L
a nécrolyse est une affection redoutable qui
pourrait bénéficier, cependant, de nouvelles
indications de traitements.
Les sulfamides surtout
Parmi les médicaments suspects de provoquer
des atteintes cutanées, les sulfamides occupent
la première place. D’autres antibiotiques comme
la pénicilline, mais également des anti-épilep-
tiques, des anti-rétro-viraux, des AINS sont aussi
responsables de telles atteintes.
Parmi les manifestations cutanées les plus fré-
quentes, prend place l’urticaire, qui apparaît
dans les 24 à 48 heures suivant la prise du
médicament.
La pustulose exanthématique généralisée,
caractérisée par l’apparition de multiples pus-
tules blanchâtres sur une peau rouge accom-
pagnée de fièvre et éventuellement d’adéno-
pathies, peut survenir aussi. Cette forme de
réaction est sévère comme peut l’être un
œdème de Quincke ou encore un choc ana-
phylactique. La nécrolyse épidermique toxique
est, elle, d’apparition retardée (après une à
trois semaines de traitement). Elle touche la
peau et les muqueuses (bouche, yeux, organes
génitaux), réalisant un véritable décollement
de l’épiderme. Des bulles apparaissent. Le
derme est alors véritablement mis à nu par
les détachements successifs de lambeaux de
peau. L’apparence est identique à celle d’une
brûlure du deuxième degré, au moins.
L’ importance de l’atteinte se mesure à la sur-
face corporelle : si moins de 5 % de la surface
est touchée, on parle de syndrome de Stevens-
Johnson, sinon de syndrome de Lyell. Dans le
premier cas, la mortalité peut atteindre 5 % et
dans le second 30 %.
L’atteinte des muqueuses buccales empêche
toute alimentation orale pendant une à plu-
sieurs semaines. L’atteinte oculaire nécessite des
soins infirmiers toutes les deux heures en
moyenne, pour traiter les brides qui se forment.
Tous ces soins ne peuvent pas toujours em-
pêcher la survenue d’une cécité (5 % des cas)
ou de séquelles oculaires (20 à 30 %).
Physiopathologie et traitement
L’origine de cette affection toxique n’est pas clai-
rement élucidée, même si sa connaissance pro-
gresse. Ainsi, pour la première fois au monde, le
Pr J.C. Roujeau, de l’hôpital Henri-Mondor
(Créteil, 94) a pu démontrer la présence de
lymphocytes dans les bulles de la nécrose épi-
dermique. «Ces lymphocytes, mis en présence in
vitro du médicament ayant causé l’affection (chez
nous le Bactrim®) ont tendance alors à attaquer les
propres lymphocytes du patient, explique le
Pr Roujeau. Ce qui encourage à tenter les immu-
nosuppresseurs comme thérapeutique. Ceux-ci
contrôleraient, comme lors d’une greffe tissulaire, la
réaction immunitaire et pourraient combattre le
Lyell. Une équipe espagnole a d’ailleurs récemment
publié des résultats encourageants en ce sens, utili-
sant la cyclosporine à raison de 3,5 mg par kilo, par
jour, en doses d’attaque avec ensuite décroissance de
doses. » Sinon, les traitements généraux utilisés
se fondent moins sur les corticoïdes désormais
que sur les immunosuppresseurs, avec le risque
sous-jacent, en déprimant l’immunité, de susci-
ter des réactions infectieuses.
Jacques Bidart
20econgrès mondial de dermatologie, Paris, juillet 2002.
Chaque année, 100 à 150 personnes sont atteintes d’une nécro-
lyse épidermique toxique appelée syndrome de Lyell. Cette
affection toxique est une réaction cutanée médicamenteuse
qu’il faut rapidement diagnostiquer.
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Réaction médicamenteuse
Qu’est-ce que le syndrome de Lyell ?
Libérale
Professions Santé Infirmier Infirmière - No39 - août-septembre 2002
Signes de gravité
d’une toxidermie médicamenteuse
Selon le Pr Roujeau, les facteurs particuliers de gravité
de toxidermie en dehors de l’atteinte cutanée sont :
une fièvre > 38,5 oC;
des adénopathies ;
une atteinte de l’état général (signes d’agitation, de
déshydratation, notamment chez l’enfant).
Autant d’éléments qui doivent alerter et faire hospita-
liser si nécessaire, l’évolution des symptômes pouvant
être très rapide.
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