Actualité Santé Sénologie IRM et TEP, quel avenir ? L’IRM est amenée à se développer dans le diagnostic mais aussi la prise en charge thérapeutique et la surveillance. La TEP devrait suivre la même voie. Également peu utile pour le diagnostic tumoral, elle est recommandée pour le bilan initial d’extension dans certaines indications. L’ imagerie à résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positons (TEP ou PET) constituent de grands progrès en cancérologie. L’IRM ... Aujourd’hui, l’IRM mammaire est possible grâce à la mise au point d’antennes de surface pouvant balayer le parenchyme mammaire, mais aussi grâce aux agents de contraste gadolinés. L’examen permet deux types d’exploration. La première, morphologique, permet à l’instar de la classification clinique, de déterminer plusieurs types de lésions : très suspectes lorsque les contours sont irréguliers, spiculés et moins suspectes lorsque les contours sont lobulés, réguliers. Entre les deux, des Étude 10 lésions infiltrantes sont, elles, difficiles à systématiser. Pour compléter cette première exploration, on peut réaliser une étude dynamique avec analyse de la cinétique de la prise des produits de contraste gadolinés. Pour effectuer l’examen, on doit alors injecter des chélates de gadolinium en bolus. Selon la morphologie de la courbe de prise de contraste, on peut distinguer avec une bonne fiabilité les lésions bénignes des suspectes. Cependant les indications de l’IRM doivent encore être limitées à la recherche de récidive locale d’un cancer traité de manière conservatrice ou encore à la recherche de l’efficacité d’un traitement chimiothérapique préopératoire. Ce renseignement peut orienter, voire modifier totalement l’attitude thérapeutique. D’après l’étude du Dr Peter Stratford, (Kriege M. et al. Efficacy of MRI and mammography for breast-cancer screening in women with a familial or genetic predisposition), chez les femmes prédisposées familialement ou génétiquement au cancer du sein, l’IRM mammaire semble faire mieux que les examens actuels, si l’on en juge par les résultats d’une étude dans laquelle ont été incluses 1909 femmes, dont 358 étaient porteuses des mutations germinales BRCA1 et BRCA2. Dans tous les cas, le risque de cancer du sein estimé à l’échelon de la vie entière a été estimé à plus de 15 % en fonction des antécédents familiaux ou d’une prédisposition génétique démontrée. Un examen clinique des seins a été effectué tous les 6 mois, cependant que, tous les ans, étaient systématiquement réalisées une mammographie et une IRM mammaire. Au terme d’un suivi d’une durée médiane de 2,9 années, 52 tumeurs ont été détectées : 44 cancers invasifs, 6 carcinomes canalaires in situ, 1 lymphome et 1 carcinome lobulaire in situ. La sensibilité de l’examen clinique, de la mammographie et de l’IRM a été respectivement estimée à 17,9 %, 33,3 % et 79,5 %. La spécificité, pour sa part, a été de 98,1 % , 95,0 % et 89,8 %. Le pouvoir discriminant de l’IRM s’est révélé supérieur à celui de la mammographie (p < 0,05). La proportion de tumeurs invasives de diamètre < 10 mm dans cette population était supérieure à celle atteinte dans deux groupes témoins, soit 43,2 % versus 14,0 % (p < 0,001) et 12,5 % (p = 0,04). Fait essentiel pour le pronostic, la fréquence combinée des micrométastases et de l’envahissement des ganglions axillaires s’est révélée inférieure dans ce groupe bénéficiant de l’IRM (21,4 %) que dans les groupes témoins (52,4 % [p < 0,001] et 56,4 % [p = 0,001]). L’IRM fait donc preuve d’une plus grande sensibilité que la mammographie dans la détection des tumeurs mammaires malignes chez les femmes à haut risque de cancer du sein, du fait d’une prédisposition génétique ou familiale. Il reste à démontrer que ces performances indéniablement supérieures ont un impact significatif sur la mortalité, une donnée qui fait encore défaut. En outre, ces résultats obtenus dans un centre de référence ne sont pas a priori transposables à la pratique courante et ils ne sauraient justifier (pour l’instant) le recours à l’IRM en lieu et place de la mammographie. Quatre autres indications sont en cours d’évaluation : à savoir, l’étude de masses palpables, l’étude des seins prothétiques, l’étude de ganglions isolés supposés métastatiques, le dépistage des femmes à haut risque génétique de cancer du sein. La TEP La première difficulté limitant l’accès à la TEP est la nécessité d’avoir, près du lieu de l’examen un site de production de positons : à savoir un cyclotron. La demi-vie des positons est en effet de quelques minutes à quelques heures. La technique utilise le fluorodéoxyglucose ou FDG qui est un traceur du métabolisme glucidique, accru en cas d’activité tumorale. Y est couplée l’utilisation du 18 fluor, émetteur de positons qui se désintègrent rapidement en un électron positif et des photons gamma. L’ensemble permettant une construction d’images en trois dimensions. C’est une caméra qui permet alors de détecter ces émetteurs de positons : gamma caméra ou une caméra reliée à un TDM réalisant de manière simultanée un scanner complétant ainsi l’imagerie médicale. À la suite de la demande de la commission nationale du plan cancer, un groupe de travail a été chargé d’évaluer l’intérêt de la TEP dans la pathologie mammaire. En raison des risques de faux négatifs, l’examen n’est pas utile initialement pour caractériser une lésion observée. Pour les mêmes raisons, bien moins performante que la technique du ganglion sentinelle, la TEP n’est pas utile dans la recherche d’extension ganglionnaire. En revanche, son intérêt réside dans le bilan d’extension des tumeurs invasives, si l’on craint une récidive locale, ou métastatique. De la même manière que l’IRM, la TEP est aussi utilisée pour évaluer l’efficacité d’une chimiothérapie préopératoire avec les conséquences décisionnelles que cela entraîne. Jacques Bidart Eurocancer Paris 2004 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 57 • août-septembre 2004