Figure. Stratégie de prise en charge (d’après Nishimura RA et Holmes DR,
N Engl J Med 2004).
La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006
été proposée en cas de tachycardies ventriculaires au Holter,
il paraît difficile de justifier un tel traitement prophylactique
au long cours chez le sujet jeune asymptomatique en raison
de ses effets indésirables et d’une efficacité incertaine.
L’indication du défibrillateur doit prendre en compte le profil
clinique, l’âge, les facteurs de risque identifiés, les niveaux de
risque acceptables pour le patient et sa famille, ainsi que
le contexte socioculturel et économique. Le défibrillateur
est recommandé par la Société européenne de cardiologie
en présence de plus de deux facteurs de risque majeurs de
mort subite (indication de type IIA), tandis que l’amiodarone
constitue une alternative raisonnable en présence d’un seul
facteur de risque majeur (indication de type IIB).
Tableau.
facteurs de risque de mort subite (d’après Nishimura RA et
Holmes DR, N Engl J Med 2004).
Critères majeurs
● Antécédent d’arrêt cardiaque récupéré
● Antécédent de mort subite familiale chez au moins un apparenté du 1er degré
< 40 ans
● Tachycardies ventriculaires soutenues spontanées (> 30 s)
Critères mineurs
● Syncopes inexpliquées (≥ 2 dans l’année)
● Tachycardies ventriculaires non soutenues au Holter (≥ 3 complexes, ≥ 120/mn)
● Absence d’élévation ou chute tensionnelle d’e ort
● HVG échographique > 30 mm
● Obstruction sous-aortique basale > 30 mmHg (si ≥ 40 ans et classe NYHA ≥ II)
● Atteinte microvasculaire coronaire (ischémie documentée en scintigraphie ou
brose en IRM-gadolinium)
● Mutation morbide à haut risque (troponine T cardiaque)
PRISE EN CHARGE DES SYMPTÔMES
De manière très schématique, les symptômes (essentiellement
la dyspnée d’effort) sont grossièrement corrélés à la présence
et à l’importance du gradient sous-aortique et/ou à l’élévation
des pressions de remplissage ventriculaire gauche, paramètres
accessibles en routine par l’échographie doppler cardiaque.
En première intention (figure), il est d’usage de prescrire des
bêtabloquants à forte dose (correspondant à 160-320 mg/j de
propranolol), notamment en cas d’obstacle sous-aortique. Si la
diminution du gradient de repos est inconstante et incomplète,
les gradients provoqués sont habituellement décapités.
L’amélioration fonctionnelle, dose-dépendante, survient chez
30 à 50 % des patients. Le vérapamil (240-480 mg/j) peut être
utilisé si les bêtabloquants sont contre-indiqués, mal tolérés ou
inopérants, sous surveillance étroite, et après s’être assuré que
les pressions de remplissage du ventricule gauche ne sont pas
trop élevées et qu’il n’y a pas de trouble conductif ; le vérapamil
a une efficacité dans environ 50 % des cas, mais avec des
effets indésirables fréquents et parfois graves (25 % des cas).
Le disopyramide (400-800 mg/j) peut être instauré dans les
formes obstructives si ces deux classes pharmacologiques sont
mal tolérées ou inefficaces, parfois associé à un bêtabloquant,
jamais à l’amiodarone, avec une efficacité sur les symptômes
dans deux tiers des cas, et une diminution de 50 % en moyenne
du gradient de repos. L’association bêtabloquant + vérapamil
a été proposée dans certains cas sans preuve d’une efficacité
supplémentaire. L’adjonction d’une faible dose de diurétique
en cas de dyspnée persistante avec pressions de remplissage
élevées peut quelquefois s’avérer utile. En cas de fibrillation
auriculaire, l’amiodarone est efficace pour prévenir les récidives,
et une cardioversion électrique pharmacologique rapide peut
être indiquée dans les formes soutenues mal tolérées. Dans
certains cas, l’ablation du nœud auriculoventriculaire avec
pacemaker définitif est nécessaire.
Dans les formes rebelles au traitement médical maximal
(NYHA III), en présence d’une obstruction sous-aortique de
repos ou d’effort ≥ 50 mmHg, des thérapeutiques invasives
peuvent être discutées, soit la stimulation ventriculaire, soit la
myectomie ou encore l’alcoolisation septale. Ces techniques
concernent environ 5 % des patients atteints.
L’intérêt de la stimulation double chambre (pour préserver
la systole auriculaire, responsable d’au moins 30 % du débit
cardiaque chez ces patients) est actuellement discuté, car il
est difficile de prédire quels patients bénéficieront au mieux
de la technique. De plus, les études randomisées cross-over
ne donnent pas des résultats concordants en ce qui concerne
l’amélioration objective de la capacité d’effort, et, à 4-5 ans,
moins de 40 % des patients continuent à être améliorés sur