ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 314 - juin 1999
Le laser transmyocardique a été récemment proposé pour
traiter les patients ayant un angor réfractaire dû à des lésions
coronaires sévères non revascularisables. Cette étude randomi-
sée évalue les résultats à partir de 188 patients répartis en deux
groupes égaux : laser transmyocardique et traitement médi-
cal, ou traitement médical isolé.
À 3, 6 et 12 mois, la capacité à l’effort est estimée par un test
d’effort conventionnel et une marche de 12 minutes.
À 12 mois, la durée moyenne de l’épreuve d’effort est prolongée
de 40 secondes pour le groupe laser (p = 0,152), et la distance
moyenne couverte en 12 minutes est plus longue de 33 mètres
pour ce même groupe (p = 0,108), différences non significatives.
La mortalité péri-opératoire est de 5 % (5 décès, dont 3 infarctus
du myocarde, 1 œdème aigu pulmonaire et 1 embolie pulmo-
naire) ; la survie à 12 mois est de 89 % pour le groupe laser et de
96 % pour le groupe médical (p = 0,14). Sur le plan fonctionnel
angineux, le score de la Société canadienne cardiovasculaire est
réduit d’au moins deux classes pour 25 % des patients traités par
laser et pour 4 % des patients traités seulement médicalement
(p < 0,001) : il s’agit là du principal gain observé après laser
transmyocardique à 12 mois. Pour les deux groupes, en scinti-
graphie myocardique, le nombre des sites ischémiques réversibles
a diminué de manière comparable, et on ne note pas d’améliora-
tion de la fraction d’éjection ventriculaire gauche.
Conclusion. L’enthousiasme pour le laser transmyocardique est
ici très nuancé : mortalité péri-opératoire non négligeable (5 %),
absence de différence significative en termes de capacité à l’ef-
fort par rapport au traitement médical isolé, amélioration du sta-
tut fonctionnel angineux, mais à un degré moindre que ne le lais-
saient espérer des publications antérieures, absence d’impact sur
la fonction systolique ventriculaire gauche.
Pour chaque patient, il est indispensable de tenir compte du
risque opératoire, à mettre en balance avec une amélioration
fonctionnelle aléatoire et paraissant de toute façon modérée.
La recherche de sous-groupes de sujets bénéficiant plus particu-
lièrement du laser transmyocardique est souhaitable pour l’ave-
nir de cette méthode thérapeutique.
Dr C. Adams, PH, service de cardiologie, CH Argenteuil
Laser transmyocardique et angor réfractaire : des résultats nuancés
Tr ansmyocardial laser revascularisation in patients with
refractory angina : a randomised controlled trial.
Schofield P.M., Sharples L.D., Caine N., Burns S., Tait S.,
Wistow T., Buxton M.,Wallwork J.
●
Lancet 1999 ; 353 : 519-24.
17
But. L’étude CONSENSUS, publiée en 1987, a été la pre-
mière étude randomisée analysant les effets d’un inhibiteur
de l’enzyme de conversion (énalapril) chez des insuffisants car-
diaques sévères. Un suivi a été effectué dix ans après la fin de
l’étude.
Patients. Tous les patients de l’étude étaient en classe IV de la
NYHA, avec un traitement qui comprenait un diurétique et un
digitalique.
Méthode. Les 35 centres qui avaient participé à l’étude
CONSENSUS, arrêtée le 14 décembre 1986, ont complété un
questionnaire sur les patients inclus. Il y a eu un seul perdu de
vue. L’utilisation des IEC a concerné en moyenne 80 % des
patients dans les deux groupes.
Résultats. À la fin de l’étude, 58 des 253 patients randomisés
étaient vivants dans le groupe placebo et 77 dans le groupe éna-
lapril (tableau I). Dix ans plus tard, tous les patients du groupe
placebo étaient décédés, et il y avait seulement 5 survivants dans
le groupe énalapril. L’effet bénéfique du traitement par l’énala-
pril pendant 6 mois se maintient pendant 3,5 ans. La survie
moyenne dans le groupe placebo était de 521 jours, et de 781 jours
dans le groupe énalapril, soit une augmentation de 50 %.
Conclusion. Avec un recul à dix ans, cette étude démontre encore
une fois le bénéfice majeur des IEC dans l’insuffisance cardiaque.
Les patients qui arrêtent le traitement ont un pronostic très
sombre. Même si ce travail n’a pas spécifiquement étudié la mor-
bidité, il est très vraisemblable que celle-ci évolue dans le même
sens que la mortalité avec ce traitement. Plusieurs éléments inter-
viennent dans la non-prescription des IEC : effets indésirables,
intolérance... Il semble que l’un des facteurs les plus importants
se trouve non pas du côté des patients mais du côté des médecins.
Ceux-ci arrêtent trop facilement les IEC, ou ne prescrivent pas
d’IEC lors d’une contre-indication relative.
Dr Ph. Duc, service de cardiologie, hôpital Bichat, Paris
Dix ans après l’étude CONSENSUS
Swedberg K., Kjekshus J., Snapinn S. for the CONSENSUS
investigators. Long-term survival in severe heart failure in
patients treated with enalapril
●
Eur Heart J 1999 ; 20 : 136-9.
Patients inclus Placebo (n = 126) Énalapril (n = 127) p
Patients survivants
à la fin de l’étude 58 77 0,002
à 2 ans 40 61 0,006
à 10 ans
(décembre 1996) 0 5 0,008
Perdu de vue 1 0
Tableau I. Suivi des patients de l’étude CONSENSUS.