bien sûr à élargir ces données à d’autres types musculaires afin d’établir des cartes d’expression de gènes permettant d’appréhender la physiopathologie des maladies musculaires. A. Magot, INSERM U533, Nantes. 12 Coordonné par P. Derkinderen > Kang PB et al. Variations in gene expression among different types of human skeletal muscle. Muscle Nerve 2005 (disponible on-line). > Vers un vaccin dans la maladie de Parkinson ? l est troublant que des maladies neurodégénératives aussi différentes que la maladie de Parkinson, la démence d’Alzheimer, la chorée de Huntington ou la paralysie supranucléaire progressive aient pour caractéristique commune la formation d’agrégats protéiques débordant les capacités de clairance de la cellule. Ce phénomène est contemporain (sinon responsable) de la mort neuronale. L’immunothérapie, dont l’application la plus directe est l’immunisation contre les protéines agrégées, est une voie thérapeutique dans ces maladies. Il a récemment été montré, dans des modèles animaux de démence d’Alzheimer ou de chorée de Huntington, que des anticorps dirigés respectivement contre le peptide A ou la huntingtine pouvaient diminuer le nombre d’agrégats protéiques avec, dans le modèle Alzheimer, une amélioration du déficit cognitif. Pour la première fois, l’équipe de E. Masliah, de l’université de Californie, rapporte l’effet favorable de l’immunisation contre l’-synucléine dans un modèle murin de Parkinson. Les souris transgéniques exprimant l’-synucléine humaine en plus de la protéine sauvage présentent des agrégats dans l’axone et les terminaisons synaptiques ainsi que des inclusions cytoplasmiques analogues aux corps de Lewy. Ces lésions sont associées à une perte cellulaire et à un déficit moteur qui miment certains aspects de la maladie. Après vaccination contre l’-synucléine humaine, on observe I La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 une franche diminution des inclusions cytoplasmiques et des agrégats présynaptiques. Plus intéressant, les souris mutantes vaccinées récupèrent un nombre de synapses fonctionnelles comparable à celui des souris sauvages, alors que les transgéniques non immunisées présentent une perte synaptique de 20 %. Dans ce modèle, seule l’-synucléine humaine, en excès, est reconnue par les anticorps, épargnant la protéine murine sauvage qui continue à exercer son rôle physiologique au niveau de la synapse. Il est remarquable, cependant, que l’expression des monomères d’-synucléine humaine dans le cytosol reste inchangée. La vaccination n’affecte que les agrégats d’-synucléine humaine, probablement parce que les polymères pathologiques, associés à la membrane, sont les seuls susceptibles d’être reconnus par les anticorps et dégradés par la voie lysosomale. Commentaire Bien entendu, forts de l’expérience de l’immunothérapie dans la maladie d’Alzheimer, chercheurs et cliniciens restent extrêmement prudents quant aux applications thérapeutiques chez l’homme. On attend avec intérêt les résultats de l’équipe de E. Masliah sur les conséquences de la vaccination sur le déficit moteur. Mais, plus fondamentalement, le rôle des agrégats protéiques dans le processus neurodégénératif reste à démontrer, car on ignore encore aujourd’hui s’ils en sont la cause ou la conséquence. Prévenir leur formation est peut-être vain, voire néfaste. TL > Masliah E, Rockenstein E, Adame A et al. Effects of alpha-synuclein immunization in a mouse model of Parkinson’s disease. Neuron 2005;46:857-68.