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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. II - n° 1 - octobre 2004
trouvées sur le médian et le cubital des deux
côtés avec une variation ne dépassant pas 5 m/s
(2). Aux membres inférieurs, les valeurs peuvent
être plus basses, et, dans plus de la moitié des
cas, la conduction motrice ne peut être obtenue,
soit en raison de l’atrophie musculaire soit par
inexcitabilité nerveuse. Il faut généralement aug-
menter de façon très significative la largeur du
choc électrique de stimulation (souvent jusqu’à
1m/s). Cette homogénéité fait que le ralentisse-
ment de la conduction nerveuse est identique
aussi bien en distal qu’en proximal. Ainsi, l’index
de latence terminale (ILT), qui est un rapport
entre la vitesse distale entre poignet et court
abducteur du pouce et la vitesse à l’avant-bras,
est identique à celui observé chez les sujets nor-
maux (figures 2, 3) ; ce qui signifie que l’allon-
gement des latences distales motrices est paral-
lèle au ralentissement à l’avant-bras. Les latences
des ondes F sont allongées également de façon
proportionnelle au ralentissement distal. Il n’y a
pas de bloc de conduction sur les fibres motrices
et pas d’aspect de dispersion temporelle. Le
potentiel musculaire distal évoqué présente un
aspect normal.
L’autre caractéristique essentielle des neuropathies
démyélinisantes de type CMT est l’absence de
corrélation entre le degré de ralentissement de
la conduction nerveuse motrice et le handicap
moteur. En effet, ces patients dont les vitesses
de conduction sont de l’ordre de 20 m/s ne pré-
sentent aucun déficit moteur, dans la mesure où
il n’y a ni perte axonale notable ni, bien sûr, aucun
bloc de conduction. La perte axonale est appréciée
sur la mesure de l’amplitude du potentiel mus-
culaire distal évoqué. Le déficit moteur est géné-
ralement corrélé avec le degré de perte axonale
sans qu’ici la correspondance soit aussi exacte
que dans les autres neuropathies acquises. La
simple étude de la conduction nerveuse motrice
permet ainsi, au vu des altérations très caracté-
ristiques, d’évoquer déjà très fortement le dia-
gnostic de maladie de type CMT dans sa variante
démyélinisante.
L’étude des potentiels sensitifs dans cette forme
démyélinisante est aussi d’un grand apport. Dans
la plupart des cas, les potentiels sensitifs distaux
sont difficiles ou impossibles à obtenir ; ce qui
réalise un contraste très marqué avec la dis-
crétion ou l’absence de troubles et les déficits
sensitifs à l’examen. Le ralentissement de la
conduction sensitive est identique à celui de la
conduction motrice, mais les amplitudes sont
très réduites.
L’étude électromyographique à l’aiguille élec-
trode permet de recueillir certains éléments
évocateurs tels une activité de repos anormale
faite d’un mélange de signes d’ancienneté de la
neuropathie comme les salves pseudomyoto-
niques et de signes de dénervation active repré-
sentés par des potentiels de fibrillation. À l’ef-
fort, les tracés montrent une perte variable en
unité motrice. Il n’est pas rare d’observer des tra-
cés simples avec parfois de grands potentiels
d’unité motrice. Ailleurs, les tracés sont intermé-
diaires, peu appauvris, contrastant avec le degré
d’altération de la conduction nerveuse.
Au terme de cet examen ENMG, le diagnostic de
neuropathie héréditaire de type CMT dans sa
variante démyélinisante est très vraisemblable
(3, 4). On peut raisonnablement écarter les autres
diagnostics de neuropathies démyélinisantes
tels les polyradiculonévrites chroniques (PRNC)
et les polyneuropathies associées à une gamma-
pathie monoclonale bénigne à IgM. Dans les
PRNC, la conduction motrice est altérée de façon
hétérogène, associée à la présence de blocs de
conduction et de dispersion temporelle. Dans les
polyneuropathies associées à une IgM et anti-
corps anti-MAG, la démyélinisation est à large pré-
dominance distale, sans bloc de conduction.
D’autres neuropathies héréditaires peuvent être
évoquées bien qu’exceptionnelles telles les neu-
ropathies de la maladie de Refsum ou les leuco-
dystrophies métachromatiques.
MISE AU POINT
Figure 2. Index de latence terminale (ILT) chez les
sujets normaux.