Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n° 5, juin 2003
pu être utilisés par des chercheurs,
comme “phénotype intermédiaire”,
“marqueur biologique”, “marqueur de
vulnérabilité”, ou encore “trait
subclinique”. Un endophénotype peut
être de nature neurophysiologique,
biochimique, endocrinienne, neuro-
anatomique, cognitive ou neuro-
psychologique (incluant les descrip-
tions paramétrées fournies par le sujet
lui-même). Les endophénotypes repré-
sentent des indices plus simples du
support génétique que le syndrome
lui-même. Ils permettent d’envisager
le point de vue selon lequel les dia-
gnostics psychiatriques peuvent être
décomposés, ou déconstruits, d’où
résulte éventuellement une analyse
génétique plus directe et couronnée de
succès. Cependant, pour être le plus
utile possible, les endophénotypes de
troubles psychiatriques doivent rem-
plir un certain nombre de conditions.
Ces conditions incluent l’association
avec un gène candidat ou une région
d’un gène, l’héritabilité qui est inférée
des risques relatifs de troubles chez les
proches parents, et des paramètres
associés à la maladie. Outre le fait
qu’ils sont susceptibles de favoriser
l’avancée des analyses génétiques, les
endophénotypes peuvent également
contribuer à clarifier la classification
et le diagnostic et encourager le déve-
loppement de modèles animaux.
Mots clés. Psychopathologie – Génétique
– Phénotype – Schizophrénie –
Endophénotype.
Des gènes pour la schizo-
phrénie : état des lieux
récent et questionnements
Oxford et Cardiff (Royaume-Uni)
L
a schizophrénie semble être une
pathologie “héritable” à un taux
d’environ 80 %. Pourtant, la recherche
de localisations chromosomiques et de
gènes a été lente et frustrante, proba-
blement du fait qu’il existe de nom-
breux gènes de susceptibilité, même
de faible influence, qui peuvent
potentiellement agir en conjonction
avec des processus épigénétiques et
des facteurs environnementaux. La
recherche a également été freinée par
l’absence de formes monogéniques
(mendéliennes) ainsi que par le
manque de marqueurs biologiques
du(des) syndrome(s). Toutefois, les
mises en évidence de relations entre la
pathologie et diverses régions chromo-
somiques s’accumulent. Les articles
récents (2000 à 2003) décrivent sept
gènes de susceptibilité. Au sein d’une
population islandaise, Stefansson et
ses collaborateurs ont trouvé une rela-
tion avec le gène de la neuroréguline
sur le chromosome 8p. Straub et ses
collègues ont mis en évidence chez
des patients irlandais l’implication
d’une zone sur le chromosome 6p,
associée au gène de la dysbindine
(gène DTNBP1). Chez des patients
canadiens francophones, le gène de la
DAAO (d-aminoacide oxydase) a été
localisé sur le chromosome 12q.
Citons encore la mise en évidence de
l’implication des gènes du régulateur
de signal de la protéine G, de celui de
la catéchol-O-méthyl-transférase, ou
de la proline déhydrogénase chez des
patients français, américains, indiens,
israéliens, et chinois. Pour certains
d’entre eux, la réplication a déjà été
obtenue. Les gènes identifiés sont
biologiquement plausibles et sont sus-
ceptibles d’avoir des effets convergents
sur les synapses glutamatergiques,
notamment. Toutefois, dans bien des
cas, l’absence de réplication des per-
turbations génétiques exige de consi-
dérer les résultats avec précaution.
Les réplications sans équivoque des
gènes suspectés restent la priorité. En
outre, de nombreux points sont à
élucider, comme les contributions res-
pectives de chaque gène, les effets
épistatiques, et les interactions fonc-
tionnelles entre les produits de gènes.
Cependant, la confirmation que l’un
de ces gènes est un véritable gène de
susceptibilité pour la schizophrénie
pourrait conduire à des progrès théra-
peutiques rapides (Harrisson P, Owen
M. Genes for schizophrenia ? Recent fin-
dings and their pathophysiological
implications. Lancet 2003 ; 361 : 417-9).
Mots clés. Schizophrénie – Génétique.
Association entre la neuro-
réguline 1 et la schizo-
phrénie
Aberdeen (Royaume-Uni)
C
e cas concret récemment publié
illustre le propos présenté précé-
demment. En 2002, des chercheurs
ont identifié la neuroréguline 1
(NRG1), qui est un gène de suscepti-
bilité pour la schizophrénie dans une
population islandaise. L’étape suivan-
te de leurs recherches a été d’évaluer
la pertinence du NRG1 pour la schi-
zophrénie dans une population non
islandaise, en l’occurrence chez des
Écossais (Stefansson H, Sarginson J,
Kong A et al. Association of neurore-
gulin 1 with schizophrenia confirmed
in a scottish population. Am J Hum
genet 2003 ; 72 : 83-7). Des mar-
queurs représentant un score d’haplo-
type à risque, identifiés chez des
Islandais à l’extrémité 5’ du gène
NRG1 ont été génotypés chez
609 patients et chez 618 individus
sains, tous écossais et sans lien de
parenté entre eux. La fréquence de cet
haplotype parmi les patients écossais
était significativement plus élevée
(10,2%) que chez les sujets sains
contrôles (5,9 %). Le rapport de risque
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