Oculoplastie
Images en Ophtalmologie
•
Vol. VI
•
n
o
1
•
janvier-février-mars 2012
22
Légendes
Figure 1. Canaliculite de type pseudo-
chalazion.
Figure 2. Canaliculite : sortie de pus à la
pression.
Figure 3. Canaliculite de type pseudo-
conjonctivite : vue de face.
Figure 4. Canaliculite de type pseudo-
conjonctivite : vue interne.
Figure 5. Concrétions retirées lors un cure-
tage canaliculaire.
Canaliculite à actinomycètes •
Actinomyces israelii • Curetage
canaliculaire.
Canaliculitis • Actinomyces
infection • Canalicular curet-
tage.
Cas clinique
Canaliculite à actinomycètes
Canaliculitis - Actinomyces infection
P. Keller, J.M. Piaton
(Service du Pr J.A. Sahel, centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, Paris)
Un homme, âgé de 71 ans, présente une tuméfaction infl ammatoire du quart
interne de la paupière supérieure associée à un larmoiement intermittent.
Cette grosseur, qui existe depuis plus de 3 ans, évolue par poussées
(fi gure1)
.
Il a déjà consulté à plusieurs reprises avec des prescriptions de pommade et de
collyre antibiotique ainsi que de cortisone sans succès. Une incision de chala-
zion a été envisagée mais non eff ectuée en raison de la localisation interne à
côté du point lacrymal, et ce patient nous a été adressé.
Examen
Cette tuméfaction, infl ammatoire et indolore, est située au-dessus et dans le point
lacrymal (à cet endroit il n’existe plus de tarse, donc le diagnostic de chalazion est
éliminé). La palpation retrouve une induration de toute la longueur du canalicule supé-
rieur. La pression douce montre une issue de pus par l’ampoule lacrymale. La pression
forte entraîne une issue de concrétions
(fi gure 2)
[1].
Ce signe est pathognomonique
d’une canaliculite à actinomycètes dans sa forme de pseudo-chalazion
(2).
Le patient
est dirigé vers le bloc opératoire pour un curetage canaliculaire.
Traitement chirurgical et discussion
L’intervention consiste en une incision de l’ampoule lacrymale juste suffi sante pour
faire passer une curette. En effet, un curetage du canalicule permettra d’enlever toutes
les concrétions intracanaliculaires et suffi ra à guérir ce patient. Une intubation est
proposée par certains auteurs mais n’était pas indiquée chez ce patient, car il s’agis-
sait du canalicule supérieur. En postopératoire, le canalicule est resté perméable.
La canaliculite à actinomycètes présente 2 formes :
▶
une forme de pseudo-chalazion de diagnostic plus aisé, posé devant une tuméfac-
tion infl ammatoire de localisation interne par rapport au point lacrymal ;
▶une forme de pseudo-conjonctivite, de diagnostic plus diffi cile
(fi gure 3)
.
Dans ces cas les patients présentent une conjonctivite de l’angle interne résistant
à tous les traitements et évoluant sur des mois, voire des années
(figure 4)
.
Un larmoiement peut être présent, mais c’est rarement le cas. La voie lacrymale (VL)
est perméable à l’irrigation. L’examen à la lampe à fente montre un point lacrymal
béant. La pression peut montrer l’issue d’une goutte de pus, parfois simplement une
sécrétion fi lamenteuse grisâtre. Le diagnostic est confi rmé par la palpation qui montre
un canalicule induré. Le germe en cause est souvent un
Actinomyces israelii
, bactérie
fi lamenteuse, gram+ anaérobie, saprophyte des amygdales. Il est diffi cile à isoler et
à mettre en culture. Il sécrète des concrétions qui s’attachent au canalicule par des
fi laments sans l’infi ltrer. Ces concrétions ne bloquent pas complètement la lumière
canaliculaire expliquant ainsi le peu de larmoiement et la perméabilité de la voie
lacrymale au lavage
(fi gure 5)
. D’autres germes ont été retrouvés :
Nocardia
,
Fuso-
bacterium
,
Corneobacterium
(3).
Le diagnostic différentiel se fait avec :
▶Les canaliculites virales : varicelle, zona, herpès.
▶Les canaliculites iatrogènes :
– après traitement local antiviral : vira A, IDU, TFT, myotiques, conservateur ;
– après traitement général aux antimitotiques : taxotère, 5-FU, iode 131 ;
– iatrogénique : enfouissement d’un bouchon méatique ou migration d’un bouchon
méatique.
Références bibliographiques
1.
Perreaut M. Les canaliculites à concrétions.
Thèse Médecine Paris-VI 1990.
2.
Lin SC, Kao SC, Tsai CC et al. Clinical charac-
teristics and factors associated the outcome of
lacrimal canaliculitis. Acta Ophthalmol 2010.
[Epub ahead of print]
3.
Mohan E R, Kabra S, Udhay P, Madhavan HN.
Intracanalicular antibiotics may obviate the need
for surgical management of chronic suppurative.
Indian J Ophthalmol 2008;56(4):338-40.