La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. IX - n° 9 - novembre 2005 11
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Rothstein JD, Patel S, Regan MR et al.
Beta-lactam antibiotics offer neuroprotection
by increasing glutamate transporter expression.
Nature 2005;433(7021):73-7.
L
es tauopathies, dont font partie la
maladie d’Alzheimer, la paralysie
supranucléaire progressive, la dégéné-
rescence cortico-basale et la maladie de
Pick, sont caractérisées par des lésions
intraneuronales appelées “dégénéres-
cence neurofibrillaire” (DNF). Le princi-
pal constituant des DNF est la protéine
tau présente sous forme d’agrégats,
d’où l’éponyme tauopathie. Au sein des
lésions de DNF, la protéine tau est anor-
malement phosphorylée et de nombreux
travaux suggèrent que cette phosphory-
lation joue un rôle dans l’agrégation de
tau. Une des principales enzymes capables
de phosphoryler tau est la glycogen syn-
thase kinase 3
(GSK3). L’utilisation
d’inhibiteurs de cette enzyme pourrait
donc s’avérer intéressante dans le trai-
tement des tauopathies.
Plusieurs récents travaux in vitro et in
vivo ont montré que le lithium, pour
des concentrations voisines de celles
utilisées dans le traitement des troubles
de l’humeur, est un inhibiteur de GSK3.
Afin d’étudier si l’inhibition de GSK3
pouvait être proposée comme traitement
potentiel des tauopathies, des souris
transgéniques surexprimant une forme
mutée de la protéine tau humaine ont
été traitées par lithium. Ces souris ont
déjà été caractérisées antérieurement
et présentent des déficits cognitifs
ainsi que des inclusions intraneuronales
constituées de protéine tau hyperphos-
phorylée. Les auteurs ont tout d’abord
vérifié que le traitement par lithium
inhibait bien la GSK3sérique chez les
comme cela est proposé dans la physio-
pathologie de la sclérose latérale amyo-
trophique. Une fois libéré dans l’espace
synaptique, le glutamate peut se fixer sur
ses récepteurs spécifiques ou être capté
par les astrocytes grâce à un transpor-
teur spécifique appelé GLT1. Des travaux
réalisés chez l’animal de laboratoire ont
montré que ce transporteur jouait un
rôle clé dans la régulation des fonctions
physiologiques et pathologiques du glu-
tamate. Aucun traitement n’était jusqu’à
présent connu pour moduler l’activité de
GLT1 ou modifier son niveau d’expres-
sion. En utilisant un modèle de tranches
de moelle épinière de rat, une équipe
de Baltimore a donc screené plus de
1000 molécules, à la recherche d’un
traitement capable de modifier l’expres-
sion de la protéine GLT1. Sur les
1040 traitements testés, les plus actifs
sur l’augmentation de l’expression de
GLT1 étaient les bêta-lactamines (péni-
cilline, ampicilline, amoxicilline, etc.).
Ces données ont été confirmées in vivo
chez la souris puisqu’un traitement
chronique par ceftriaxone augmente
l’expression de GLT1 dans l’hippocampe
et la moelle épinière.
Commentaire
Le dernier point de cet article, et vrai-
semblablement le plus remarquable,
est que la ceftriaxone a un effet chez
des souris transgéniques qui sont un
modèle murin de sclérose latérale
amyotrophique. La ceftriaxone adminis-
trée aux souris en début de maladie
permet non seulement de diminuer la
perte de poids et le déficit moteur, mais
aussi d’augmenter la durée de vie
moyenne des souris de 122 à 132 jours.
Un protocole de recherche multicen-
trique sur les effets de la ceftriaxone
chez des patients atteints de sclérose
latérale amyotrophique vient de débu-
ter (N Engl J Med 2005;352:13).
P. Derkinderen
souris. Ils ont ensuite montré, chez ces
souris transgéniques, que le lithium
diminuait la phosphorylation de tau sur
des épitopes habituellement phospho-
rylés par GSK3et que les quantités de
“tau agrégée” étaient moins importantes
chez les souris traitées.
Commentaire
Le lithium semble donc potentiellement
intéressant dans les tauopathies. Deux
petits bémols toutefois : l’effet sur les
troubles de la mémoire et sur les diffi-
cultés motrices des souris n’a pas été
étudié dans l’article, et l’on regrettera
qu’il n’y ait pas eu d’analyse plus appro-
fondie des sites de phosphorylation qui
sont sous la dépendance de cdk5.
P. Derkinderen
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Noble W et al. Inhibition of glycogen syn-
thase kinase-3 by lithium correlates with reduced
tauopathy and degeneration in vivo. Proc Natl
Acad Sci USA 2005;102:6990-5.
Q
uatre types de muscles squelet-
tiques ont été étudiés : les muscles
deltoïde, quadriceps, gastrocnémien et
tibial antérieur. Trente-cinq échantillons
musculaires provenant de neuf patients
ont été prélevés lors d’autopsies. Les
hybridations des ARN correspondants
ont été réalisées sur des puces pangé-
nomiques Affymétrix (U133A, U133B).
Après une première étape de normalisa-
tion, trois facteurs apparaissent comme
discriminants dans la classification des
échantillons : l’âge, le sexe et le type de
muscle. Après une deuxième étape de
normalisation, seules les variations
observées en fonction du type de
muscle sont discriminantes. Les profils
De nouvelles perspectives
thérapeutiques pour le lithium ?
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Les muscles squelettiques
humains possèdent des profils
d’expression de gènes différents
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