bidité et mortalité péri-opératoires : ainsi, chez 268 patients subis-
sant une chirurgie cardiaque et présentant un athérome aortique
profus, l’exérèse de cet athérome s’est compliquée d’un accident
vasculaire cérébral dans 35 % des cas, alors que le taux de com-
plications n’était que de 12 % lorsque l’athérome était respecté
(16). Même si l’exérèse est techniquement possible, elle est rare-
ment justifiée (17). La seule situation où la chirurgie est réali-
sable est celle des thromboses pédiculées de la crosse aortique,
le geste devant alors comporter une thrombectomie et une exé-
rèse de la plaque athéromateuse. Toutefois, là encore, aucune
étude randomisée n’a confirmé les résultats satisfaisants de la chi-
rurgie, constatés lors d’une analyse rétrospective (11).
Traitement médical
Quant au traitement médical, il reste controversé. Des suivis de
cohortes ont montré que le traitement anticoagulant ou antiagré-
gant ne modifiait pas le cours évolutif de la pathologie (pas de
minoration du risque d’événement vasculaire) (6,18).Ainsi, dans
l’étude FAPS, il n’y avait pas de différence significative dans le
taux de complications entre les patients ayant une plaque aortique
supérieure ou égale à 4 mm traités par aspirine et ceux traités par
antivitamines K. Mais le but de ces études n’était pas l’évalua-
tion d’une stratégie thérapeutique, de sorte que les résultats obser-
vés ne peuvent se substituer à un essai thérapeutique rigoureux,
avec étude prospective randomisée. D’ailleurs, en opposition aux
travaux précédents, d’autres études prospectives, mais toujours
non randomisées, ont montré un bénéfice des anticoagulants supé-
rieur à celui des anti-agrégants (19, 20). Dans le travail de Dress-
ler et coll., les patients ayant eu un accident embolique et pré-
sentant un athérome aortique profus avec éléments mobiles
avaient un taux d’événements vasculaires bien moindre sous anti-
coagulants oraux qu’en leur absence, et ce indépendamment de
la taille des débris mobiles (18). Certains auteurs déconseillent
les anticoagulants du fait du risque d’embolies de cholestérol. En
fait, si le traitement anticoagulant est habituellement contre-indi-
qué chez les patients présentant des embolies de cholestérol, cela
découle le plus souvent d’observations sporadiques où pareille
association a été observée. Pourtant, bien des patients sous anti-
coagulants qui seraient des candidats potentiels aux embolies de
cholestérol ne développent pas pour autant une telle pathologie.
Dans le travail de Dressler, ce risque n’a nullement été majoré
par les anticoagulants oraux. Ce point vient d’être confirmé par
l’étude SPAF III, puisque le taux d’embolies de cholestérol chez
les patients sous anticoagulant était comparable, que ces patients
soient indemnes de plaques aortiques (taux de 0,7 %/année-
patient ; IC à 95 % : 0,1-5,3) ou porteurs (taux de 1,3 % ; IC à
95 % : 0,2-9,5) (21).
CONCLUSION
Ces incertitudes thérapeutiques montrent combien une étude ran-
domisée contre placebo évaluant de façon prospective l’effica-
cité des anticoagulants et celle des anti-agrégants est nécessaire.
Compte tenu de nos connaissances actuelles sur l’évolution natu-
relle de la plaque athéroscléreuse, il semble difficile d’exclure
d’une telle étude un hypolipémiant de type statine. En outre, des
travaux préliminaires réalisés sur de faibles effectifs de patients
porteurs d’une hypercholestérolémie familiale ont montré une
régression significative de l’épaisseur de la plaque athéromateuse
sous une association de régime hypolipidique, pravastatine et pro-
bucol (22). Ces études sont indispensables pour que nous puis-
sions rapidement nous placer, vis-à-vis des plaques athéroma-
teuses de la crosse, non plus dans un cadre contemplatif, mais
dans un cadre résolument actif, dans le but de prévenir leurs
complications, souvent lourdes et invalidantes. ■
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La Lettre du Cardiologue - n° 313 - mai 1999
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