qualité et l’acceptation des contraintes
d’une collaboration pluridisciplinaire.
■
■F. Gaucher (Nancy), représentant le
secteur libéral, a très clairement posé les
problèmes soulevés par les prélèvements
percutanés en pratique de ville. Le
radiologue privé doit-il se contenter de
fournir de bonnes mammographies ou
aller le plus loin possible dans le dia-
gnostic en réalisant toutes les techniques
complémentaires à sa portée ?
Après un exposé du coût des divers actes
de radiologie, de cytologie, d’histopatho-
logie et de chirurgie, F. Gaucher a déve-
loppé le vécu des techniques engagées en
aval de la première démarche diagnos-
tique : doutes, angoisse et éventuel refus.
Il faut éviter les prélèvements inutiles ou
redondants et ne pas oublier qu’une sur-
veillance à délais rapprochés pendant
deux ans peut coûter aussi cher qu’une
exérèse chirurgicale d’emblée.
■
■L’IRM a-t-elle une place dans la stra-
tégie de la prise en charge des lésions
infracliniques du sein ?
La réponse de A. Tardivon (Paris) est
claire : l’IRM ne doit pas être une indica-
tion de routine en raison d’une spécificité
n’excédant pas 80 %, entraînant un taux
important de faux positifs. Il existe égale-
ment la possibilité de faux négatifs, infé-
rieure à 5 % pour les cancers infiltrants,
mais de 5 à 60 % pour ceux in situ.
Les indications sont la suspicion d’une
récidive locorégionale dans un sein
traité, la recherche d’un cancer primitif
devant une adénopathie d’origine incon-
nue, la recherche d’un résidu tumoral
après chimiothérapie, le bilan d’exten-
sion d’une lésion maligne (multifocalité,
extension intracanalaire, bilan d’une
maladie de Paget).
■
■Il revenait à C. Depardieu (Nancy) de
préciser le point de vue de l’anatomopa-
thologiste sur la qualité des prélève-
ments et sur la qualité de l’interprétation
en cytologie ou en histopathologie.
La qualité des prélèvements est liée à
la cible elle-même, mais aussi à l’expé-
rience et à la technique du médecin.
Les artefacts, fréquents en cytologie, doi-
vent être réduits au minimum. La qualité
de l’interprétation doit être évaluée par
des audits internes utilisant les catégories
diagnostiques définies par l’“European
Guidelines for Quality Assurance in
Mammography Screening” en 1996.
Les classifications en cinq niveaux pour
la cytologie (C1gC5) et la biopsie à
l’aiguille (B1gB5) permettent de calcu-
ler les paramètres classiques (sensibilité,
spécificité, VPP, VPN, FXP, FXN, pré-
lèvements inadéquats…).
Des standards ont été définis. L’évalua-
tion objective et contrôlée permet une
amélioration régulière des résultats
d’ensemble.
■
■Faut-il réaliser des échographies dans
les seins denses ?
Ph. Peetrons (Bruxelles) conseille
d’effectuer des échographies systéma-
tiques dans les seins denses ou mixtes et
d’en ponctionner les images solides. Il
justifie sa position sur son expérience
personnelle de découverte échogra-
phique de petits cancers sans traduction
clinique ou mammographique et sur
l’analyse de plusieurs publications.
Si certaines études (Ciatto, Mazy, Maes-
tro) ne montrent qu’une contribution rela-
tivement faible au diagnostic, d’autres
(Jacob, Gordon, Kolb, Jefferson) estiment
que l’amélioration de la détection mérite
d’être considérée comme positive. Dans
les seins denses, le bénéfice concerne 2,5
à 4 % des cancers sans traduction radio-
clinique et entre 7,5 et 11 % de cancers
sans signes mammographiques, mais avec
signes d’appel cliniques.
Cette attitude a pour conséquence
d’augmenter le nombre des ponctions et
des biopsies.
■
■A. Tardivon (Paris) présente d’une
manière synthétique les avantages et les
inconvénients de la mammographie
numérisée : grande latitude dans la lec-
ture, absence de film (édition à la
demande, laser haute définition), trans-
mission des images sur le site ou à l’exté-
rieur, aide à la détection et au diagnostic,
possibilité de tomographies et d’étude
dynamique mais résolution spatiale limi-
tée, coût, nécessité d’un apprentissage.
Elle peut actuellement trouver son essor
dans les applications dérivées : aide
automatisée à la détection, réseaux
d’images, études dynamiques.
■
■Présentant une série personnelle très
détaillée de cancers sur prothèse et une
revue de la littérature, V. Hazebroucq
(Paris) s’attache à répondre à deux ques-
tions principales : l’incidence du cancer
est-elle modifiée par la prothèse ?
Quelles sont les méthodes diagnostiques
les plus performantes ?
Il n’y a pas de corrélation prouvée entre
l’utilisation de prothèses en gel de sili-
cone et une majoration du risque de can-
cer du sein, qu’il s’agisse de prothèses
d’augmentation à visée esthétique ou de
prothèses au cours d’une reconstruction.
L’examen clinique permet de découvrir
des tumeurs plus petites chez les por-
teuses de prothèses que chez les femmes
sans implants. Dans la série de Haze-
broucq et Tristant, 60 % des tumeurs
étaient palpables, la taille moyenne étant
de 1,8 cm.
Sur la mammographie, 90 % d’anoma-
lies ont pu être décelées, certaines a pos-
teriori. La qualité technique est primor-
diale, associant les incidences
classiques, parfois la technique
d’Eklund et l’étude numérisée de profil
sur ERLM. L’échographie doit être
effectuée systématiquement après détec-
tion clinique et mammographique. Elle
apporte un bénéfice additionnel indiscu-
table dans le diagnostic et permet des
prélèvements échoguidés avec une
grande sécurité.
■
■L’exposé de A. Lesur (Nancy) ana-
lyse quatre situations de prescription de
traitement hormonal substitutif après le
dépistage :
– la mammographie de dépistage met en
évidence une lésion suspecte ➞pas de
THS ou interruption de celui-ci,
– il n’existe aucune anomalie ➞pas de
contre-indication sénologique à la mise
en œuvre du THS, en respect des autres
contre-indications médicales,
– il existe une anomalie antérieurement
connue ➞l’adénofibrome stable n’est
pas une contre-indication au THS. La
mastose fibrokystique pose des pro-
blèmes très divers. Les travaux clas-
siques de Dupont et Page sont rassu-
rants, cependant la prescription du THS
doit être discutée au cas par cas, après
biopsie éventuelle et appréciée en fonc-
tion des autres facteurs de risque,
– le dépistage permet de découvrir une
anomalie ➞tant que le diagnostic formel
de bénignité n’aura pas été affirmé par les
explorations complémentaires et l’histolo-
gie, le THS sera différé ou interrompu.
Une mammographie de qualité est
indispensable avant toute prescription
de THS. Elle sera éventuellement com-
35
La Lettre du Sénologue - n° 6 - novembre 1999